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HOSPITA

LIERES DE

PARIS.

Anciennement leur habillement estoit noir, tel qu'on le peut STE. CA- voir dans la figure que nous avons fait graver & qui reprefente THERINE A une de ces anciennes Religieuses; mais Eustache du Bellay Evesque de Paris, qui mourut l'an 1565. leur aïant donné des Constitutions, ordonna qu'elles se conformeroient pour l'habillement aux Religieuses de l'Hostel-Dieu, ou à celles de l'Hôpital saint Gervais. Surquoi le P. du Breüil dans ses Antiquités de Paris, & qui escrivoit en 1612. dit que bien loin que celles de fainte Catherine se deussent conformer à celles de saint Gervais, les choses estoient tellement changées que c'estoit au contraire à celles de saint Gervais à suivre l'exemple de celles de sainte Catherine. Mais si dans ce tems-là les Religieuses de saint Gervais ne vivoient pas dans une observance exacte de leur Regle, elles ont esté depuis reformées, & la clôture y est plus exactement observée qu'à sainte Catherine, où les Religieuses ne parlent point à des grilles, mais reçoivent les visites des personnes qui les viennent voir dans des salles, & peuvent fortir pour aller tour à tour passer plusieurs semaines dans une Maison de recreation qu'elles ont proche la Porte saint Denis; au lieu que celles de saint Gervais ne fortent jamais, & ne parlent qu'au travers d'une grille, où elles font toûjours accompagnées d'une écoute. Il n'y a presentement que la clôture qui puisse mettre quelque difference entre les Religieuses de ces deux Hôpitaux qui exercent également l'Hospitalité avec beaucoup de charité & d'edification, & qui vivent dans une grande obfervance de leur Regle.

Ce fut dans cet Hôpital de sainte Catherine qu'une fainte fille nommée Sœur Alix la Bougotte demeura quelques années au service des pauvres : mais voulant mener une vie plus retirée sans avoir aucun commerce avec les creatures, elle fut pour ce sujet renfermée dans une chambre haute de cet Hôpital pour y faire l'epreuve de ce genre de vie pendant un an, après lequel elle fut conduite au Cimetiere des SS. Innocens & renfermée comme recluse dans un petit logis joignant l'Eglise fur laquelle repondoit une feneftre d'où elle entendoit la fainte Messe & l'Office divin. Elle vécut si saintement dans ce lieu, que le Roi Loüis XI. lui fit elever un tombeau de bronze où elle est representée avec l'Epitaphe suivante.

L

76.

Ancien Religieux Hospitalier,

de l'Hôpital de S. Gervais à Paris.

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C. Dufles F.

En ce lieu gift Sœur Aliz la Bougotte
A son vivant recluse très devote
Renduë à Dieu femme de bonne vie
En cet Hostel voulu testre afservie,
Ou a regnée humblement long-tems
Et demeuré bien quarante-fix ans
En fervant Dieu augmenté en renom.
Le Roi Loüis unziéme de ce nom
Confiderant sa très grande parfectare
A fait lever ici fa sepulture.
Elle trepaffa ceans en son fejour
Le Dimanche vingt-neuvième jour
Mois de fuin, mille quatre cens soixante-fix
Le doux Jesus la mette en Paradis. Amen.

Conformement à leurs Constitutions elles doivent dire tous les jours l'Office de la Vierge, s'abstenir de viande les Mercredis, jeûner tous les Vendredis de l'année, & tous les Mercredis depuis la Feste de l'Exaltation de sainte-Croix jusqu'à Pâques, tous les jours de l'Avent & toutes les veilles des Festes de la fainte Vierge, outre les jeûnes ordonnés par l'Eglife. Leur habillement confifte presentement en une robe de ferge blanche avec un rochet de toile blanche pardessus serré d'une ceinture noire, au Chœur & dans les ceremonies elles mettent un grand manteau noir.

HOSPITA
LIERES DE
STE. CA-
THERINE

PARIS.

