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ORDRE DI dre de l'Etoile, & que sur les hoquetons des archers du L'ETOILE Guet il y auroit devant & derriere une étoile blanche en

ENFRANCE

broderie : ce qui donna lieu aux Princes & aux Seigneurs de quitter aussi le collier de l'Ordre. Mais les Chevaliers ne portoient point de collier comme on a pu voir dans les Lettres de Jean premier Fondateur de cet Ordre. Ainsi le Roi Charles VII. ne pouvoit pas avoir ôté son collier pour le mettre au col du Chevalier du Guet. Du tems de saint Loüis cet Officier avoit déja la qualité de Chevalier du Guet, & s'il étoit vrai que Charles VII. lui eût donné l'Ordre de l'E. toile il n'auroit pas pour cela avili cet Ordre i puisque le Chevalier du Guet étoit toûjours Gentilhomme & avoit même le titre de Chevalier, comme il paroît par plusieurs titres; nous nous contenterons seulement de rapporter des Lettres de Loüis XI. données à Beynes en Hainaut le 3. Août 1461 par lesquels il ôte l'Office de Chevalier du Guet à Philippes de la Tour Chevalier, pour en revêtir Jean de Harlay qui étoit aussi Chevalier. Loys par la grace de Dieu Roy de France à tous ceux qui ces presentes Lettres verront, Salut. Comme parle trepas de notre tres cher Seigneur & pere à cui Dieu pardoint, la Couronne & Seigneurie de notre dit Roïaume nous soient par la dite grace de Dieu advenuz & efcheuz, & par ce nous appartiengne pourvoir aux offices d'icelui nostre Royaume, de personnes ydoines cer suffisantes à notre bon plaisir, sçavoir faisons, que par la bonne relation qui faite nous a esté de notre bien amé feban de Harlay escuyer & de fes vaillances, prouesses, preudomie, & bonnes diligences, à icelui pour ces causes & autres à ce nous mouvans, avons donné & octroyé, donnons & octroyons de grace especiale parces presentes l'office de Chevalier du Guet de nuit de nostre bonne ville & Cité de Paris, pour icelui Office avoir & tenir, & dorennavant exercer aux droits,gaiges, honneurs, prerogatives,prouffits & emoluments accoutumez, & qui y appartiennent, tant comme il nous plaira, s'il est à ce suffisant. Si donnons en mandement au Prevost de Paris qui pour nous fera ou à son Lieutenant, que prins & receu dudit fean de Harlay le ferment en tel cas accoutumé, iceluy mette & institue ou face mettre & instituer de par nous en possession & fuisine dudit Office, & d'iceluy ensemble des droits, gaiges, honneurs, prerogatives, prouffitz & emolumens dessusdits, le face, fouffre, & laisse

