, LIERS DE estoient entr'eux ; ces noms paroissent adieux à ces Cha- CHANOM noines metamorphosés. Ce seroit leur faire injure que de ne Nes Regu. pas les appeller Mefieurs auss-bien que les anciens Benedi&ins; LATRAN, EN & je ne croi pas que Dom de Vert ait consulté la modestie des ITALIE, Chanoines Reguliers de la Congregation de France, lorsque parlant d'eux, il les appelle Mejjieurs de sainte Genevieve. CH A P I T R E R III. Vie du V. P. Barthelemy Colomne leur Reformateur, & qu'elle commença à jouir de la liberté, après laquelle elle soupiroit depuis trois cens ans, il fit bâtir plufieurs Eglises en divers lieux, principalement à Rome, où les Eglises de S. Jean, de saint Pierre, de faint Paul, de sainte Croix & de lainte Agués hors des murs ; font encore à present des marques de la pieté de cet Empereur. Entre ces Eglises, celle qui tient le premier rang non seulement dans cette ville, mais qui est encore reconnue pour la mere de toutes les Eglises du Mondes 'est celle qu'il fit bâtir dans le Palais de l'Imperatrice Fausta la femme, auparavant nommé la maison de Latrán , du nom de Plautius Lateranus Senateur Romain, à qui ellç appartenoit, lorsque l'Empereur Neron le fit mourir comme un des Chefs de la Conjuration qui s'estoit formée contre lui l'an 65. Ses biens aïam esté confifqués , cet Empereur & ses fuccefleurs l'ont toujours polsedée juulqu'au tems de Constantin, qui la donna à S. Sylveltre. Ce Prince y aïant fait bâtir une Eglise, elle fut appellée de son nom Constantinienne, autrement l'Eglise du Sauveur, à cause que pendant que S. Silvestre en faisoit la dedicace, l'Image du Sauveur du Monde apparut sur la muraille: & comme cet Empereur fit faire proche de cette Eglise un Baptistere, &que les Baptisteres avoient l'image de S. Jean-Baptiste, on lui don na aulli le nom de saint Jean de Latran , qui lui est resté , quoique son veritable nom soit celui de Saint Sauveur;puisque c'est sous ce nom que l'Eglise folemnise le 9. Novembre, la De dicace de cette Eglise... . LIERS DE JTALIE. 2 CHANOI Les Papes l'ont toûjours reconnuë pour leur Cathedrale ; NES REGN- & depuis S. Sylvestre ils y ont toujours fait leur demeure, à LATRAN,En l'exception de deux ou trois, jusqu'au tems que le S. Siege fut transferé à Avignon ; Gregoire XI. l'aïant transporté à Rome après soixante & dix ans d'absence, comme le Palais de Latran contigu à cette Eglise, estoit tombé presque en ruine , les Souverains Pontifes ont fait depuis ce tems leur residence au Vatican ou à Monte-Cavallo. Dom Gabriel Penot Chanoine Regulier de la Congregation de Latran, qui en a fait l'Histoire, pretendant qu'il y a eu une. continuation sans interruption de Clercs, qui ont vécu en commun depuis les Apoftres jusqu'au tems de S. Sylvestre , dit que ce fut ceux-là que ce Pape establit dans cette Eglise : mais comme cette pretention est disputée, & que la veritable origine des Communautés de Clercs n'est attribuée qu'à S. Augustin, nous croïons plus aisément ce qu'a joûte cet Auteur que S. Leon I. se fervit vers l'an 440. de Gelase, qui fut dans la suite un de ses successeurs, & qui estoit Disciple de S. Augustin, pour reformer les Cleres de cette Eglife, & les faire vivre selon les regles que ce Grand Docteur de l'Eglise avoicprescrites à ceux de son Eglise d’Hippone , qui ne contenoient que ce que les Apostres & les premiers Fideles de l'Eglise de Jerusalem ávoient pratiqué. 3. En effet le Clergé de Rome avoit besoin de reforme ; puisque S. Jerôme se plaignoit dès l'an 383. des dereglemens des Clercs de cette Ville, qui n'aïant pû supporter les reproches de ce grand homme, dechirerent la reputation par tant de calomnies & de médisances , que pour ceder à leur envie , il fut obligé de quitter Rome pour retourner dans la Palestine. : Ce fut donc sous le Pontificat de S. Leon I. que les Clercs de l'Eglise de saint Jean de Latran vêcurent en commun. Ils demeurerent pendant plusicurs années dans l'observance des Canons Apostoliques ; mais le relâchement s'estant introduit peu à peu parmi eux, Alexandre II. qui avoit esté Chanoine de la Congregation de S. Frigdien de Luques , fit venir des Chanoines de cette Congregation l'an 1061. pour reformer 'Eglise de Latran, & aïant fait assembler un Concile à Romelan 1063. où l'on traita de la reforme des Chanoines, il aflujettit ceux de Latran à l'observance de ce qui avoit esté ordonné dans ce Concile. Il declara aulli cette Eglise Chef de NES RE GULIERS plusieurs maisons de Chanoines qui en dependoient , & qui Chanortous ensemble formerent une Congregation, qui dés ce temslà prit le nom de Latran,& estoit