DR

Les Religieuses de l'Hôpital de saint Gervais anciennement HOSPITA appellé l'Hostel-Dieu faint Gervais, sont habillées de mesme à S. GERVAIS l'exception de la ceinture qu'elles n'ont point. Cet Hôpital n'a a PARIS, esté appellé de faint Gervais qu'à cause qu'il estoit contigu à la Paroiffe dediée en l'honneur des SS. Martyrs Gervais & Prothais. Il fut fondé l'an 1171. sous le titre de saint Anastase, par Girin Masson, qui conjointement avec son fils nommé Archer Prestre, donna une maison qu'il avoit proche saint Gervais pour eftre convertie en un Hôpital, où les pauvres passans & pelerins feroient logés. Il paroift par une Bulle de Nicolas IV.de l'an 1290.adressée au Maistre & aux Freres de l'Hôpital de l'Ordre de saint Augustin, qu'il les prend sous la protection du faint Siege & la fienne avec tous leurs biens prefens & à venir, & cet Hôpital fut desservi par des Religieux jusqu'en l'an 1300. ou environ, que Foulques II Evesque de Paris ordonna

HOSPITA- qu'il y auroit quatre Religieuses avec un Maistre & un Provi-
GERVAIS. feur pour l'administration du temporel, lesquels Maistres ont

LIERES DES.

PARIS.

FILLESDIEU DE PARIS.

gouverné cet Hospital jusqu'en l'an 1608. que les Religieuses
de l'Ordre de faint Augustin au nombre de quatorze en pri-
rent entierement le gouvernement par ordre de Pierre de
Gondy Cardinal & Evefque de Paris, qui informé du mau-
vais gouvernement des Maistres & Proviseurs, exemta les
Religieuses de leur dépendance, & se reserva de commettre
qui bon lui sembleroit pour recevoir leurs Vœux & oüir les
comptes de l'Hospital, ce qui subsiste encore à present.

Le nombre des Religieuses s'eftant beaucoup augmenté, &
n'aïant pas assez de logement où elles estoient, elles ont ache-
té l'Hostel d'o, dans la vieille ruë du Temple où elles demeu-
rent presentement, & font au nombre d'environ foixante.
Elles exercent à l'égard des hommes la mesme charité que les
Hospitalieres de sainte Catherine exercent à l'égard des fem-
mes. Les Religieux qui demeuroient anciennement dans cer
Hospital estoient habillés de vert, ils avoient une robe, une
chape, & un petit capuce. L'on voit encore la representa-
tion d'un de ces Freres Hospitaliers à genoux au pied d'un
Crucifix en relief sur la muraille de la Chapelle de l'ancien
Hospital de saint Gervais qui est dans la ruë de la Tixerande-
rie. Ainsi comme le Pere du Moulinet prétend que c'estoit
les Chanoines Reguliers qui desservoient les Hospitaux de
France, il y auroit donc eu felon lui des Chanoines Regu
liers habillés de vert.

Voiez pour ces deux Hospitaux de Sainte Catherine & de Saint
Gervais, du Breüil & Malingre, Antiquités de Paris.

Comme on donnoit anciennement aux Hospitaux les noms
d'Hostels-Dieu & de Maisons-Dieu, on appelloit aussi ceux
& celles qui y demeuroient Filles-Dieu & Enfans-Dieu ; c'est
pourquoi Marguerite Reine de Navarre, Sœur de François
Premier Roi de France, voïant la grande pauvreté & la
misere extrême de l'Hostel-Dieu de Paris, qui, outre les
malades, entretenoit encore les enfans de ceux qui y mou-
roient, & aïant fait bâtir un Hospital pour y recevoir ces
Orphelins, le Roi voulut qu'ils fussent habillés de drap rouge
en signe de charité, & qu'ils fussent toujours nommés les En-
fans-Dieu. Il y a eu plusieurs Maisons sous le nom de Filles-
Dieu. Le Roi faint Loüis en establit une à Paris en 1232. où il

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