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AU DROIT

aïant fait un voïage à Naples, perfuada à Jeanne, qui étoit ORDRE DU fa belle fille, de fe faire couronner avec André fon mari. S. ESPRIT Cette cérémonie fe fit avec beaucoup de magnificence, en DESIR. présence de quatre Cardinaux que le Pape Clement VI.envoïa à Naples. Cela ne réunit pas néanmoins ces deux efprits; le malheureux André fut étranglé dans la ville d'Aversa l'an 1345. & la Reine fut foupçonnée d'avoir donné son confentement à ce meurtre.

Pape. Ce fut lors que

pour

Cette Princeffe époufa l'année suivante en fecondes nôces Loüis de Tarente, qui étoit auffi fon cousin ; mais Louis Roi d'Hongrie, aïant paffé en Italie avec une puiffante armée, pour venger la mort d'André ; & s'étant emparé de la ville de Naples, Louis de Tarente & fa femme furent obligés de fe refugier en Provence, qui appartenoit auffi à cette Princeffe; & ils ne rétournerent à Naples que l'an 1352. après avoir conclu la paix avec le Roi d'Hongrie, par l'entremise du Loüis de Tarente en memoire de ce qu'il avoit été couronné Roi de Jerufalem & de Sicile le jour de la Pentecôte, institua un Ordre Militaire sous le nom du faint Efprit au droit-defir, plus communément connu fous le nom de l'Ordre du Noud, à caufe que les Chevaliers portoient pour marque de leur Ordre un noeud en forme de lacs d'amour : ce Prince aïant voulu exprimer par ce nœud,comme difent quelques Auteurs,l'attachement que les Sujets devoient avoir pour leur Prince, & reciproquement le Prince pour fes Sujets. Cependant le veritable nom de cet Ordre étoit celui du Saint-Esprit au droit-defir,comme il paroît par les Statuts qui furent dreffés par l'Inftituteur, & qui commencent aina: Ce font les Chapitres faits & trouvés par le très excellent Prince Monseigneur le Roy Loys, par la grace de Dieu Roy de Jerufalem & de Sicile, alle honneur du Saint-Esprit,trouveur & fondeur de la tres noble Compagnie du Saint-Esprit au droit-defir, commencée le jour de la Penthecofte l'an de grace M.CCC. LII.Nous Loys par la grace de Dieu Roi de ferufalem & de Sicile, alle onneur du faint. Efprit, lequel jour par fa grace nous fusmes couronnez de nos Royaumes, en effaucement & acroiffement d'onneur, avons ordonné de faire une Compagnie de Chevaliers qui feront appellez les Chevaliers du faint Efprit au droit defir, & les d. Chevaliers feront en nombre de trois cent i defquels nous comme

AU DROIT.
DESIR.

a

ORDRE DU trouveur & fondeur de cette Compagnie, Jeront Princeps: & S. ESPRIT auffi doivent etre tous nos fucceffeurs Roys de ferufalem & de Sicile. Et à tous ceux que nous avons eflus & efliront à eftre de la dite Compagnie, faifons à feavoir, que nous pensons à faire, fe Dieu plait, la premiere fefte au Chastel de l'euf enchanté du merveilleux peril, le jour de la Penthecofte prochaine venant, &pour ce tous les deffus dits compagnons qui bonnement pourront, foient audit jour, audit lieu, en telle maniere comme cy apres fera devifé: & a doncques fera plus a plain à tous les Compagnons parlé de cette matierre.

