Page images
PDF
EPUB
[ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors]

S PORI

CHAP. XLIV. 467 2. Novembre de la même année 1709. & trois jours après, Religieuelle fut attaquée d'une fiévre violente avec une fluxion fur la jo 25 poitrine, qui lui fit juger que c'étoit fa derniere maladie. Elle Roial. fe follmit sincerement à la Bulle de Clement XI. & au Mandement de M. le Cardinal de Noailles , condamnant felon l'esprit & les termes de cette Bulle & du Mandement , les cinq Propositions de Janfenius que le Pape condamnoit comme heretiques. Elle demanda pardon de sa resistance aux ordres de son Prélat, & témoigna avec beaucoup d'empresfement le deur qu'elle avoit de participer aux Sacremens de l'Eglise , dont elle avoit été privée depuis si long-tems:ce qui lui fut accordé; & elle mourut le 8. du même mois.. Trois autres dans la même année, & treize l'année suivante imitant fon exemple, fignerent puremeut & fimplement, fans restri&tion ni limitacions quelconques,le Formulaire du Pape Alexandre VII. & fe follmirent de la même maniere à la Conftitution de Clement XI. Le nombre des Religieuses qui sortirent de Port-Roñal des Champs au tems de leur féparation, étoit de vingt-deux ; dix-sept s'écant foûmises , il n'en restoic plus que cinq qui resistoient ; ce fut pour les gagner que M. le Cardinal de Noailles leur écrivit le 12. Decembre 1710. une Lettre qu'il fit imprimer , à laquelle il joignit les Actes des foầmiffions de leurs Sæurs qui avoient. déja été rendus publics, & où il affuroit de la verité de ces Attes. Deux autres Religieuses en confequence vivement rouchées par les paroles de leur Prélat, & qui avoient

peutêtre regardé auparavant les foûmissions de leurs Seurs comme fupposées, fe foûmirent aussi au commencement de l'année 1711. De forte qu'il n'en reste plus que trois, qui n'ont pas encore reçu le Formulaire. Les Religieuses de Porc-Roïalde Paris élevent de jeunes Demoiselles dans la pratique des verrus; & dans tous les exercices convenables à leur séxę &* leur qualité ; & afin de leur rendre plus faciles les exercices de pieté qu'elles leur enseignent , elles leur donnent un habit fort modeste, qui est presque semblable à celui de la Communauté. Elles ne porcoient pas autrefois la croix rouge, qui est fur le scapulaire des Religieuses ; mais Madame de Monperroux, qui en est présentement Abbesse,& qui gouverne certe Maison avec autant de sagesse que de pieté , keur a accordé cette croix, afin de les encourager davantage

Non ij

-

BERNAR. à la modestie & au mépris des vains ornemens des habits DINES DE mondains. Nous donnons ici l'habillement de ces jeunes TART.

Demoiselles dans les deux planches suivantes.

Sainte-Marthe , Gall. chrift. Tom. IV, Vie de Madame de Pourlan, Réformatrice de l'Abbaze de Țart. Constitutions de Port-Roial.&

plusieurs Ecrits faits à l'occasion de ces Religieuses.

CHAPITRE X L V.

[ocr errors]

Des Religieuses Bernardines Reformées de l'Abbare de

Notre-Dame de Tart, premiere Maison de filles de
l'Ordre de Cíteaux, avec la Vie de la Reverende Mere
Jeanne de saint

Joseph de Pourlan leur Reformatrice.
Smi

I l’Abbaïe de Nôtre-Dame de Tart, qui a été la prea

miere maison de filles de l'Ordre de Cîteaux & comme une source féconde , d'où plus de six mille Monasteres song fortis, (si l'on veut ajoûter foi à quelques Historiens ) n'a pas été des premieres à reprendre l'espric de ferveur dont les saints Fondateurs de l'Ordre de Câteaux étoient animés , & qu'elle avoit abandonné , étant tombée dans un grand relâchement ; elle a au moins l'avantage que dans la réforme qu'elle a embrassée au commencement du dix-septiéme siécle, elle a surpassé les autres Monasteres réformés de France, dans les austerités qu'elle s'est imposées, à la sollicitation de la Reverende Mere Jeanne de Courcelle de Pourlan derniere Abbesse titulaire & réformatrice de cette Abbaïe, qui y a fait revivre l'esprit de saint Bernard , auquel elle avoit l'avantage d'être alliée.

Les Historiens de l'Ordre de Cîteaux ont sans doute confondu cette Abbaïe avec celle de Julli où se retira sainte Humbelinę sæur de saint Bernard, qui selon eux fut fondé l'an 1113. & qu'ils nous ont voulu persuader avoir été le premier Monastere de filles de l'Ordre de Cîteaux, ne faiLant aucune mention de l'Abbaïe de Tart. L'Auteur Anonime de la vie de la Mere de Pourlan a été aussi de ce senciment: excepté qu'il n'en met la fondation que l'an 1125. Il

, avouë cependant que par une donation de quelques terres · faite l'an 1132. à l'Abbase de Tart par Arnulphe Cornu &

