Page images
PDF
EPUB

CLETIQUE.

Fornement des vertus, comme les femmes attachées au monde, VIE DE fe parent de riches habits pour s'attirer l'amour ou les louanges STE. SYNdes hommes. Il fe trouve un grand nombre de pareilles inftructions dans la vie de cette Sainte, dont quelques-unes font dans les recuëils qu'on a faits autrefois des paroles les plus remarquables des Peres des Deferts.

Le Demon piqué contr'elle, demanda permission à Dieu de la tenter comme Job. Elle avoit déja quatre-vingts ans, & pendant l'espace de trois ans & demi qu'elle vêcut encore, il la tourmenta par une maladie qui attaqua fon poulmon, & par des fiévres continuës qui la minoient peu à peu ; mais elle fit toujours paroiftre un courage & une patience qui firent beaucoup d'impreffion fur les autres malades de fa Communauté, & fur ceux de la ville, qu'elle ne ceffoit d'encourager & de confoler par ses instructions. Le Demon voulut encore s'en venger en lui mettant à la bouche un cancer qui lui tout le vifage, & fe refpandit fur toutes les autres parties de fon corps,qui exhaloit une puanteur fi infupportable,que perfonne ne pouvoit l'approcher, mefme pour un moment, fans brûler beaucoup de parfums, ou d'herbes odoriferantes. Elle eftoit la feule que ce mal ne pouvoit effraïer, & elle ne vouloit point fouffrir qu'on y apportaft aucun remede, non plus qu'on avoit fait aux autres, perfuadée qu'il y avoit quelque chofe de divin, & que fe trouvant exercée comme Job,elle devoit comme lui fe foumettre à la volonté de Dieu.

mangea

Un Medecin l'étant venu voir malgré elle, la crainte qu'elle eut de voir finir ou diminuer fes maux, la fit recourir à des plaintes fort vives & fort touchantes; elle fe raffura neanmoins lorfque le Medecin, par prudence,lui dit qu'il n'eftoit pas venu pour la guerir; mais pour embaumer les parties de fon corps qui eftoient déja mortes, & empefcher qu'une fi grande corruption ne puft infecter & faire mourir les perfonnes qui l'approchoient. Une refponfe fi adroite la fit confentir qu'on eftuvaft fon mal avec de l'aloës, de la Mirrhe & du vin. Elle endura ce martyre pendant plus de trois mois,reduite enfin à n'avoir ni parole, ni vuë, & fans pouvoir prendre ni nourriture ni repos. Enfin le tems de fa victoire arriva. Elle fut confolée par plufieurs vifions qu'elle eut, & elle prédit à fes Religieufes qu'elle mourroit dans trois jours; ce qui arriva comme elle avoit predit ; & ainfi elle alla dans le ciel recevoir la recom

[ocr errors]

CLETIQUE.

VIDE penfe qui lui eftoit preparée. On peut confulter ce que nous STE SYN. avons dit du tems auquel elle mourut, dans la Diflertation preliminaire,paragraphe VIII.& les differens fentimens que les Efcrivains ont eu à ce fujet. Bolland. Act. Ss. 15. Fan. pag. 242. Athanaf op. Edit. Bened. Tom. 2. Baillet, Vies des Ss. 5. Fan. De Tillemont, Memoires pour l'Hift. Ecclef. Tom. 8. pag. 280. Bulteau, Hift. Monaft. d'Orient. Pag. 168.

Delle, An

tiq. Tome I. Pag. 218.

L'Hiftoire ne nous apprend point quel eftoit l'habillement de fainte Syncletique & de fes Religieufes. Saint Athanafe,que plufieurs croïent avoir efté l'Auteur de la vie de cette Sainte, dit feulement qu'elle fe revêtit d'un habit de pauvreté jufqu'à une extrême vieilleffe. Mais les Religieufes qui vivoient dans les Communautés qui dependoient de ce S. Prelat, (s'il est vrai que le Traité de la Virginité qui fe trouve parmi fes Oeuvres foit veritablement de lui) devoient s'habiller d'étoffes fimples & communes. Leurs manteaux ne devoient point eftre teints, mais de noir naturel, ou au moins rougeâtres ou de couleur de roses feches auffi-bien que leurs robes qui n'avoient point de frange, & dont les manches devoient couvrir leurs bras jufques aux doigts. Elles avoient les cheveux coupés, & leur tête eftoit entourée d'un bandeau de laine. Leurs capuces & leurs fcapulaires devoient eftre fimples & fans frange. Quand elles rencontroient quelqu'homme, elles fe cachoient le vi→ fage, & ne levoient jamais la tefte que vers Dieu.

que

Le P. Delle a traduit le mot d'Ependytes par celui de Robe, zenaf- & a donné le nom de Manteau à Maforium; mais nous croïons. le mot d'Ependytes fe doit plûtoft entendre de ces manteaux fermés de toutes parts qu'on mettoit pardeffus les habits, & qu'on retrouffoit fur les bras, comme nous avons dit dans le Chapitre I. & comme on le peut voir dans la premiere figure qui reprefente une de ces Religieufes d'Orient, que nous. avons fait graver fur la defcription de leur habillement qu'en a donnée faint Athanafe dans fon Traité de la Virginité.Nous avons cru auffi que le mot de Maforium ne devoit s'entendre que d'une robe; puifqu'il eft dit enfuite au mefme endroit, que les manches devoient couvrir les bras jufques aux doigts: Maforium fine fimbriis ejufdem coloris: Manice lanes brachia ufque ad digitos obtegentes. D'autant plus que le mot de Maphors ou Maphorium, fe prend pour Palla, & que le mot de Palla si

[blocks in formation]
« PreviousContinue »