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P.Sebaftian

art.

de faint Sebastien, il rapporte la conference de faint Antoine Daniel.Paavec les Difciples de faint Pachome, dont nous avons ci-de- petrochii. vant parlé, & dit: que c'eft ce qui lui a donné occafion de mettre le troifiéme paragraphe qui fe trouve au commence- Daniel Pament de la vie de faint Pachome: Canobialis vita, feu perfec- reb.ralp.ad tioris monaftice initium & exemplum, an à fancto Pachomio acàs. Pauceptum ? & qu'aïant refpondu affirmativement, c'eft une preu le 15. ve qu'il n'a entendu parler que de la vie Cœnobitique dont faint Pachome eft l'Auteur, qui a aufli fondé les premiers Monafteres, n'y en aïant point cu avant lui, foit en Egypte, ibid. foit en aucun autre lieu: apparet enim quæftionem mihi effe& femper fuiffe, de Canobitica feu Monafticâ perfectiori, ad quam exiftimo non perveniffe ulla monafteria, vel in Egypto, vel alibi, ante Pachomium.

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Comme on croiroit peut-eftre que le P. Papebroch par la vie Cœnobitique parfaite, n'a entendu parler que de plufieurs Monafteres unis enfemble fous un Chef; il s'explique plus bas en difant: qu'il pretend non feulement parler de ceux-là; mais encore des Monafteres particuliers, où plufieurs Religieux demeuroient enfemble. ( C'eft toûjours en refpondant bid n-125au P. Sebastien, vt ut eft: apparet falfo me accufari, quafi negem Monachatum incepiffe ante annum 300. cùm tam manifeftè declarem me agere de perfecto, id eft Canobitico Monachatu, & quidem tali qui non folùm multos in unum colligebat Monafterium ; fed uni Monafterio ejufque Abbati plurima alia fubjiciebat tanquam capiti ; quemadmodùm nunc fit in Religiofis Ordinibus ; eft enim hac regiminis forma proculdubio optima & perfectima. Nititur paternitas tua contrarium probare ex fanctis Patribus: fed hi omnes intelligi poffunt de folitariis fimplicibus loqui, eorumque Cellas appellare Monafteria.

Il n'y avoit donc point, felon le P. Papebroch, de Monafteres avant faint Pachome. Cependant le P. Sebastien, pour prouves l'antiquité de la vie Monaftique, lui apporte pour exemple le martyre de fept Moines, arrivé fous l'Empire de Maximin, dont il eft fait mention dans le Martyrologe Romain au dixneuviémeOctobre. Le P. Papebroch lui refpond, que cet exemple n'eft pas valable pour prouver l'antiquité de la vie Monaftique; puifqu'ils ont fouffert fous l'Empire de Maximin, qui commença à regner enEgypte l'an 310.auquel tems il reconnoift qu'il y avoit des Monafteres: Et Maximinus ifte primùm cœpit

Caffian. Cell. 18.

c.p. 10.

abid n. 129 anno 310. in Egypto regnare, quando iftic fuiffe Cœnobia agnofco, le mot de Canobium, dont il fe fert, ne peut s'entendre que d'un Monaftere où l'on vivoit en commun, fuivant ce que dit Caffien: Cenobium appellari non poteft, nifi ubi plurimorum cohabitantium degit unita communio. Reconnoiftre des Monafteres en 310. & n'en vouloir point admettre avant ceux de faint Pachome, qui ne fe retira que l'an 314. & qui ne fonda fon premier Monaftere qu'après l'an 340. ou au pluftoft,qu'après l'an 329. cela demandoit, ce me femble, quelque éclairPapebroh. cilement.

124.

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2 fupra n. On pourroit dire, qu'il a donné l'éclairciffement que l'on demande dans le mefme article de fa response au P. Sebastien de faint Paul, lorfqu'il dit: que les anciens & les modernes, » ont pris indifferemment le nom de Moines, & donné celui de Monasteres à leurs demeures, de mefme que l'on donne prefentement le nom de Celle ou de Cellule à la demeure » d'un feul Ermite, ou à la chambre d'un feul Religieux qui vit regulierement dans un Cloiftre. Il ajoûte que vers le mi» lieu des fiécles, le nom de Cellules ou Celles eftoit aussi „ donné à des Monafteres'; ce qui a fait que quelques François & quelques Italiens, ont ainfi appellé des Abbaïes & des Prieurés; comme ceux de Celle-neuve, Celle-Dieu, » Vaux-Celle, & Celle de faint Ghilin. Pourquoi donc, dit-il „ encore au P. Sebastien, si je distingue ainfi les Monasteres, felon les differents tems, voulez-vous que je fois plus ridicule celui qui voudroit excufer (comme quelques-uns des vofque » tres ont fait en ma prefence) ce nombre exceffif de Monafteres ,, de Carmes, dont il eft parlé dans voftre Eglife de Louvain où l'on dit qu'Omar, Chef des Sarafins, ordonna à un petit nombre de Monafteres, qui eftoient les reftes de fept mille de porter des habits barrés? Que l'on prenne, ajoûte-t-il, le » mot de Cœnobium pour un Monaftere, & le mot de Monaf., tere pour une Cellule; on ne peut entendre par-là, finon, que les Religieux qui changerent d'habit, eftoient ce qui reftoit du nombre de fept mille dont Omar avoit detruit les Monafteres, & qu'il en avoit fait mourir plufieurs.

