uns éroient dans de petites loges de pierres bâties exprès. Is Mornes ya de l'apparence que les nuits sont bien froides en ce pays-là, ABYSSINSo autrement ce ne seroit pas une mortification de rester dans l'eau pendant la nuit dans le tems du carême, dans un pays où le laleil est très-ardent en ce tems-là, & où même les fruits d'Automne de nos quartiers sont en maturité. Enfin il y en a qui se retirent dans des solitudes les plus affreuses , & des fo. rêts les plus épaisses où ils ne voyent aucun homme , faisant penitence dans ces lieux écartés. Quoiqu'il y ait près de deux cens ans qu'Alvarez ait écrit sa relation , où il fait un détail de ces penitences & de ces morcifications des Religieux d'Ethiopie, il sembleneanmoins qu'ils n'en ayent rien diminué jusqu'à present; car M. Poncet qui y étoit en 1700. dit avoir vû dans le Monastere de la Vision de Jesus, un vieillard âgé d'environ soixante-six ans, frere du gouverneur de Tigré, qui n'avoit vêcu pendant sept ans que de feuilles d'olivier sauvage , & que cette mortification lui avoit causé un crachement de sang qui l'incommodoit beau. coup; c'est pourquoi il lui ordonna quelques remedes & lại prescrivit un regime de vie. La maniere la plus ordinaire de jeûner parmi ces Religieux est de ne manger seulement que de deux jours en deux jours, & toûjours le soir quand le soleil est couché ; mais le samedi ni le Dimanche ils ne jeûnent point ; & comme dans chaque église il ne s'y dit qu'une messe par jour, ils ne la celebrent que le soir les jours qu'ils jeûnenr , & tous y communient , après quoi ils vont, manger : la raison qu'ils en donnent, c'est qu'ils disent que Notre Seigneur Jesus-Christ fit la Cene le foir un jour de jeûne:aux autres jours qu'on ne jeûne point, ils la disent le matin. Ces Religieux se levent deux heures avant le jour pour dire leurs matines & ne mangent jamais de viande dans le couvent. Mais Alvarez remarque que lorsqu'ils se trouvoient avec les Portugais, ils ne laissoient pas d'en inanger & de boire du vin, pourvu qu'ils n'eussent point de compagnon ; de peur qu'il n'en avertît le superieur qui les auroit châtiez feverement pour cette transgression. M Poncer dit qu'il en a vû qui se leyoient deux fois la nuit pour chanter des pseaumes; peut-être que c'est selon les differents instiruts qu'il y a en ce pays, soic de l'abbé Tecla-Haïmanot, soit de l'abbé Eustase. Tome I, T MOINES Outre le carême dont nous avons parlé qui dure cinquante Abyssins. jours; M. Poncer dit qu'ils en ont encore trois autres, de mê. me que le reste du peuple : sçavoir celui de saint Pierre & de faint Paul,qui dure quelquefois quarante jours & quelquefois moins, selon que la fête de pâques est plus ou moins avancée; . celui de l'assomption de Notre-Dame, qui est de quinze jours; & celui de l’advent, qui est de trois semaines. François Alva. rez marque neanmoins ces carêmes d'une autre maniere que M. Poncer. Outre le carême de la resurrection de Notre. Seigneur quicommence à la sexagesime, il dit: qu'ils jeunent depuis le lundi de la Trinité jusqu'au jour de la nativité de Notre - Seigneur : que depuis ce jour-là jusqu'à la purificaciou de NotreDame , ils ne jeûnent point, mais que les trois jours qui fuivent cette fête , ils ne mangent qu'une fois en ces trois jours, ce qu'ils appellent la penitence de Ninive. Nous aimons mieux ajoûter foi à Alvarez qui étoit plus instruit que M. Poncet de ce qui regardoit la religion & les mæurs des Ethiopiens. Dans tous ces carêmes on ne se