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CLUSE.

pour

CONGRE- de Cluni, ce qu'ils accepterent fans aucune difficulté,en conCATION DI féquence dequoi le Cardinal de Bouillon paffa avec eux un concordat, le 15. Septembre 1685. qui porte que cette Province reformée du Comté de Bourgogne aura un Vifiteur, & fes Superieurs Comtois,& fe gouvernera uniquement par elle-même qu'elle obfervera le même regime qu'elle observoit avant la réunion à l'Ordre de Cluni, fans que l'Abbé & les Chapitres Generaux de cet Ordre y puiffent rien changer, finon de leur confentement, & pour un plus grand bien de la difcipline reguliere : que celui qui fera choifi Vifiteur de la Province, doit être Vicaire general par le feul titre de fon élection, fans que ce Vicariat puiffe être revoqué, fous quelque pretexte que ce foit, par l'Abbé de Cluni: qu'elle doit tenir tous les ans des Chapitres Provinciaux, compofés des Superieurs & Conventuels de chaque Monaftere, & que la confirmation du Vifiteur, des Prieurs Clauftraux, & des Officiers élus fera demandée dans le Chapitre General de l'Ordre, (en cas qu'il s'en tienne, ) ou à l'Abbé, fans qu'elle puiffe être refufée, & qu'en attendant les Superieurs & les Officiers exerceront leurs offices & la jurifdiction de leurs fonctions. Depuis ce tems-là, ils ont toûjours affifté aux Chapitres Generaux de l'Ordre.

Voie plufieurs Factums & Memoires, concernant la jurifdiction du Cardinal de Bouillon, & ceux qui ont été donnés à ce sujet parles Religieux, tant de l'ancienne que de l'étroite obfervance.

A

CHAPITRE X X.

De la Congregation de Clufe en Piedmont.

PRES l'établissement de la Congregation de Clani, la premiere & la plus confiderable qui fut érigée, fut celle de Clufe, qui prit fon nom de fon premier Monaftere fitué à l'entrée des Alpes. Elle eft redevable de fon commencement à la Penitence de Hugues de Scoufut Auvergnat de nation, Seigneur de Montboiffier, qui aïant entrepris le voïage de Rome avec Ifengarde fa femme, afin d'obtenir du Pape l'abfolution d'un crime qu'il avoit commis,

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;

CLUSE.

promit en expiation de fon peché, de faire bâtir un Mona- CONGRE itere, qui fervant de retraite à de faints Religieux, lui fut CATION DE un moïen pour attirer la mifericorde de Dieu, par la participation qu'il auroit à leurs prieres & à leurs mortifications. En effet, fi-tôt qu'il eut obtenu la grace qui avoit fait le motif de fon voïage, il reprit le chemin de fon païs, dans l'intention d'y mettre en execution ce qu'il avoit promis mais Dieu lui en donna l'occafion plutôt qu'il ne le croïoit. Car en paffant par Suze, & aïant été loger chez un de fes anciens amis qui étoit habitant de cette ville, il lui fit confidence du fujet de fon voïage, & de la promeffe qu'il avoit faite à Dieu & au fouverain Pontife.

Il y avoit fur le Mont Epicare, éloigné de Suze de quatre lieuës, une Eglife qu'Amiz Evêque de cette même ville y avoit confacrée à l'honneur de faint Michel. Ce lieu étoit très propre par fa grande folitude à fervir de retraite à de faints Religieux, qui défabufés de la vanité du fiécle, voudroient s'y confacrer au fervice de Dieu, & renoncer entierement au monde. Hugues aïant déclaré fon deffein à fon ami, celui-ci lui confeilla de l'executer en cet endroit, & Dieu fit connoître à Hugues & à fon époufe par plufieurs fonges que c'étoit fa volonté. C'est pourquoi fans hefiter aïant visité le lieu, ils furent trouver Hardoin, Marquis & Seigneur de cet endroit, & lui demanderent permiffion de faire bâtir un Convent fur cette montagne,en lui païant tout ce qu'il fouhaiteroit pour le terrain qu'ils emploïoient à cet édifice. Ce Prince les reçut avec toutes les marques de diftinction convenables à des perfonnes de leur merite & de leur qualité, & leur accordà leur demande de la maniere du monde la plus gracieufe, fans pourtant refuser l'offre qu'ils lui faifoient de lui en faire le païement, plûtôt pour empêcher qu'on ne leur en difputât dans la fuite la poffeffion que par raison d'interêt.

Hugues aprés avoir fi heureusement réüffi, & aprés en avoir conferé avec un faint Solitaire, nommé Jean ( qui abandonnant fon Evêché de Ravenne, s'étoit retiré fur le Mont Caprafe, voifin de celui que Hugues avoit acheté ) retourna fort content chez fon hôte, & fongea à qui il pourroit confier la garde de ce lieu, pendant qu'il iroit en Fran ce pour prendre les mefures neceffaires pour faire fon éta

GATION LI

par les

CONGR- bliffement. Il crût ne pouvoir mieux faire que de le mettre CLUSE. entre les mains d'un faint Religieux, nommé Advert, ou felon quelques autres Arves, qui aïant été Abbé du Monaftere de faint Pierre de Leza, en avoit été chaffé Moines qui ne pouvoient fouffrir la fainteté de fa vie, & les reproches qu'il leur faifoit du déreglement de leur conduite. Ce faint Religieux fe trouvant par hazard à Suze, & n'aïant point de Monaftere, accepta fort volontiers l'offre que lui fit Hugues, fe retira fur cette Montagne, & y fit quelques petites maisons champêtres, autant que l'irregularité du lieu le lui put permettre, fe contentant de fort peu de chofes, & vivant d'une maniere fort mediocre, en attendant le retour de fon bienfaicteur, qui ne manqua pas de retourner dans le tems qu'il avoit promis, bien muni de toutes les fommes neceffaires pour la Fabrique de fon Monaftere. Il examina de nouveau le terrain ; mais reconnoiffant qu'il étoit fort inégal & ainfi fort incommode pour Y faire quelque bâtiment regulier, il fut retrouver le Marquis, & le pria de lui vendre une petite metairie appellée Clufe, qui en étoit peu éloignée, comme étant plus agréable & plus propre à l'execution de fon deffein. Illobtint avec la même facilité qu'il avoit eu le premier terrain, & acheta en même-tems les heritages qui en étoient les plus voisins.

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Tout réüffiffoit felon les defirs de Hugues ; mais craignant que dans la fuite les Religieux qu'il vouloit mettre dans ce Monaftere ne fuffent inquietés, non content d'avoir l'agrément du Prince, il voulut avoir celui d'Amizon Evêque de Turin & celui du Pape, dont nous ne fçavons pas pofitivement le nom : car Willaume Moine de Clufe (de qui nous avons les Memoires de la fondation de cette Abbaie, lui donne quelquefois le nom de Silveftre, & d'autres fois celui de Nicolas. Pour ce qui eft de ce dernier, c'est une erreur fort groffiere: car il eft certain que dans tout le dixiéme fiécle, il n'y a pas eu un Pape qui ait porté ce nom. Que le foit Silveftre, cela ne fait pas moins de difficulté. Car le Pape deuxième de ce nom, ne commença à regner que l'an 999. qui feroit trente trois ans aprés la fondation de cette Abbaïe. Or il eft certain qu'outre qu'il eft fort douteux qu'Hugues ait vêcu jufqu'à ce tems-là, iļ

il

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