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Frere Convers de l'ordre des Carmes dcchaussés

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faisant la queste.

à la fin de l'histoire des hommes illustres de l'Ordre des Carmes par DESERTI Emmanuel Roman, imprimée en Espagnol & en Italien.

CHAPITRE XLIX.

Des Exercices & Obfervances des Carmes Dechaußés dans

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leurs deferts.

ONSIEUR de Villefore dans ses vies des faints Peres des deferts d'Occident, confidere les Carmes Dechauffés comme des Solitaires par état, & qui par accident travaillent au salut des ames, pour concourir avec les autres Religieux à l'œuvre de Dieu lorsque l'église a besoin de leur ministere; c'est pourquoi, après avoir décritļes exercices reguliers & les observances des Camaldules, des Chartreux, des Religieux de Septfonds, de la Trape & d'Orval, qui vi. vent en Solitaires, il parle aussi de ce qui se pratique dans les deserts des Carmes Dechauffés, & a même donné le plan du defert & du Monaftere de ces Religieux près de Louvieres en Normandie au diocése d'Evreux, fondé par Louis le Grand. Et le P. Cyprien de la Nativité de la Vierge, donna aufli en 1651. la description de ces fortes de deferts, afin d'exciter quel. ques personnes pieuses à leur en fonder un en France, où juf. qu'alorsils n'en avoient point eu; car ce ne fut que vers l'an 1660. que celui de Louvieres fut fondé par le roi,

Les constitutions des Carmes Déchaussés ordonnent qu'il n'y aura dans chaque province qu'un seul de ces couvents qui font bâtis à la maniere de ceux des Chartreux ; & comme l'extrême solitude & l'austerité de ceux qui resident dans ces deferts, demandent que ces Monafteres ayent une grande enceinte, ils doivent être situés pour l'ordinaire dans des forêts, & être diversifiés de lieux champêtres & agreables, de valons, de colines, de fontaines & d'autres mélanges qui font propres pour le recueillement interieur.

A la premiere entrée, le portier saluant le Religieux qui vient pour demeurer dans le desert, lui dit seulement ces paroles: Loué foit Notre-Seigneur Jesus-Christ, votre reverence ( ou votre charité) foit la bien venue', après quoi il garde le filence: mais avant que de le conduire au cloître, qui est éloi. gné d'environ un demi-quart de lique, & de presenter sa pa

Tome I.

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DES CAR-
MES DE-
CHAUSSES

DESERTS tente au prieur, il lui fait lire quelques avis qui sont écrits DES CAR-sur une tablette; & qui font, qu'on ne doit point parler en ce MES DE-lieu de nouvelles, qu'il y faut faire ce que font les autres,

CHAUSSE'S

& apprendre à se taire.

Lorsque le superieur a éxaminé la patente du nouveau Solitaire, il assemble la communauté le même jour; & le Solitaire revêtu de sa chappe ou manteau, eft conduit dans le chœur devant le crucifix, , on allume des cierges : tous les Religieux font oraison avec lui; & après avoir recité Phymne Veni creator Spiritus, on le mene dans un lieu défigné pour les receptions, où le fuperieur commande à quelques-uns des Religieux de lui donner quelques bons avis pour profiter du sejour qu'il fera en ce defert; ce que le nouveau venu écuote avec beaucoup d'humilité, ayant les yeux baiffés, quand même il seroit des plus anciens de la congregation, & que celui qui lui donne les avis feroitun des plus jeunes: après qu'il a été fuffisamment instruit de ses obligations, les peres & les freres l'embrassent, & on le conduit en filence en fon logement.

Le nombre des Religieux qui demeurent dans ces deferts, ne doit pas exceder celui de vingt destinés pour le chœur; pour les freres laïcs, il doit y en avoir fuffisamment pour le fervice de la maison. La demeure en est interdite aux novi. ces, aux jeunes profés, aux malades, aux débiles, aux melancholiques, aux valetudinaires, à ceux qui ont peu d'inclination aux exercices fpirituels. Aucun Religieux n'y peut demeurer moins d'une année, si ce n'étoit que pour se disposer aux predications du carême, ou à quelqu'autre occupation semblable, on trouvât à propos de l'y laisser quel. ques mois : inais tout le tems qu'il y demeure, il doit assister à tous les exercices sans aucune dispense, de même que les autres Religieux qui y sont conventuels, sans s'appliquer aucunement à l'étude, mais seulement à l'oraifon & aux letures spirituelles : car toutes fortes d'études scholastiques, foit de philofophie, de theologie, ou telles autres que ce puissent être, font défendues dans ces deferts ; & pour y maintenir l'observance en sa vigueur, le provincial doit veiller à ce qu'au moins il y ait ordinairement quatre Religieux qui y demeurent toujours; toutefois de leur bon gré & à leurs inftances, afin que par leurs exemples ils puiffent in. struire & former les nouveaux Solitaires, si ce n'est qu'eux- DESERTS mêmes: demandassent enfin d'en fortir, ou que leur santéDES CARou d'autres raisons ne leur permissent pas d'y demeurer plus MES DElong-tems.

