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dix-septiéme siecle, l'an 1623. le bienheureux Jofaphat Kun- Monnie cenitius , archevêque de Polocko, fut tué par les Heretiques Grecs. & Schismatiques de Vitepski pour s'être reunis à l'église Romaine, &cec Ordre en Italie & en Espagne celebre la fête le 12. jour de Novembre.

Ils mettent aussi au nombre de ceux qui ont été religieux de l'Ordre de saint Balile plus de quatorze papes ; dont il y a quelques Orientaux que les Moines de l'Ordre de saint Au

A1coine auroient droit de reclamer, & quelques autres que les Benedictins s'attribuent. Ils ont eu quelques cardinaux, comme Beslarion & Isidore de Constantinople, qui furent creatures d'Eugene IV. Pour ce qui est des patriarches , archevêques & évêques de cet Ordre, il est certain que le nombre en est très-grand ; puisque personne ne peut être élevé à cette dignité dans tout l'Orient, & être même curé d'une simple paroisse , s'il n'est religieux de l'Ordre de saint Basile, ou de celui de saint Antoine : ce qui s'observe encore en Moscovie & dans les autres provinces où lerit grec est tolere. Enfin les religieux de saint Basile se glorifient d'avoir eu dans leur Ordre plusieurs empereurs & imperatrices,

grand nombre de rois &

& reines, & dix-neuf princes & princeses de la seule maison des Comnenes.

Alphons. Clavel , Antiquedad. de la religion de S. Bafil. D. Apollin. d’Agresta, Vit. de S. Bafil. purt. . D. Petr. Menniti, Kalendar. Ss.ord. S. Bafilii. De Tillemont, Hist. Eccl. Tom.g. Hermant, Vie de faint Busile. & Bulceau, Histoire Monafii.

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que a’Orient.

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CH A P I İ R . XIX.
Des Caloyers ou Moines Grecs, de leurs exercices , jeûnes

o abstinences. L

’ESTIME que l'église Grecque fait de la vie monastique

est figrande, qu'elle la nomme l'état parfaitégal à celui des anges, dans lequel on imite les actions de Jesus-Christ, & ce n'est que par elle seule qu'on s'éleve aux premieres dignités ecclesiastiques, coinme nous avons dit dans le chapitre precedent.

Les Grecs donnent à leurs Moines le nom de Caloyers qui

.

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MOINES veut dire, bons Anciens. Il y a de l'apparence que l'on appelloit

y GRECS.

ainsi dans les commencemens ceux qui étoient avancés en âge, & leurs superieurs ; & que peu à peu ce nom qui n'étoit

à que comme un titre d'honneur, a été donné indiferemment à ceux qui faisoient profession de la vie monastique. Ils regardent tous saint Balile pour leur pere & pour leur fondateur, & ce seroit un crime parmi eux de suivre d'autre regle que celle de ce saint docteur. Comme il y a trois sortes de degrès parmi eux, des novices appellés vulgairement Archari : des profez ordinaires appellés Microchemi :& des plus parfaits appellés Megalochemi : il y a aussi crois differens habillemens pour eux ; dont nous parlerons dans la suite. Ils sont encore divisés en Coenobites, Anachoretes & Reclus. Les Reclus s'enferment dans desgrottes ou cavernes au sommet des montagnes, d'où ils ne sortent jamais, s'abandonnant entiere. ment à la Providence. Ils ne vivent que des aumônes que leur envoïent les Couvents voisins , & ne mangent qu'une fois le jour des legumes bouillis dans de l'eau sans sel ni huile , & des fruits secs , avec du pain cuit sous la cendre, à la reserve des fêtes solemnelles , qu'ils font deux repas: & de tems en tems, il y a des prêtres qui les yont visiter & leur administrer les sacremens.

Les Anachoretes se retirent de la conversation du monde, & habitent aux environs des Monasteres, dans des ermitages,

y a quelque petit enclos qu'ils cultivent , & d'où ils ne sortent que les Fêtes & les Dimanches, pour aller au Monastere voisin faire leurs devotions, & assister à l'Office, s’occupant le reste de la semaine à la priere & à l'oraison, faisant de grandes abstinences, & ne vivant que de leur travail.

Les Cænobices ont toutes les heures de leur office reglées depuis un office particulier qu'ils chantent à minuit , jusqu'à complies qui se disent après le soleil couché. La veille des fêtes solemnelles, ils restent au chour jusqu'à la pointe du jour emploïant toute la nuit à reciter le pseautier, matines &laudes, & à lire des homelies:comme il est impossible que le sommeil ne les accable , il y a un religieux qui a soin de les éveil. ler, & ils sont obligés d'aller faire trois genuflexions à la porte du sanctuaire , & en s'en retournant, la reverence à droite & à gauche à leurs freres.

Cet office est fort grand, il leur faut plus de fix heures

où il

, Char. XIX. 183 durant la journée pour le pouvoir seulement lire , ce qui est moins cause que plusieurs s'en dispensent facilement, soit parce qu'ils Gracs. n'ont pas le tems ou la volonté d'y satisfaire , soit parce qu'ils n'ont pas de quoi acheter les livres qui font necessaires pour rendre leur breviaire complet.

