faint Marc, qui etoit un frere laic de ce couvent. Les cellules MOINS de ce Monastere sont toutes separées les unes des autres. COPTES. Elles sont mal bàcies avec de la terre , leur couverture est en terrasse ; & elles ne reçoivent du jour que par de petites fenê. tres de la grandeur d'un pied en quarré. Auprès du refectoi. re, qui est un lieu sale & obscur, il y a un bâtiment assez propre pour y recevoir les étrangers. Au milieu de ce couvent est une cour quarrée dont les murailles sont de pierres. On n'y entre que par un pont-levis. C'est dans ce lieu que les Re ligieux confervent ce qu'ils ont de plus precieux, & où ils se détendent à coups de pierre contre les Arabes qui les veulent insulter. Le jardin est fort grand, & produit beaucoup de fruits & de legumes. L'eau qu'on y boit est fort claire, mais salée comme dans la plus grande partie des couvents du desert de saint Macaire. Le P. Vansleb qui fait ainsi la descri. ption de ce couvent, dit: qu'y étant en 1672. il n'y avoit que dix-neuf Religieux, dont deux etoient prêtres ; mais tellement maigres & abbatus par leurs jeunes & leurs mortifications, qu ils ressembloient plûtôt à des squeletes qu'à des hommes vivans. A deux lieues de Musie, il y avoit le Monastere de saint Georges qui étoit autrefois fort riche & possedoit de grands revenus. Il y avoitordinairement plus de deux cens Religieux qui logeoient les étrangers , & envoyoient ce qui leur restoit des revenus au patriarche d'Alexandrie qui les distribuoit aux pauvres ; mais érant tous inorts de la peste, le gouverneur y alla demeurerà cause de la beauté du lieu , après l'avoir fair forțifier,&y logea des marchands & des artisans dans les ver. gers & les jardins d'alentour que les Religieux avoient cultivés. Le patriarche s'en érant plaint au Soudan, il fonda un . autre Monastere au lieu où étoit autrefois l'ancienne ville. Ils ont aussi quelques autres Monasteres comme à Equivan, où les étrangers sont nourris en passant, de même que dans celui d'Afiore, où ils les reçoivent pendant trois jours; & pour les mieux regaler , ils nourrissent des pigeons, des poules, des oyes & autres animaux ; quoique pour eux ils fallent pauvre chere , ne mangeant jamais de viande ni de poisson,mais seument des herbes & des legumes, Il y a encore quatre celebres monasteres dans le desert de faint Macaire éloignes du Caire d'environ cinq journées, Motnes Le premier qui s'appelle de saint Macaire , est très ancien & ste , & quoiqu'elle ait souffert beaucoup de ruines, il est nean. voit encore cinq ou fix tables d'autel de marbre. Le corps de leurs livres , & ils s'y retirent quelquefois lorsqu'ils de fer, veneration parmi les Coptes, que le patriarche après son or- y ayant été proclamé, & y ayant celebré Ce respect pour le Monastere de saint Macaire , venoit en de la Foit. MOINS Alexandr. ches élus après la mort de Dioscore & qui n'avoient pas voulu Mornis se soumettre aux orthodoxes, n'ayant pû paroître à Alexan-CoPres . drie , sinon sous les empereurs qui favorisoient leur heresie; s'étoient ordinairement retirés dans ce Monastere , & que presque tous les Religieux avoient été fort attachés à la me. moire de Dioscore & à la créance des Monophysites. Cette ceremonie étoit tellement passée en coûtume qu'on en avoit fait uneloi; ensorte que les Religieux de saint Macaire ne reconnoissoient point le nouveau patriarche , & ne faisoient aucune mention de lui dans les Dyptiques, jusqu'à ce qu'il eût été proclamé dans leur église , & qu'il y eut celebré la litur & gie. Il étoit même obligé d'y aller aussitôt qu'il avoit fait cette fonction à Alexandrie, en cas qu'il y eììt été ordonné : c'est pourquoi Macaire LXIX. patriarche en 1103. ayant voulu se faire proclamer à Misra & y celebrer la premiere liturgie so у lemnelle dans l'église de Muhallaca , après son ordination, Renaudot les Religieux du couvent de saint Macaire déclarerent qu'ils Hin Patr. ne le reconnoîtroient pas pour patriarche , & ne feroient pas pag. 487. memoire de lui dans leur liturgie , s'il ne venoit chez eux se faire proclamer & celebrer la premiere liturgie solennelle à l'autel de saint Macaire, ce qu'il fit. Les patriarches d'Alexandrie étoient encore obligés autrefois d'aller demeurer pendant le carême dans ce couvent,afin d'y employer ce tems aux jeûnes & à la priere. De ce Monastere de saint Macaire; l'on va à un autre