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MOINES mées l'an 1602. par le Pape Clement VIII. qui donna commifSILE RE- fion à l'Evefque de Jaen pour les faire recevoir dans tous les FORM'S Monafteres.

DE S. BA

APPELLE'S

DE TAR DON.

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Ce fut un nouveau fujet de trouble; car la plufpart des Religieux s'oppoferent à ces Constitutions, principalement à caufe qu'il y eftoit marqué que les Freres Laïcs auroient préféance, voix, & fuffrages ; & qu'on defendoit à tous les Religieux de fe fervir d'autre étoffe, que de bure, d'aller nuds pieds dans quelques Monafteres, de chercher des aumofnes, d'entendre les Confeffions des feculiers, & de prêcher hors de leurs Eglifes; ce qu'ils vouloient qu'on retranchaft de ces nouvelles Conftitutions.

Le Pape voïant que ceux qui demandoient ces changemens ne vouloient pas demeurer dans la vocation de la Regle Monachale de faint Bafile, mais defiroient fuivre l'Inftitut des Mandians fous la profeffion de cette Regle, comme il eft expreffement marqué dans le Bref de ce Pontife, il les laiffa dans leurs Obfervances. Cependant voulant retablir l'Ordre de faint Bafile dans fa primitive Obfervance, principalement pour ce qui regardoit le travail des mains, & la qualité des Religieux qui eftoient prefques tous Laïcs dans le commencement de cet Ordre, y aïant peu de Preftres pour lors, & défirant terminer les differens qu'il y avoit toujours eu entre les Monafteres de Tardon, & de Valle-de-Guillos, & les au tres qui n'eftoient pas reformés. Il fepara & défunit ces deux Monafteres de Reformés d'avec les autres, permettant à tous les Religieux zelés de s'y retirer & d'y vivre fous les Constitutions qu'il leur donna, & qui font inferées dans fon Bref du 23. Septembre 1603.

Ces Conftitutions contiennent dix Chapitres, & portent entr'autres chofes,que les Religieux de cette reforme garderont en toutes chofés l'uniformité, & qu'afin que la vie commune puiffe eftre obfervée dans toute fa perfection, il ne pourra y avoir dans chaque Monaftere moins de vingt-quatre Religieux, dont la plus grande partie fera de Freres Laïcs : que les uns & les autres fe leveront à minuit pour prier Dieu, & que dans ce tems-là, ceux qui feront deftinés pour le Choeur, reciteront Matines & Laudes: que dans l'hyver, its fe leveront le matin un peu devant le jour, & fe trouveront rous ensemble au Choeur, pour y faire une demie heure d'Ģraiion

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MOINES DE S. BA

EN ESPA

GNE

raifon mentale: que pendant que les Religieux du Choeur reciteront. Prime, les Freres Laïcs entendront la Meffe, après SILE RElaquelle ils iront au travail : qu'après les Complies ils fe trou- FORMI'S veront tous au Chocur pour y faire l'Oraison pendant une auautre demie-heure: que les Preftres feront exemts du travail pendant la matinée, & qu'afin que rien ne les puiffe detourner du travail l'après-dîné, ils ne pourront reciter au Chœur que ce qu'ils font obligés de reciter par precepte hors le Choeur, conformement au Breviaire Romain: que les travaux aufquels les Religieux pouront s'occuper dans la maison, feront de faire de la toile & des draps, coudre des habits, faire des fouliers, & qu'hors de la maifon, ils pouront recueillir le grain, le vin, le miel, l'huile, & autres fruits femblables, pourveu que cela ne caufe point de trouble entr'eux & les laboureurs: qu'ils pouront manger de la viande le Dimanche, le Mardi, & le Jeudi feulement à dîner, excepté pendant le tems de l'Avent, & aux jours que l'Eglife defend d'en manger: que pour leur habillement ils porteroient une tunique de bure avec un fcapulaire auquel feroit attaché un capuce pointu;qu'ils auroient un manteau tout fimple fans aucun plis autour du cou ; que la tunique feroit ferrée d'une ceinture de cuir noir, & qu'ils feroient chauffés.

La coule ou cucule Monachale leur fut defendue comme eftant contraire, dit ce Pape,à la Regle de faint Bafile. Il leur fut auffi defendu de demander des aumofnes, d'entendre les confeffions des feculiers, de prêcher hors de leurs Eglifes, de tenir des Ecoles de Philofophie, de Theologie, & d'autres sciences, d'envoïer leurs Religieux étudier aux Univerfités, à caufe que tout cela ne fe pouvoit faire fans interrompre le travail des mains.

