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du Monastere, on lui doit donner le dernier rang parmi tous Monis" les Religieux.

Quant à leurs jeûnes, ils leur sont communs avec les autres Chrestiens Coptes. Outre le Caresme de l'Eglise Universelle qui dure parmi eux cinquante cinq jours, pendant lequel ils ne boivent point de vin, ni eau de vie, & ne mangent aucune chose vivante qu'ait du sang, se contentant mesme de pain & de fel pendant la semaine fainte, ne prenant leur repas pendant ce tems-là qu'après que les étoiles paroissent; ils jeûnent encore tous les Mercredis & les Vendredis, excepté ceux qui se rencontrent entre Pâques & la Pentecofte, & ceux dans lesquels les Festes de Noel & de l'Epiphanie arrivent. Le Caresme des Apoftres, qu'ils observent, à ce qu'ils disent, à leur imitation à cause qu'ils ont jeûné quarante jours après la defcente du S. Esprit sur eux, n'est, selon le P. du Barat, que de treize jours pour les Laïques, & s'eftend pour les Ecclesiastiques depuis le premier Dimanche d'après la Pentecofte jusque jusques à la Feste des Apostres saint Pierre & faint Paul, mais selon le P. Vanfleb, il est plus ou moins long, selon que l'intervale entre Noel & le Caresme est plus grand ou plus petit. Ils appellent ce tems la Refáa ou Refection, & c'est pour eux une espece de Carnaval; car cet intervale & ce jeûne doivent faire enfem-ble quatre-vingt-un jours: c'est pourquoi fi le tems de Carnaval a esté court le jeûne des Apoftres est long, parce qu'il doit durer autant de jours qu'il en manque du carnaval pour faire le nombre de quatre-vingt-un jours; mais fi le tems de carna-val a esté long, le jeûne des Apostres est court, parce qu'il y a déja une grande partie de ces quatre-vingt un jours paffée: pendant tout ce tems ils jeûnent jusques à None, & mangent du poisson.

Celui de l'Afsomption de la sainte Vierge dure quinze jours, depuis le premier jour d'Aoust jusqu'à cette Feste, pendant lequel ils jeûnent aussi jusqu'à None & mangent du poiffon.. Celui de Noel est de vingt-trois jours pour les Laïques, & de quarante trois pour les Ecclefiaftiques, à l'imitation, à ce qu'ils pretendent, de la Sainte Vierge, qui jeûna depuis le septié-me mois de sa groffefse jusqu'à fon accouchement, à cause de la crainte qu'elle avoit de faint Jofeph. Ils avoient atitrefois celui de Ninive ou de Jonas, qui duroit trois jours,eri memoire des trois jours que ce Prephete demeura dans le ventre

Corrs.

COPFES.

MONES de la baleine, & ils ne mangeoient point qu'après None; mais selon le P. du Barat un Patriarche l'a incorporé dans le grand Carefme. Ils avoient aussi celui d'Heraclius, qui avoit efté inftitué à cause que cet Empereur, felon ce que disent aussi les Coptes, passant par la Galilée pour aller à Jerufalem, fut prié par le Patriarche & par les Chreftiens de faire passer les Juifs au fil de l'epée, à cause des cruautés qu'ils avoient exercées contr'eux, en se joignant avec les Perfans, & faccageant avec ces Infideles la ville Sainte: mais cet Empereur aïant scrupule de retracter sa parole qu'il avoit confirmée par ses Lettres Pa-tentes, les Chreftiens s'obligerent pour eux & leur pofterité de jeûner une semaine entiere pour lui jusqu'à la fin du monde. Cette semaine estoit celle qui precedoit le grand Caresme, pendant laquelle ils ne mangeoient ni œufs, ni fromage, ni poiffon, comme c'estoit alors la coûtume d'en manger, afin que Dieu pardonnast à cet Empereur l'infraction de sa parole; ce que ce Prince accepta, & fit massacrer tous les Juifs dela Palestine; mais ce jeûne a efté encore incorporé dans le grand Caresme, dont ils destinent la premiere semaine à cette fatisfaction.

Hift de l'E

Comme le Patriarche & les Evefques Coptes auffi-bien que les autres Prelats d'Orient, font monter avec eux fur le fiege Epifcopal la continence & les austerités de la vie Monaftique; nous parlerons aussi du Patriarche de cette Nation qui se dit successeur de faint Marc, le Vicaire de J. C. fon Apoftre, & le juge qu'il a establi sur la terre, avec le pouvoir de lier & d'abfoudre de toutes fortes de cas. Si on en veut croire le

P. Vansleb, cette dignité est toûjours accompagnée de tant de peines, qu'il n'y en a guéres qui l'acceptent de bon gré, & 1. chaps ceux qui soupçonnent qu'on les doit proposer, s'enfuïent dans

g'. dAlexand. part.

le Defert. Mais ceux qui doivent proceder à l'élection, fe font
donner un ordre du Bacha pour les Gouverneurs des lieux où
ces personnes demeurent, qui les font prendre par des Janif-
faires, leur font mettre les fers aux pieds & aux mains, & en
cette maniere les font conduire jusqu'au grand Caire, où
l'assemblée fe fait, & où ils font foigneusement gardés jusqu'a-
prés l'élection. Selon le mesme Auteur fi celui qui est
élu n'est pas Moine, ils le revêtent de cette qualité en lui dor-
nant l'Askim dont nous parlerons dans les Chapitres suivans,
car fans cela il ne pourroit pas eftre Patriarche. Alors, s'il n'est

que

۱

que Diacre, ils l'ordonnent Preftre, & enfuite Igumene, co
c'est-à-dire Archimandrite, ou Archiprestre, & lui donnent
le petit chaperon noir.

