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S. GILBERT

tannée, doublé de groffes peaux, une Chappe auffi tannée, ORDRE DE & un capuce. On leur permettoit encore pour le travail une pelice faite de quatre peaux de belliers.

Quant à leur maniere de vivre elle eftoit auffi très-austere, ils ne mangeoient point de viande & n'en donnoient pas mefme aux étrangers, finon aux Prelats, aux Archidiacres, & aux malades; & fi ces perfonnes en vouloient, ils les devoient faire aprêter par leurs domeftiques & non pas par les Religieux. Les Refectoires des Chanoines & des Freres Convers eftoient difpofés de telle maniere, qu'il y avoit des feneftres ou tours, qui répondoient à l'habitation des Sœurs, par où elles leur paffoient à manger. Les Convers gardoient un exact filence pendant le travail, comme Tailleurs, Tifferands, Cordonniers, Peauciers, & les Forgerons pouvoient parler. Ils dovoient tous faire profeffion dans le chapitre des Religieufes. Il ne leur eftoit pas permis d'avoir aucun livre. Ils ne devoient fçavoir que le Pater, le Credo, le Miferere mei Deus, & quelques autres prieres, & ils difoient certain nombre de Pater & d'Ave, pour Matines, Laudes, & les autres Heures qu'ils recitoient dans un Oratoire, qu'ils avoient en particulier. La mesme chose estoit observée à l'égard des Sœurs Converses.

Saint Gilbert ne prit pas d'abord l'habit de fon Ordre ; mais apprehendant que cela ne tirât à confequence dans la fuite pour ceux qui en auroient la conduite, il le prit ; mais il ne voulut plus commander & se foumit entierement à l'obeïffance fous la conduite de Roger, auffi de Simpringham, entre les mains duquel il fe demit de la fuperiorité, après avoir reçu l'habit de fon Ordre à Bulington,

DE SIM
PRINGHAM.

La fainteté de fa vie & la pureté de fes mœurs ne purent. pas le mettre à couvert de la calomnie, dont on tâcha de le noircir & fon Inftitut. La premiere perfecution qu'il fouffrit fut à l'occafion de faint Thomas de Cantorbery. On l'accufa fauffement d'avoir envoïé de l'argent à ce Saint, qui en paffant par les Couvents de cet Ordre, lorfqu'il fortit d'Angleterre pour paffer en France, y fut reçu avec beaucoup de charité. Comme on connoiffoit Gilbert pour un homme d'une grande vertu, les Juges devant lefquels il fut cité, voulurent qu'il affirmaft par ferment, fi ce qu'on lui imputoit eftoit veritable; mais il ne le voulut jamais faire, quoi qu'on le menaçaft de renvoïer ses Religieux & fes Religieufes hors de leurs Bb

Tome II.

S. GILBERT
DE SIM-

PRINGHAM.

ORDRE DE Monafteres & de détruire fon Ordre, & que lui-mefme en fouffrit confiderablement pendant un affez long-tems jufqu'à ce que le Roi Henri II. euft ordonné qu'il retournast avec fes Religieux dans leurs Monafteres: pour lors il avoüa aux Juges, fans prefter de ferment, que ce qu'on lui avoit imputé eftoit faux, & qu'il n'avoit jamais envoïé d'argent à faint

Thomas.

par

La feconde perfecution lui fut d'autant plus fenfible,qu'elle lui fut fufcitée par les Freres Convers, qui avoient à leur tefte un pauvre Tifferand demandant l'aumofne, qu'il avoit admis charité dans fon Ordre, auffi-bien que quelques autres miferables à qui il avoit fait apprendre des Metiers. Ces Freres Convers qu'il avoit établis en plufieurs lieux pour l'administration du bien de fes Monafteres, non feulement s'éleverent contre lui, & voulurent le contraindre par force de les décharger d'une partie de l'Obfervance de leur Regle, comme trop fevere; mais ils le diffamerent encore auprès du Pape Alexandre III. par des calomnies atroces aufquelles il ajouta foi trop facilement. Il decreta contre Gilbert & fes Chanoines ; mais le Roi Henri II. & les Evefques de fon Roïaume aïant écrit à ce Pontife, pour lui faire connoître l'innocence du faint Fondateur, il reconnut la verité, écrivit à Gilbert en lui donnant beaucoup de louanges,& ordonna que fes Conftitutions ne feroient point changées en aucune maniere fi ce n'eftoit de l'avis de la plus grande & de la plus faine partie de tous les Religieux de l'Ordre, auquel il accorda beaucoup de ces & de Privileges..

