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T.V.P.410

Frere donné de Cisteaux de la Reforme de Feuillans

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que

Cardinal par le Pape Clement IX. & le Pere Gabrieli par le RELIGIEUS Pape Innocent XI. Le Pere Charles de faint Paul fut Evê- FEILLANS d'Avranche, comme nous avons dit: il a donné au Public la Geographie facrée qui fait connoître les Diocéfes des Patriarches, des Metropolitains & des Evêques de l'ancienne Eglife. Cet Ouvrage fut imprimé pour la premiere fois en 1641. à Paris ; mais cette édition étant devenuë rare on en a fait une nouvelle en Hollande l'an 1704. Le Pere Dom Côme Roger qui avoit été auffi Général de la Congregation de France, & l'un des plus célébres Prédicateurs de fon tems, fut fait Evêque de Lombez l'an 1671. & est mort l'an 1711. âgé de 95. ans. La Congregation d'Italie a donné auffi à l'Eglife d'autres Prélats. Clement VIII. commit les Religieux Feuillans des Monafteres de fainte Pudentienne & de faint Bernard à Rome, pour jetter en moule les Agnus Dei, lorfque le Pape en doit faire la benediction : & ceprivilege leur a été confirmé par Leon XI. & Paul V. qui ont fait défense à toute autre perfonne de s'ingerer dans cet Ouvrage. Nous ne parlons point des perfonnes Illuftres par leur pieté, & des Ecrivains célébres de cette Réforme, parce qu'ils font en trop grand nombre : les Ouvrages du Cardinal Bona l'un des plus célébres Ecrivains de la Congregation d'Italie font affez connus. Le Pere Jofeph Morotio de la même Congregation a donné l'Hiftoire de cette Reforme, fous le titre de Ciftertii reflorefcentis, feu Congregationum CiftertioMonafticarum B. M. Fulienfis in Gallia, & reformatorum S. Bernardi in Italia Chronologica Hiftoria. Il a auffi donné le Theâtre Chronologique de l'Ordre des Chartreux, imprimé en 1681. Il promettoit celui de la Congregation des Clercs Réguliers de la Mere de Dieu, & celui de l'Ordre de faint Jerome en Espagne; mais ils n'ont pas encore été imprimés. Il y a auffi plufieurs autres Ouvrages de ce même Auteur.

Chryfoftome Henriquez, Menolog.Ciftert. & ejufd. fafcicul. fanctor. Ord. Ciftert. Dom Pierre de faint Romuald,Hift. Chronolog. Jofeph Morotius, Ciftertii reflorefcentis feu Cong. B. M. Fulienfis Chronolog. Hiftor. compend. privileg. & conftitut. ejufd.Congreg. La Conduite de Dom Fean de la Barriere premier Abbé & Inftituteur des Feuillans.

RELIGIEU SES FEUIL

LANTINES.

L

CHAPITRE X X XIX.
Des Religieufes Feuillantines.

Es Religieufes Feüillantines ont auffi eu pour Inftitu teur Dom Jean de la Barriere. La vertu de ce faint Abbé commençant à être connuë, plufieurs perfonnes le voulurent avoir pour le Guide & le Directeur de leur con. fcience. Une pieufe Dame, dont la demeure n'étoit éloignée de l'Abbaïe de Feüillans que de quatre lieuës, fut des prémieres à contracter une liaison fpirituelle avec lui. Elle s'appelloit Anne de Polaftron de la Hilliere, & étoit femme de Jean de Grandmont, Seigneur de Sauvens. Elle demeuroit ordinairement au château de Sauvens, près de la petite ville de Muret: & toutes les fois que l'Abbé de Feüillans alloit prêcher à Toulouse, la pieté de cette Dame l'engageoit à paffer par fa maison pour s'y entretenir avec elle des chofes de Dieu, l'animer à la vertu, augmenter en elle le mépris des vanités du monde, & l'amour de celui qui seul peut faire le bonheur de l'homme en cette vie & en l'autre.

