voïa avec honns & ; & lui fit present de quarante livres d'ar- VIE DE S. Le voisinage de la Catalogne exposant la Province de 1 VIE DE S. vorables à son opinion. Il vint à Aix la Rerapelle où le-Roi . les Prélats, & convaincu il se rendit une seconde fois, & Loüis dit le Debonnaire , dernier fils de l'Empereur Charlemagne , & Roi d'Aquitaine voulant travailler à rétablis dans Ion Roïaume, la discipline Monastique, en commit le soin à saint Benoît d’Aniane. Il y avoit quelques Monasteres qui étoient entierement déchus de la discipline primitive. L'on n'y.connoissoit plus la Regle , ni les pratiques li faintes que l'on avoit admirées autrefois, les Religieux se contentant de vivre en Chanoines, sans beaucoup de regularité: Le Saint les reforma tous ; mais un si heureux succès lui fuscita l'envie de quelques Ecclesiastiques & de quelques Seigneurs de la Cour, qui tâcherent de le rendre suspeat à l'Empereur. Il fut obligé d'aller à la Cour de ce Prince pour des accusations qu'on avoit formées contre lui : mais quoique pour le détourner d'y aller , on l'eût assuré que l'Empereur étoit fort prévenu contre lui, il ne reçut cependant de ce Prince que des marques d'estime & d'affection. L'Abbaïe d’Aniane ne pouvant plus nourrir tous les Religieux qui y étoient, dont le nombre se multiplioit chaque jour, Louis le Debonnaire lui donna les trois Monasteres de Menat en Auvergne , de faint Savin dans le Diocese de Poitiers, & de Malfai dans le Berri. Le Saint mit encore outre cela douze de ses Religieux dans un Prieuré de la dépendance de Menat : & Dieu donna tant de benediction à cet établissement, que cette Communauté se grossit par la conversion de soixante & dix personnes qui y prirent l'habit de Religion : de sorte qu'on fut obligé de les envoïer dans le Monastere même de Menat qui étoit plus grand & plus commode , à la reserve d'un petit nombre qui resta dans ce Prieuré. Louis aïant succedé à son pere Charlemagne à la Cou se purger : ronne ne ronne de Frar ze & à l'Empire , fit venir en France saint Be- VIE DE S. y put fe dispenser de frequenter la Cour. Il recevoit les Requêtes que Pon presentoit à ce Prince, & de peur de les oublier , il les mettoit dans ses manches , ou dans le Manipule que les Prêtres portoient encore ordinairement à la main. L'Empereur le foüilloit souvent pour prendre ces papiers & les lire, & le consultoit non seulement sur les affaires particulieres ; mais encore sur le gouvernement de l'Etat. Il lui donna l'inspection sur tous les Monasteres de ses Etats , & ce fut par son ordre qu'il travailla à une reforme generale avec plusieurs autres Abbés, qui après avoir long-tems conferés ensemble , trouverent que la principale cause du relâchement de la Discipline Monastique étoit la diversité des Observances : quoi que l'on fîc profession de suivre la Regle de saint Benoît dans la plûpart des Monasteres , il y avoit neanmoins bien de la varieré dans la pratique de ce qui n'y est pas écrit. D'où il arrivoit que l'on faisoit passer les relâchemens pour d'anciennes coûtumes authorisées par le tems, que l'on avoit bien de la peine à reformer. On crut donc que le plus seur étoit d'établir une discipline uniforme par des constitutions qui expliquassent la Regle : ce qui s'executa par les Reglemens du Concile d'Aix la Chapelle qui se tint l'an 817. dont nous allons parler dans le Chapitre suivant. Monsieur l'Abbé Fleury met au nombre des Abbés qui assisterent à ce Cona Tome V. T REGLEMENS cile, Apollinaire , Abbé du Mont-Cassin : cependant cet DU CONCI. Abbé ne succeda à Gisulfe qu'au commencement de l'année. 818. & ce seroit plûtôt ce Gisulfe qui y auroit pu affifter qu'Apollinaire, comme en effet le Pere Mabillon le croit vrai-semblable. Josué Abbé de saint Vincent de Vulturne, qui est un Monastere proche Capouë, dont nous avons déja parlé, fut aussi du nombre de ces Abbés. LA-CHAPELLE, Des Reglemens du Concile d'Aix-la-Chapelle de l'an 817, touchant l'Ordre Monastique , avec la continuation de la pour MENS DU CHAPELLI pitres , selon quelques éditions , & selon d'autres en soixa11- REGLEte & douze. Comme la Regle de saint Benoît en est le fondement , D'AIX-LAon ordonna d'abord que les Abbés presens à certe Assemblée, liroient toute la Regle avec attention , & en peseroient sage ment toutes les paroles, pour en sçavoir parfaitement l'esprit, & que tous les Moines qui le pourroient, seroient obligés de l'apprendre par cæur. On ordonna ensuite que l'on reciteroit tous les jours l'Office Divin , comme il est prescrit par la Regle de saint Benoît, que tous les Religieux travailleroient eux-mêmes à la cuisine, à la boulangerie, & à tous les autres offices de la maison , & laveroient & nettoïeroient eux-mêmes leurs habits;qu'on ne se feroit point faire le poil dans le cours de l'année que tous les quinze jours, & point du tout pendant le Carême, fi ce n'étoit le Samedi Saint ; parce que les Penitens de ce tems-là, suivant la remarque du P. Mabillon , ne rasoient point leur barbe, & ne coupoiene point leurs cheveux , & que les Moines qui étoient dans une profession continuelle de mortification & de penitence , devoient les imiter. Par cette même raison, il n'étoit pas permis de se faire saigner regulierement en certaines saisons; mais seulement dans un vrai besoin & pressant. Toutefois ces saignées reglées pour les faisons , pafferent depuis en Regle dans les Congregations plus modernes, qui ont même fait inserer dans les Calendriers de leurs Breviaires les jours ausquels il étoit permis de se faire saigner. Il étoit permis d'user bain à la discretion du Superieur ; mais non pas frequemment,comme il étoit d'usage parmi les Seculiers. Ils devoient fe laver les pieds les uns aux autres par un esprit d'humilité, principalement pendant le Carême, en chantant des Antiennes & des Pseaumes de Penitence. Il étoit défendu de faire loger aucun Seculier dans l'interieur du Monastere , à moins qu'il ne voulût prendre l'habit & se consacrer à Dieu. Les Religieux mêmes étrangers devoient loger dans un Dortoir separé. Aucun ne pouvoir voïager sans avoir un Compagnon pour témoin des a conduite. On ne devoit point recevoir facilement un Novice , fans l'avoir éprouvé par les exercices de la pieté & de l’humil ité, en lui faisant servir les Hôtes dans leur logis pen |