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DE S. LA

ZARE.

CHIVA- Princes Chrétiens dans la Palestine, ce qui obligea les rois LIERS DE Baudouin II. Fouques, Amauri III. & IV. & les reines MeL'ORDRE lifinde & Theodore, à prendre leur Ordre fous leur protection, & à faire beaucoup de bien aux maisons qu'ils avoient dans la Syrie. Ils reçurent auffi plufieurs privileges des fouverains pontifes, & étant paffés en Europe, les princes leur donnerent de riches poffeffions. Clement IV. ordonna sous peine d'excommunication à tous les prelats de l'églife, que lorfque les chevaliers de S. Lazare s'adrefferoient à eux pour obliger les lepreux de fe retirer dans leurs hôpitaux,ils euffent à donner main-forte à ces chevaliers, & à contraindre les lepreux de fe retirer chez eux avec leurs biens meubles & immeubles. Alexandre IV. par une bulle de l'an 1255. leur permit de fuivre la regle de S. Auguftin qu'ils affuroient avoir suivie jufqu'alors, comme il eft marqué dans la bulle de ce pontife où il n'eft point fait mention de la regle de S. Bafile, ce qui fait voir que c'eft fans raifon que quelques-uns difent qu'ils ont autrefois fuivi la regle de faint Bafile. Le même pape les mit fous la protection du faint Siege l'an 1257. & confirma les donations que l'empereur Frideric II. leur avoit faites dans la Sicile,la Pouille, la Calabre & quelques autres provinces. Henri roi d'Angleterre, duc d'Anjou & de Normandie, Thibaut comte de Blois & plufieurs autres augmenterent leurs revenus.

Mais de tous les princes Chrétiens il n'y en a point dont ces chevaliers ayent reçu de plus grands bienfaits que des rois de France; car ayant été chaffés de la Terre-Sainte l'an 1253. ils fuivirent le roi faint Louis, qui en reconnoiffance des fervices qu'ils lui avoient rendus en Orient, confirma les donations que fes predeceffeurs leur avoient faites, les mit en poffeffion de plufieurs maisons, commanderies & hôpitaux que ce prince fonda, & leur accorda plufieurs privileges. Pour lors ils établirent le chef de leur Ordre à Boigni près d'Orleans, qui leur avoit été donné dès l'an 1154. par Louis VII, dit le jeune, & le grand-maître prit le titre de grandmaître de l'Ordre de faint Lazare, tant deçà, que delà les mers, fa jurifdiction s'étendant, non feulement fur les che valiers qui étoient en France, mais même fur tous les étrangers. C'eft pourquoi Jean de Couras, qui avoit été pourvû de cette charge l'an 1342. par Philippes de Valois, donna

pouvoir

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pouvoir l'an 1354. à frere Jean Hallidei Ecoffois, de gouver- CHEVAner en fon nom, tant au fpirituel qu'au temporel, tout ceLIERS DE qui appartenoit à l'Ordre en Angleterre & en Ecoffe, à la L'ORDRE charge de faire tenir par chacun an à la grande commande- ZARE rie de Boigni trente marcs fterlins d'argent. Le roi Charles V. furnommé le Sage, ayant pourvû de la grande-maîtrife l'an 1377. Jacques de Beynes, ce grand-maître donna à frere Dominique de faint Roi, la commanderie de Seringon en Hongrie, & l'établit fon vicaire general dans tout ce royaume avec obligation de fe trouver aux chapitres generaux à Boigni, & d'y apporter quatre marcs d'argent fin. L'on trouve un F. P. Potier dit Conflans, prêtre de cet Or dre, commandeur de la Lande-Daron, mort en 1450. qui prenoit la qualité de vicaire general du grand-maître G. Defmares. La grande-maîtrise fut encore donnée par Charles VII. à Pierre Ruaux l'an 1441 & par Louis XI. à Jean Cornu l'an 1481.

Mais comme les lepreux étoient rares, & que l'on voyoit peu de perfonnes attaquées de cette maladie, il femble que ces chevaliers hofpitaliers, qui d'ailleurs s'étoient beaucoup relâchés de leur premier inftitut, principalement ceux d'Italie, étoient devenus inutiles: c'eft ce qui obligea le pape Innocent VIII. de fupprimer leur Ordre & de l'unir avec tous les biens qui lui appartenoient à l'ordre de faint Jean de Jerufalem, par une bulle de l'an 1490. Mais cette bulle ne fut point reçue en France, où il y a toujours eu des grands maîtres de l'Ordre de faint Lazare de Jerufalem, qui ont re