Les Conftitutions permettent feulement aux Preftres d'apprendre les Cas de confcience neceffaires pour le gouverner foi-mefme, & l'explication de l'Ecriture-fainte. Il peut neanmoins y avoir un Preftre libre de tout autre emploi, qui doit s'appliquer à l'eftude, pour enfeigner tous les jours pendant une demie-heure aux autres Religieux, les Commandemens de Dieu, les moïens de parvenir à la perfection & d'acquerir les vertus. Il y en a un qui peut auffi les Dimanches & Feftes, expliquer au peuple l'Evangile du jour dans leurs Eglifes, & entendre ces jours-là les Confeffions des Seculiers.

REFOR

ME'S DE

SILE, EN

MOINES Les Monafteres ne peuvent pas eftre plus proches des villes & des villages que de deux milles, & il ne peut y avoir dans L'ORDRE chacun moins de vingt-quatre Religieux,qu'on ne peut changer ni envoïer dans un autre ; à moins que ce ne foit pour eftre ESPAGNE. Superieurs, ou pour faire de nouvelles Fondations, ou pour caufe de fcandale. Les Religieux qui ont efté reçus en qualité de Freres Laïcs, ne peuvent eftre promeus aux Ordres Saerés. Eftant agés de vingt-quatre ans & en aïant cinq de Profeffion, ils ont voix actives & pallives pour tous les Offices excepté ceux aufquels il y a une Jurifdiction fpirituelle annexée, comme font ceux d'Abbés, de Prieurs, de Maiftres des Novices & autres femblables. Parmi les Definiteurs & Confeillers, il doit y avoir la moitié de Preftres & l'autre moitié de Freres Laïcs. Enfin ces Conftitutions accordent la préséance aux Preftres fur les Freres Laïcs, mais les Freres Laïcs l'ont, felon l'antiquité de Religion, fur les Religieux du Choeur qui ne font pas Preftres, mefme fur les Diacres.

Le Pape defendit à qui que ce fut, fous peine d'excommu→ nication, d'empefcher en aucune maniere le progrès de cette Reforme, & ordonna à l'Evefque de Jaen de la publier dans les Couvents de cette Province, afin que ceux qui voudroient l'embraffer euffent à fe retirer dans l'un de ces deux Couvents, permettant en mefme tems à ceux qui avoient déja embraffé cette Reforme, & qui la trouvoient trop auftere, de paffer chez les non-Reformés : qu'enfuite on celebreroit le Chapitre Provincial des Reformés dans le Couvent de Tardon, auquel l'Evefque de Jaen prefideroit, & en fon abfence le Nonce Apoftolique en Efpagne, & qu'après que le Chapitre feroit fini, la Jurifdiction de ces Prelats fur ces Religieux Reformés cefferoit, & que les Reformés feroient foùmis à l'Abbé General de tout l'Ordre, qui ne pourroit les vifiter qu'en perfonne, ou nommer à fa place qu'un Vifiteur de la mefme Reforme, & il leur accorda un Procureur Gene-ral en Cour de Rome. Il permit aux non-Reformés de demeurer dans leurs Obfervances ; mais en mefme tems il leur defendit de recevoir à l'avenir des Novices, & de faire de nouveaux establiffemens, voulant qu'il n'y cuft les Reformés qui puffent recevoir des Novices & faire de nouvelles Fondations.