gra

Enfin ce Saint homme accablé de vieilleffe tomba malade dans un de ses Monafteres qui eftoit dans l'Ifle de Kadencia. Il y reçut ses Sacremens; mais fes Religieux le firent tranfporter à Simpringham, où il mourut le fix Février de l'an 1189. âgé de cent fix ans, aïant vû fept cens Religieux dans treize Couvents de fon Ordre, dont il y en avoit neuf qui estoient doubles de Religieux & Religieufes, & quatre feulement de Religieux, & il y avoit près de douze cent Religieufes. Il s'eft fait beaucoup de miracles à fon tombeau qui obligerent le Pape Innocent III. après plufieurs informations de le canonizer. Lorfque les Monafteres furent ruinés au tems que la Religion Catholique fut bannie de l'Angleterre, il y avoit vingt-un Monafteres de cetOrdre dans ce Roïaume. Simprin

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DERECHO

49.

Chanoine Regulier et Hospitalier

de l'Ordre du S.Esprit en France, en habit de Choeur, l'Ete

P. Giffart fr

S. ESPRIT

gham en eftoit le Chef, on y tenoit les Chapitres Generaux ORDRE DU aufquels deux Religieufes, Superieures de chaque Maifon, DE MONTl'une des filles du Choeur, & l'autre des Converfes, devoient PELLIER. affifter, mais les Freres Convers n'y avoient aucune voix, M. Alleman dans fon Hiftoire Monaftique d'Irlande, marque encore une Maison de cet Ordre à Ballimore dans la Medie Occidentale au Comté de Westmeath; mais il fe trompe lorfqu'il dit que cet Ordre dépendoit de celui de Premontré. Dod Worth & Dugdalle dans l'Hiftoire Monaftique d'Angleterre ont representé un Chanoine & une Sour Converse de cet Ordre dans leur habillement, & tels que nous les donnons ici, aufquels nous avons ajouté une Religieufe du Choeur felon leur habillement prefcrit par les Conftitutions.

Voiez Roger. DodWorth, & Guillel, Dugdalle, Monafticum Anglicanum Tom. 2. Nicol. Harfpsfeld, Hift. Angl. facul.12, cap. 18. Bolland, Act. SS. 4. Febr. Baillet, Vies des SS. 4. Fevrier, Tamb. de fur. Abb. Tom.2. difp. 24. quest.5. num. 34, Hermant, Hift. des Ord. Relig. Tom. 2. cap. 35. & le Pere Bonanni, Catalog. omn. Ord. Relig. part.1. & 2.

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De l'Ordre du Saint-Esprit, appellé de Montpellier, en France; & in Saffia, en Italie.

L

A plufpart des anciens Hiftoriens qui nous ont donné la vie de fainte Marthe, l'ont accompagnée de tant de faits apocriphes, & contraires à la verité de l'Hiftoire, qu'ils fe font rendus fufpects, & n'ont merité aucune creance.

On

peut dire la mefme chofe d'Olivier de la Trau Sieur de la Terrade, qui fe qualifie Archi-Hofpitalier General & GrandMaître de l'Ordre, Milice, & Religion du Saint-Efprit, qu'il prétend avoir esté fondé par cette Sainte, & qui dans un difcours touchant la Fondation de cet Ordre,qu'il adreffa en 1629. à la Reine de France Marie de Medicis, qu'il appelle la Restauratrice de cet Ordre, y a inferé un abregé de la Vie de fainte Marthe, où il a encheri fur tout ce que l'on en avoit avancé de fabuleux, en y ajoutant des circonftances qui le font encore davantage.

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