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HOSPITA

c'est neanmoins ce qu'il ne dit point, fe contentant de faire RELIGIEUX propofer par faint Benezet un establissement pareil à celui de LIERS PONBonpas où les Religieux n'avoient qu'un Bac, & qui n'y baf- TIES tirent un Pont que douze ans, ou environ, après celui d'Avignon. Il faut donc mieux s'en tenir à l'ancienne tradition du païs & aux Actes authentiques, qui difent que faint Benezet eftoit un jeune berger, à qui Dieu commanda d'aller à Avignon pour y baftir un Pont fur le Rhofne.

Il ajoute que le P. Theophile Raynaud s'eft trompé, en donnant à ce Saint le nom de Jean Benoift; & qu'il le confond avec un autre Jean Benoist Prieur des Religieux Pontifes d'Avignon, qui lui fucceda dans le gouvernement de leur Maifon. En cela il a raison ; car le P. Theophile Raynaud a cru avoir trouvé le veritable nom de faint Benezet dans un Acte de l'an 1187. qu'il rapporte, par lequel les Chanoines de la Cathedrale d'Avignon du confentement de l'Evefque, accorderent à ce F. Jean Benɔist Prieur &aux autres Religieux Pontifes, la permission d'avoir une Eglife, un Cimetiere & un Chapelain: In nomine Jefu Chrifti, anno ab incarnatione ejusdem 1187. menfe Augusto, hac præfenti pagina ad perennem rei memoriam præfentibus & pofteris notum fiat, qualiter Dominus G. Avenionenfis Ecclefie Præpofitus & ejusdem Ecclefia Conventus, & ex altera parte Joannes Benedictus tunc temporis Domus operis pontis Prior & fratres inibi conftitutis coram Domino Roftagne Ecclefia Avenionenfis Epifcopo, amiabiliter inter fe convenerunt, ut liceret Ecclefiam & Cameterium habere fratribus Pontis, itemque Capellanum habere. C'est auffi fans doute cet Acte qui lui a fait reculer la mort de faint Benezet jufqu'à cette année 1187. cependant l'opinion la plus commune, eft qu'il eftoit mort dès l'an 1184. & l'Auteur de la nouvelle Hiftoire de ce Saint, fait remarquer, que fi le Pere Theophile Raynaud avoit examiné cet Acte, il y auroit trouvé qu'il y eft parlé de faint Benezet; & qu'en parlant de lui, on ajoute de picufe memoire, ce qui fait connoiftre qu'il eftoit certainement decedé.

Voïez Theophilii Raynaldi, opera Tom. 8. pag. 148. Bolland, Act. Ss. Tom. 2. Aprilis die 14. pag. 255. Mange Agricol, Hift. de faint Benezet de l'Ordre des Religieux Pontifes. & Baillet, Vies des SS. 14. Avril.

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CHAPITRE XLIII.

Où il eft parlé de plufieurs Chanoineffes Hofpitalieres

L

en France.