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Mais bien loin que cet efclairciffement puiffe fatisfaire, on en tirera au contraire cette confequence, que le P. Papebroch difant que pour parler d'un Monaftere, il s'eft fervi de ces mots, Monafterium, Cella, & Canobium, felon les differens tems

les

aufquels on les appelloit ainfi ; & aïant donné, dans fa refponse au Pere Sebaftien, le nom de Canobia aux Monafteres qui eftoient du tems de l'Empereur Maximin, c'est-à-dire vers l'an 310. il a pretendu en cet endroit que la vie Cœnobitique eftoit déja establie dès ce tems-là; puifque par Cœnobites, l'on ne peut entendre que les Religieux qui vivoient en commun, & que le mot de Coenobite vient de celui de Canobium, qui ne peut fignifier autre chofe qu'une Communauté de plufieurs perfonnes qui vivent ensemble, fuivant l'explication qu'en a donnée Caffien, comme nous avons déja dit, auquel on doit ajoûter d'autant plus de foi, qu'il avoit efté vifiter les Monafteres d'Egypte & de la Thebaïde l'an 394. qu'il fçavoit bien la difference qu'il y avoit entre les Monafteres où l'on vivoit en commun, & ceux où il n'y avoit qu'un feul Solitaire, & le nom qu'on leur donnoit ; qu'il affure mefme, comme nous avons auffi remarqué dans un autre endroit, que les Cœnobites avoient commencé avant faint Paul Ermite & avant faint Antoine, par confequent avant faint Pachome, ce qu'il pouvoit avoir appris de leurs Difciples qui eftoient encore vivants. On a donc fujet de s'eftonner de ce que le P. Papebroch, aïant prétendu avoir eu raifon de faire cette demande: Canobialis vita, feu perfectioris Monaftice initium & exemplum, an à fanéto Pochomio acceptum? & d'avoir refpondu affirmativement que faint Pachome a esté l'auteur de la vie Cœnobitique, & le fondateur des premiers Monafteres, & qu'il n'y en a point cu avant lui, foit en Egypte, foit en aucun autre lieu, il ait donné enfuite le nom de Canobia aux Monafteres qui eftoient déja fondés dès l'an 310. c'eft-à-dire près de vingt ou trente ans avant que faint Pachome eust fondé fon premier Monaftere ; & il fera toûjours vrai de dire, que s'eftant fervi du mot de Canobia,il reconnoiffoit des Monafteres parfaits dès l'an 310. quoi qu'il tâche de prouver lecontraire en plufieurs endroits.

A Dieu ne plaife que je veüille accufer le P. Papebroch d'avoir avancé des faits qui fe contredifent, auffi-bien que le P. Thomaffin & M. de Tillemont. Si je combat leur fentiment touchant l'origine de la vie Monaftique & des Monafteres, je ne le fais point par un efprit de critique : j'ai trop de refpect pour leurs perfonnes, & trop d'eftime & de veneration pour ces excellents ouvrages qu'ils nous ont donnés, qui font d'u

Vie de fairs

Athanafe

DeTillem.

ne fi grande utilité au public, & des monuments éternels à la pofterité de leur profonde érudition. S'il s'y rencontre quelques matieres qui n'aïent pas efté traitées avec toue l'exactitude poffible; ce font des fautes legeres, qu'on doit pardonner à ces grands Hommes, dont les ouvrages font d'une trop vafte eftenduë pour ne s'y eftre pas gliffé quelques fautes.

PARAGRAPHE VIII.

Que Sainte Syncletique a fondé les
fondé les premiers Monafteres
de Filles.

