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rober la gloire du Monaftere de Font-Avellane d'où eft forti CONGRE*Pierre Damien avec les autres Cardinaux, plus de quarante FONTE

GATION DE

Prélats & autant de Saints & de Bienheureux. Mais il falloit AVELLANA que le Pere Grandi donnât de bonnes raifons pour convaincre fes Lecteurs: car de dire que Font-Avellanea été de l'Ordre des Camaldules à caufe que fon Fondateur Ludolphe a été disciple de faint Romuald, & que l'on pratiquoit à FontAvellane à peu prés les mêmes Obfervances qu'à Camal-. doli,cette raifon n'eft pas fuffifante,puifque faint Jean Gualbert établit auffi à Vallombreuse les mêmes Obfervances qu'il avoit veuës,& qu'il avoit pratiquées lui-même dans le tems qu'il demeuroit à Camaldoli; qu'il forma le Monaftere de Vallombreuse fur le plan de celui de Camaldoli; que les cellules y étoient feparées les unes des autres, fans qu'on puiffe dire cependant qu'il fût de l'Ordre des Camaldules. Il femble que le Pere Grandi n'ait differé la mort de faint Romuald jufqu'en l'an 1037.que pour donner à connoître que ce Saint avoit inftruit lui-même faint Jean Gualbert des devoirs de la vie Eremetique lorfqu'il demeuroit à Camaldoli; cependant le Pere Grandi ne dit point que Vallombreufe ait été de l'Ordre des Camaldules; mais comme les Religieux de Vallombreuse auroient pû avec juftice lui difputer cette alliance, il a feulement attaqué les Religieux de l'Ordre de Font-Avellane,qui ne peuvent plus défendre leur caufe,aïant été fupprimés depuis environ cent cinquante ans ; & il les a incorporés dans fon Ordre dès le commencement de leur inftitution, quoique le Monaftere de Font-Avellane & quelques autres de fa dépendance n'aïent été unis à l'Ordre des Camaldules quel'an 1569. comme nous dirons ci-aprés.

Nous reconnoiffons donc l'Ordre de Font-Avellane comme un Ordre diftinct & feparé de celui des Camaldules. Les fondemens en furent jettez dans le Monaftere de FontAvellane vers l'an 1000. par le Bienheureux Ludolphe qui fut dans la fuite Evêque d'Eugubio. Il est situé dans un lieu folitaire de l'Ombrie au Diocêfe de Faenza entre les Monts Catrio & Corno. Ludolphe y eut d'abord plufieurs difciples avec lefquels il vivoit en Anachorete. Ils demeuroient dans des cellules feparées les unes des autres, occupés continuellement à la pfalmodie, à l'oraison & à la lecture. Ils vivoient de pain & d'eau quatre jours la femaine. Le Mardi & le Jeudi Tome V. Nn

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AVELLANA.

CONGRE- ils mangeoient un peu de legumes qu'ils faifoient cuire euxFONTE mêmes dans leurs cellules, où ils avoient auffi des balances pour pefer leur pain, ne le prenant que par mefure les jours de jeune. Ils n'avoient du vin que pour le facrifice de la Melle ou pour les malades. Ils obfervoient trois Carêmes, fçavoir de la Resurrection, de la Nativité de Notre Seigneur, & de faint Jean Baptifte. Pendant ce dernier, qui duroit depuis l'Octave de la Pentecôte jufqu'à la faint Jean, on leur donnoit le Mardi aprés None une portion de quelques legumes. Ils mangeoient deux fois le jour le Jeudi, auffi bien quele Mardi aprés la Fête de faint Jean-Baptifte. Depuis le 13. Septembre jufqu'à Pâques ils jeûnoient tous les jours, excepté l'Octave de Noël : tous les Dimanches de l'année on leur donnoit deux portions, excepté les Dimanches des Carêmes de Pâques & de Noël, qu'on ne leur en donnoit qu'une; & aux Fêtes de faint André, de faint Benoît & de l'Annonciation de Notre-Dame ils ne jeûnoient pas dans toute la perfection: ( ils appelloient jeûner parfaitement, lorfqu'ils ne prenoient que du pain, de l'eau & du fel.) Ils marchoient toûjours nuds pieds, prenoient la difcipline, faifoient des genuflexions, fe frappoient la poitrine, demeuroient les bras étendus, chacun felon fes forces & fa devotion,& aprés l'Office de la nuit ils difoient tous le Pfeautier avant le jour.

Tels étoient les Obfervances Regulieres qui fe pratiquoient dans ce Monaftere, lorfque faint Pierre Damien y prit l'habit Monaftique. Il avoit entendu parler de la ferveur de ces Ermites; & comme il fongeoit à quitter le fiécle, il en rencontra deux. S'étant ouvert à eux ils le fortifierent dans son dessein ; & comme il témoigna vouloir fe retirer avec eux, ils lui promirent que leur Abbé le recevroit: il leur offrit un vafe d'argent pour porter à leur Abbé ; mais ils le remercierent & ne voulurent pas le recevoir fous pretexte qu'il les embarafferoit dans le chemin: il fut fort édifié de leur défintereffement, & fe rendit quelque tems après à Font-Avellane, où on lui donna l'habitMonaftique.SonSuperieur lui donna le foin de faire des exhortations aux Freres & fa réputation venant à fe répandre, Gui Abbé de Pompofe près de Ferrare pria l'Abbé de Font-Avellane de le lui envoïer pour inftruire quelque tems fa Communauté qui étoit

