LIERS DU S

L'an 1615. Charles de Gonzagues de Cleves, Duc de Nevers CHEVA & de Rethelois, voulut aussi se declarer Grand-Maistre des SEPULCRE Chevaliers du saint Sepulcre en France, & mefme avoit fait faire un nouveau colier d'une forme particuliere pour donner à chaque Chevalier; mais pendant qu'il poursuivoit à Rome auprès du Pape Paul V. les permiffions neceffaires, le GrandMaistre de Malte Alof de Vignacourt envoïa un Ambaffadeur vers le Roi Loüis XIII. pour lui representer que le Pape Innocent VIII. avoit uni l'Ordre du saint Sepulere à celui de faint Jean de Jerufalem, & que fur les remontrances que le GrandMaistre de Malte avoit faites à Philippes II. Roi d'Espagne,qui avoit accepté la Grande-Maistrise que les Chevaliers du faint Sepulcre en Flandres lui avoient offerte, ce Prince s'en estoit non seulement deporté, mais avoit encore follicité au près du Pape Paul IV. la confirmation de l'union de l'Ordre du laint Sepulcre avec celui de saint Jean de Jerufalem; qu'ainfi il prioit sa Majefté d'en faire de mesme. Loüis XIII. accorda au Grand-Maistre de Malte sa demande, & escrivit au Marquis de Trenel son Ambassadeur à Rome de poursuivre auprès du Pape Paul V. une Butte pour la confirmation de l'union de l'Ordre du saint Sepulcre avec celui de faint Jean de Jerufalem: ainsi le Duc de Nevers ne put executer son dessein.

Le P. Mendo, l'Abbé Giustiniani, M. Herman, Schoonebeck & quelques autres Historiens, disent que Henry II. Roi d'Angleterre dans le voïage qu'il fit en Terre fainte fut fi édifié des services que les Chevaliers du faint Sepulcre rendoient aux Chreftiens qui alloient visiter les Saints lieux, qu'il refolut de faire un pareil establissement lorsqu'il feroit de retour dans fon Roïaume; & qu'en effet il ne fut pas plutost arrivé en Angleterre qu'il fongea à executer son dessein, aïant inftitué cet Ordre l'an 1174. ou 1177. mais Henry II. Roi d'Angleterre n'entreprit point le voïage de Terre fainte, il prit à la verité la croix pour la troifiéme Croisade à laquelle il n'eut aucune part, aïant differé trop long-tems à cause de la guerre qu'il eut contre le Roi de France Philippes Auguste, & mesme contre foni propre Fils Richard Comte de Poitiers & Duc de Guyenne. Ces pretendus Chevaliers estoient sans doute les Chanoines du saint Sepulcre qui furent establis en Angleterre fous le regne de ce Prince, ou qui estant déja en ce Roïaume avoient obtenu de lui quelque nouvel establissement, d'autant plus

CHANOI- que Schoonebeck dit que ces pretendus Chevaliers avoient LIERSD'AN- une foutane blanche & un manteau noir sur lequel il y avoit GLETERRE, une Croix Patriarchale, ce qui estoit effectivement l'habille

NES REGU

clef.

ment des Chanoines du faint Sepulcre en Angleterre, comme on a pu voir dans le Chapitre précedent. Le P. Philippes Bonanni de la Compagnie de Jesus, a donné la figure d'un de ces prétendus Chevaliers telle que nous l'avons fait aussi graver.Il prétend que leur Institut fut aprouvé par le Pape Innocent III. Tous la Regle de S. Bafile, & qu'ils portoient une Croix verte. Voiez Favin, Theatre d'honneur & de Chevalerie. De Belloy, ori. gine de Chevalerie chap. 4. Du Breüil, Antiquités de Paris. Francifc. quaresmo, Elucid. Terre sancte. T. I. lib. 2. Mennenius, Delicia equeftr. Ord. Bernard Giustiniani, Hist. di tutti gl. ord. militari. Herman, & Schoonebeck, dans leurs Hift. des Ord. Relig. & Villamont, la Relation de ses voïages liv. 2. chap. 20.

Des Chanoines Reguliers en Angleterre & de leur reforme par le Cardinal de Volfey.