T

Ous les Efcrivains ne demeurent pas d'accord que Herman, fainte Syncletique ait fondé les premiers Monafteres de Filles. Les uns le croïent certainement, les autres en doutent, com. 2. pag. quelques-uns le nient ; & toutes ces differentes opinions roul638. lent fur celle que l'on doit avoir de l'Auteur de la vie de cette mem. pour Sainte. Nicephore Caliste a efté le premier qui l'a attribuée à Hift Eccl. faint Athanafe, eftant authorifé de quelques manufcrits qui 4.74. portent fon nom; & cette opinion, felon M. Herman & M. de Tillemont, à esté embraffée comme certaine, par des perArnaud fonnes les plus habiles & les plus judicieufes de noftre fiécle des PP. 1.2. qui pour ce fujet ont appellé cette Sainte la Mere des Religieufes, & la premiere Fondatrice des Monafteres de Filles, comme faint Antoine a fondé les premiers Monasteres parfaitsde Solitaires.

Tem. S.

d'And. Vies

Ils ont fans doute prétendu mettre de ce nombre M. Arnaud d'Andilly, qui dans fa préface de la vie de cette Sainte, qu'il a traduite en noftre langue, dit auffi, en fuivant l'opinion de Nicephore, qu'il n'y a point de Vierge, aprés celles qui ont efté honorées de la Couronne du martire, plus illuftre, ni plus fameufe qu'elle; parce que Dieu s'en eft fervi pour fonder les premiers Monafteres de filles, comme de S. Antoine pour fonder les premiers Monafteres de Solitaires, & l'a renduë la Mere des Religieufes, comme ce Saint le Pere des Religieux qu'enfin, Dieu a permis que ces deux Saints, qui devoient fervir d'exemple aux perfonnes confacrées à Dieu par la profeffion Monaftique, euffent pour ELcrivain de leur vie le Grand faint Athanafe; & il ajoûte qu'il fe trouve un Manufcrit dans la Bibliotheque de l'Efcurial traduit

not. in Mar

Bolland.

s. Fan.

traduit par Colville Efcoffois,qui eft indubitablement la vraye Baron AnVie originale de cette Sainte efcrite par S.Athanafe. Le Cardi- tyr. Rom. S. nal Baronius a auffi fuivi cette opinion, & a feulement regret- Jan. té la perte de cet Original dont il n'avoit point de connoiffance: Bollandus a efté de mefme avis. M. Cotelier a jugé que cet Cotel. Meouvrage n'avoit rien d'indigne de la pieté & de la doctrine de num. Eccl ce Saint. M. Herman n'a point fait difficulté de le reconnoiftre pour l'Auteur de cette vie, & le P. Alexandre dit que c'eft be fentiment des fçavans.

Grac. T. 1. pag. 754.

Herm Vie

de S. Atha. Tom.2.pag.

8.

Natal.Ale

Cependant il le trouve d'autres Manufcrits, ou fans nom 592. d'Auteurs, ou fous celui d'un Polycarpe Afcete, ou fous ce- xand. Hift. lui d'Arfene de Pegades. C'eft ce qui fait que quelques Efcri- Eccl. facul. vains en ont tiré des confequences, pour prouver que cette 4. c. 6. art. Vie n'eftoit point de faint Athanase, ou du moins ils en ont douté. Il a femblé aux uns que cette Hiftoire n'eftoit pas auffi naturelle que celle de faint Antoine ; & que ne contenant pas affez de Faits hiftoriques, elle ne pouvoit appartenir à saint Athanafe. Les autres ont cru qu'on ne devoit pas le reconnoistre pour l'Auteur de cette vie,à caufe que les comparaisons y eftoient beaucoup plus frequentes que dans les autres ouvrages de ce Saint; & enfin il y en a qui fe font imaginés que ces comparaisons eftoient trop pueriles; & par confequent qu'elles ne convenoient pas à ce Pere de l'Eglife, mais plustoft à un

Moine.

M. de Tillemont a de la peine à se refoudre en faveur de qui il doit opiner. Il ne veut pas avouer qu'elle foit de faint Athanafe,il ne le nie pas non plus abfolument; mais il dit qu'il y a fujet de croire qu'elle n'eft pas de S.Athanafe,à caufe que le ftile eft different du fien:c'eft pourquoi dans le denombrement qu'il a fait des ouvrages de ce Saint, il l'a placée, non pas entre les ouvrages fuppofés, mais entre les douteux & conteftés.

Mais ne pourroit-on pas refpondre à cet illuftre Hiftorien ce qu'il dit à ceux qui ont eu la mefme opinion que lui touchant l'Auteur de cette vie, à caufe qu'il leur a femblé que l'Histoire n'en eftoit pas aufli naturelle que celle de faint Antoine, & qu'elle ne contient pas affez de Faits hiftoriques.Car il leur a refpondu, que ce n'eftoit pas une raifon pour croire qu'elle ne fut pas de faint Athanafe. Erasme aïant auffi douté que le Traité de la Virginité qu'on attribuë à ce Saint fût de lui, à caufe que le ftile lui a paru affez bas ; M. de Tillemont a refpondu

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