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CONGRE un lieu éminent du mont de Saffso-Vivo, une Forteresse & GATION DE un Palais, où il fit sa demeure, & fit faire aufssi une belle

SASSOVινο.

Chapelle, où il fit transferer les Corps des saints Martyrs Carpophore & Abondius, & celui de cette devote Eustache, qui leur avoit donné la sepulture.

Vers l'an 1060. du tems du Pape Alexandre II. & de l'Empereur Henri IV. le Bienheureux Mainard Religieux de l'Ordre de saint Benoît de l'ancienne Congregation de saint Benoît, defirant vivre en folitude, pria le Comte Hugolin de lui permettre de se retirer avec un Compagnon au pied du Mont- Vecchio, auprés de fon Château de Saffo-vivo: ce que non seulement il lui accorda: mais il lui donna même la montagne avec une fontaine qui y étoit. 11 y bâtit d'abord un petit logement avec une petite Eglife, à laquelle il donna le nom de sainte Marie del Vecchio, à cause qu'elle étoit située au pied de cette montagne; ce qu'il fit aussi avec la permission de l'Evêque de Foligni. Quelques personnes aïant voulu vivre sous la conduite de ce faint homme, le Comte & fes enfans leur donnerent plusieurs terres & plusieurs maisons qu'ils avoient aux environs, pour leur entretien; & avec ce secours Mainard bâtit un Monastere auprés de cette Eglife. Le Pape Alexandre II.lui permit de donner l'habit à ceux qui se présenteroient pour le recevoir, & l'établit premier Superieur de ce Monaftere, auquel plusieurs Seigneurs & personnes de Foligni firent des donations confiderables.

Entre ceux qui se présenterent pour être Religieux dans ce Monastere, Albert fils du Comte Gautier, & petit fils du Comte Hugolin, fut l'un des plus confiderables par sa qualité: mais Mainard ne le reçut qu'aprés l'avoir beaucoup éprouvé. Lorsqu'il eut fait profession, le Comte son pere donna à ce faint Fondateur l'an 1085. son Palais, la Fortereffe & la montagne de Saffo-Vivo, avec plusieurs terres considerables qui étoient aux environs. Il contribua aussi beaucoup au bâtiment d'un nouveau Monastere que Mainard y fit faire, & d'une Eglise beaucoup plus spacieuse que celle de sainte Marie Del-Vecchio, qui fut bâtie avec la permiffion de l'Evêque, & qui fut dediée en l'honneur de la Sainte Trinité, de Sainte Croix, & des Saints Martyrs Carpophore& Abondius, où il transfera pour la troifiéme

fois leurs corps, & cette Eglise a retenu le nom de fainte CONGRE Croix Del-Vecchio.

GATION DE
SASSO-

Le Monastere étant achevé avec l'Eglise qui n'étoit pas Vivo. éloignée de l'ancienne de sainte Marie Del-Vecchio, Mainard & fes Compagnons y vinrent demeurer : il en fut élu Abbé & confirmé dans cette dignité par le Pape Urbain II. l'an 1088. Il fit plusieurs Reglemens pour le maintien de l'Observance Reguliere, & recommanda fur toutes choses l'hospitalité à l'égard des Religieux & des Pelerins qui paffoient par ce lieu. Sa charité étoit si grande que non content de travailler au salut de son ame, il voulut encore être utile au prochain, non seulement en consolant les affligés; mais principalement en aidant par ses aumônes ceux du voifinage qui étoient accablés de maladie; c'est pourquoi afin qu'ils fussent traités avec beaucoup de soin, il fit bâtir un Hôpital auprés du Monastere. Quelque tems aprés il en fit faire un autre auprés des murs de Foligni, des aumônes d'une sainte femme de cette ville, nommée Beatrix, qui pour ce sujet fut long-tems appellé l'Hôpital de Donne Beatrix ou du Monastere de Safso-Vivo, ensuite de sainte Marie & de saint Georges, & enfin faint Georges : il en rétablit ensuite plusieurs autres, dont les principaux furent celui de la sainte Trinité auprés du Bourg de Pale & celui de Carpode, dont les Religieux de Safso-Vivo avoient soin.