gu

des chevaliers aufquels ils ont conferé les commanderies qui en dépendent, & ont toûjours été maintenus dans ce droit. Le grand-prieur d'Aquitaine de l'Ordre de faint Jean de Jerufalem ayant pourvû un de fes chevaliers de la commanderie de faint Thomas de Fontenai appartenant à l'Ordre de faint Lazare, le grand-maître de cet Ordre & fes chevaliers s'y oppoferent. Il y eut à ce sujet procès au parlement de Paris, qui fut decidé l'an 1547. en faveur du grand-maître de l'Ordre de faint Lazare, qui fut maintenu dans le droit de conferer toutes les commanderies de fon Ordre à ses chevaliers, & les chevaliers de faint Jean de Jerufalem furent déboutés de leurs prétentions. Le roi Louis XII, donna la grande-maîtrise à Aignan de Mareuil. Son frere, Tome I.

LI

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pour

CHEVA- Claude de Mareuil,en fut auffi pourvû par François I. & Henri LIERS DE II. y nomma Jean de Conti, qui affembla un chapitre general L'ORDRE à Boigni, où il donna à bail emphitheotique pour deux cens DE S. LA-vingt florins par an, tous les biens appartenans à l'Ordre au territoire de Suffano dans la province de la Pouille, à un Chevalier de Calabre qui étoit prefent. Le même roi vût de la grande-maîtrife après la mort de Jean de Conti, Jean de Levi qui affembla auffi le chapitre general à Boigni l'an 1558. où il fe trouva un grand nombre de Chevaliers de toutes les parties de l'Europe. Michel de Seurre fut encore fait grand-maître par le roi François II. & François Salviati par Charles IX.

S'il eft vrai ce que dit le P. Touffaint de faint Luc, dans fon abregé hiftorique de l'inftitution de l'Ordre de faint Lazare, que le grand maître Salviati fit Chevalier de cet Ordre Jeannot de Caftillon, & Octave Fregofe; à la recommandation du pape Pie IV. & de la reine de France Cathe. rine de Medicis, ce pontife auroit reconnu le grand-maître de l'Ordre de faint Lazare en France; quoique cet Ordre eût été fupprimé par Innocent VIII. Mais ce que le Pere Touffaint ajoûte enfuite, me rend cette reception à l'Ordre de Jeannot de Castillon, à la recommandation du pape Pie IV. fort fufpecte; car il dit encore que le grand-maître Salviati donna à ce Jeannot de Caftillon l'administration du grand hôpital de faint Lazare de Capoue, l'établissant son vicaire general & grand - maître de l'Ordre en Italie. Le titre de grand - maître donné par un grand-maître à fon vicaire general, commiffaire ou delegué, n'a jamais été en pratique dans aucun Ordre. Les grands-maîtres ou generaux qui font chefs d'Ordre, peuvent bien donner à leurs vicaires ou commiffaires leur autorité & leur pouvoir; mais ils ne leur donnent jamais les titres qui ne conviennent qu'à leurs propres perfonnes comme chefs. L'intention du Pere Touffaint a été d'infinuer par ce moien, que Jeannot de Caftillon, nommé grand-maître de l'Ordre de faint Lazare dans la bulle de Pie IV. de l'an 1565. dont nous avons parlé, n'étoit que le vicaire general du grand- maître de cet Ordre en France; mais s'il n'avoit été que vicaire general du grand-maître de France, comment ce pontife dans cette bulle fi ample & fi étendue, auroit-il pú oublier le grand

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maître de France dont il ne fait aucune mention, voulant au CHEVAcontraire qu'après la mort du grand-maître Jeannot de Caf-LIERS DE tillon & de fes fucceffeurs, ou fur leur demiffion volontai- L'ORDRE re, les Chevaliers procedaflent à l'élection d'un autre grand-ZARE. maître en tel lieu que bon leur fembleroit. Jeannot de Caftillon ne fe pretendoit pas feulement grand-maître de l'Ordre de faint Lazare en Italie, mais il fe difoit grand-maître de cet Ordre par tout le monde. C'eft ce qu'on lit à la fin des privileges de cet Ordre qui furent imprimés à Rome l'an 1566. chez Antoine Blade, imprimeur de la chambre apostolique, où il y a: Aufpiciis Illuftrissimi & Reverendiffimi Jeannotti Caftillionei Mediolanenfis, Religionis & Militie faniti Lazari Hierofolymitani per totum Orbem Generalis Magiftri, Vincentius Merenda in lucem edidit. Ainfi il est plus vrai de dire que ce Jeannot de Caftillon qui étoit commandeur de l'hôpital de Capoue, avoit ufurpé le titre de grandmaître, qui n'appartenoit qu'au commandeur de la maison de Boigni en France, dont François Salviati étoit pour lors pourvû, cette commanderie étant annexée à la dignité de ¿Sand-maître.

