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GRECS.

l'eau y foit baffe; ils en tirent un mauvais augure, & ne par- MONAStent point, à moins que les affaires qui les y obligent, ne TERES DES foient fort preffées. Ce miracle pretendu dont il eft parlé dans MOINES toute la Grece, eft fort lucratif au Papas ou Curé de cette églife de S. George, oùle concours des Grecs eft continuel. On y vient des lieux les plus éloignés, les uns ferieufement pour s'inftruire de l'avenir, les autres pour être témoins oculaires de la chofe, & quelques-uns feulement par divertiffement & pour se moquer de la credulité de ces peuples.

Mais de tous les Monafteres des Caloyers Grecs, il n'y en a point de plus celebres ni où ces Religieux foient en plus grande eftime, que ceux du Mont-Athos dans la Macedoine. Les Grecs donnent à cette montagne le nom d'Agios-oros, c'està-dire le faint Mont. Il s'avance dans la mer depuis la plaine par l'efpace de foixante-quinze milles, & en a cent cinquante de circuit. Les Modernes lui donnent la longueur de trois jour nées & la largeur d'une demie. Les Caloyers en font entierement les maîtres, il n'y a qu'eux qui y demeurent, & il y a des écrivains qui difent qu'aucun feculier ne peut demeurer dans cette peninfule: encore moins les femmes, qui n'y peuvent pas même entrer.Les Religieux y vivent fi regulierement & y font en fi grande eftime, que les Turcs mêmes fe recommandent à leurs prieres. Il y a 23. Monafteres, dans lefquels du tems de Bellon qui fit la description de ce mont en 1553. il y avoit cinq à fix mille Moines, y en ayant quelques-uns dans lefquels il y en avoit trois cens,dans d'autres deux cens,& dans les autres plus ou moins de cent ou cent cinquante. Mais prefentement le nombre de ces Moines n'eft pas fi confiderable, il n'y en a guéres plus de deux mille dans tous ces Monafteres, dont voici les noms: Panagia, Anna Laura,Carracallos, Ibe ron, Vatopedi, Chilantari, Dyonifion, Panto-crateron, X ́eropotani,Cutlumfi,Protaton,Simon Petra,Zographi,Dochiari, Agios Paulos, Xenophos, Gregorios, Philoteos, Efphigmeni, Russion, Caftra moniti & Stauroniceta.Tous ces Monafteres font autour de la montagne,excepté cinq, qui font éloignés de la mer, & fitués dans des vallées & des bois. Selon Jean Commene Medecin de Valachie,qui a demeuré long-tems au Mont-Athos, dont il a fait la defcription qu'il fit imprimer en 1701. & que dom Bernard de Montfaucon Benedictin de la congregation de S. Maur nous a donnée dans fa Paleographie Grecque en

MONAS-1708. il n'y a rien dans ces Monafteres & dans leurs Eglifes TERES DES qui ne foit admirable & incomparable. Tout y eft magnifiques MOINES. & il s'étonne, qu'après tant d'irruptions des Barbares; & deGRECS. puis près de trois cens ans que ce lieu eft fous la domination