Cette même charité de Mainard étoit d'une trop grande étenduë, pour qu'il se bornât à ces œuvres de mifericorde envers les pauvres malades. Persuadé que l'ame est ce que l'homme a de plus cher en ce monde, il n'oublia rien pour donner aux peuples voisins de son Monastere, tous les secours neceffaires pour acquerir les vertus & les sciences, capables de les conduire au salut. C'est pourquoi il prêchoit dans fon Eglife, confeffoit, & faisoit des catechismes; il établit aussi dans son Monastere des écoles de Philofophie & de Theologie, non seulement pour ses Religieux, mais auffi pour les Seculiers, ce qui lui attira tant de nouveaux disciples, que voïant que le nombre de ses Religieux augmentoit, & qu'on lui offroit des établissemens en Ombrie & en Toscane, il institua une nouvelle Congregation de l'Ordre de faint Benoît, sous des Constitutions particulieres, en retenant toûjours l'habit noir. Il établit des Prieurs dans

VIVO

CONGRE-les Monasteres qui lui furent donnés & y envoïa des ReliSATION DE gieux qui le reconnurent toûjours & ses successeurs pour Superieurs Generaux. Il permettoit à ceux qui vouloient vivre en folitude de se retirer dans l'Ermitage de sainte Marie Del-Vecchio où ils demeuroient sous la conduite de l'Abbé de Saffo-Vivo. Enfin ce Bienheureux Fondateur mourut le 10. Decembre 1090. âgé de soixante & dix ans.

Aprés sa mort le Bienheureux Denis, qui avoit été fon premier Compagnon fut élu Abbé. Il ne fut pas moins zelé pour l'Observance Reguliere que son prédecesseur : & les vingt premiers Abbés de ce Monastere font reputés saints, auffi-bien qu'un grand nombre de ses Religieux : ce qui fit qu'on les voulut avoir en plusieurs lieux, enforte qu'en peu de tems cette Congregation eut jusqu'à cent quarante Monafteres, dont il y avoit vingt Abbaïes, fix vingts Prieurés, quarante & une Cures, & fept Hôpitaux, qui tous reconnoissoient l'Abbé de Saffo-Vivo pour General. Il nommoit à sa volonté les Prieurs & les Curés. Les Souverains Pontifes accorderent beaucoup de Privileges au Monastere de Safso-vivo, ils defendirent que personne n'y pût faire la visite, ni dans ceux de sa dépendance, sans ordre de l'Abbé qui auroit seul le droit de les visiter, de les reformer & d'y faire tels Reglemens qu'il jugeroit à propos, soit par lui, soit par ses Commissaires: qu'aucun ne pourroit posseder aucun Benefice de la Congregation, fi dans les Lettres Apoftoliques qui en seroient expediées, il n'y étoit fait mention qu'ils étoient de l'Ordre de Saffo-Vivo : que l'Abbé pourroit conferer à ses Religieux les Benefices qui dépendoient de lui, soit qu'ils eussent charge d'ame ou non; que toutes les Lettres Apoftoliques que les Religieux de cette Congregation pourroient obtenir pour quelque Benefice, feroient nulles, si l'Abbé de Saffo-Vivon'y avoit donné fon confentement: qu'il pourroit se servir d'Ornemens Pontificaux: & qu'enfin les Religieux aprés la mort de l'Abbé, en pourroient élire un autre de leur Congregation, où de l'Ordre de saint Benoît. Toutes ces graces & plufieurs autres leur furent accordées par les Papes Paschal II. Innocent II. Alexandre III. Clement III. & Celestin III.