Mais il n'étoit pas le premier qui avoit ufurpé ce titre. Il y avoit eu avant lui Mutio de Azzia, qui fe difoit auffi grandmaître general de l'hôpital de faint Lazare de Jerufalem, comme il paroît par une autre bulle du même Pie IV. de l'an 1561. où ce pontife lui donne ce titre : Dilefto Filio Mutio de Azzia Magiftro Generali Hofpitalis fanéti Lazari Hierofolymitani Ordinis fancti Auguftini. L'on trouve encore en 1539. un Pyrrhus-Louis Caraffa, qui prenoit le titre de maî tre ou commandeur general de faint Lazare de Jerufalem, dans l'une & l'autre Sicile deçà & delà le Phar, ce qui fait voir que ceux-là fe font trompés, qui ont écrit que Pie IV.. avoit rétabli l'Ordre de faint Lazare, qui avoit été fupprimé par Innocent VIII. & qu'il en avoit accordé la grandemaîtrise à Jeannot de Castillon par fa bulle de l'an 1565. puifqu'outre les grands-maîtres Caraffa & d'Azzia qui avoient precedé de Caftillon, celui-ci étoit déja grand - maître lorfque Pie IV. lui accorda cette bulle fi ample & fi favorable à cet Ordre l'an 1565. pour s'en convaincre il n'y a qu'à lire cette bulle, où parlant de Jeannot de Caftillon, il dit: Nos igitur volentes dilectum Filium Jeannottum Caftillioncum mo

Privileg

Ord. S. La zari, pag.

28.

CHEVA-dernum hofpitalis & militiæ prædiétum magnum magiftrum; LIERS DE ejufque fucceffores magnos ipfius hofpitalis magiftros pro temL'ORDRE pore exiftentes, ac hofpitale & militiam hujufmodi corumque conDE S. LA- ventum etiam amplioribus quam quifpiam noftrorum prædecef

ZARE

forum prædictorum eos profequuti fuerint, favoribus & gratiis profequi. Cet hôpital & couvent dont parle ce pape, étoit l'hôpital & couvent de faint Lazare de Jerufalem qui étoit chef de l'Ordre avant que les chevaliers euffent été obligés d'abandonner la Terre-Sainte, & ce n'eft point ce pape qui transfera ce chef d'Ordre à l'hôpital de Capoue comme ont écrit plufieurs auteurs. Voici comme ce pontife s'en explique dans la même bulle: Motu proprio non ad Jeannotti aut priorum, præceptorum, militum, fratrum vel perfonarum feu aliorum, pro eis nobis fuper hoc oblatæ petitionis inftantiam, fed mera liberalitate, & ex certa fcientia noftra, ac de Apoftolica poteftatis plenitudine, inftitutionem & erectionem hofpitalis & militiæ hujufmodi, ejufque translationem olim ad præceptoriam, vel domum Capuanam prædictam faitam... approbamus, confirmamus.

C'étoit le pape Leon X. qui avoit reconnu l'hôpital de Capoue pour chef de l'Ordre; puifqu'à la priere de l'empereur Charles V. il avoit rendu à l'Ordre de faint Lazare les hôpitaux de faint Jean de Palerme & de fainte Agathe de Meffine, & les avoit foumis, comme au chef, au commandeur de l'hôpital de Capoue, à qui il donne le titre de grand-maître, comme il eft encore marqué dans la bulle de Pie IV. Il paroît donc par cette bulle, que ce fut Leon X. qui retablit l'Ordre de faint Lazare, & que Pie IV. le remit dans tous fes droits, & lui accorda de nouveaux privileges.

Pie V. par une autre bulle de l'an 1567. revoqua quelquesuns des privileges que fon predeceffeur avoit accordés, &en modera quelques autres. Mais après la mort de Jeannot de Caftillon qui arriva à Verceil l'an 1572. Gregoire XIII. unit l'Ordre de faint Lazare à celui de faint Maurice & en accorda la grande-maîtrise à Emmanuel Philibert duc de Savoye, fous pretexte que cette grande maîtrise étoit vacante : ac præterea cernentes militiam hofpitalis S.Lazari Hierofolymitani fub regula faniti Auguftini jampridem magiftri regimine deftitutam. C'eft ainfi que le pape parle dans la bulle d'union de ces deux Ordres. Cependant François Salviati étoit grand-maître en

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