Premierement ils devoient jurer qu'ils donneroient aide & fecours à ce Prince de tout leur pouvoir, foit à la guerre, foit en toutes autres occafions. Tous les Chevaliers devoient porter un neud de telle couleur qu'ils vouloient fur leurs habits, en un endroit où il put être vû, & deffus ou desfous le neud ils devoient mettre ces paroles : fe Dieu plait. Le Vendredi ils devoient porter un chaperon noir avec un neud de foye blanche fans or, argent, ni perles. Si un Chevalier s'étant trouvé dans quelqu'action, avoit été blessé ou avoit bleffé son ennemi, & qu'il eut remporté l'avantage, il devoit porter dès ce jour-là fon neud delié ; jufques à ce qu'il eût été au faint Sepulchre. Son nom devoit être écrit fur le neud,qu'il devoit porter enfuite lié comme auparavant avec ces paroles, il a pleu à Dieu & deffus le neud un ray ardent du faint Efprit: ce qui étoit apparemment une de ces flammes en forme de langue de feu fous la figure defquelles le faint Efprit defcendit fur les Apôtres dans le enacle. Ils devoient porter auffi une épée,fous le pommeau de laquelle leur nom & furnom étoient écrits avec ces paroles fe Dieu plaift. İls jeûnoient tous les Vendredis de l'année ou bien il leur étoit libre de donner ce jour-là à manger à trois pauvres en l'honneur de Dieu & du faint Efprit.

Tous les ans ils fe trouvoient à Naples le jour de la Pentecôte au château de l'Oeuf, & comme les étrangers & ceux qui étoient de païs éloignés étoient obligés de faire des dé. penfes pour leur voïage, le Roi les rembourfoit des frais qu'ils avoient faits. Ils avoient dans cette Affemblée des habits blancs. Ils y devoient porter par écrit tous les faits d'armes qu'ils avoient faits pendant l'année, & ceux que l'on trouvoit les plus confiderables étoient écrits dans un Livre

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Chevalier dus Esprit au droit desir

en habit ordinaire et le chaperonnoir et le noeud blanc. 59

de Poilly f

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S ESPRIT
AU DROIT-

qu'on appelloit le Livre des avenemens aux Chevaliers de la ORDRE DJ Compagnie du Saint Efprit au droit defir. Si quelque Chevalier avoit fait une action indigne, il devoit se trouver à DESIR, pareil jour au château de l'Oeuf vêtu de noir avec une flamme fur le cœur & ces mots en gros caracteres : fai efperance au Saint Esprit de ma grande honte amender. Il ne mangeoit point ce jour là avec les Chevaliers ; mais feul au milieu de la falle où le Prince & les autres Chevaliers mangeoient : ce qui duroit jufques à ce que le Prince avec fon Confeil l'eût rétabli en fon honneur. Il y avoit auffi dans le même château une table que l'on appelloit la table defirée où mangeoient le jour de la Pentecôte tous les Chevaliers qui pendant l'année avoient delié le nœud. Ceux qui avoient fait les plus belles actions étoient affis à la place la plus honorable de la table; & s'il y en avoit quelqu'un qui portât fon nœud relié avec une flamme,on lui mettoit fur la tête une couronne de laurier. La fête étant finie on tenoit un Chapitre dans le quel il étoit permis de retrancher ou d'ajoûter aux Statuts ce que l'on croioit plus convenable pour l'honneur & l'avancement de l'Ordre. Un Chevalier qui avoit déja reçu quelqu'Ordre avant que d'être admis dans celui du faint Efprit au droit defir, devoit le quitter, ou ne le pouvant pas faire honnêtement, celui du faint Efprit devoit être le premier & dans la fuite il n'en devoit recevoir aucun fans la permiffion du Prince; mais on ne devoit pas la lui demander qu'on n'eût porté le neud relié avec la flamme. Après la mort d'un Chevalier les parens étoient obligés de porter fon épée au Prince qui après l'avoir reçuë faifoit dire huit jours après un office folemnel pour le repos de l'ame du Chevalier décédé. Tous les autres y affiftoient Le plus proche parent ou un ami du deffunt prenoit fon épée par la pointe & l'offroit fur l'Autel, étant fuivi du Prince & des autres Chevaliers qui accompagnoient cette épée jufques à l'Autel. Ils fe mettoient enfuite à genoux priant Dieu pour l'ame du Chevalier décédé, & après le fervice on attachoit cette épée à la muraille de la Chapelle: on devoit mettre dans l'efpace de trois mois une pierre de marbre où étoient marqués le nom du Chevalier, le lieu & le jour de fa mort. S'il avoit porté la Aamme fur le neud, on ajoûtoit fur cette pierre de marbre, une flamme d'où fortoient ces paroles il acheva fa partie du

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