ORDRE DE PRINGHAM. fes Maifons, les fervantes de Jesus-Chrift & les Freres Laïcs; mais qu'on ne lui accorda pas fa demande ; c'est pourquoi il DE SIMavoit efté contraint par neceffité de s'affocier des Clercs pour avoir foin des Religieufes & des Freres Laïcs,& qu'il leur avoit donné la Regle de faint Auguftin. art.L. L'on pourroit néanmoins leur accorder les Freres Laïcs, Scripta de parceque faint Gilbert dit dans un autre endroit des mefmes fratribus Conftitutions, que dans le tems que l'Ordre des Moineffes de Simpringhan fut commencé, il vint des Religieux de Cifteaux accompagnés de quelques Freres Laïcs de cet Ordre qui eftoient propres pour le travail, pauvres dans leurs habillemens, fe contentant de la nourriture des pauvres, preferant les herbes & les legumes aux plus grandes richeffes,qui ne beuvoient que de l'eau, qui avoient foin des Fermes & qui n'avoient point d'autres emplois dans l'Ordre. Ce que quelquesuns des fiens, du nombre de ceux qui eftoient deftinés au travail aïant appris, ils defirerent vivre de la mesme maniere & avoir les mefmes Obfervances; c'eft pourquoi voulant fatisfaire à leur defir, & pour le falut de leur ame, il ordonna que les Freres Laïcs de fon Ordre, tant en l'habillement qu'en la nourriture, fuivroient la maniere & l'Obfervance des Freres de Cifteaux. Ainfi il y avoit du mêlange dans l'Ordre de faint Gilberts & l'on peut dire que les Religieux, les Religieufes, les Converfes & les Freres Laïcs formoient quatre Ordres differens, puifqu'ils faifoient quatre Communautés differentes qui avoient chacune un Refectoire à part où prefidoit un Superieur ou Superieure tirés de leur corps, & qu'ils eftoient auffi distingués par la forme & la couleur de leurs habillemens, comme nous ferons voir. Nous mettons néanmoins cet Ordre au rang des Chanoines Reguliers, puifqu'on ne peut pas difputer aux Religieux Preftres cette qualité, que faint Gilbert leur Fondateur leur a donnée. Ce faint nâquit en Angleterre vers l'an 1083. du tems de Guillaume le Conquerant. Son pere eftoit un Gentilhomme de Normandie noinmé Jocelin Seigneur de Simpringham & de Tyrington, dans le Comté de Lincoln; & fa mere eftoit Angloife, qui eftant groffe de lui, eut un prefage de ce qu'il devoit eftre un jour, dans un fonge qu'elle eut, où il lui fembla que la lune tomboit dans fon fein. A a iij ORDRE DE S. GILBERT Il fut envoïé en France pour y faire fes études, lefquelles DE SIM- eftant achevées, il retourna chez lui, où il s'appliqua à inftruiPRINGHAM. re gratuitement la jeuneffe; mais en enfeignant aux enfans les Lettres humaines, il les formoit en mefme tems à la vertu, leur prescrivant une maniere de vie qui approchoit de celle qu'on pratiquoit dans les Monafterés les plus reglez. Il demeura quelque tems dans le Seminaire de Robert Bloës Evefque de Lincoln, & fut promeu â la Prestrise par fon fucceffeur Alexandre, qui eut bien de la peine à obtenir fon confentement; car il refifta long-tems au defir de fon Prelat fe croïant indigne du Sacerdoce. Depuis ce tems-là il augmenta ses exercices de pieté, fon zele & fa ferveur. Il fit paroiftre un genereux mépris des richeffes & des honneurs, dans le refus qu'il fit de l'Archidiaconé de l'Eglife de Lincoln qui avoit de gros revenus & beaucoup de droits honorifiques difant qu'il ne connoiffoit point de plus promte voïe pour fe perdre. Quoi qu'il euft de gros biens de patrimoine, il ne se regarda plus comme en eftant le Proprietaire ; mais feulement l'econome & le difpenfateur qui devoit les répandre fur les pauvres & les indigens pour qui il avoit beaucoup de tendreffe & de compaffion, principalement pour les filles qui eftoient dans la pauvreté & qui n'ofoient la faire connoître. Il en choifit fept entre les autres, qu'il trouva plus portées à la pieté. Il en eut un foin particulier, & elles fe confacrerent enfuite à Dieu par le Vou de Virginité. Ce fut ce qui donna commencement à fon Ordre; car par le confeil & fous l'autorité de l'Evefque Alexandre, il les renferma dans un Monastere qu'il leur fit bâtir dans fa maifon paternelle de Simpringham l'an 1146. 11 leur ordonna fur toutes chofes un estroit Glence, & afin qu'elles ne fuffent point diftraites dans leurs exercices fpirituels, il prit de pauvres femmes qui avoient foin de leur preparer à manger hors le Monaftere, & on leur paffoit par une feneftre tous leurs befoins. Celles-ci demanderent auffi d'eftre admises à la Profeffion Religieufe en qualité de Sœurs Converses. Saint Gilbert les inftruifit de tous les devoirs de la vie Religieufe. Il voulut les éprouver pendant un an, après quoi il leur accorda leur demande & elles s'engagerent à cet état par des Voeux folemnels, aïant esté renfermées dans le mefme Monaftere avec les |