E Pere du Moulinet parlant des Religieufes de l'HostelDieu de Paris, dit que depuis plufieurs fiécles la meilleure partie des Hôpitaux de France font deffervis par l'Ordre des Chanoines Reguliers de l'un & de l'autre fexe: que les hommes y ont la direction du fpirituel pour l'administration des Sacremens aux malades, & que les filles ont foin de toutes leurs neceffités corporelles. Il avouëneanmoins qu'en plufieurs endroits les Chanoines Reguliers font à prefent changés en Preftres Seculiers, comme au grand Hoftel-Dieu de Paris; mais qu'au contraire les Chanoineffes fe font fi fort multipliées, qu'il fe trouve à prefent fort peu d'Hôpitaux en France où elles n'exercent leur zele envers les pauvres. Si le P. du Moulinet avoit fait cependant un calcul exact de tous les Hôpitaux de France, il auroit trouvé que ceux qui font deffervis par des Chanoineffes Regulieres font en plus petit nombre que ceux qui font gouvernés par des Religieufes des Ordres de faint Auguftin & de faint François, & par des Filles feculieres qui forment des Congregations dont le principal Inftitut eft de fervir les pauvres malades,comme l'on remarquera dans la fuite de cette Hiftoire. Le P. du Mouliner a donné la reprefentation d'une Religieufe de l'Hoftel-Dieu de Paris à laquelle il donne le titre de Chanoineffe Reguliere. Il la fait reprefenter avec une robe blanche & un rochet pardeffus, une guimpe ronde & un voile comme les autres Religieufes. Ces Religieufes font cependant habillées de noir, n'ont point de rochet & ont une guimpe quarrée qui defcend jufques fur l'ef tomac, & portent un grand manteau noir dans les ceremonies. Il eft vrai que lorfqu'elles fervent les malades pour ne pas gafter leurs habits noirs, elles mettent pardeffus un faro de toile, & voila ce qui les a fait placer par le P. du Moulinet au rang des Chanoineffes Regulieres. L'on en voit beaucoup de cette forte qui fe prétendent Chanoineffes parce qu'elles ont mis un furplis pardeffus leurs robes. De ce nombre font les Hofpita

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LIERES DE

PARIS

lieres de'fainte Catherine à Paris,qui eftoient autrefois habil- HOSPITAlées de noir, & qui portent prefentement la robe blanche avec STE. CAle rochet pardeffus. Il y en a mefme qui ne portent point de fur THERINE A plis,& que le P. du Moulinet a bien voulu admettre dans l'Ordre Canonique. C'est de ces pretenduësChanoineffes &de quelques autres, dont nous allons parler dans ce Chapitre, nous refervant à traiter dans la troifiéme partie des Religieufes de l'Hoftel-Dieu de Paris qui ne fe prétendent point Chanoineffes, quoique le P. du Moulinet leur ait donné place parmi celles dont il a donné l'habillement.

Anciennement l'Hôpital de fainte Catherine à Paris estoit auffi appellé l'Hoftel-Dieu de fainte Catherine. On lui donna d'abord le nom de fainte Opportune à caufe du voisinage de la Paroiffe dediée à cette Sainte, & il n'y avoit que des Religieux Hofpitaliers de l'Ordre de faint Auguftin. Le plus ancien titre que l'on trouve eft de l'an 1188. où il est fait mention de cette Hôpital fous le nom de fainte Opportune, qui ne prit celui de fainte Catherine que vers l'an 1222. après que ces Religieux eurent eu permiffion d'avoir une Chapelle qui fut dediée à cette fainte Vierge & Martyre.

Dès l'an 1328. il y avoit auffi des Religieufes avec les Religieux pour fervir les pauvres, car il eft parlé des Freres & Soeurs de l'Hôpital de fainte Catherine dans une transaction paffée entr'eux & les Doïen, Chapitre & Chanoines de faint Germain de Lauxerois au fujet du droit que cet Hôpital a de faire enterrer au Cimetiere des SS. Innocens les pauvres qui y meurent, lequel droit lui eftoit contesté. Mais dans la fuite des tems, les Religieufes font reftées feules dans cet Hôpital. Il paroift qu'en 1558. il n'y avoit plus de Freres dans cet Hôpital, & que la qualité de Maistre que prenoit le Superieur de ces Fre res eftoit déja donnée dès ce tems-là à un Preftre Seculier par l'Evefque de Paris, ce qui fe pratique encore à present; & fans le confentement de ce Maiftre auquel on donne le titre de Superieur, les Religieufes ne peuvent faire aucune affaire, & il doit eftre present à tous les Actes. Leur principal Inftitat eft de recevoir pendant trois jours de fuite les pauvres femmes & filles qui viennent à Paris, & elles font obligées d'enfevelir & faire enterrer au Cimetiere des SS. Innocens les perfonnes qui meurent dans les prifons du Chastelet & du Fort-l'Evefque, & que l'on trouve affaffinées dans les ruës,ou noïées dans la riviere.

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