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LIERIS DES

HOSPITA malade felon les befoins. Chaque appartement a fon linge DC particulier, fes uftenciles, fes meubles, & n'emprunte rien COMTE DE d'un autre. Chaque chambre a auffi fon nom, comme celle BURGO du Roi, celle des Ducs de Bourgogne, & ainsi des autres.

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Non feulement on y reçoit les Gentilshommes, mais encore les Bourgeois les plus confiderables de la ville. Ils font apporter de chez eux la viande, le pain & le vin, & païent les remedes qu'on leur donne : il n'y a que les meubles & le fervice des Securs dont on ne demande rien ; mais il n'y en a point qui en fortant ne laiffe quelque aumône par reconnoiffance. Il y a auffi des chambres le long des galleries baffes, où l'on reçoit ceux qui font de moindre condition, & qui y font traités & medicamentés aux dépens de l'Hôpital, de la même maniere que les malades de la Salle commune; mais s'ils veulent quelque chofe de plus, comme bois, viande, & le fervice particulier de quelques femmes,c'est à leurs dépens. L'Apothicairerie eft fort belle, & la Bourgeoise, petite riviere qui a fa fource acinq cens pas de la ville,paffe au milieu de la cour, d'où elle fe répand par plufieurs canaux dans tous les Offices ce qui contribue à la propreté de cet Hôpital, où l'on ne lent point de mauvaise odeur,

comme dans les autres.

Le plus célébre Hôpitaldu même Inftitut, après celui de Beaune, eft l'Hôpital de Châlons- fur-Saône. Il y en avoit eu un de tout tems en catte ville; mais aïant été démoli par ordre du Duc de la Temoille, Gouverneur de Bourgogne, fous prétexte de quelques fortifications que l'on fit au même endroit, les Bourgeois préfenterent une Requête au Roi François I. l'an 156. pour prier Sa Majefté de leur accorder une place dansla ville pour y bâtir un autre Hôpital. Ce Prince leur en acorda une dans le fauxbourg faint André: mais comme elle joignoit à un clos de vigne appartenant à l'Evêque, qui fmbloit vouloir apporter quelque oppofition à cet établissement, on leur en accorda un autre au fauxbourg faint Laurent, où les fondemens de cet Hôpital furent jettés la même année, & la premiere pierre pofée par les Echevins le 19. Août. Le Roi accorda l'année fuivante des Lettres d'Amortiffement, voulant que cet Hôpital fût toûjours fous la Jurifdiction des Bourgeois de la ville, & le Pape Paul III. accorda l'an 1538. des Indulgences à ceux

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qui le vifiteroient, & qui contribueroient de leurs biens pour HOSPITA entretenir. Il est auili fort magnifique: il y a plufieurs falles les malades, & on n'y eft point incommodé de la COMTE' DE mauvaise odeur, qui a coûtume d'infecter les autres Hôpi- BOURGOtaux. Il y a toûjours pendant l'Hyver un grand nombre de caffolettes & de réchaux parfumés; & pendant l'Eté on attache aux voûtes des vafes,qui font toûjours remplis de toutes fortes de fleurs. L'on admire dans cette Maifon quatre grandes chambres hautes, tapiffées de hautes liffes,& richement meublées,comme dans l'Hôpital de Beaune,où des perfonnes de qualité fe font porter,étant traitées dans leurs maladies par les Sœurs Hofpitalieres avec toute l'adreffe,la propreté & la douceur que l'on pourroit attendre de ceux que le devoir & non pas la charité obligeroit à ces exercices. Ces chambres ont là vûë d'un côté fur la riviere, & de l'autre fur la prairie. Il y a une Cuifine particuliere pour ces chambres. Le Dortoir des Sœurs eft à côté,& tous les Offices de l'Hôpital font deffous, auffi bien que la Cuifine, le Refectoire, & l'Infirmerie des Sœurs. Il y a auffi une belle Apothicairerie. On y voit un Jardin où il y a toutes fortes de fimples, & un puits placé au milieu d'une cour ombragée de quantité d'arbres, qui fournit par des caneaux fuffifamment d'eau à

toute la Maifon.

Nous ne parlerons point en particulier des autres Hôpitaux que deffervent ces Hofpitalieres dans le Duché & Comté de Bourgogne, où ils font en grand nombre, & qui fe multiplient tous les jours, nous nous contenterons de dire que ces Hofpitalieres y pratiquent par tout également la charité à l'égard des perfonnes de l'un & l'autre féxe. Elles ne font que des vœux fimples d'obéïffance, & de chafteté, pour le tems feulement qu'elles font emploïées au fervice des pauvres, leur étant libre de fortir & de quitter l'habit quand bon leur femble.

La difference qu'il y a entre celles du Duché & celles du Comté, c'eft que celles du Duché font exemtes de la Jurisdiction des Ordinaires, par plufieurs Bulles des Souverains Pontifes; & que celles du Comté fout foûmifes à l'Ordinaire, à la referve des Hofpitalieres de Dole, qui fe fort maintenues dans leur exemtion, par un procès qu'elles ont gagné contre l'Archevêque de Befançon. Les Superieures

Tome VIII..

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TIEN.

CONGRE- des Exemtes font perpetuelles, & celles des foumifes à l'OrGATION DES dinaire, ne font que triennales. Les Exemtes font habillées Dimeffes DANS L'E- l'Eté de blanc & I'Hyver de gris, & les autres font en tout TAT VEN 1-tems habillées de gris. Il n'y a pas long-tems que l'on a obligé celles-ci à porter en tout tems le gris ; car elles portoient le blanc pendant l'Eté comme les Exemptes. Les unes & les autres ont un grand voile blanc, qui avance par devant de la longueur de quatre à cinq pouces, & eft foûtenu par du carton. Elles ont auffi un bandeau fur le front & une guimpe qui defcend jufqu'à la ceinture en diminuant & faifant deux plis de chaque côté. La forme de l'un & l'autre habillement eft toûjours la même;& tant la jupe blanche de deffus que la grife,qui eft doublée de noir,font toûjours retrouffées ; s'attachant par derriere avec un crochet d'argent de la longueur de cinq à fix pouces qui entre dans deux agraphes, auffi d'argent.

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Jacques Foderé, Hift. des Couvens de faint François, & de fainte Claire, de la Province de faint Bonaventure pag. 436. Hiftoire Ecclefiaftique de Châlons, pag. 188. & Memoires Manufcrits.

CHAFITRE II I.

De la Congregation de Filles Veuves appellées Dimeffes ou Modetes, dans l'Etat Venitien.

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A Congregation des Filles & Veuves appellées Dimeffes ou Modeftes, dins l'Etat Venitien, a eu pour Fondatrice Dejanara Valmarana, fille d'Aluife Valmarana & d'Ifabelle Nogarole de Veronne. Ellenâq tà Vicenze l'an 1549. Etant en âge d'être mariée, elle époufa Agrippa Priftrato Jurifconfulte de la même ville, dont elle eut un fils, qui par la mort fuivie quelque tems après de celle de fon mari, qui mourut en 1572. la débaraffant de tout ce qui pouvoit l'attacher au monde, elle prit l'habit du Tiers Ordre de faint François d'Affife & fe retira avec quatre pauvres femmes dans une Maison qui lui appartenoit, où elles vêcurent enfemble dans la pratique de toutes les vertus chrétiennes fous la conduite du Pere Antoine Pagani Religieux de l'Ordre de faint François de l'Obfervance. A fon exemple Angele

Dimesse

de Poilly f

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