PRETRES jeunes gens de leurs déréglemens, & les porter enfuite à la DE L'ORA pieté. TOIRE DE De fi heureux commencemens l'encourageant à travailler DE L'URA- PFS DINE- cinq mille quatre cent quatre-vingt quatre convalefcens,cut PRETRES DE L'ORA PES DE NE RY. PRETRES Les grands fruits qu'il faifoit dans ces Conferences, ani TOIRE DE mant fon courage & excitant en lui de plus en plus le feu de S. PHILIP la charité, dont fon cœur étoit embralé, il lui vint en penfée d'aller dans les Indes avec Tarruggi, Modio, Succi,& quelques autres pour y porter la lumiere de l'Evangile aux Idolatres & aux Infideles; Mais le Prieur du Monaftere des trois Fontaines de l'Ordre de Cifteaux qu'il confulta, lui aïant fait connoître que Dieu l'avoit appellé à Rome & non pas aux Indes, & aïant été averti par une vifion qu'il eut, que ce confeil venoit du Ciel, qui se servoit de la bouche de ce faint Religieux pour lui déclarer fa volonté. 11 fe détermina à rester à Rome & d'y continuer fes Conferences dans fa chambre, qui fe trouvant trop petite pour contenir toute l'affemblée, il obtint des Députés ou Administrateurs de l'Eglife de faint Jerôme un lieu ample & fpacieux au deffus de leur Eglife; quiaïant été jufqu'alors inutile, fut accommodé en forme d'Oratoire, où les exercices furent transferés l'an 1558. que le nombre des Affiftans augmentant de jour en jour, le faint Fondateur s'affocia pour faire les Con-ferences Taruggi & Modio qui n'étoient encore que laï ques, aufquels il joignit quelque tems après Succio & Baronius Auteur celebre des Annales Ecclefiaftiques. Outre les Conferences & les autres exercices qui fe pratiquoient dans cet Oratoire, il ordonna qu'il feroit ouvert tous les soirs à fix heures en êté, & à cinq en hiver: que le Dimanche, le Mardi, le Jeudi & le Samedi, l'on feroit une demiheure d'oraifon mentale, après laquelle on reciteroit les Litanics de la fainte Vierge ; & que les autres jours de la femaine l'on prendroit la difcipline. Quelque tems après il changea la premiere methode qu'il avoit tenue. En attendant que les Confreres fuffent affemblés, il faifoit faire une lecture fpirituelle par quelques-uns de ceux qui étoient arrivés des premiers. Celui qui préfidoit interrogeoit enfuite deux ou trois des Affiftans fur la lecture qui avoit été faite. Après qu'ils avoient répondu, il faifoit une recapitulation de tout ce qui avoit été dit, & concluoit toûjours par quelques reflexions, qui portoient les auditeurs à l'amour de Dicu, au mépris du monde & à la pratique des vertus. Op s'inftruifoit auffi de l'Hiftoire Ecclefiaftique, & l'affemblée fe terminoit par des prieres & des hymnes qu'on chantoit à ia TOIRE DES. DNERI la gloire de Dieu. Le faint Fondateur alloit enfuite vifiter PRETRES plufieurs Eglifes où il étoit fuivi par un grand nombre de DE L'ORAles difciples,qui y affiftoient aux Offices tant de nuit que de PHILIPPE jour, avec une pieté & une devotion,qui les rendoit la bonne odeur de Jesus Christ. Il y en avoit trente ou quarante qu'il avoit choifis entre tous les autres, & qu'il diftribua en trois bandes pour aller aux Hôpitaux de la ville affister les malades: & certains jours de l'année, principalement pendant les jours de Carnaval, il affembloit le plus de monde qu'il pouvoit pour aller vifiter les fept Eglifes, afin que ne pouvant arracher au demon toutes les conquêtes qu'il fait dans ces tems de folies & de libertinage, il en diminuât au moins le nombre en attirant à ces pratiques de devotion des gens qui peut-être fans cela n'auroient pas évité les pieges de cer efprit tentateur. Cette devotion fe pratique encore tous les ans à Rome le jour du Jeudi gras, & on y obferve le même ordre que le Saint y avoit établi. Il s'y trouve quelquefois jufques à