CHAUSSE'S

Laprincipale fin de l'institution de ces deserts, est que les Religieux qui y demeurent, secourent toute l'église, &profitent à tousles fideles, par leurs oraisons continuelles, par leurs veilles, leurs mortifications, & d'autres œuvres pieuses; c'est pourquoi les conftitutions ordonnent que dans ces fortes de Monafteres, toutes les messes seront offertes à Dieu & appliquées pour le progrès de l'église, pour l'avancement spirituel de l'Ordre, pour les obligations & necessités du defert, & pour les bienfaicteurs de la congregation, sans qu'on puiffe recevoir aucunes aumônes pour les messes, & tout ce qui est. necessaire pour l'entretien des Religieux & pour leur nourri. ture, doit être fondé & fuffisamment pourvu, sans qu'on foit obligé de recourir à l'assistance des feculiers.

Le filence y est très-étroitement gardé : il n'est permis à aucun Religieux tant de jour que de nuit, de dire un mot aux seculiers, ni aux Religieux; fi ce n'est au superieur que chaque Religieux peut aller trouver quand il le juge à propos; &, quoiqu'ils puissent se servir de signes, & qu'ils portent tous une petite ardoise ou des tablettes qu'ils se presentent les uns aux autres pour exprimer leurs necessités, quand il s'en offre quelqu'une; il ne leur est pas neanmoins permis d'user beaucoup de ces signes, pour ne point violer par cette voie la rigueur du filence. Cependant dans les grandes folemnités ou aux fêtes de premiere classe, le fuperieur permet aux folitaires de parler après vêpres pendant une heure & demie seulement, de choses spirituelles; mais personne ne peut se servir de cette permission, s'il n'est avec toute la communauté: enforte que les officiers qui font occupés à leurs fonctions, en étant separés, ne peuvent dire un seul mot, non plus que dans le tems du grand filence.

Quoique l'abstinence soit rigoureuse dans les autres maifons, elle est encore plus grande dans les deserts; car les Religieux y ont aux jours de jeûne un plat moins que dans les autres couvents; & tous les vendredis ils ne doivent vi. vre que de fruits & d'herbes crues ou cuites, ne pouvant man. ger ni œufs, ni poisson, ni potage. Pendant l'avent & le

DESERTS Carême, ils ne mangent point non plus de beure, de laît, DES CAR-ni de fromage, ni autre chose compofée de laitage, & la vieille MES DE du mercredi descendres, auffi-bien que le vendredi Saint, ils CHAUSSE's jeûnent au pain & à l'eau.

Outre les tems destinés à l'oraison mentale dans les autres maisons, les Solitaires des deferts en font encore une demi-heure avant le dîner, & une autre demi-heure après matines, & ils y chantent l'office avec plus de pause. Tous les quinze jours il y a une conference spirituelle, l'été dans le grand enclos du defert, & l'hiver dans un lieu du couvent destiné pour cet exercice. Chacun y dit son sentiment fur la matiere qu'on a proposé, & tous doivent apporter par écrit leur pensée pour la donner & la faire enregistrer dans le livre des collations spirituelles, par le Religieux qui en a la charge.

Quoique la vie de ces Solitaires Coœnobites, paroisse assez retirée; cependant l'amour de la folitude s'anime & s'augmente fi fortement parmi eux ; qu'outre les cellules du cloître, qui font à la maniere de celles des Chartreux; ils ont encore dans leurs bois des cellules separées, & éloignées du couvent d'environ trois ou quatre cens pas, où en certain tems de l'année on permet aux Religieux de se retirer les unsaprès les autres pour y vivre dans une plus grande folitude & une plus grande abstinence, étant obligés de faire en leur particulier les mêmes exercices & aux mêmes heures que le reste de la communauté, & à chaque observance ils répondent par une petite cloche à celle de l'église, pour avertir qu'ils vont s'unir avec leurs freres, dire aux mêmes heures qu'eux, les offices, faire avec eux leurs meditations,&prendre part aux autres exercices de la communauté. Ils y demeurent ordinairement trois semaines, quelquefois plus ou moins, felon la volonté du superieur, excepré ceux qui y vont au commencement de l'avent ou du carême pour y passer tout ce tems de penitence. Le départ de ceux-ci se fait avec ceremonie à l'exemple des anciens peres du defert ; car le premier Dimanche de l'avent & le premier Dimanche de carême tous les Religieux afsemblés, après avoir oui une exhortation, ceux qui ont obtenu du superieur la permifion de demeurer dans ces ermitages, reçoivent publiquement sa benediction, & s'y retirent ensuite. Ils n'y voyent jamais per

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