du Turc,ils n'ayent rien perdu de leur magnificence,& qu'étant en fi grand nombre dans un même lieu, ils ayent été tous confervés dans leur entier. Les Grecs y viennent de toutes les Provinces d'Orient pour y vifiter à certain tems de l'année tous ces Monafteres, leurs églifes, les cellules des Religieux, & les Européens y viennent auffi; tant par curiofité que par devotion. Les principaux de ces Monafteres, font ceux de la Panagia & d'Anna Laura. On y trouve encore plufieurs ermitages avec leurs chapelles & des logemens, ceux qui y demeurent font appellés Peres, Afcetes, Ermites, Celliotes, & Anachoretes. Les Religieux qui afpirent aux premieres dignités, viennent auffi de tous les endroits d'Orient faire leur noviciat dans ces Monafteres, où ils paffent quelques années à s'instruire de tous les myfteres de la religion Chrétienne & des devoirs de la vie monaftique', & retournent enfuite dans leur pays où ils font reçus comme des Apôtres. Il y en vient même de Mofcovie ; & il y a un Monaftere pour ceux de leur nation, & un autre pour les Georgiens. On leur infpire fur tout une grande averfion pour le Pape; car les Religieux du Mont-Athos ne manquent pas de dire aux Grecs qui y viennent, & de leur conter entr'autres fables;qu'un Pontife Romain étant venu vifiter ces Monasteres en avoit pillé & brûlé quelques-uns à cause que les Religieux avoient refusé · de l'adorer;c'eft de cette maniere qu'ils entretiennent le peuple dans le fchifme. Ils parcourent dans les tems de l'Avent & du Carême les ifles de l'Archipel où il n'y a point de Monafteres, pour adminiftrer les Sacremens à ceux de leur rit; & comme ils font plus hardis que les fimples prêtres ; & qu'ils n'oublient pas de crier bien haut contre le Pape; cette hardieffe fait que tout le monde court à eux. Les groffes retributions qu'ils tirent des confeffions & de leurs declamations contre les Latins, font le principal motif qui les fait fortir de leur retraite. Ils ont ainfi que les autres prêtres une maniere de penitence affez nouvelle qu'ils impofent aux grands pecheurs qui fe confeffent à eux, c'est de les obliger à prendre l'onc tion entre les deux épaules un certain nombre defois,en don

nant

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Moine Mingrelien.

P. Giffart f

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nant pour chaque onction les uns un écu, les autres plus ou MELCHImoins, felon leurs pechés,ce qui leur produit de groffes fom- TES,GEOR mes. Lorsque la fterilité de la terre ôte la fubfiftance des Re-MINGREligieux qui demeurent au Mont-Athos, ils vont quêter dans LIENS. les provinces pour les befoins de cette fainte montagne & reçoivent de grandes aumônes. Ceux qui ne font pas dans les Ordres facrés y cultivent les terres & les vignes; mais les prêtres & les diacres, que la dignité de leur caractere exemte des œuvres ferviles, s'employent à la lecture & à copier des livres d'Eglife. Comnene parle de plufieurs bibliotheques qui font dans ces Monafteres. On ne nourrit dans cette peninfule ni poules, ni pigeons, ni autres volailles. Les brebis, les bœufs, les vaches & autres animaux à manger en font auffi bannis, à caufe que ces Religieux font toûjours abftinence & vivent très-aufterement.

Bernardus de Montfaucon, Paleographia Græca. Daviti, Defcription de l'Afie & de l'Europe. La Croix, Turquie Chré tienne liv. 1. Eugene Roger, Voyage de Terre-fainte. Copin Bouclier de l'Europe. Spon, Voyage de Grece. Vveheler, Voya ge & Athenes. Guillet, Athenes ancienne & moderne. Thevenot, Voyage du Levant, & l'hift. nouvelle des anciens ducs de Archipel.

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CHAPITRE X X I.

Des Moines Melchites, Georgiens &Mingreliens.

N appelle Melchites dans le Levant les Syriens ou Suriens, les Coptes ou Egyptiens, & les autres nations de l'églife Orientale, qui n'étant pas de veritables Grecs, ont neanmoins embraffe le fentiment commun des Grecs, & le nom de Melchites, c'est-à-dire royaliftes, leur a été donné parce qu'ils ont obéi aux décisions du concile de Calcedoine avec l'empereur Marcien. Ce furent les fectaires du Levant qui donnerent ce nom aux orthodoxes qui fuivoient la religion de l'Empereur, le mot de Melchite venant du mot Hebreu Melech. qui fignifie Roi ou Prince. Mais les Melchites ne font pas pour cela prefentement orthodoxes; car ils ont embraffe les erreurs des Grecs, & il n'y a point de Chrétiens qui foient fi fort oppofés à la primauté du Pape. Il y a parmi

Tome I.

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