sert ni d'œufs, ni de beure, ni de fromage, on jeûne avec la même rigueur tous les vendredis de l'année. On ne dispense personne du jeûne , les jeunes gens, les vieillards & même les malades y sont obligés. Mais avec tant d'austerités & de mortifications, ces Religieux font si attachés à leurs erreurs qu'ils n'écoutent point les Missionnaires qui vont chez eux pour les faire rentrer au fein de l'église. Ils se sont toujours opposés à leurs bons deffeins en empêchant que les peuples ne le convertissent. Ils leur inspirent tant d'aversion pour les Européens qui sont blancs par rapport à eux , qu'ils leur font mépriser & même hair tout ce qui est blanc;c'est pourquoi s'ils representent saint Michel terrassant le Diable, saint Michel est de couleur olivâtre qui est celle des Abyssins , le Diable est blanc. Le pape Clement VII. afin d'attirer ces peuples à la foi or. za.oper. pie > thodoxe & les rainener au sein de l'église , leur accorda en 1525. l'église de saint Etienne qu'on nomme des Indiens ou des Maures, à côté de laquelle il y a un hôpital, où ceux qui viennent à Rome font logés & entretenus aux dépens du pa-Ibid. Trat. pe. Gregoire XIII. ordonna que lorsqu'il y auroit des Abyf 11.6ap.z. fins à Rome on leur fourniroit du palais tout ce qui leur le roit neceflaire. Innocenc XIL. imitant la piecé de les prede Abb Piaz. di Roma Tratt. : . sap. 3 ز cesseurs, a établi un fond de cinquante mille écus Romains ORDRE de revenu pour envoyer des Missionnaires en Ethiopie & dans Militarles autres provinces de l'Afrique. RE DE S. ANTOINE Ils ont une chapelle à Jerusalem dans l'église du faint Sepul- EN ETHIO. creoù ils font l'office suivant leur rit; & selon les relations de Pie. plusieurs voyageurs , ils le font avec tant d'indevotion & d'irreverence, qu'ils s'attirent le mépris de tous les écrangers.Mais comme il y a peu de voyageurs qui s'accordent ensemble,M. Poncet parlant de leurs ceremonies de la messe , dit qu'elles sont majestueuses. Il y avoit autrefois plusieurs Moines Ethio. piens qui alloient tous les ans en grand nombre en pelerinage à Jerusalem, & faisoient en sorte de s'y trouver la semaine sainte. Alvarez dit : qu'étant à Barua dans le gouvernement du Bernagas,il y eut une caravane composée de trois cens trentefix Moines & de quinze Religieuses,qui partit pour cevoyage; mais qu'ils furent pris par les Arabes, que les vieux furent tués, les jeunes vendus pour esclaves, & qu'il n'y en eut pas plus de quinze qui se sauverent. Depuis ce tems-là ils n'ont point été à Jerusalem en caravane , il y en a seulement quelques-uns qui y vont comme passagers. Nous donnons l'habil. у lement de ces Religieux & Religieuses tel que le décrivent Alvarez & M. Poncet. Voyez Fran. Alvarez , voyage d'Ethiopie. Le Gobien,lettres édifiantes des Millions, 4. vol. Le monde de Daviti ; & Mori. gia , hift. de toutes les religions ,c. 70. C Η Α Ρ Ι Τ R Ε ΧΙΙΙ. T OMME plusieurs auteurs ont parlé d'un Ordre Militaire de saint Antoine en Ethiopie , nous ne pouvons pas nous dispenser d'en parler ausli; ce ne sera pas neanmoins le proposer comme un Ordre veritablement existant, mais seulement pour faire connoître que tout ce qu'on en a avancé, n'est qu'une pure fable inventée par un certain Jean Baltasar, se disant Abyssin de nation,& chevalier de cet Ordre ; ce qui n'a pas empêché l'abbé Giustiniani,M.Hermant & Schoonebeck , de parler de cet Ordre dans leurs histoires des Ordres Militaires, comme d'un Ordre veritable, dont ils ont accom pour |