quatre ou cinq mille perfonnes, aufquelles on donne à manger, mais avec la même frugalité dont usoit le faint Fondateur à l'égard de ceux qui l'accompagnoient dans ce faint pelerinage; car on ne leur donne à chacun qu'un pain, une tranche ou deux de fauffifon, qu'on appelle en Italien mortatella, un œuf, un morceau de fromage, & environ une chopine de vin. Ce qui se fait dans une vigne, c'est à-dire dans un grand jardin, où l'on trouve tout difpofé en forte que lorfqu'on arrive , on n'a qu'à s'affeoir fur l'herbe chacun dans fon canton, car chaque état & condition a le fien, qui eft feparé des autres par de petites barieres faites exprès, en forte que les Religieux, de quelque Ordre qu'ils foient, ont le leur, qui eft le plus proche de celui des Ĉardinaux, enfuite celui des Seculiers, & ainfi des autres. Pendant ce repas, qui dure environ une demi-heure, on donne à toute l'Affemblée le plaifir de la mufique, qui eft placée au milieu de toutes les baricades > en forte qu'on entend les voix de tous côtés, enfuite dequoi un enfant de huit à dix ans fait un petit difcours fur le sujet 'de cette devotion, après lequel tout le monde fe leve pour continuer ce Pelerinage qui ne finit que fur les quatre ou cinq heures du foir. Un fi faint exercice ne put être à l'abri de la médisance Tome VIII. C DE L'ORA DE NERI, PRETRES & de la calomnie. Il s'éleva de faux bruits dans la ville conTOIRE DE tre le Saint. On accufa ceux qui le fuivoient dans la vifite S. PHILIPPE des fept Eglifes, de n'y aller que pour contenter leur gourmandife, & vivre graffement des mets exquis qu'on leur donnoit en abondance: on en murmuroit hautement, & les plaintes en furent portées au Vicaire du Pape. Philippe fut déferé à fon Tribunal, comme un homme ambitieux, qui introduifoit des nouveautés, & tenoit des Affemblées dangereufes contre la foi. Ce Prélat prévenu contre lui, le fit venir en fa présence; & après l'avoir traité fort rudement, il lui interdit le Confeffional,lui défendit de prêcher fans permiffion, & le menaça de le mettre en prifon s'il menoit davantage des Compagnons avec lui, & s'il tenoit avec eux des Affemblées. Le Saint qui n'avoit rien à fe reprocher fur les accufations qu'on avoit faites contre lui,répondit en veritable enfant de l'Eglife, c'est à-dire, avec beaucoup d'humilité & de foûmiffion, à celui qui tenoit la place du Vicaire de Jefus-Christ, qu'aïant commencé cet Ouvrage par obéïffance, il le quitteroit de même ; mais qu'il n'avoit eu d'autre intention que celle de travailler pour la gloire de Dieu & le falut des ames. Le Prélat qui devoit être édifié d'une fi grande foûmiffion à fes ordres,n'en conçut au contraire que du mépris pour lui & le chaffa de fa préfence : ce qui fut pour nôtre Saint un contre-tems qui perfuada à plufieurs perfonnes, & même à des Ecclefiatiques qui demeuroient avec lui, qu'il n'étoit qu'un ambitieux, & dès ce tems-là il les eut pour adverfaires ; mais Dieu qui humilie quelquefois fes Saints pour faire paroître leur gloire avec plus d'éclat, ne laiffa pas long-tems fon Serviteur dans cette épreuve: car aïant fait connoître fa fainteté, on lui permit de continuer fes exercices : ce qui non feulement augmenta beaucoup le nombre de ses Difciples, mais le remit dans un fi haut degré de réputation, que les Florentins qui étoient habitués à Rome, aïant fait bâtir une Eglife dans cette ville, fous le titre de faint Jean- Baptiste l'an 1564. pour ceux de leur nation, le prierent de la vouloir bien deffervir. Le Saint fit difficulté d'accepter cet Emploi: ce qui obligea les Florentins d'avoir recours à l'autorité du Pape Pie IV. qui aïant ordonné à Philippe de fe charger de cette Eglife, il fit prendre les Ordres facrés à quelques uns de fes Difciples, |