MES. garde de rien alleguer de contraire , & de retrancher du ca- REGLE . ou 387. & dans ce livre qu'on lui attribue, il y est parlé du scapulaire que les Carmes n'ont porté qu'après que la sainte Vierge l'eût donné au B. Simon Stock , deux ans avant la mort de ce faint, qui arriva l'an 1285.& il y est aussi parlé du manteau blanc & du capuce qu'ils n'ont portés qu'en 1287. ou 1288. sans parler des fables dont ce livre est rempli , qui l'ont fait regarder par tous les sçavans comme un ouvrage faux & supposé, dont l'auteur ne peut avoir vêcu que dans le douziéme siècle. C'est à l'occasion de ce livre supposé que Pierre Vvastel Carme réformé d'Aloft & Prieur d’Anvers, attribue à ce même patriarche plusieurs ouvrages, qui font, ou sans nom d'auteurs, ou fauslement attribués à d'au. tres qu'il a recueillis ou fait imprimer à Bruxelles en deux voluines in folio l'an 1643. sous le nom d'auvres de Jean de Je. rusalem, mais quoique ceCarme ( dit Monsieur du Pin*) quico a pris la peine de les ramasser , ait employé un volume entier pour montrer que les ouvrages contenus dans son premier co-cs ne étoient veritablement de Jean de Jerusalem , & qu'il ait tâché de les défendre de toutes sortes d'erreurs; on peut dire neanmoins , qu'il n'a rien fait de ce qu'il promet dans son titre, & qu'il n'a rempli ce long &ennuyeux traité que jectures frivoles , de suppositions sans fondement, de faussetés manifestes, ou de matieres qui ne conviennent nulle. ment à son sujet : de sorte que tout ce grand édifice manquant par le fondement, est bientôt tombé en ruine , & elt devenu la risée de toures les personnes qui se mêlent de litterature. Les Carmes sont si peu d'accord entre eux touchant leurs pretentions, que Jean le Gros de Toulouse , l'un de leurs generaux vers l'an 1411. bien loin de croire que Jean, patriar, * Du Pin , Biblioth. des Ecrivains Ecclef. s. fiecle. P: 1. pag. 279. * CC de con MES. Regle che de Jerusalem, eût écrit une regle pour les Carmes & DES Car-leur eût prescrit une maniere de vie, dit au contraire qu'il reçut celle de saint Basile qu'il fit obferver aux Ermites du que les Ermites du Mont-Carmel ayant été baptisés par les apô. tres, se disperserent dans la même montagne, à Jerusalem ; à Acre & en d'autres lieux de la Terre-Sainte ; & que prechant par tout la foi de Jesus-Christ , il arriva que Basile le Grand, qui étoit aussi Ermite , écrivit une regle pour certains Ermites qui s'attacherent à lui: que quelques-uns de ceux qui demeuroient au Mont-Carmel, suivirent cette regle: que dans la suite du tems le pape Adrien I. l'an huitié. me de son pontificat éleva sur le liege patriarchal de Jerusalem Frere Jean Ermite de la même montagne du Carmel, à cause de la sainteté de sa vie : que ce patriarche Jean donna à Frere Capraise son disciple bien-aimé, & aux autres Ermites du Mont-Carmel la regle de saint Basile pour l'observer : qu'il ne leur en donna point d'autre plus grande ; mais qu'ils vêcurent selon cette regle jusqu'en l'an 1023. Qui distus F. Joannes patriarcha F. Caprasio suo discipulo dilećtilimo , cæterisque Eremitis Montis Carmeli diétam regulam Bafilii tradidit obfervandam ; nullam tamen eis dedit majorem , sed juxta regulam eis datam & bonam conscientiam quibus Deo famulabantur: & fic fteterunt usque ad annum Domini MI XIII. C'est ce que l'on lit dans un ancien manuscrit de ce verger du Carmel qui est conservé dans la bibliotheque du couvent des Carines de Francfort, selon ce que dit le Pere ز u MES, Papebroch.* Mais dans le miroir du Carmel imprimé à Ve- Regle ; & dans les Cependant ils n'ont point eu pour regle, ni celle de saintBa- que leur donna le patriarche Albert, le douxié- * Papebroch, Hift. Patriarch. Hyerofolymit. apud Boll. Ad, SS, Tom. Ili. Maiig MES. . REGle voyant que le nombre de ses Ermites augmentoit. Le patriar. DES CAR-che Albert lui accorda ce qu'il demandoit, & écrivit une re gle qu'il adressa à ce Brocard & aux Ermites qui vivoient sous son obeïssance , & demeuroient aupres de la fontaine sur le Mont-Carmel i Albertus Dei gratia Hyerofolymitanæ Ecclefiæ vocatus patriarcha , dile&tis in Chrifto filiis Brocardo & cæteris Eremitis qui sub ejus obedientia juxta fontem in Monte Carmeli morantur , salutem in Domino. Bonanni, Je m'étonne que le pere Bonanni de la Compagnie de Jesus, Catalog. 'ait suivi le sentiment de ceux qui ont cru que cette regle avoit Ord.Relig . été donnée l'an 1171. par le patriarche Albert ; puisqu'en 1171. il n'y avoit point de patriarche de Jerusalem de ce nom. Il est vrai que Laërce Cherubin, qui a inseré dans le bullaire romain cette regle, l'a datée de l'an 1171. & que les Carmes ont été long-tems dans cette erreur, que quelques-uns ont voulu corriger par une autre erreur en disant que ce fut l'an 1199. ce qui ne pouvoit pas non plus convenir au tems qu'Albert fut patriarche de Jerusalem. Ils ont bien vû dans la suite que cette opinion ne pouvoit pas se foutenir , comme le pere Theodore Stratius, general de cet Ordre, l'avoua de bonne foi. La congregation des Rites leur ayant permis de faire l'office de saint Albert, comme ils avoient demandé, ils se trouverent embarassés sur ce qu'ils mettroient dans les leçons de l'office de ce saint , qu'ils ne connoissoient pas bien ,, & la congregation ne vouloit pas approuver ce qu'ils vouloient y inferer c'est pourquoi legeneral Stratius écrivit sur cela à Aubert le Mire , doyen de l'église d'Anvers, pour avoir son avis, & quelque éclaircisse ment sur ce faint qu'ils ne connoisloient pas beaucoup, ne Hif pa- fçachant qui il étoit : Non bene confiat quæ aut qualis persona Hyerofol. fit ille Albertus quem colimas. Si nous disons, ajoûtoit-il apud Boll. cet Albert est celui qui nous a donné notre regle, cela AH. Șs. fouffre de la difficulté ; parce que la regle nous a été don née l'an 1171.& dans ce tems-là il n'y avoit point de patriarche de Jerusalem qui se nommât Albert ; puisque celui qui porta ce nom ne fut élevé à cette dignité que l'an 1204. Si enim dixerimus istum Albertum fuisse qui nobis regulam tradidit, premimur hac difficultate , quod regula nostra tradita nobis eft anno 1171. quo tempore nullus erat Albertus Hyerofolymitanus patriarcha , quia iste inthronizatus fuit anno 1204. II . 3 Maii. |