[ocr errors]

a

Emeline sa femme, il paroît qu'il y avoit déja des Religieu- Bernarses dans cette Abbaïè, & qu'il y a lieu de croire qu'elle DINES DE avoit été fondée sept ans auparavant par saint Etienne troisiéme Abbé de Cîteaux : & que cette fondation qui , selon ce qu'il dit, doit se rapporter à l'an 1125. est conforme à ce qui est marqué dans le livre qui a pour titre la maniere de ienir les Chapitres de citeaux, où en parlant des Chapitres Généraux des Religieuses de cet Ordre qui se tenoient à Tart : on voit que cette Abbaïe fut fondée l'an 1125. Mais les conjectures que cet Anonime cire ensuite pour prouver que la Maison de Tart est la même que celle de Billette ou Julli,sont trés fausses , quoiqu'il dise qu'elles sont plus certaines que probables. Car selon lui, la maison que l'on fonda pour servir de retraite aux femmes des Compagnons de saint Bernard, fut bâtie la plus proche qu'il se puede Cîreaux pour en être gouvernée plus facilement : il est certain que cette conjecture est mal fondée, puisque ces Religieuses ne furent point gouvernées par les Religieux de Cîteaux , mais par ceux de Molesme.

Nous avons déja dir ailleurs que saint Bernard s'étant retiré à Cîteaux l'an 1113. avec trente Compagnons qui étoient la plûpart mariés , leurs femmes imiterene généreusement leur exemple, & que voulant se retirer dans la solitude, on avoit fondé

pour

elles un Monastere à Julli, que quelquesuns appellent Billette , & que sainte Humbeline , four de S. Bernard avoit été du nombre de celles qui s'y retirerent. Nous avons aussi prouvé par les témoignages du P. Mabillon & du Pere Chiflet, que ce Monastere ne fut fondé que l'an 1115. par Milan Comte de Bar , qui le donna à l'Abbaïc de Molesme, afin qu'il servît de retraite à des Religieuses qui y vécussent sous l'obéïssance de l'Abbé de ce Monastere, qui leur donneroit pour les conduire quatre

Reli. gieux. Or Molesme aïant toûjours été possedé par des Benedictins , quelle apparence que des Religieuses de Cîteaux

, eussent été loûmises aux Religieux de cette Abbaïe ? il est évident au contraire que les Religieuses de Julli profel- ! ' soient la Regle de saint Benoît. Car par les titres de la fon- . dation de l'Abbaïe de Tart , il paroît que ce Monastere aïant été bâti, non pas l'an 1125. mais l'an 1120. par les liberalités d'Arnoul de Cornu & de la femme Emeline, qui

Nnn iij

DINES DE TART.

DIRNAR- avoient une fille nommée Elisabeth,déja Religieuse au Mo

naftere de Julli de l'Ordre de faint Benoît : que cette Religieuse, qui étoit veuve de Humbert de Mailli Seigneur de Favernai, fur ti ée de ce Monastere pour commencer la fondation de celui de Tart, dont elle fut premiere Abbesse, & qu'elle & les Religieuses qui la fuivirent , embrasserent les Statuts & les usages de Cîceaux que leur donna $. Etienne, Abbé de Cîteaux,qui est ausi reconnu pour Fondateur de ce Monastere.

Ce qui prouve encore que Julli & le Tart étoient deux Monasteres differens, c'est que lorsque Guillaume de saint Thierri dic que fainte Humbeline fæur de faint Bernard mouruc à Julli l'an 1141. où elle fut visitée par ce Saint dans fa maladie, il nomma ce Monastere pulli , & non pas le Tart : ce qui détruit encore une des conjectures de l'Auteur Anoniine de la vie de l'Abbesse de Tart, qui dit que l'on a changé le nom de Billette en celui de Tart par reconnoissance pour Arnulphe Cornu & fa femme Emeline qui s'étoient dépoüillés figénéreusement de leur Seigneurie de Tart en faveur de ces Religieuses : outre qu'il est certain que l'Abbaïe de Tart fut ainfi nommée à cause qu'elle avoit été bâtie dans un lieu qui s'appelloit Tart la Ville , & qui fur depuis nommé 1 art l'Abbaïe , & que Julli étoit encore appellé Filli , plus de trente ans aprés la fondation du Monastere de Tart.

Une autre preuve encore que le Monastere de Tart a été la premiere Maison de filles de l'Ordre de Cîreaux, c'est que les Chapitres Généraux des Religieuses s'y tenoient , & que l'Abbelle avoit droit de visite dans les autres Monalteres de cet Ordre. D'ailleurs si fainte Humbeline fæur de faint Bernard avoit écé Religieuse de Tart, les Religieuses de ce Monastere ne manqueroient pas de s'en gloriher, & n'auroient pas oublié de la mettre au nombre des personnes Illustres de leur Monastere, ne fe vantant que d'avoir eu Adeline fa niéce, Adelaïde Duchesse de Lorraine , les Princesses Agathe & Barthole fes filles , & quelques autres qui ont fait profession Religieuse dans cette Abbaïe , dont la Bienheureufe Elifabeth , fille des Fondareurs fut premiere Abbeffe & fonda dix-huit ainres Monasteres de cet Ordre. Elle obtint du Pape Eugene II I. La confirmation de son Ab

1

« PreviousContinue »