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L'ETOILE
EN FRANCE

jouir & ufer plainement & paisiblement, & à luy obeir & en- ORDRE DE
tendre de tous ceux & ainsi qu'il appartiendra, es choses tou-
chant & regardant ledit Office, ofté & debouté d'iceluy nostre
amé & feal Philippes de la Tour Chevalier, & tout autre il-
licite detenteur, non ayant sur ce nos Lettres de don precedent
en date de ces presentes, &c. Pour preuve que ce Jean de
Harlay étoit Chevalier avant que d'être pourvû de l'Office
de Chevalier du Guet, nous rapporterons encore les Lettres
fuivantes, du Comte de Clermont, fils du Duc de Bourbon.
Nous fehan, ainsné fils du Duc de Bourbonnois & d'Auvergne,
Comte de Clermont, Lieutenant General & Gouverneur pour
Monseigneur le Roy de fes pays & Duché de Guyenne, Certifions
à tous qu'il appartiendra que au voyage dernierement fait au
pays de Normandie pour la reduction d'iceluy à l'obeissance de
mondit Seigneur le Roy & au commencement d'iceluy voyage,
preismes & meismes en nostre charge, retenue, & compagnie
nostre amé & feal Chevalier Meffire Fehan de Harlay, lequel
bien & honnorablement monté & armé, servit mondit Sei-
gneur durant ledit voyage en noftredite compagnie sans dépar-
tir, tant en sieges, rencontres & courses, qu'en autres affaires
de guerre, esquelles il s'est trouvé comme bon, vaillant, &
comme doit faire. Et nous tenant fiege devant la ville de Vire,
audit pays de Normandie, durant iceluy voyage,luy donnames
l'ordre deChevalerie avec toute folemnité deues, & ce certifions
estre vray par ces nos Lettres lesquelles en temoing de ce avons
Signé de nostre main, & fait sceller du petit signet à nos armes en
l'absence de nostre grand scel. Donné au Bochet en Bourbon-
nois le 22. jour de fanvier 1455. Il y a encore d'autres Let-
tres de Louis XI. données à Bourdeaux le 20. Mars 1462.
par lesquelles il paroît que ce Jehan de Harlay avoit une
Compagnie d'Ordonnance sous le titre de Crufiol, Cheva-
lier & Sénéchal de Poitou : ce qui l'empêchant d'exercer fon
Office de Chevalier du Guet, le Roi lui permit de le faire
exercer pendant un an. Ces Lettres sont des preuves suffi-
fantes que le Chevalier du Guet étoit assez diftingué pour
ne pas faire deshonneur à l'Ordre de l'Etoile en le portant;
& c'est une erreur de dire qu'il ne se donnoit qu'aux Princes
& aux grands Seigneurs, puisque le Roi Jean I. qui l'insti-
tua, voulut qu'il y eût cinq cens Chevaliers ; & que l'an
1358. il le donna à Jacques Bozzut, qui n'étoit que Colla

Tome VIIL.

Rr

ORDRE DE teral ou Conseiller de Loüis Duc de Duras, comme il paL'ETOILE roît par l'Epitaphe de ce Bozzut, que l'on voit dans l'Eglise

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Cathedrale de Naples. S'il étoit vrai aussi que Charles VII, l'eut donné par mépris au Chevalier du Guet, il n'y a pas d'apparence que Loüis XI. l'eut donné l'an 1458 à son gendre Gaston de Foix, Prince de Navarre; & il n'auroit pas mandé en 1470. aux Prevôt des Marchands & Echevins de Paris, qu'il vouloit venir en cette ville pour célébrer la Fête de l'Ordre de l'Etoile, & qu'il entendoit que les Princes & les grands Seigneurs qu'il meneroit avec lui, fussent logés par fouriere. Cet Ordre subsista jusques sous le regne de Charles VIII. qui l'abolit, à cause de l'Ordre de S. Michel que Loüis XI. son pere avoit institué.

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Favin, Theatre d'Honneur & de Chevalerie. Giustiniani Hift. di tutti gli Ordini Militari. Archives de la Chambre des Comptes de Paris. Memorial C. fol. 108. & Manuscrits de Duchêne, à la Bibliotheque du Roi,

HAPITRE XLVI.

Des Chevaliers de l'Ordre du faint Esprit, au droit defir, appellé aussi l'Ordre du Nœud , au Roïaume de Naples.

R

OBERT le Bon & le Sage Roi de Naples, qui étoit de la Maison d'Anjou, aïant perdu Charles de Sicile fon fils unique, voulut donner un mari aussi de la Maison d'Anjou à Jeanne, fille aînée du même Charles. Dans cette vûë il fit venir à Naples l'an 1333. Charles 11. Roi d'Hongrie son neveu, & André,fils puîné de ce Prince, qui fut fiancé le 18. Septembre avec Jeanne sa coufine issuë de germain. Cette Princesse étoit pour lors dans la neuviéme année de son âge, André en avoit sept. Mais ce mariage ne fut point heureux, les inclinations de ces deux époux ne s'accordant point. Le Roi Robert avoit tâché de leur inspirer des sentimens d'union, & il avoit par sa prudence contrebalancé les divers mouvemens de ces deux esprits. Mais après sa mort, qui arriva l'an 1343. ils ne garderent plus de mesures, Jeanne ne vouloit point qu'André prît la qualité de Roi; & ces contestations durerent jusqu'à ce qu'Elisabeth Reine d'Hongrie, J.VIII.р.314.

Chevalier dus Esprit au droit desir.

ou du Noeud en habit de l'ordre avec le S. Esprit.

de Foilly Fo

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