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Delle Antig. Monast. Tome 1.

chap. 7.

Mears des Chet.

Cifteaux appellent encore Coules leurs Chappes. Non feulement les Clercs & les gens de Lettres ; mais les nobles mefme & les courtisans, portoient encore des Chapperons en France fous le regne de Charles VII. les gens d'Eglife & les Magiftrats ont eîté les derniers qui les ont conservés; & un nommé Patroüillet aïant amené la mode des bonnets quarrés; ils ont quitté le Chapperon, qu'ils ont fait descendre de la teste sur l'épaule, & qui est resté pour marque de Docteur ou de Licentié aux Arts, en Theologie, Jurisprudence & Medecine. Ainsi il ne faut pas s'etonner si les Jesuates & quelques autres Religieux ont porté de ces fortes de Chapperons..

مو

Quant à la couleur des habits, le P. Delle remarque que comme les Religieux font morts au monde, & que leur profession, les engage à la mortification, & à la penitence; ils se font habillés dès les premiers siécles de leur establissement comme des personnes qui portoient le deüil, & qui estoient dans l'affliction. C'est pourquoi dans la Syrie, dans la Paleftine, dans la Thrace & dans la Grece, ils prenoient des ha-bits noirs, & dans l'Egypte des habits blanes.

Je ne parle point de la nourriture, des jeusnes, des aufterités. & des autres pratiques des Monasteres; l'on peut voir ce qu'en. Fleury a dit M. Fleury, qui, après avoir montré la conformité qu'il y a de ces faintes pratiques avec celles des premiers Chreftiens, Pag. 527. & mesme des anciens Païens les plus reglés, fait ainsi la comparaison des Monasteres avec les maifons des anciens Romains..

pag. 230. »

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Je m'imagine, dit-il, trouver dans les Monafteres des veftiges de la disposition des maisons antiques Romaines, telles qu'elles font descrites dans Vitruve & dans Palladio. L'Eglise qu'on trouve la premiere, afin que l'entrée en foit libre aux feculiers, femble tenir lieu de cette premiere falle que les Romains appelloient Atrium. De là on passoit dans une cour " environnée de galleries couvertes, à qui l'on donnoit ordinai-

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rement le nom de Peristile ; c'est justement le Cloistre, où l'on " entre de l'Eglife, & d'où l'on va ensuite dans les autres pieces, > comme le Chapitre qui est l'Exhedre des Anciens,le Refectoire » qui est le Triclinium, & le jardin qui eft ordinairement der* riere tout le restes comme il estoit aux maisons antiques.

pag. 238. "

Ce qui fait paroistre aujourd'hui les Moines si extraordi>> naires, dit encore ce scavant Historien, est le changement

qui est arrivé dans les mœurs des autres hommes, comme les édifices les plus anciens sont devenus finguliers; parce que ce font les seuls qui ont refifté à une longue suite de siécles. Er comme les plus sçavants Architectes étudient avec foin ce qui reste des bastiments antiques, scachant que leur art ne s'est relevé dans ces derniers fiécles que sur ces excellens modeles: ainsi les Chrestiens doivent observer exactement ce qui se pratique dans les Monafteres les plus reguliers, pour y voir des exemples vivants de la morale Chreftienne.

PARAGRAPHE XI.

Du gouvernement des Monafteres, tant en Orient qu'en Occident.

Q

UELQUES difficultés qui se rencontrent entre plufieurs Sçavans, touchant l'autorité & le pouvoir des Exarques ou Superieurs Generaux des Moines d'Orient, nous obligent à parler de la forme du gouvernement qui a efté pratiquée entre les Religieux pour le maintien de l'observance Reguliere. Il est certain que si saint Pachome n'a pas efté l'auteur de la vie Coœnobitique; on lui a au moins l'obligation d'avoir le premier prescrit des loix pour le maintien de l'obfervance Reguliere, & d'avoir esté le premier Instituteur des Congregations Religieuses. Nous entendons par le mot de Congregation une fainte societé de plusieurs Monafteres, ne faisant qu'un seul corps, foumis à une mesme Regle, unis par des affemblées generales qui se tiennent de tems en tems pour élire des Superieurs, & pourvoir à tout ce qui peut-maintenir la regularité & le bon ordre..