L'Observance Reguliere fut en vigueur dans cette Con

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GATION DE

gregation jusques dans le quatorziéme fiécle, que fes gran- CONGRFdes richeffes firent tomber insensiblement les Religieux dans le relâchement. On fit de tems en tems des Reglemens Vivo. pour y rétablir la regularité; mais cefut toûjours inutilement. Thomas de Foligni trente-troisiéme Abbé de Saffo-Vivo, étant fort avancé en âge, & voïant que ses Religieux ne lui vouloient pas obéïr, remit cette Abbaïe entre les mains du Pape Paul II. l'an 1467. ce Pape la donna au Cardinal Philipes de Serzana, Evêque de Boulogne, qui en fut le premier Abbé Commendataire. Ce Prélat voulut y établir la reforme, mais il ne put y réüffir, ce qui fit que le Pape Innocent VIII. à la priere du Cardinal Marc Barbo Venitien, second Abbé Commendataire, supprima cette Congregation: & ce Cardinal introduisit dans cette Abbaïe les Religieux de l'Ordredu Mont-Olivet, qui ont augmenté ce Monastere & rétabli l'Eglife. La plupart des Monafteres qui en dépendoient, furent donnés à d'autres Ordres, ou devinrent des Benefices simples: & quelques-uns furent entierement ruinés. Il y avoit deux Abbates, quatre Prieurés, feize Paroisses & quelques Hôpitaux dans le Diocése de Foligni; trois Abbaïes, douze Prieurés & dix Paroisses dans celui de Spolette; sept Cures & deux Hôpitaux dans celui d'Assise: deux Abbaïes & douze Prieurés dans Rome, & plusieurs autres en differens Diocéses.

Dès l'an 1310. le Monaftere des saints Serge & Bacchus à Rome fut donné à des Prêtres Seculiers, celui des quatre Couronnés dans la même Ville avoit été aussi donné l'an 1417. aux Celestins par l'Abbé de Saffo-Vivo. Les Camaldules prirent leur place quelques tems aprés; & dans la fuite on y mit les Religieuses Philippines, dont nous avons parlé dans le quatriéme Tome. Les Moines du Mont-Olivet avoient eu aussi le Monastere de saint Nicolas de Foligni dès l'an 1326. Les Ermites de l'Ordrede faint Augustin avoient eu ceux de Perouse & de faint Felix de Giano en 1434. & 1450. & aprés la suppression de cette Congregation, Innocent VIII. donna encore aux Religieux de l'Ordre du Mont-Olivet le Monastere de saint Pierre de Bovara l'an 1484. Les Obfervantins eurent celui de Capro en 1487. & celui de la sainte Trinité fut donné aux Religieuses Servites l'an 1459. Saint Sauveur d'Aquapagna, qui étoit autrefois

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CONGRE- une celebre Abbaïe de l'Ordre des Camaldules, qui avoit SAUVE- été unie à Saffo-Vivo, & étoit tombée en commende, fut unie MAJOUR à la Cathedrale de Camerino. L'Abbé Commendataire de

GATION DE

Saffo-Vivo a environ quarante quatre Benefices à sa Collation.

Voiez Jacobelli, Chronica della Chiesa & Monastero di S. Croce di Saffo-Vivo.

S

CHAPITRE XXX I.

De la Congregation de Sauve-Majour en France.

AINT Gerard, Fondateur de la Congregation de SauveMajour, nâquit à Corbie dans le onziéme fiécle , vers la fin du regne du Roi Robert, & fut offert encore jeune par ses parens dans la celebre Abbaïe de ce lieu, pour y être élevé dans la pieté & dans les Lettres, sous la discipline des Religieux de saint Benoît. Il parut dans tout le tems de cette vertueuse éducation exemt des foiblesses ordinaires à ceux de fon âge. Chacun l'aimoit & l'estimoit. Il étoit, dit l'Historien de sa Vie, l'admiration de tout le monde; des enfans, parce qu'il les invitoit à bien faire; des jeunes gens, parce qu'il leur donnoit des exemples de probité & de parience; & des vieillards, parce qu'ils trouvoient en lui une prudence extraordinaire, & qui furpassoit son âge. Il s'étudia à acquerir l'humilité, qui est la mere de toutes les vertus, & obéiffant avec beaucoup de soumiffion, il voulut imiter Jesus-Christ, qui a été obéiffant jusqu'à la mort.

Lorsqu'il fut parvenu à l'âge de puberté, il n'oublia pas ce qu'il avoit pratiqué dans fon enfance: il s'efforça au contraire de parvenir à une plus grande perfection; & y montant de vertus en vertus, comme par autant de degrés, il fut reçu à la profession Monastique par l'Abbé Foulques, qui avoit fuccedé à Richard l'an 1048. A peine eut-il fait profession, que son Abbé le fit Procureur du Monastere, & le chargea du soin de toutes les affaires. Il s'aquitta de cet Emploi avec une fidelité inviolable, sans que cette occupation le détournât de ses exercices spirituels. Il eut toûjours la même affiduité à la priere, le même zele pour l'abstinence & la mortification, la même vigilance sur soi-même, la même

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