nommé Ambachioche , qui n'en est éloigné que de quatre heures de chemin. En venant du couvent de saint Macaire à celui d'Ainbachioche, l'on trouve de petites éminences larges de deux ou trois pieds & disposés par intervalles le long du chemin. Les Religieux disent qu'elles furent faites par les Anges, pour servir deguides aux solicaires répandus dans le desert , qui s'égaroient fort souvent en venant le Dimanche pour entendre la Messe à quelques-uns des Monasteres, dans le tems qu'il y en avoit peu d'établis, ce qui leur arrivoit principalement quand le vent soulevoit les sables de la plaine. Lorsqu'on la traverse on découvre de tous côtés diverses ruines qui font les restes de trois cens maisons de Religieux qu'on assure avoir été autrefois dans ce desert; mais l'on comptoit parmi ces Monasteres, des especes d'ermitages , où quelques-uns des plus zelés se retiroient deux ou trois ensemble , pour y vivre dans une Moines plus grande folitude & dans une plus grande retraite , & où munautés. Entre toutes ces mazures, l'on remarque encore Le troisième Monastere appellé des Suriens éloigné d'Am- Ces Religieux Coptes sont en possession de la maison où No. tre Seigneur Jesus Christ avec la sainte Mere & saint Joseph demeurerent, lorsque suivant le conseil de l'Ange, il s'enfuirent de Bethléem en Egypte pour éviter la persecution d'Herode. Cette maison est à une bonne lieue du grand Caire dans un lieu appellé Matarée,& a été convertie en une chapelle, où il y a deux autels separés l'un de l'autre par un balustre. L'un de ces autels appartient aux Religieux de saint François , & l'autre aux Religieux Copres; & cette maison ou chapelle est au milieu d'une grande église où cinq ou fix Religieux Coptes font l'office & celebrent en langue arabe, qui elt le langan ge ordinaire de l’Egypte. Le pere Eugene Roger dans son voyage de la Terre-Sainte, dit:que ces Religieux lont les plus ignorans de tous les Orien, 9. taux : qu'on ne les entend jamais parler de religion : qu'ils Moines ne sçavent que lire & point écrire ; & que dans les Mona- COPTES, steres des deserts, ils sont aussi ignorans que des bêtes : qu'ils travaillent comme des esclaves & que leurs églises font fort sales & fort mal propres. Mais l'on aura peine à croire ce que dit ce pere : qu'il n'a vû dans quelques-unes de leurs égli. ses pour tout ornement, qu’un vieux morceau de satin noir sur l'autel , qui leur servoit de nape pour celebrer la Messe, & au lieu de buretres, une sale calebace qui tenoit plus de trois chopines ; & que dans un autre Monastere ils ne se servoient pour patene , que d’un vieux couvercle de marmite ébreche , & si enrouillé qu'on ne pouvoit juger de quelle matiere il étoit. Le pere Vansleb nous en donne cependant une autre idée, lorsque parlant de l’Heikel , qui est le lieu où ils celebrent, hinde l'église la messe , il dit : que celui qui y cracheroit, passeroit pour d'Alexan. y abominable, qu'il n'est pas permis à aucun d'y entrer , fans Part. 2.6. se laver les pieds auparavant, & qu'on n'y peut porter au. cune chose qui ne soit consacrée , même l’eslui-main , dont le prêtre se sert après la melle : ce qui marque le respect qu'ils portent au lieu où ils celebrent les divins mysteres, & qui doit être vrai - semblablement plus propremint orné que ne le dit le pere Eugene Roger. Il n'y a pas d'apparence, que le prêtre consacrât avec le saint Crême une calebace pour servir de burette , puisque rien ne peut servir à l'autel pour le sacrifice de la messe ; qu'il ne soit consacré & oint avec le Crême. Il y avoit autrefois un Monastere à Sedament, où les Religieux disoient tous les jours le pseautier, c'est-à-dire , à l'aube du jour vingt-neuf pseaumes , à tierce dix-huit, à sexte vingt-deux, à none dix-neuf, au coucher du soleil onze , avant que de se coucher dix-sept , & à matines trente-six, Il y a encore dans l’Egypte quelques autres petits Monaste. res où il y a peu deReligieux,& où ils vivent très-pauvrement. Tels sont les restes de cette multitude innombrable de Moines qui ont autrefois peuplé, non-seulement les deserts, inais encore les villes de l’Egypte ; & qui s'étoient si fort multipliés dans les autres provinces , qu'Anselme évêque cheri, Spid'Havelberg , qui avoit été apocrifaire de l'empereur Lo.cileg. Tim. thaire , qui vivoit dans l'onziéme siecle, assure avoir vû a Luc d'A. 13 pag. 114. > |