separée de celle de saint Frig- DELATRAN, dien de Luques. Ils possederent cette Eglise pendant plus de huit cens ans, depuis S. Leon 1. jusqu'à Boniface VIII. qui aïant esté élevé fur la Chaire de S.Pierre l'an 1294. les obligea d'en sortir pour mettre des Seculiers à leur place. Pour lors la Congregation de Latran commença à diminuer , & s'esteignit peu de tems après, aïant perdu tous les Monasteres qu'elle possedoit , les uns aïant esté secularisés, les autres aïant esté donnés à d'autres Ordres, comme celui de Grotta-Ferrata aux Moines de S. Basile. Penot dit que les autres actions de Boniface VIII. rapporcées par Platine & les autres Historiens de sa vie , font assez connoistre les raisons qui le porterent à leur oster l'Eglise de Latran. Il semble qu'il veüille accuser son avarice qui le vouloit faire profiter des grands biens qu'ils possedoient, & qui peut-estre servirent à augmenter ces tresors immenses qu’on lui trouva, lorsque Nogarer Gentilhomme François avec quelques chevaux du Duc de Valois, accompagné des Colomnes & de quelques autres Gentils-hommes de la faction des Gibelins, le saisit de sa personne à Anagnie. Nous verrons dans un autre endroit l'adresse dont il se servit pour parvenir à la Papauté , & la maniere dont il agit envers son predecesseur , quii s'estoit démis de cette dignité, & que l'Eglise honore comme un Saint ; mais il ne faut pas nous éloigner des Chanoines. Reguliers, qui furent restablis cent cinquante ans après dans cette mesme Eglise de Latran par Eugene IV. & conime la Congregation Frigdionienne ou de sainte Marie de Frifonaire, fur celle sur laquelle ce Pape jetta les yeux pour en tirer ces Chanoines, & qu'il voulut qu'elle fust appellée dans la suite, de S. Sauveur de Latran, il està propos de rapporter son origine. La Congregation Frigdionienne ou de sainte Marie de Frifonaire , elt differente de celle de S. Frigdien de Luques, dont nous avons déja parlé, quoique ce ne loit qu'à cause de ce Saint qu'elle ait elté appellée Frigdiomienne; car l'on pretend qu'estant Evesque de Luques, il fit bâtir à trois milles de cette Ville une Eglisc sous le nom de Notre-Dame , qui par lucó. , LIERS DE LATRAN,EN liALIE. ز CHANOI- cellion de tems à cause de son Fondateur , a esté appellée sainte NESS ICH Marie Frigdionienne, & par corruption Frifonaire. Cette Eglise avoit coûjours esté desservie par des Chanoines Reguliers , qui s'estoient rendus recommendables par la fain-, teté de leur vie ; mais leurs successeurs au quatorziéme fiécle s'estoient bien esloignés de leur csprit. A peine trouvoiton chez eux des traces de la Discipline Reguliere , le temporel estoit aussi mal administré que le spirituel, & ce qui reltoit des revenus qui avoient esté autrefois considerables, ne suffi-, soit pas pour l'entretien de trois Religieux qui s'y trouvoient en 1382. L’Evesque de Luques y aïant fait la Visite cette mesme année, avoit tâché d'y apporter quelque reforme. Les Religieux y avoient confenti , & avoient mesine tenté plusieurs fois d'executer un li bon dessein ; mais bien loin d'y pouvoir réüllir, les frequents passages des arınées & plusieurs partis qui estoient souvent venus piller le Monastere , les avoient contraints de l'abandonner pour se refugier dans la ville. Comme ils persistoient toujours dans leur resolution, Dieu envoïa à leur secours un sainc homme, qui a esté le Refor: mateur des Chanoines Reguliers en Italie, & à qui l'on a donné le titre de Fondateur de la Congregation de sainte Marie de Frifonaire. Il s'appelloit Barthelemy Colomne de cette ancienne famille des Colomnes en Italie, si counuë par blesse par les grands hommes qu'elle a domés à l'Eglise & dans les armées, & par la charge de grand Connestable du Roraume de Naples, qui lui est hereditaire. Parmi ceux qui en sont sortis, il s'en est trouvé beaucoup qui ont preferé l'humilité & une vie pauvre & retirée à tous ces avantages que les gens du monde ettiment tant. L'Ordre de S. François fe glorifie d'en avoir eu trois, qui s'y sont renduës celebres par la sainteté de leur vie, qui font les Bienheureuses Catherine, Marguerite & Seraphine Colomne; & sans parler des autres Ordres, celui des Chanoines Reguliers a eu Dom Barthelemy Colomne, quieltant né de parens fi illustres, ne manqua pas d'estre élevé dans tous les exercices qui regardent la noblesse , mais il ne s'appliqua qu'à ceux qui conviennent veritablement à un Chrestien. La grandeur de la maison ne l'ébloüit pas. Il ne se flata pas de l’esperance de pouvoir posseder un jour ces premieres dignités, dont les Ancestres avoient esté revêtuss & s'il a sa no |