LA CROIX. FILLES DE fait d'autres dans la suite en plusieurs villes du Roïaume, comme à Roye, à Roüen, & à Barbefieux, où elles ont des Maisons, qui font toutes unies ensemble sous la direction d'un même Superieur, qui les conduit selon les premiers Reglemens qui furent prescrits par Monfieur Guerin. Les autres filles qui font des vœux, ont des Reglemens particuliers, qui leur furent donnés par M. l'Evêque de Rhodez, Loüis Abelly, pour lors leur Superieur ; & leurs principales Maisons, outre celles de l'Hôtel des Tournelles à Paris, sont celles de Ruel, de Moulins en Bourbonnois, de Narbonne, Treguier, Aiguillon, saint Brieu, saint Flour, & Limoges; sans compter plusieurs Hospices qui dépendent de quelques-unes de ces Maisons, comme celui du fauxbourg faint Marcel à Paris, qui dépend de la Maison de l'Hôtel des Tournelles, Mont- Luçon & Aivaux, qui dépendent de Moulins. Elles ont aussi passé dans le Canada, où elles ont à Quebek une Communauté de plus de cent Filles, avec une Eglife ouverte, au lieu que dans les autres Maisons elles n'ont que des Chapelles domestiques. Monfieur de Harlay de Chanvalon Archevêque de Paris, permit l'an 1689. à celles de l'Hôtel des Tournelles d'avoir le faint Sacrement dans leur Chapelle ; mais celles qui demeurent dans la Paroisse de saint Gervais, n'ont ni Eglise ni Chapelle domeftique, & vont à la Paroisse entendre la Messe & l'Office divin. Le Cardinal de Vendôme étant Legat à Latere du Pape Clement IX. en France, confirma cette Congregation; & la Bulle qui fut adressée aux Maisons de Paris & de Ruel en 1668.s'exprime d'une maniere fort honorable & avantageuse pour cet Institut. Les Filles de cette Congregation, tant celles qui font des vœux que celles qui n'en font point, s'exercent à toutes fortes d'œuvres de charité spirituelle qui leur font convenables à l'égard des personnes de leur sexe, & principalement envers les pauvres, tenant leurs Maisons ouvertes pour les y recevoir, soit pour les instruire des choses necessaires à leur falut, foit pour les disposer à faire de bonnes confessions générales ; & même des retraites de quelques jours, selon les besoins qu'elles peuvent avoir. Celles qui font des vœux recitent en commun le petit Office dela Vierge, fontaussi en commun foir & matin l'oraison mentale, ont les heures de SULPICE. filence, & jeûnent tous les Vendredis, & les veilles de quel- SEMINAIRES ques Fêtes. Les unes & les autres font habillées de noir DF SAINE. comme les Filles Seculieres. Elles ont un mouchoir de cou en biais. Celles qui font des vœux portent une petite croix d'argent, & les autres une petite croix de bois. Memoires donnés par les Filles de la Croix de l'Hótel des Tournelles à Paris, & par les Filles de la Croix de la Paroiffe de faint Gervais. L'on peut confulter aussi la Vie de Monfieur Vincent de Paul, par Monfieur Loüis Abelly, Evêque de Rhodez. Des Seminaires de Saint Sulpice, fondés par Monfieur M ONSIEUR Olier l'un de ces hommes Apoftoliques que Dieu suscita dans le dernier siéclepour travailler à la Réforme du Clergé, nâquit à Paris le 20. Septembre 1608. & fut le second de trois enfans mâles dont la divine providence benit le mariage de Monfieur Olier Maître des Requêtes ordinaire de l'Hôtel du Roi, & de Marie Dolu son épouse. Aïant été baptifé sur les Fonts de la Paroisse de saint Paul, où il reçut le nom des Apôtres saint Jean & faint Jacques, il fut porté peu de tems après au fauxbourg faint Germain pour y être nourri, Dieu voulant qu'il passat les premieres années de sa vie, où il devoit finir ses jours, & que la Paroisse de saint Sulpice au bien de laquelle il devoit consacrer ses plus grands travaux, fût le lieu de fa premiere éducation On remarqua dès ses premieres années que fes cris ne pouvoient être appaisés par les amusemens ordinaires des enfans & que pour arrêter ses larmes & le mettre en repos, il le falloit porter à la Paroisse, où si tôt qu'il étoit entré il étoit tranquille & paisible. Après qu'il eut passé les premieres années de l'enfance, & qu'on lui eut appris les premiers élemens de la Langue Latine, on l'envoïa au College, où il fit de fi grands progrès dans l'étude, que ses parens le destinerent à l'état Ecclesiastique & le firent SEMINAIRE pourvoir d'un Benefice; mais dans la suite son esprit vif & DE SAINT tout de feu leur faisant douter s'il étoit appellé à cet état, dont SULPICE. 1 toutes les fonctions demandent beaucoup de gravité & une grande modestie, ils le lui auroient peut être fait quitter, si laint François de Sales qui se trouva en 1622. à Lyon, où Monfieur Olier le Pere étoit pour lors Intendant de Justice, ne l'eût empêché, asseurant Madame Olier qu'elle ne devoit point craindre; mais plutôt se rejoüir, parce que Dieu dont il avoit imploré les lumieres par de ferventes prieres, lui avoit fait connoître qu'il avoit choisi cet enfant pour sa gloire & le bien de fon Eglife, la priant non seulement de ne point faire attention à ses doutes, mais même de lui donner son fils du consentement de Monfieur Olier, afin qu'étant auprès de lui il pût le former aux vertus Ecclesiastiques. La mert dece faint Prélat qui arriva peu de tems après, empêcha l'execution de ce dessein. Ses Humanités étant achevées il étudia en Philosophie & soutint à la fin de son cours une These en Latin & en Grec. Il posseda si bien cette derniere Langue qu'elle lui servit beaucoup dans la fuite pour l'étude de l'Ecriture Sainte & des saints Peres. De la Philofophie il passa à la Theologie, & après avoir reçu les leçons des plus celebres Professeurs de Sorbonne pendant trois années, il prit le degré de Bachelier. Ses parens qui voïoient avec plaisir les grands talens dont il étoit pourvû, voulant le mettre à la Cour pour l'avancer dans les Dignités Ecclesiastiques, l'engagerent à paroître dans le monde avec éclat. Il avoit grand train, il voïoit les personnes de la premiere qualité, il prêchoit même quelquefois dans les Chaires les plus considerables de Paris. Mais Dieu qui le vouloit entierement pour lui, rompit les desseins & les mesures que ses parens avoient prises, lui donnant pour cela la pensée d'aller en Italie. Monfieur Olier entreprenant ce voïage, ne prétendoit demeurer que fort peu de tems à Rome, afin de s'y appliquer plus librement à l'étude de la Langue Hebraïque; mais ce projet ne lui réüssit pas: car la Providence divine permit qu'il eut si mal aux yeux pendant son séjour à Rome, qu'il se vit privé du plaisir de l'étude, & en danger de perdre la vûë. Dans cette appréhension il eur recours àla fainte Vierge, & fit vœu d'aller de Rome à NôtreDame de Laurette. Il fit ce voïage à pied dans les plus grandes こ |