Ce ne font pas seulement les maisons Religieufes qui ont formé des Congregations; plusieurs personnes feculieres, fans estre engagées par des vœux folemnels, en ont formé à leur imitation, dans lesquelles Congregations on pratique à peu près les mesmes choses que dans les Congregations Regulieres, comme sont celles des Prestres de l'Oratoire, de la Million, des Oblats de S. Ambroise, duS.Sacrement, des Barthelemites, des Ouvriers pieux, & plusieurs autres : & l'on peut dire qu'il ne se pratique prefque rien dans ces Congregations qui n'ait esté pratiqué dans celle de Tabenne establie par S. Pachome.

Thomaffin

3.1.1. chap.

10. 11.

Premierement elle avoit fon Abbé ou Superieur General, fon Oeconome ou Procureur pour l'administration du temporel. On y entretenoit l'observance par la visite qu'on faisoit tous les ans dans les Monafteres; on y faisoit des affemblées generales, où on élifoit des Superieurs & Officiers, felon qu'il en estoit besoin; & l'on se pardonnoit mutuellement les fautes qu'on pouvoit avoir commises les uns contre les autres.Cha que Monastere avoit son Superieur à qui l'on donnoit le titre de Pere & de Chef. Il avoit sous lui un Vicaire ou second pour suppléerà fon deffaut. Et comme le Monastere de Pabau ou de Baum estoit le plus confiderable, il fut regardé comme le Chef de l'Ordre; quoique la Congregation retînt toûjours le nom de Tabenne, à cause que ce fut dans ce lieu-là que faint Pachome fonda son premier Monaftere. Mais c'estoit dans celui de Baum que tous les Religieux se rassembloient à Pâques, pour celebrer la feste avec ce faint Fondateur, & où l'on tenoit les assemblées au mois d'Aouft.

Le P. Thomassin parlant du Concile de Vennes, qui deffend Difcip. de à un Abbé d'avoir plusieurs Abbaïes sous le nom de Celles ou E de Monafteres, dit: que ce Concile semble ne pas approuver 49. num. 9. une chose qui estoit commune à tous ces fameux & illuftres Peres des Deserts. Et considerant le grand nombre de Religieux qui estoient sous la conduite de tant de faints Abbés, il dit auffi: que tous ces exemples ne permettent pas de douter qu'un seul Abbé ne fust comme le Superieur General chargé d'un grand nombre de Monafteres, qui faisoient comme un seul corps, & une Congregation dont il estoit le Chef. Mais nous n'avons point de preuves que les Disciples de faint Antoine, de faint Macaire, & des autres Peres dont nous avons les Regles, aïent formé des Congregations. Cette pratique de faire des assemblées generales a esté particuliere à l'Ordre de saint Pachome quien a esté l'Inftituteur. Quoique cette pratique ait pris son origine en Orient, elle n'y subsiste plus depuis un très long-tems; mais les Religieux d'Occident l'ont toûjours conservée comme celle qui pouvoit contribuer au maintien de la difcipline & de la Regularité, & afin de l'affermir davantage, comme les differentes Congregations qui se sont establies, se sont agrandies, & fe font eftenduës en differens païs; elles se sont divisées en plusieurs Provinces, où l'on tient de pareilles assemblées Provin

ciales fous les ordres du General de toute la Congregation. that chan Le P. Thomallin prétend que c'est à l'inexecution des Loix 33.5

In Syned.

& des Canons, que l'on doit attribuer le relâchement qui eft
arrivé parmi les Grecs & les autres Moines d'Orients en effet
BalsamonPatriarche d'Antioche qui vivoit au douziéme fiécle,
s'en plaignoit de fon tems, en disant que la vie commune n'ef-
toit plus obfervée parmi les Religieux Grecs d'Orient, quoi-Carthag.C.
qu'elle fust en vigueur parmi les Latins. Mais je croi qu'on peut
aufli l'attribuer à l'inobservance de ces saintes pratiques, de
tenir des affemblées generales, aussi bien qu'au Schifme & aux
Herefies que la pluspart de ces Religieux ont embraffées.

47.

In Nomacon

Il est certain que, felon le mesme Balfamon, il y a eu des Ge- Taul 10-20

neraux parmi eux; car il dit que selon les Canons,un seul Religieux ne peut pas posseder deux Abbaïes; mais qu'il faut excepter de cette Regle les Generaux d'Ordres, parce que les Monasteres qui relevent d'eux, ne font qu'un seul Corps, & comme un seul Monastere.

Disc.p de

pag. 570.