Ces livres sont au nombre de six presque tous in folio , inprimés la plupart à Venise. Le premier est le Tiridion, que l'on dit en carême. Le second l’Eucologion , où sont toutes les oraisons. Le troisiéme se nomme Paraclitiki , où sont toutes les hymnes, cantiques & antiennes qu'ils disent en l'honneur de la sainte Vierge, dont ils ont un très grand nombre. Le quatrième est le Penticostarion , ce livre contient seulement l'Office qui se dit depuis Pâques jusqu'à la Pentecôte. Le cinquième est le Mineon, qui est l'office de chaque mois. Et le fixiéme est l'Horologion, qui se doit dire tous les jours, parce que c'est dans ce livre que sont contenues les heures canoniales.

La longueur de cet Office & le prix de ces livres , sont cau. fe que presque tous les évêques, les prêtres & la plậpart des Caloyers ne le disent jamais. Il n'y a gueres qu'à Monte-fanto ou Mont-athos, ou bien à Neamogni dans l'isle de Chio & dans quelques couvents bien reglés que l'on dit regulieremenc cet office ; car tout le reste du clergé Grec prend de lui-mê. me la dispense de ne le point dire, sans l'accendre du patriar. che, à qui on ne s'avise pas même de la demander ; parce que n'aiant pas lui-même le loisir de reciter un si long office , il montre aux autres l'exemple d'en retrancher une bonne partie , ou de n'en rien dire du tout.

Dans les grands Monasteres les religieux se levent à minuir, comme nous avons dit, pour dire un office particulier qu'ils appellent Mefonyéticon. Cet office dure pour l'ordinaire deux

mais quand il arrive quelque grande fête, soit d'obligation, loit de devotion, le mesonyéticon se change en Olyni. {ticon ; c'est-à-dire qu'on le fait durer toute la nuit.

Après le Mefonycticon ou Office de minuit qui dure deux beures, les religieux se retirent chacun dans la cellule jufqu'à cinq heures qu'ils reviennent à l'église pour y tines & laudes avec prime, qui se chante toujours au commencement du jour. Ils disposent tellement leur office, que primne se trouve toujours au lever du soleil, ensuite de quoi

heures;

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dire ma

.

GRECS.

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MOINES chacun se retire dans sa cellule ou à son travail, jusqu'à neuf heures, que l'on retourne à l'église pour y dire tierce, sexce

. & la mesle ; après laquelle on va au refectoire, où l'on fait la lecture pendant le dîner. Mais au sortir du repas , tant le ma. tin que le soir, le cuisinier se met à genoux à la porte du refectoire ; &comme s'il demandoit la recompense

de ses peines ou le pardon de ses fautes, il dit de tems en tems aux religieux: Eulogite pateres: benissez moi, mes peres, & chacun d'eux le saluant, lui répond : ô Theos sincores, que Dieu vous benisse; puis tous s'étant retirés à leurs chambres, ils y demeurent s'ils veulent, ou vont travailler jusqu'à quatre heures , qu'ils s'afsemblencà l'église pour dire vepres ; après quoi ils font quelque petit exercice, & viennent souper à lix heures. Le souper étant fini , ils rentrent a l'église pour y dire un office qu'ils nomment Apodipho, l'après loupé, qui est ce que nous appellons complies, lequel erant fini environ les huit heures du soir , chacun se retire à sa chambre pour se coucher & le relever à minuit. Tous les jours après inatines le superieur se tienç à la porte de l'église où les religieux se prosternent à ses pieds pour dire leur coulpe. C'est ce qui s'observe dans les couvens bien reglés ; & il y en a beaucoup plus de ceux où regne le defordre, que de ceux où l'observance reguliere est en pratique, la plậpart faisant consister toute l'observance, dans les austerirés & les mortifications, car ils ne mangent jamais de viande, & jeûnent trois fois la semaine , le lundi, le mercredi , & le vendredi, pendant lesquels jeûnes , & ceux de leurs carê. mes , ils ne mangent qu'à deux heures après midi: Ils recournent neanmoins après complies au refectoire, où on leur

prefente de petits morceaux de pain dansun panier avec de l'eau; mais il n'y a ordinairement que les jeunes qui en prennent par necessité, & ils repassent à l'église pour rendre graces à Dieu & faire la priere du soir, après laquelle le superieur fait le signal, & chacun se retireen silence à sa cellule.

Ils ont quatre carêmes qui leur sont communs avec le reste du peuple de leur même rit. Le plus grand & le premier, est celui de la resurrection de Notre Seigneur qu'ils appellent la grande quarantaine, & qui dure huit semaines. Pendant la premiere ils peuvent manger du poisson , des æufs, du lait, du fromage ; c'est pourquoi il nomment cette semaine la Tirini, qui signifie fromage. Pendant les sept semaines qui suivent,

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