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de cent Moines. Pierre Damien y demeura deux ans, & fon CONGREAbbé l'aïant rappellé, l'envoïà quelque tems aprés faire FONTEles mêmes fonctions au Monaftere de faint Vincent prés de AVELLANA. Pierre-Pertufe. Enfin l'Abbé le déclara fon fucceffeur du confentement de fes Religieux. Aïant pris le gouvernement de cette Congregation aprés la mort de l'Abbé, il l'augmenta de cinq autres Monafteres, qu'il fonda, un au Diocéfe de Camerino, deux au Diocéfe de Faenza, un au Diocéfe de Rimini, & l'autre proche Peroufe, où il fit pratiquer les mêmes Observances qu'à Font-Avellane. Nous avons dit "qu'ils n'avoient du vin que pour le facrifice de la Meffe: mais Pierre Damien leur permit d'en boire un peu hors les Carêmes de Pâques, de la Nativité & de faint Jean-Baptiste, où il n'étoit pas permis aux Moines, ni même aux Laïques, de boire du vin ni de manger du poisson. Mais il femble qu'il ne leur permit de boire du vin que pour avoir plus de force à foutenir les difciplines rigoureufes aufquelles il les obligea, le plus fouvent pour acquiter les penitences des autres Car on étoit alors perfuadé que pour chaque peché on étoit obligé d'accomplir la penitence marquée par les Canons: enforte que s'il y avoit dix ans pour l'homicide, celui qui en avoit commis vingt, devoit deux cens ans de penitences: & comme il étoit impoffible de l'acquiter,on avoit trouvé des moïens de la racheter, en accomplisfant, par exemple, cent ans de penitence par vingt Pfeautiers, accompagnés de difcipline. Trois mille coups de difcipline valoient un an de penitence, & mille coups se donnoient dant dix Pleaumes: par conféquent les cent cinquante Pfeaumes valoient cinq ans de penitence. Saint Pierre Damien leur faifoit fouvent faire de ces penitences pour les autres, & même quelquefois pour les pechés qu'ils avoient commis étant Laïques, ne croiant pas que pour les pechés qu'ils avoient commis dans le monde, ils en fuffent quittes pour pratiquer la commune Obfervance de la Regle; mais qu'ils devoient y ajoûter des penitences proportionnées à leurs pechés. Ils étoient outre cela obligés par la Regle, lorsqu'un Religieux étoit mort, de prendre fept difciplines de mille coups chacune, de jeûner fept jours, de dire trente Pleautiers, & de celebrer trente Meffes; & fi un Novice mouroit fans avoir accompli la penitence, ils devoient par

pen

CONGRE tager entr'eux ce qui reftoit pour l'accomplir.

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FONTE

Ces fortes de difciplines étoient fort en ufage dans ce AVELLANA. tems-là. Pierre Damien avoit appris cette pratique de faint Dominique l'un de fes difciples, qui fut furnommé l'Encuiraffé, à caufe d'une cuiraffe qu'il portoit continuellement fur fon corps. Cet homme aïant fçu que faire Pierre Damien avoit écrit de lui, qu'il avoit recité un jour neuf Pseautiers avec la difcipline, il en fut lui-même étonné, & voulut en faire encore l'experience. Il fe dépouilla donc unMercredi, & aïant pris des yerges à fes deux mains, il ne ceffa toute la nuit d'en reciter en se frappant : en forte que le lendemain" il avoit dit douze Pfeautiers & plus. Quelques années avant fa mort, il redoubla encore fes aufterités, & aïant trouvé

que les lanieres de cuir étoient plus rudes que les verges, il s'accoûtuma à s'en fervir. Il portoit toûjours avec lui quand il fortoit un foüet de lanieres pour fe donner la difcipline, & fe contentoit même de repaffer dans fon efprit les paroles des Pfeaumes fans les prononcer, afin de se donner un plus grand nombre de coups. Saint Dominique & faint Pierre Damien ne furent pas néanmoins les Auteurs de ces fortes de flagellations volontaires. Gui Abbé de Pompofie, mort en 1046. & faint Peppon Abbé de Stavels, mort en 1048. les avoient mifes en pratique avant eux; & Regino. avant eux Reginon Abbé de Pruim, qui vivoit au comlib. 2. cap. mencement du dixiéme fiécle, avoit ordonné de se frapper 442; ✪s jusqu'à faire des plaïes fur fon corps pour acquiter les pe

quent.

nitences.

Cette maniere de déchirer fon corps ne plut pas à tout le monde, il y en eut qui condamnerent la difcipline volontaire, comme une nouveauté contraire aux Canons. Pierre Cerebrofe & le Cardinal Etienne, qui avoit été Religieux du Mont-Caffin, furent en cela les plus grands Adverfaires de Pierre Damien. Le premier ne condamnoit pas tout-àfait l'usage de la Difcipline; mais il regardoit comme une folie ces longues flagellations: il ne défapprouvoit pas non plus que l'on recitât un Pfeaume en fe donnant la difcipline; mais il regardoit comme quelque chofe d'exceffif de la prendre pendant tout un Pleautier. Pour le Cardinal Etienne, il croïoit qu'il falloit plûtôt macerer fon corps par le jeûne, & foutenoit qu'il n'étoit pas honnête de fe dépoüiller

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