I

L paroist par le grand nombre des Monafteres de Chanoines Reguliers dont Dod worth & Dugdale nous ont confervé la memoire dans l'Histoire Monastique d'Angleterre, que cet Ordre estoit, beaucoup puissant en ce Roïaume. Les Chanoines Reguliers prétendent que leur Ordre n'y est pas moins ancien que la Religion Catholique, qui fut annoncée aux Anglois par faint Augustin que le Pape saint Gregoire y envoïa avec plusieurs Religieux qui établirent, à ce qu'ils disent, des Chanoines Reguliers dans la pluspart des Eglifes qu'ils fonderent; mais les Benedictins n'en demeurent pas d'accord, & prétendent que faint Augustin Apostre d'Angleterre avoit esté

Prieur du Monastere de faint André de Rome, que ceux qui Thomasfin, lui furent affsociés estoient aussi Religieux du mesme MonafDiscipl. Er tere, & que ce Saint qui fut le premier Archevefque de CanFleury, torbery fit de sa Cathedrale un veritable Monaftere où il étaHift. Eccles. blit la vie Monastique. Le P. Thomassin, M. BAbbé Fleuri & Smith Hist quelques autres celebres Escrivains ont decidé en faveur des Ecel. gentis Moines Benedictins, & prétendent que faint Augustin establit

Tom. 8.

Anglicana.

2

des

! NES REGU

des Moines dans sa Cathedrale. M. Smith Evesque de Calce-CHANOL doine est favorable aux Chanoines Reguliers, & dit, que c'e LIERSD'AN stoit des Chanoines Reguliers que faint Augustin mit dans fon GLETERRE. Eglife. Il avouë neanmoins que sous fon Successeur saint Laurent, on les en ofta pour y mettre des Moines à leur place, & que le Roi Ethelbert en demanda la permission au Pape Boni face IV. il devoit plûtost dire que ce Prince demanda à Boni face la confirmation de ce qu'avoit fait faint Augustin. It auroit -deu auparavant prouver qu'il y avoit dans l'Eglise des Chanoi nes Reguliers au commencement du septiéme siécle, & c'est une mauvaise raifon que de dire que si l'on n'a guéres parlé de Chanoines Reguliers en Angleterre avant que les Normans euffent conquis ce Roïaume; c'est parce que les Chanoines Reguliers n'ont rien laissé par escrit, ou que leurs escrits ont esté perdus lorsque les Danois ruinerent presque tous les Monasteres de ce Roïatume.sanook

Il n'y a pas d'apparence d'en croire les Chanoines Reguliers fur leur bonne-foi, lorsqu'ils n'apporteront point de titres pour prouver leur antiquité en Angleterre: on ne pourra leur accorder tout au plus qu'une antiquité de fix cens ans ou environ dans ce païs, aussi-bien que partout ailleurs: &on reconnoist qu'ils furent introduits à Clocester vers l'an 1109. & enfuire à Londres. On les appelloit les Chanoines noirs pour les distinguer de ceux des Congregations de saint Victor, d'Aroüaife, & de Premontré. Nous ne sçavons pas si depuis ce tems-là, jufqu'au commencement du seiziéme siécle ils avoient toujours mené une vie reglée & conforme à leur état. Mais l'an 1519.del Cardinal de Volfey, entreprit la reforme de tous les Mo-1 nafteres en vertu d'une Bulle de Leon X. qu'il avoit obtenuë la mesme année, soit veritablement qu'il y eust beaucoup de defordre parmi eux, ou que ce Cardinal ambitieux, qui de très bas lieu estoit devenu Archevesque d'York, Ministre d'Etat, Chancelier, & Legat à Latere du faint Siege en Angleterre, eut voulu profiter des biens de quelques-uns de ces Mo Alleman. nasteres en les faisant supprimer, & par ce moïen fatisfaire la Hist. Movanité & fon ambition, comme escrit un Auteur moderne, nast. d'IrIl commença par la Reforme des Chanoines Reguliers, & dans les Reglemens ou Statuts qu'il dressa à cet effet, il affe-troduct, êta un grand zele pour le retablissement de la difcipline Reguliere.

Tome II.

S

land. pag: 30. de l'im