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PREMIERE PARTIE, Chap. XLVI. 333 mis de le recevoir dans celui des Chartreux , qu'au cas qu'il CARMES n'y eut point d'esperance de reforine parmi les Carmes, & DE L'Eil lui conseilla d'entrer parmi les Dechaussés. C'est pourquoi TROITE le pere Thibaut entreprit le voyage de Rome & s'étant pre- VANCE. fenté au couvent des Carmes Dechaussés pour y être reçu ,

, Dieu permit que le general Henri Silvius s'opposa à sa réception, de sorte qu'il fut contraint de recourner en France, où continuant ses études en cheologie qu'il avoit interrompues, il fut promu aux dégrés par le même general, en attendant les dispositions de la volonté de Dieu sur lui.

Enfin le tems arriva que la providence divine avoit marque pour se servir de ce pere , afin de perfectionner la reforme que le pere Bouhourt avoit commencée. Ce fut l'an 1607. que le prieur de Rennes qui souhaitoit aussi beaucoup que cette reforme se maintînt , appella à son secours le pere Thibaut qui fut aussi-tôt établi maître des novices, & deux ans après il fut élu prieur de ce même couvent. Quelques années après la reforme fut introduire dans celui de Dol & dans quelques autres. Il y eut même de nouveaux couvents qui furent fondés sous la même observance , & qui formerenc la province de Touraine , composée d'environ vingtcinq couvents d'hommes , & deux hofpices , & de quatre Monasteres de filles. Le couvent de Carmes qu'on appelle communement à Paris les Billeres , dépend de cette province.

Dès l'an 1603. dans le chapitre provincial de la province de Flandre qui se tint à Gand, & où le general Silvius prefida , l'on fit plusieurs decrets pour y établir la reforme. Le pere François Potel qui fut élu provincial dans ce chapicre, employa tous ses soins pour les faire executer , mais ce fut inutilement. L'on fit de nouvelles tentatives en 1615. qui n'eurent pas un meilleur succès ; & même l'an 1621. quoi. que le pere Richard de saint Bafile & cinq autres Religieux le fussent unis ensemble pour faire reussir cette reforme , il s'y trouva encore tant d'oppositions de la part des autres Religieux qu'ils furent obligés pour lors de se desister de leur entreprise. Mais l'année suivante dans le chapitre qui se cinc à Bruges, quelques autres Religieux s'étant joints encore au pere Richard & à ses compagnons. Ils élurent pour provincial le pere Marc Caffiau, qui avoit beaucoup de

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TROITE
OBSER-

Carmes zele pour les observances regulieres , & qui souhaitoit paDE L'E- reilleinent la reforme. Cependant ce nouveau provincial

voyant les difficultés qui se rencontroient dans l'exécution de

ses bons desseins, aima mieux quitter son office. Il eut pour VANCE.

successeur le pere Jean Bavai qui étant auparavant supe-
rieur du couvent de Valenciennes , s'étoit uni avec quatre
jeunes prêtres pour faire recevoir dans ce couvent la mê.
me reforme & les mêmes observances que celles qui avoient
été introduites dans la province de Touraine. Ces Religieux
zelés implorerent d'abord l'autorité de l'évêque d'Arras,dans
le diocese duquel le couvent de Valenciennes se trouvoit;
ils obrinrent aussi celle du duc d'Arschot ; & l'archiduchesse
Claire Eugenie d'Autriche , gouvernante des Pays-Bas,
voulue bien écrire au pere Sebastien Franton , pour lors ge-
neral , afin qu'il envoyât dans ce couvent des Religieux de
la province de Touraine pour y introduire leurs observances.
Les peres Philippes Thibaut , Luc de saint Antoine , & Ni-
colas de Castres recommandables par leur piecé & par leur
science furent nommés par le general. Ils arriverent au cou-
vent de Valenciennes, le onziémne du mois d'Août 1624. &
trois jours après tous les Religieux de ce couvent , en re-
nouvellant leurs væux , s'engagerent à l'observance de la
province de Touraine. Comme ces Religieux en embrassant
la reforme avoient quitté leurs habits noirs pour en prendre
de gris obscur, peu s'en fallut que cela ne causât un soule-
vement dans Valenciennes; car une personne qui avoit l'auto.
rité en main , voulut contraindre les Religieux reformés, mê.
me par la force des armes à reprendre leurs habits noirs; mais
le peuple s'étant mutinéà cette occasion, l'on n'inquiecta plus
ces Religieux. La reforme s'étendir dans plusieurs autres cou-
vents, & il y en eut même cinq qui furent fondés de nouveau
sous la inême observance.
: L'an 1619. le pere Didier Placa de Catane, & le pere Al.
phius Licandre, tous deux Religieux de la province de saint
Albert entreprirent une reforme en Sicile. Ils obtinrenc
les permissions necessaires des superieurs , & en peu de tems
ils fonderent neuf nouveaux couvents de cette reforme
en Sicile, deux dans l'état Ecclesiastique , & trois dans le
royaume de Naples. Voyant ensuite que ces couvents étoient
en nombre fuffisant pour former une province separée