MOINES

Le P. Vansleb.qui sans doute s'est trouvé à l'Ordination de quelque Patriarche d'Alexandrie qu'il a veu conduire avec les fers aux pieds & aux mains, a peut estre cru que l'on en avoit usé de cette maniere pour s'assurer de la personne de ce Patriarche qui n'avoit pas voulu consentir à fon Ordination; mais c'est une Ceremonie qui se pratique dans l'Ordination de tous les Patriarches, comme il est marqué dans un Pontifical de la Bibliotheque de M. Seguier, dont parle M. l'Abbé Renaudot, qui fait remarquer que, comme il estoit arrivé que par hu- Perpetuité dela Foy. milité quelques-uns avoient pris la fuite, la coustume s'estoit in- Tom. 4. 1. troduite de mettre les fers au nouvel élu, mesme lorsqu'il ne 1. ch. 9. faifoit aucune resistance, afin que le peuple crust qu'il avoit fallule forcer à accepter cette dignités que cette coustume paffa en loi, & qu'elle a esté pratiquée par plusieurs Patriarches ; mais qu'il y en a qui y ont eu fi peu d'égard, qu'ils ont prisles ornemens Patriarchatux, mesme avant l'Ordination.

Comme le Clergé Copte est tout à fait ignorant, il n'est pas necessaire que celui qui est élu Patriarche, soit grand Theologien; il suffit qu'il scache lire & efcrire en Copte & en Arabe, qu'il sçache les ceremonies & la Difcipline de fon Eglife, & qu'avec la science de la sainte Escriture, il soit encore versé quelque peu dans l'Histoire Ecclesiastique. Quand il donne Audience il est toûjours affis à terre ses jambes pliées en croix sur une peau de mouton avec la laine, qui est estenduë fur un tapis. Sa vie est une abstinence continuelle; car il ne mange jamais de viande. On le fert sur une table de bois qui eft ronde de la hauteur d'un pied. Il boit très rarement de vin à cause qu'il est trop cher pour lui. Ses plats font de terre, ses cuilleres de bois, & il ne se sert ni de couteaux ni de napes. II porte toûjours sur sa chair une chemise de serge; & fur cette chemise une camisolledoublée de cotton, sur cette camisolleune espece de foutane, & fur cette foutane une veste noire avec de grandes manches, &pardessus cette veste, il a une espece d'habillement nommé en Arabe Bornus, qui est un manteau noir de ferge auquel eft attaché un grand chaperon, c'est proprement l'habillement des Mahometans de Barbarie. Il a sur sa teste un turban raïé, & audessus de ce turban une maniere d'écharpe qu'ils appel

:

s'il le

MOINES lent Bellin: elle est aussi raïée & fort belle, large d'un pied, COPTES. & longue de quatre aunes; & après avoir fait avec cette efcharpe quelques tours autour du cou, ou autrement, trouve plus commode, il rejette les deux bouts sur ses épaules les laislant batre en bas sur son dos. Il a aussi au dessus de fon bonnet une espece de Couronne faite d'un ruban de taffetas rougeâtre; mais d'une couleur changeante & large de quatre doigts. Le ruban est attaché premierement au dessus de fon bonnet d'un bout à l'autre en forme de croix, & fait le tour de fon turban en forme de cercle. Cette couronne & le Bellin font les marques ordinaires de fouveraineté Ecclefiaftique, pour diftinguer le Patriarche & les Evesques d'avec les simples Prestres. Il ceint ses reins d'une large ceinture de cuir & porte toûjours à la main tin bafton d'ébeine en forme de T, & n'a point de bas à ses jambes. Son baston Pastoral est une grande croix de fer. Il est très pauvre & ne vit presque d'aumosnes, fes revenus fixes peuvent monter à quatre cens cinquante écus monnoie de France, dont dix fept Eveschés qui dependent de lui, fournissent la moitié: ses autres revenus cafuels peuvent monter à la mesme somme. Pour ce qui est de l'élection des Superieurs des Monafteres, il n'est pas permis d'en élire un sans la permiffion du Chor-Evesque.

Voïez Le P. Vansleb, Hift. de l'Eglise d'Alexandrie, & Joann. Bapt. du Solier, tract. de Patriarch. Alexand.

L

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Des principaux Monafteres des Moines Coptes..

ES principaux Monafteres des Moines Coptes sont situés dans les Deferts. Celui de faint Antoine fur le Mont-Col-zum eft dans le Defert de Gebel, à une petite journée de la Mer-rouge. Le terrain qu'il occupe est de deux mille quatre cens arpens: fon enceinte eft faite de murailles fort hautes bafties de briques. Il n'y a point de porte pour y entrer,ony monte dans une machine tirée par des poullies. Il y a trois Eglifes, dont la principale est celle de faint Antoine, qui eft petite & fort ancienne: la feconde est dediée en l'honneur des Apoftres faint Pierre & faint Paul, & la troifiéme en l'honneur de

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