LIERS DU ne devoient point s'asseoir à table ce jour là, ni au dîner, ni CHEVAau soûper. Ceux qui ne sçavoient pas l'Office de la Vierge S étoient obligés de dire à genoux quinze Pater & autant d'Ave, & en cas de maladie de les faire direpar d'autres. Ils promettoient de s'aimer les uns & les autres comme ils étoient obligés à l'égard de leurs propres freres, pere & mere, de défendre l'honneur des Chevaliers en leur absence & de ne porter les armes que pour leur fouverain Seigneur. Tous les Dimanches & les Fêtes: ils devoient avoir étant à l'Eglise le croissant sous le bras droit: ils devoient obéïrau Chef de l'Ordre, que l'on nommoit Senateur, en toutes les choses qu'il ordonnoit pour le bien du même Ordre. Ce Senateur étoit élu tous les ans le jour de saint Maurice. La feconde personne de l'Ordre après ce Chef étoit le Chapelain ou Aumônier, qui devoit être Archevêque, Evêque, ou personne notable constituée en Dignité Ecclesiastique. Il y avoit aussi un Chancelier, un Maître des Requêtes, un Trésorier, un Greffier & un Roi-d'Armes. Le jour de saint Maurice ils portoient des manteaux longs jusqu'à terre, scavoir, le Prince un manteau de velours cramoisy fourré d'hermines, les Chevaliers un manteau de même fourré de menuvair, & les Ecuïers un manteau de fatin cramoisi aussi fourré de menu vair. Ils avoient dessous ces manteaux des robes longues de damas gris fourrées de même que les manteaux, & fur la tête des chaperons couverts & doublés de velours noir, avec cette difference que ceux des Chevaliers avoient un bord d'or, & ceux des Ecuïers un bord d'argent. Si quarante jours avant la Fête de saint Maurice les pere, mere ou frere d'un Chevalier étoit mort, il devoit se trouver à la fête avec un manteau noir, ou bien il lui étoit libre de s'en dispenser. Le Chancelier avoit un manteau long d'écarlate doublé de menu vair aussi bien que le Trésorier & le Greffier, & le Trésorier portoit à fon côté une gibeciere. Le lendemain de la fête de saint Maurice, l'on celebroit une Messe folemnelle pour les Chevaliers decédés dans l'année & pour lors ceux qui y assistoient avoient des robes noires fourrées de peaux d'agneaux de la même couleur, nous donnons ici trois estampes qui représentent l'habillement de ces Chevaliers, tel que nous l'avons trouvé dans la Bibliotheque du Roi. DU CHEVA- Messieurs de Brienne, à la Bibliotheque du Roi, vol. 274. LIONS BT fol. 44. & pour l'Ordre du Croissant ou du Navire des ArDE LA COL - gonautes à Naples, on peut consulter les Auteurs que nous avons ci-devant cités. RONNE. CHAPITRE XΧΧΙΧ. Des Chevaliers des Ordres du Lion & de la Couronne en E NGUERRAND I. Seigneur de Coucy qui vivoit en 1080. aïant tué un Lion dans la Forêt de Coucy, qui falloit beaucoup de ravages aux environs, pour en conferver la memoire l'on fit faire en pierre la figure de ce Lion, que l'on plaça dans la cour du château de Coucy, & l'on institua des Fêtes & des réjoüissances qui se renouvelloient tous les ans; & les Fondateurs de l'Abbaïe de Nogent, qui étoient de la Maison de Coucy, obligerent l'Abbé de ce Monastere d'offrir du pain & des rissolles au Seigneur de Coucy dans la cour où ce Lion étoit placé : ce qui se faisoit de la maniere suivante. A vant que de présenter ce pain & ces rissolles, l'Abbé étoit obligé, revêtu d'un habit de Laboureur, avec un semoir, &monté surun cheval harnaché comme pour aller au labour, de faire plusieurs tours dans la cour, en faisant claquer un foüet qu'il tenoit à la main. On visitoit ensuite son équipage pour voir s'il étoit en bon état, & si l'on trouvoit qu'il manquât seulement un cloud aux fers du cheval, il étoit confisqué, après quoi l'Abbé étoit reçu à faire ses présens : ce qui seréïteroit trois fois l'an aux Fêtes de Noël, de Pâques, & de la saint Jean-Baptiste. Laloüete, qui a fait en 1576. l'Histoire Genealogique de la Maison de Coucy, dit avoir vu cette cérémonie, qui s'observe encore à present avec d'autres circonstances, que cet Auteur à omises, & qui consistent en ce que ce n'est plus l'Abbé qui rend cet hommage en personne, se contentant d'y envoïer un des Officiers de l'Abbaïequi a dans son semoir une certaine quantité de bled, & qui menant avec lui un chien qui a deux rissolles à son cou. S'il les gâte ou les mange, qu'il fasse ses ordures dans la place & le cheval aussi, l'Abbé est condamné à une amende. Celui qui rend l'hommage embrasse