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T.1. P. 201.

Moine Mingrelien.

38.

P. Giffart

ET

nant pour chaque onction les uns un écu, les autres plus Ou MELCHI moins, selon leurs pechés, ce qui leur produit de grosses som-TES, GEORmes. Lorsque la sterilité de la terre ôte la subsistance des Re-MINGREligieux qui demeurent au Mont-Athos, ils vont quêter dans LIENS. les provinces pour les besoins de cette sainte montagne & reçoivent de grandes aumônes. Ceux qui ne font pas dans les Ordres sacrés y cultivent les terres & les vignes; mais les prêtres & les diacres, que la dignité de leur caractere exemte des œuvres serviles, s'employent à la lecture & à copier des livres d'Eglife. Comnene parle de plusieurs bibliotheques qui font dans ces Monafteres. On ne nourrit dans cette peninfule ni poules, ni pigeons, ni autres volailles. Les brebis, les bœufs, les vaches & autres animaux à manger en sont aussi bannis, à cause que ces Religieux font toujours abstinence & vivent très-austerement.

Bernardus de Montfaucon, Paleographia Graca. Daviti, Description de l'Asie & de l'Europe. La Croix, Turquie Chrétienne liv. 1. Eugene Roger, Voyage de Terre-fainte. Copin, Bouclier de l'Europe. Spon, Voyage de Grece. V veheler, Voyage d'Athenes. Guillet, Athenes ancienne & moderne. Thevenot, Voyage du Levant, & l'hist. nouvelle des anciens ducs de Archipel.

CHAPITRE ΧΧΙ.

Des Moines Melchites, Georgiens & Mingreliens.

N appelle Melchites dans le Levant les Syriens ou Suriens, les Coptes ou Egyptiens, & les autres nations de l'église Orientale, qui n'étant pas de veritables Grecs, ont neanmoins embrasse le sentiment commun des Grecs, & le nom de Melchites, c'est-à-dire royalistes, leur a été donné parce qu'ils ont obéi aux décisions du concile de Calcedoine avec l'empereur Marcien. Ce furent les sectaires du Levant qui donnerent ce nom aux orthodoxes qui suivoient la religion de l'Empereur, le mot de Melchite venant du mot Hebreu Melech. qui signifie Roi ou Prince. Mais les Melchites ne sont pas pour cela presentement orthodoxes; car ils ont embrasse les erreurs des Grecs, & il n'y a point de Chrétiens qui foient fi fort opposés à la primauté du Pape. Il y a parmi

Tome I.

Cc

MELCHI- eux des Religieux & des Religieuses qui suivent aussi avec les TES, GEOR- Moines Grecs la regle de S. Bafile. Les Religieux ont deux MINGRE- beaux Monasteres à Damas, & les Religieusesen ont aussi deux

GIENS ET

LIENS.

qui font fort riches & éloignés d'une journée de la même ville. Elles gardent la clôture & ne sortent point. Les Melchites officient en langue arabe. C'est ce que j'ai appris de plu. sieurs Levantins, entr'autres de M. Marc-Joseph patriarche des Nestoriens, & de M. Saphar évêque de Mardin.

Les Georgiens suiventen partie la secte des Armeniens, & en partie celle des Grecs. Le prince, quoique Mahometan de religion, nomme aux dignités ecclesiastiques, & y éleve ordinairement ses parens. Leur religion n'est gueres differente de celle des Mingreliens, & les uns & les autres n'ont seulement que le nom de Chrétien, y en ayant une grande partie qui ne sont pas baptisés par l'ignorance des évêques & des prêtres, qui, la plupart, ne sçavent pas la forme du baptême. C'est beaucoup lorsque le Catholicos, qui est le chef du clergé, sçait lire, aussi-bien que les évêques qui n'ont aucun soin des ames, qui ne visitent ni leurs églises, ni leurs dioceses, & dont l'occupation ordinaire est d'être dans des festins continuels & de s'enyvrer presque tous les jours. Leur principal revenu consiste en ce qu'ils retirent des femmes & des enfans de leurs vassaux qu'ils vendent aux Turcs.