L'origine de ces Generaux vient apparemment des Privile- Thomaff. ges que les Patriarches ont donnés aux Monafteres fitués dans l'Eg!. Tom. les Eveschés de leurs Patriarchats, en arborant la croix Patriar - 2. part. 3. 1. chale à la fondation des Monafteres qui vouloient bien fe fou. 37.2.1. mettre immediatement au Patriarche; ce qui exemtoit cesMonasteres de la Jurisdiction de l'Evesque Diocefain. Le Superieur de chaque Monaftere s'appelloit Archimandrite ou Hegumene; & tous obéiffoient à un Superieur General qu'on appelloit Exarque. L'on voit dans le Pontifical de l'Eglise Grecque une Formule de l'institution des Exarques & des Hegumenes. Le Patriarche leur impose les mains, & leur donne un mandement, ou Lettres teftimoniales, qui contiennent l'obligation de leurs Charges. Par celle de l'Exarque, il paroist entr'autres chofes qu'on lui confie le soin des Monafteres Patriarchaux : qu'il en doit faire la visite: qu'il doit humilier les Superieurs qui commandent aux inferieurs avec trop d'arrogance, & qui les traitent avec trop de mepris: qu'il doit imposer pénitence & chaftier les Religieux qui s'eloignent de leur devoir, & de l'obéiffance qu'ils doivent à leurs Superieurs: qu'il doit avertir les mesmes Superieurs de faire recherche des Apoftats, & les ramener au Monaftere: que lorsqu'un Superieur de Monaftere Patriarchal fera decedé, il doit envoïer au Patriarche, pour recevoir l'impofition des mains, celui qui aura esté elu par les Re

:

ligieux: qu'il doit faire un estat de tous les Monafteres qui relevent du Patriarche, de leurs Revenus, des Vases sacrés, des Ornements:& enfin qu'il doit faire lire dans chaque Monaftere ses Lettres teftimoniales; afin qu'aucun des Religieux ne puifse douter de son pouvoir; & qu'ils le reçoivent tous comme leur pere, & non pas comme un ufurpateur qui viole le droit des gens.

Il paroist donc par ce Mandement, ou Lettres testimoniales, Haber que ces fortes d'Exarques sont comme des Generaux pour les ofer. 1. ad Monafteres qui relevent du Patriarche. En effet M. Habert dit Edd. pro qu'ils le sont effectivement, & que les Archimandrites & les Archimand Hegumenes ne font que leurs inferieurs.

pag. 587.

deffus pare.

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204.

fuprà pag.

387.

Thomaft. Le P. Thomaffin accorde bien quelque Superiorité generale comme à ces Exarques; mais il ne donne que le nom de Commission à 3.1.1.6.37. ce Mandement ou Lettres teftimoniales. Le P. Morin dit Morin. que ces Exarques sont seulement des Visiteurs députés des Paerdinatpaz, triarches, pour faire la visite des Monafteres, & il appelle ces Lettres teftimoniales, des Lettres de delegation:mais M. HaHab. wt bert prétend au contraire qu'ils font Superieurs ordinaires, & non pas simples Visiteurs: Quos licet legatorum nomine reddiderit juris orientalis Interpres ; ii tamen mihi videntur nontantum ex delegatione feu commissione Patriarche inftar Periodentarum, seu Visitatorum ad tempus, sedut Ordinarii inftitati. Je croi que c'est le sentiment que l'on doit suivre; & comme le P. Thomassin & le P. Morin ont renvoïé à la lecture de ces Lettres testimoniales, pour estre informé du pouvoir de ces Exarques; j'y renvoïe aussi le Lecteur, qui connoistra qu'il n'y est uniquement parlé que de ce qui concerne les Monasteres, & qu'elles ne donnent pas pouvoir à ces Exarques de presider aux Contrats de mariage, de nommer les Superieurs des Eglises exemptes, de faire rendre compte des droits du Patriarche, & de se faire païer des exactions Canoniques qui lui font duës, comme dit encore

:

part. 3.1. 1. le P. Thomassin.

Quant aux Archimandrites & Hegumenes, c'estoit autrefois la mesme chose; ces noms estoient donnés indifferemment aux Superieurs de chaque Monastere, comme il paroist par la souscription du Concile de Constantinople tenu l'an 586. sous le Patriarche Mennas, auquel Hisique, Superieur du Monastere de faint Theodore, assista ; puisqu'il se qualifie dans une de ses signatures d'Hegumene, & dans l'autre d'Archimandrite.

6.37. n. 9.

Mais

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