aussi deux Lions de pierre qui font à la porte de l'Hôtel de ville, où l'on a tranf- CHEVA porté celui qui étoit dans la cour du château. Cet hommage Lis se rend presentement dans la place de la ville. LIERS DU DE LA COU Laloüette ajoûte que ce fut à l'occasion de cette action RONNE. d'Enguerrand I. que fut institué l'Ordre du Lion, qu'Enguerrand II. renouvella au commencement du regne de faint Loüis, comme Belleforêt l'a remarqué dans son Histoire de France: ce qu'il fit avec une magnificence Roïale; mais il y a plus d'apparence que ce Seigneur a été l'Instituteur de cet Ordre. L'on donnoit pour marque à ceux qui y entroient une medaille d'or où étoit representé un Lion. Il y a eu encore un autre Ordre sous le nom de la Couronne, qui a été institué par Enguerrand VII. Seigneur de Coucy & Comte de Soissons, dont il est fait mention dans des lettres de confirmation que Loüis Duc d'Orleans accorda au Peres Celestins de Villeneuve, après qu'il eut acheté la terre de Coucy & le Comté de Soissons. Ces lettres qui font inserées dans un Cartulaire de la Chambre des Comptes de Blois de l'an 1393. fol. 34. v°. commencent ainfi. Loys fils de Roi de France, Duc d'Orleans, Comte de Blois, de Beaumont & de Soissons & Seigneur de Coucy, sçavoir faifons à tous prefens & avenir. Nous avons vu les Lettres de notre cher amé cousin Mesfire Enguerrand jadis Seigneur de Coucy & Comte de Soiffons, contenant la forme qui s'enfuit. Enguerrain Sire de Coucy, Comte de Soissons & Bar. de Marle, Sçavoir faisons à tous presens & avenir, que nous confiderans que le pelerinage & les biens temporels & mondains de cette vie transitoire, font ordonnés à un chacuin qui bien en veut & fcet user, à edifier & faire tresor envers Dieu qui tous biens apprestez meus par vraye devotion en honneur de Dieu le pere, le Fils & le faint Esprit, un Dieu vraye & Sainte Trinité, de La glorieuse Vierge Marie,de tous les Saints & Saintes de Paradis, & pour avoir prieres perpetuelles pour nous, nos devanciers & fucceffeurs de notre tres chere & amée Compagne Isabel de Lorraine a present notre femme, pour tous les Chevaliers & Dames les Ecuiers & Damoiselles qui ont esté, font & feront de notre ORDRE DE LA COURONNE, pour la finguliere amour & affection que nous avons envers la devote & Sainte Ordre des Celestins & l'acroissement & augmentation du fer ORDRES vice divin, pour consacrer le corps de notre Seigneur en faint DE LA FOI Sacrement de l'Autel que il parsa grace ordonna à faire en la CHRIST. remembrance & commemoration de lui,de sa sainte digne mort DE JISUS & Passion qu'il voult souffrir pour tous les Chretiens, & pour etre accompagnez à tous les bienfaits de charité, de priere, & de devotion qui ont esté, sont & feront faits par lesdits Religieux de ladite Ordre des Celestins, estre fait & construit, edifié & estably au lieu & en la place de notre maison de Villeneuve auprez Soiffons &c. Cette fondation est du vingt-fix Avril 1390. & les Lettres du Duc d'Orleans sont données Beauté sur-Marne au mois de Novembre 1404. 11setrouve un sceau de ce Prince à la Chambre des Comptesde Blois, où il est representé à cheval aïant une Couronne renversée attachée au bras droit à une courroye passée dans une boucle. L'on voit aussi ses armes au château de Blois & à l'Hôtel de ville,au bas desquelles il y a aussi une couronne renversée. Cette couronne pourroit être la marque de l'Ordre de la Couronne institué par Enguerrand de Coucy, que le Duc d'Orleans auroit conservé étant devenu Seigneur de Coucy & de Soiffons. Memoires communiquez par M. de Clairambaud. Des Chevaliers de la Foi de Jesus-Christ, de la Paix, N Ous joindrons ensemble les Chevaliers de la Foi de Jesus-Christ en France & en Italie, dont on ne connoît point l'origine. Il y a bien de l'apparence néanmoins que les uns & les autres ont pris naissance dans le tems des Croifades que l'on entreprit contre les Albigeois. Ceux de France nous auroient été inconnus fi nous n'avions trouvé dans le neuviéme volume des manuscrits de M. Duchêne le pere, qui font à la Bibliotheque du Roi, des Lettres du P. Savary, Grand-Maître de l'Ordre de la Foi de Jesus-Christ, en date du 9. Février 1220 par lesquelles il s'engage avec les Chevaliers de cet Ordre de défendre la perfonne & les Terres d'Amaury de Montfort Comte de Narbonne & de Toulouse contre ses ennemis ; de faire la guerre aux Hérétiques, & à |