Ces peuples reconnoissoient autrefois le patriarche d'Antioche; maintenant ils obéissent à celui de Constantinople, & ontnéanmoins chacun un primat de leur nation qu'ils appellent Catholicos, & qui ont aussi chacun leur jurifdiction particuliere. Il y avoit autrefois douze évêchés dans la Mingrelie, dont il n'en reste plus que fix. Lesautres ont été changés en abbayes qui font: Chiaggi, Gippurias, Copis, Obburgi, Sebastopol, qui a été ruinée par les eaux, & Anarghia.

Les évêques y sont fort riches, fur-tout le Catholicos,& la simonie est ordinaire parmi eux ; car le Catholicos ne consacre point un évêque, s'il ne lui donne cinq cens écus. Il ne confesse que pour une bonne fomme d'argent; & il y en eut un qui ayant été mécontent de ce qu'un Visir ne lui avoit donné que cinquante écus pour s'être confessé à lui, ne voulut pas le confeffer une seconde fois qu'il ne lui eût payé auparavant la premiere confession. Il necelebre point de Messe qu'il ne soit assuré d'avoir cent écus, & l'on double ordinairement

GIENS ET

cette somme lorsque c'est une Messe des morts. Comme par- MELPHImi les évêques il y en a qui ne sçavent pas lire, ils apprennent TES, GEORune Messe par cœur qu'ils disent, principalement aux enter- MINGREremens, après s'en être bien fait payer à l'exemple de leur Ca. LIENS. tholicos. Il y a quelques Moines qui ont le titre & le revenu d'un évêche qui leur est accordé par le prince, sans être con. sacrés; mais consacrés ou non, ils ne laissent pas de faire des prêtres pour de l'argent.

Ces prelats prétendent neanmoins être plus saints que ceux de l'église Romaine, à cause qu'ils ne mangent point de viande, de même que les évêques Grecs, & ils obfervent avec le peuple les mêmes carêmes des Grecs. C'est dans la prati. que de ces jeûnes, qu'ils observent très-mal, qu'ils font consister tous les devoirs du Christianisme. Les prêtres ne font pas plus éclairés que leurs évêques; s'ils sçavent lire, qu'ils ayent appris une Messe par cœur, & qu'ils puissent donner à l'évêque la valeur d'un cheval, ils font ordonnés prêtres, & se marient autant de fois que bon leur semble. L'on peut juger fi le peuple est bien instruit ayant des pasteurs si ignorans & fi vicieux: aussi n'a-t-il pas la moindre idée de la foi & de la religion, traitant de fables & de réveries la vie éternelle, le jugement universel & la refurrection des morts.

Les Georgiens obfervent mieux le jeûne que les Mingre. liens & font de plus longues oraisons. Le prince contraint les ecclesiastiques, & même les évêques, d'aller à la guerre. Il donne fon fuffrage avec les évêques dans l'élection du primat, & tous élisent celui qu'il leur recommande. Ce prélat ne tient point le premier rang pour le spirituel; mais le prince eft le maître absolu pour le spirituel & pour le temporel, quoique Mahometan; car le roi de Perse l'oblige d'embrasser la religion de Mahomet pour conserver sa dignité dans sa famille, & les grands seigneurs du pays se servent des prêtres comme de valets, méprisent les évêques & les châtient. Les Mingreliens ont plus de respect pour les évêques, mais ils ont aussi un grand mépris pour les prêtres, à cause de leur ignorance & de leur yvrognerie, & un prêtre n'est respecté que quand il dit la Messe.

Les religieux Mingreliens sont aussi ignorans que le reste du clergé, & ne sont pas mieux instruits des mysteres de la religion. On les appelle Beres, & ils font habillés comme les se.

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