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VANCE,

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ils s'adresserent au chapitre general qui se tine l'an 1644. & CARMES lui demanderent son consentement pour l'erection de cette de l’eprovince , où les religieux étant de differents pays pourroient TROITE

OBSERapprendre les langues orientales , afin de pouvoir aller en million dans la Terre-Sainte. Lechapitre y ayant consenti, le pere Leon Bonfilius pour lors general de l'Ordre , s'adresla au pape Innocent X. pour lui den ander l'erection de cette nouvelle province , ce que ce pontife accorda par un bref du 16. Fevrier 1646. & l'on donna le nom de Monte-Santo, à cette province à cause que le premier couvent où la reforme avoir été commencée , étoit situé sur une montagne ainsi appellée, proche de la ville de Messine. Ces reformés se disent du premier institut, parce qu'ils observent la regle primitive de l'Ordre, moderée par le pape Innocent IV.ayant renoncé aux mitigations qu’Eugene IV. y avoit faites, touchant l'usage de la viande , dont ces religieux reformés s'abstiennent de même que les Carmes dechaussés.Conimecette province écoit composée de Siciliens , de Napolitains, & de Romains ils avoient souvent des differends entr'eux; c'est pourquoi ils demanderent à la congregregation des reguliers , que leur province fiat separée en deux, ce qui leur fur accordé l'an 1709.& les deux provinces retinrent le nom de Monte-Santo; l'une sous celui de Monte-Santo de Sicile , qui est composée de neuf couvents dans le royaume de Sicile ; l'autre sous le nom de Monte Santo de l'Etat ecclesiastique, qui comprend cinq couvents dans les états du pape , à laquelle l'on a permis d'agreger deux autres couvents de la mệme reforme, qui sont dans le royaume de Naples. Il

У à encore en Italie la reforme de Turin , ainsi appellée à cause qu'elle a pris son origine dans la ville de Turin, l'an 1633. à la sollicitation du duc de Savoye Victor Amedée. Le pere Theodore Stratius pour lors general de l'Or. dre , nomma pour son commissaire le pere Louis Bulla , prieur du couvent de Notre-Dame de la place, afin de travailler à cette reforme. Le pere Bulla étant mort deux ans après , le pere Dominique de sainte Marie lui succeda dans cette com, mission , & y réussit si bien , que la reforme fur établie dans le couvent de Turin. Elle fut cinq ou fix ans sans faire aucun progrès; mais l'an 1639. le marquis Doliani la fit recevoir dans le couvenç de Clarasce. Elle passa ensuite l'an 1640. dans le Tome I.

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&

TROITE

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CARMEs couvent d’Aft. Six ans après elle fur reçue dans un autre De l’g- enfin l'an 1654. dans celui de Ripolle.

Le general Jean Antoine. Philippini employa aussi tous ses OBSER- soins pour faire recevoir l'etroite observance en Allemagne. VANCE.

Il nomma pour ses commissaires le pere Antonin de la province de Touraine , & le pere Gabriel de l’Annonciation de la province de Flandres. Ce fut par leur moyen que la refor- . me fut introduite dans les couvents d'Aix-la-Chapelle, de Treves, de Bamberg, de Wisbourg, & dans quelques autres. Les électeurs de Mayence & de Treves , l'évêque de Bamberg , & plusieurs princes y donnerent leur approbation ; & afin d'exciter tous les couvents de l'Ordre à embrasser la même reforme , le general écrivit une lettre circulaire dans tout l'Ordre , l'an 1649. dans laquelle il décrit le progrès que l'étroite observance a fait dans plusieurs provinces. Mais toute la reforme que l'on vit dans les couvents qui n'em. brasserent pas l’écroite observance ; c'est qu'ils quitterent les robes noires, pour en prendre de gris obscur ou couleur de Minime.

Tous ces religieux de l'étroite observance, tant en France que dans les autres provinces, ont les mêmes constitutions. Elles furent dressées l'an 1635. par les peres de la province de Touraine , & furent approuvées non seulement par le general Theodore Stratius , à la recommandation du roi Louis XIII. de la reine Anne d'Autriche , du duc d'Orleans frere du roi , & de plusieurs seigneurs de la cour , l'an 1638. Mais ce même general les fit encore confirmer par le pape

Urbain VIII. l'an 1639. & sous le generalat du pere Leon Bonfilius ; il fut ordonné dans le chapitre general qui se tint à Rome l'an 1645. que ces constitutions seroient observées dans tous les couvenes reformes de l'Ordre & qui le pourroient être dans la fuite , afin de garder l'uniformité, ce qui fut confirmé par le pape Innocent X. le 2. Septembre de la même année. Il y a plusieurs Monasteres de filles qui ont embrassé la même reforme. Quelques-uns de ces Monasteres sont soûmis aux ordinaires,

& d'autres aux superieurs de l'Ordre. Quant aux religieux, ils ne font point de corps separé, mais seulement des provinces differentes dans l'Ordre. Leur habillement est assez conforme à ceux de l'ancienne observance , & toute la difference qu'il y a, c'est que

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