que

Ces Religieux Reformés ont eu dans la fuite de nouvelles

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REFOR

SILE, EN

Conftitutions qui furent approuvées par le Pape Paul V. mais MōINIS qui ne derogent point à celles de Clement VIII. au contraire, MEDE par ces nouvelles Conftitutions, ils s'engagerent de faire un L'ORDRE quatriéme Voeu d'obferver les Conftitutions de Clement DE S. BaVIII. Mais ces Religieux qui n'avoient pû vivre en paix avec ESPAGNE. les non-Reformés lorfqu'ils eftoient unis enfemble, ne purent s'accorder entr'eux, & ils eurent des grands differends qui durerent plufieurs années. Comme le Pape Clement n'avoit pas déterminé le nombre des Religieux Freres Laïcs, cela donna lieu à de nouvelles difputes entr'eux & les Preftres; c'est pourquoi Urbain VIII. ordonna l'an 1639. qu'il ne pourroit y avoir dans les Monafteres de Tardon & de Valle-deGuillos que la quatrième partie de Religieux destinés pour le Choeur, & que le refte feroit de Freres Laïcs, & qu'en attendant que les Religieux deftinés pour le Chœur, qui estoient dans les Monafteres,fuffent reduits à ce nombre; on n'en pourroit recevoir aucun pour le Choeur à peine de nullité de la Profeffion. Par un autre Bref du mefme jour, il ordonna à l'Evefque de Cordouë de defigner un Preftre feculier pour faire la vifite de ces deux Monafteres; & par un autre Bref de l'an 1641. fur la remontrance du Cardinal Protecteur de l'Ordre, il modifia les Decrets du Vifiteur qui avoit esté nommé par l'Evefque de Cordoue. Il ordonna que la Conftitution de Clement VIII. feroit inviolablement obfervée, & que fur la difpute qu'il y avoit euë fi cette Conftitution conteñoit la veritable Regle de faint Bafile, l'on s'en tiendroit au Bref de Gregoire XV. du 27. Mai 1623. que ces Religieux feroient toû jours le quatriéme Vou d'obferver la Constitution de Clement VIII. conformement aux Conftitutions de l'Ordre, confirmées par le Pape Paul V. qu'à l'égard des Vocaux qui devoient affister aux Chapitres Provinciaux, l'on obferversit le Chapitre onziéme des mefmes Conftitutions: qu'il n'y auroit que les Freres Laïcs qui pourroient eftre Infirmiers & Procureurs, & avoir foin du Temporel : qu'hors le Chœur il n'y auroit aucune difference entre les Religieux du Chocur & les Freres Laïcs, excepté les Preftres feuls, qui auroient la préféance. Il declara aufli que les Freres Laïcs pourroient faire l'Office d'Acolythe & de Thuriferaire,& qu'ils pourroient porter les baftons du Dais aux Proceffions du faint Sacrement. Il renouvella ce qu'il avoit ordonné par fon Bref du 10. Juil

ME'S DI

SILE EN

ESPAGNE.

MOINES let 1639. que du nombre des Religieux qui demeuroient dans REFOR les Couvents de Tardon & de Valle-de-Guillos, il n'y en auL'ORDRE roit que la quatrième partie destinée pour le Chuur, & que le DE S. BA- refte feroit de Freres Laïcs, & il fir plufieurs autres Reglemens. Mais l'an 1646. les Preftres s'adrefferent au Pape Innocent X. pour le prier d'augmenter leur nombre, & de diminuer celui des Freres Laïcs, ce qu'il leur accorda par un Bref du quatorze Octobre de la mefme année, par lequel il reduifit le nombre des Freres Laics aux deux tiers, voulant que l'autre tiers fût de Preftres ou de Religieux destinés pour le Choeur. Jufque-là ces Religieux Reformés n'avoient point fait de nouvelles Fondations, n'eftant point fortis des Couvents de Tardon & de Valle-de-Guillos dont les Communautés eftoient confiderables, car il y avoit près de cent Religieux dans celui de Tardon, & près de quatre-vingt dans celui de Valle-de-Guillos; mais ils en eurent deux autres dans la fuite, l'un à Retamal,& l'autre à Bregna, dans chacun def. quels il y a ordinairement trente Religieux. Ces nouveaux eftabliffemens furent encore une fource de divifion entre ces Religieux, à cause que les Superieurs recevoient dans ces nouveaux Couvents à l'alternative un Religieux destiné pour le Chœur & un Frere Laïc, ce qui obligea les Freres Laïcs d'avoir recours au Pape Alexandre VII. qui l'an 1660. ordonma par fon Bref du 16. Fevrier, que celui d'Innocent X. de l'an 1646. feroit executé, & que dans tous les Monafteres de cette Reforme, il y auroit toûjours un tiers de Religieux deftiné pour le Chocur, & que les deux autres tiers feroient de Freres Laïcs.

Ils n'ont que ces quatre Monafteres & un Hofpice à Seville; & chaque Monaftere a fon Infirmerie feparée, où il y a auffi plufieurs Religieux qui y demeurent.

Breve de Reformacion y Conftituciones de los Monges del Or den de fan Bafilie llamados del Tardon. Bullar. Roman. Tom. 4. & 5. François de Sainte-Marie, Hift. des Carmes déchaußés Liv. 4. Chap. 3. & l'Hiftoire Prophetique des Carmes Tom. 2.Alphonf. Clavel, Antiquedad della Relig. de S. Bafilio, & D. Apo lin. d'Agrefta,Vita di S. Bafilio part.5:

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