D'autres Dames, qui malgré les attachemens qu'elles avoient au monde, fe plaifoient à entendre parler de fpiritualité, pouffées par un fecret mouvement de la grace de Dieu, s'y trouvoient auffi pour avoir le plaifir d'entendre les difcours fpirituels de Jean de la Barriere. Mais Dieu qui par un effet de fa bonté & de fa mifericorde avoit choisi ces ames mondaines pour en faire de faintes Penitentes, donna tant de force aux paroles de cet Inftituteur, qu'ouvrant leurs cœurs à la grace, elles changerent l'eftime qu'elles avoient eue jufqu'alors pour le monde en un fi grand mépris, que

, que leur devenant odieux, elles prirent la refolution de le quitter, & penferent aux moïens de fe confacrer entierement à Jesus-Chrift. Mais ne pouvant encore executer ce pieux deffein, & profitant de la facilité que leur donnoit Madame de Sauvens, elles fe contenterent pour lors de rendre leurs entretiens fpirituels plus frequents : & commencerent à imiter la folitude & les aufterités des Feüillans aurant qu'il leur étoit poffible. Madame de Sauvens animoit & foutenoit de fi beaux commencemens par fes pieufes exhortations, & par les fervices fpirituels & corporels qu'elle rendoit à cette fainte troupe. Elle prévoïoit fort bien que

LANTINES.

tous ces fervices ne ferviroient qu'à la priver plûtôt de leur RELIGIE compagnie, puifqu'ils ne faifoient que folliciter leur entrée SES FEUILen Religion, où elle ne pouvoit pas les fuivre à caufe de fon engagement dans le mariage. Mais fa charité pour ces nouvelles Epoufes de Jefus-Chrift l'emportant fur le plaifir dont elle joüiffoit dans leur fainte compagnie, elle ne negligea rien pour mettre la derniere main à ce pieux ouvrage, refoluë pour lors de laiffer cette fainte troupe fous la conduite de Marguerite de Polaftron fa fœur, qui fe trouvant veuve du Seigneur de Margeftand, étoit en liberté de fe confacrer en Religion; ce qu'elle fit en effet, accompagnée d'une de ses filles, qui lui étoit très chere, à caufe de fes grandes vertus.

Cette illuftre veuve entreprit d'obtenir de Dom Jean de la Barriere de vivre fous fa direction, & dans les mêmes Obfervances que l'Abbaïe de Feüillans. Elle lui fit connoître fon fentiment & celui de fes compagnes. Une telle propofition étonna autant le faint Abbé qu'elle le réjoüit. Après en avoir rendu graces à Dieu, il loüa leur zele: mais afin de leur faire voir l'importance de ce qu'elles demandoient, il leur fit une description de toutes les aufterités qu'on pratiquoit à Feüillans ce genre de vie qui auroit été capable de rebuter des cœurs moins animés de l'efprit de Dieu,ne fervit qu'à encourager ces amantes de la Croix de JefusChrift, & à leur faire demander avec plus d'inftance ce qu'elles fouhaitoient avec tant d'ardeur. Dom Jean de la Bar. riere voulut cependant les éprouver, craignant que le tems ne rallentît leur zele. Il les laiffa dans cette volonté pendant deux ou trois ans, les vifitant quelquefois,les animant par fes difcours, & les exhortant à ne point abandonner leur entre prife; & comme ses prédications lui attiroient un grand nombre de perfonnes qui fe mettoient fous fa direction, entre lefquelles il y en avoit qui vouloient embrasser l'état Religieux, il eut le moïen d'augmenter le nombre de celles qui youloient embraffer la vie des Feuillans.

Aïant envoïé à Rome deux de fes Religieux pour y faire approuver la Réforme, & le Pape Sixte V. comme nous avons dit dans le Chapitre précédent, aïant fait refter dans cette ville ces Religieux, & donné ordre à l'Abbé de Feüildans d'y en envoïer un plus grand nombre, ils furent logés dans une petite Maison de l'Ordre de Cîteaux, appellée

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