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Demoiselle pensionaire de

Port Royal en habit ordinaire dans la maison 85

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SES

DE

Ces quatre Evêques qui avoient aussi refusé de signer le RELIGIEUFormulaire purement & fimplement, aïant marqué la distin-por P tion du fait & du droit dans leurs mandemens, avoient enfin RoiAL. pris un autre temperament: & le Pape Clement IX. avoit reçu leur foûmiflion par fon Bref du 19. Janvier 1669. C'est ce qu'on a appellé la paix de l'Eglife ; mais elle ne fut pas de longue durée; car on écrivit encore en faveur du Livre de Jansenius, & on répondit à ces écrits pour appuïer la condamnation qui en avoit été faite. Tous ceux qui étoient favorables à la doctrine de ce livre passoient dans le public fous le nom de Port-Roial, à cause qu'effectivement la plupart avoient été composés par un grand nombre de sçavans, qui s'étoient retirés à Port-Roïal des Champs, lorsque les Religieuses l'avoient abandonné en 1626. & qui après le retour de ces Religieuses, charmés de la solitude de ce lieu ne l'avoient pas voulu quitter, & avoient fait bâtir des appartemens dans la cour de ce Monaftere, où la plupart avoient des parentes. Tous ces écrits, qui portoient le nom de PortRoial, rendirent ces Religieuses suspectes : on douta longtems de leur fincerité à condamner les cinq Propositions dans le sens de la condamnation des Souverains Pontifes, & le Roi leur en demanda une nouvelle preuve en 1706. en les obligeant de souscrire à la condamnation d'un cas de conscience proposé à quarante Docteurs de Sorbonne, où l'on prétendoit qu'aprés avoir signé le Formulaire purement & fans restrition, il suffisoit d'avoir une soûmission de respect & de filence fur le fait de Jansenius, pour n'être pas excluë du benefice de l'absolution dans le Sacrement de Penitence.

Ce cas fut propofé & signé en 1701. & n'aïant été renda public qu'en 1703. il fut auffi-tôt proscrit par le Pape Clement XI. & par plusieurs Prélats de France. Un grand nom bre de nouveaux écrits parurent en même tems, les uns pour combattre & détruire la fignature du cas, les autres pour la défendre & la soûtenir. Le Roi en arrêta le cours par son Arrêt du Conseil d'Etat du 5. Mars 1703. en ordonnant que ces écrits feroient supprimés. La Faculté de Theologie de Paris censura ce cas de confcience par fon décret du 1. Septembre 1704. Le Pape par un autre Bref du 15. Juillet 1705. fur les instances qui lui furent faites par sa Majesté confirma les Constitutions d'Innocent X. & d'Ale

Tome V.

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RELIGIEU. Kandre VII. touchant la condamnation des cinq PropofiBAS DE tions, déclarant que l'on ne fatisfait point à l'obéïffance,

PORT-
ROLAL.

qui est duë à ces Constitutions Apostoliques par un simple filence respectueux, & qu'on ne peut signer le Formulaire, qu'en condamnant non seulement de bouche, mais encore de cœur, les cinq Propositions dans les termes énoncés dans le Formulaire. Le Roi par ses Lettres Patentes du dernier Août de la même année ordonna que cette Constitution, qui avoit été reçuë par l'Assemblée du Clergé de France, qui se tenoit pour lors, seroit enregistrée au Parlement. Tous les Prélats de France par leurs Ordonnances & Mandemens en ordonnerent la publication dans toutes les Eglises Paroiffiales, & dans toutes les Communautés Régulieres & féculieres de leurs Diocéses : & cette publication aïant été faire dans l'Abbaïe de Port Roïal des Champs, la Communauté étant assemblée, les Religieuses refuserent encore de soufcrire à cette Constitution Apoftolique purement & fimplement suivant les ordres qu'elles reçurent du Roi: ce qui fit que leur Abbesse étant morte fur ces entrefaites, le Roi ne voulut pas qu'elles procedassent à l'élection d'une nouvelle Abbesse. Il envoïa des Commissaires pour prendre connoifsance des revenus de cette Abbaïe, dont il appliqua une partie au profit du Monastere de Paris, qui étoit endetté par le peu d'economie de quelques Abbesses. On renvoïa aussi de Port-Roïal des Champs un grand nombre de domestiques qu'on jugea superflus, pour le service de ce Monastere: & on obligea pareillement d'en fortir plusieurs personnes, qui s'étoient retirées dans les appartemens, qui sont dans la cour de ce Monastere.

Enfin ces filles persistant toûjours dans leur refus, le Roi crut qu'il n'y avoit point d'autres moïens pour les foûmettre que de les éloigner de ce lieu, & qu'il falloit même leur ôter l'esperance d'y pouvoir retourner. Cela fut executé le 29. Octobre 1709. elles furent dispersées en d'autres Monasteres de differens Diocéses, & le Monastere de Port-Roïal des Champs fut entierement détruit. Depuis ce tems-là presque toutes les Religieuses ont signé. Lapremiere qui ait donné l'exemple aux autres fut la Mere Anne de Sainte Cecile Boiscervoise. Elle fut envoïée à Amiens au Monastere de S. Julien des Religieuses du troisieme Ordre de S.François. Elle y arrivale

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T.V.P.466

Demoiselle pensionaire de Port

Royal en habit de Choeur

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