GATIONDE 1 FRANCE. ز ANCIENNE Vanité passée, travailla à se corriger lui-mêine,& à reformes & les manieres du fiécle. Il eut bien souhaité quitter Le credit qu'il avoit en France augmenta encore davantage, lorsque le Roi Loüis VII. étant prêt de partir pour la Croisade l'an 1147. le nomma pour Regene du Roïaume pendant son absence. Ce Prince avoit relola avec le Pape Eugene 111. de réformer l'Abbaïe de fainte Genevieve: mais n'en aïant pas eu le tems , l'execution en fut reservée à Suger , qui s'en acquita de la maniere que nous avons CONGREGA FRANCE. rapportée en parlant de cette Abbaïe. Le Roi étant de re- ANCIENNE . cour , cet Abbé fut chargé d'une nouvelle Commission par CIN BES: le Pape: c'étoit de mettre des Moines dans l'Eglise de saint DINIS EN Corneille de Compiegne, desservie alors par des Chanoines d'une vie peu reglée : ce qu'il executa , en y établissant une Communauté de Religieux tirés de saint Denis. Enfin après avoir rendu de grands services à l'Etat , qui lui firent donner le titre de Pere de la Patrie , & avoir gouverné son Abbare pendant vingt-neuf ans, il mourat l'an 1151. Il n'est pas le seul Abbé de saint Denis qui ait été Regent du Roïauine. L'Abbé Matthieu de Vendôme le fut aussi lorique saint Louis alla pour la seconde fois en Orient l'an 1269. Ce Prince étant mort dans ce voïage, son fils Philippe 111. qui l'avoit accompagné, non seulement continua la Regence à l'Abbé Matthieu ; mais le fit à son retour son Ministre d'Etat. Quoique Suger eût assez de credit pour obtenir du Pape Eugene III. d’user d'ornemens Pontificaux, cependant soit par modestie, ou pour quelqu'autre raison, il ne s'en servir pas : ce ne fut que l'Abbé Guillaume II. qui l'an 1176. obtint cet honneur du Pape Alexandre III. Du tems d'Eudes II. qui succeda immédiatement à Suger , l’Abbase de saint Denis acquit plusieurs Eglises & Prieurés , entr’autres, le Prieuré de Fornalos , qui lui fut donné l'an 1156. par le Roi d'Espagne Alfonse VII. & sous le Gouvernement d'Henri V. On lui soầmit encore le Prieuré de Grand-puis. Le Pere Felibien rapporte un Poüillé de cette Abbaïe, tiré d'un ancien Cartulaire de l'an 1411. où il y a dix-huit Prieurés , & environ quatre-vingt Cures à la nomination de l'Abbé, sans les Canonicats & les petits Benefices ; & il paroît par ce même Poüillé que dès ce tems-là cette Abbaïe avoit déja perdu plusieurs Monasteres de la dépendance ; comme ceux de Toussenyal, de Plaisir , celui de S. Michel, changé depuis en Abbaïe, & plusieurs autres , dont il est fait mention dans l'Histoire de saint Denis , quoiqu'ils ne se trouvent point dans ce Pouillé. Ces Monasteres qui étoient de sa dépendance , & dont les Prieurs étoient obligés de se trouver aux Chapitres Generaux qui se tenoient dans cette Abbaïe, n'étoient que trop lui faire donner le nom de Chef d'Ordre & de Congregation ; mais elle a suffisans pour GATION DE S DENISEN ANCIENNE merité ce titre avec plus de fondement par ce que nous abo CONGRE- lons dire. Dès l'an 1580. quelques Monasteres de Benedictins pour FRANCE. satisfaire au Decret du Concile de Trente,qui obligeoit les Monasteres immédiatement soûmis au saint Siege, de s'unir en Congregation , s'ils n'aimoient mieux se refoudre à la visite de l'Ordinaire, s'étant associés ensemble , sous le titre de Congregation des Exemts , les Religieux de saint Denis qui n'avoient point encore obéž sur ce point au Concile de Trente, & se voïoient pressés d'entrer en Congregation aimerent mieux, sans s'assujettir à une autre Congregation, à chercher eux-mêmes à en composer une, dont leur Monastere pût être le Chef, & faire en sorte par ce moïen de ne changer à leurs Usages ( quelque abusifs qu'ils fussent ) que ce qu'ils voudroient. La chose concluë, la Communauté députa plusieurs Religieux, pour aller solliciter divers Monaiteres de s’unir à celui de saint Denis, pour faire un même Corps de Congregation. Ils en trouverent jusqu'à neuf , qui furent ceux de laint Pierre de Corbie , de saint Magloire de Paris, de saint Pere de Chartres, de Bonneval, de Coulombs , de Josaphat , de Neauphle le Vieil, de fainc. Lomer de Blois, & de Monstierender. On'dressa des Statuts, qui n'étant la plûpart que des Regles ou Maximes affez generalement reçuës dans les Cloîtres, sans déroger aux Coùtumes de chaque Monastere, furent aisément admises par les Procureurs de toutes ces Abbaïes , assemblés à Paris le. 6. Mars 1607. au Prieuré de saint Lazare au fauxbourg de saint Denis , où se conclut le Traité d'Affociation. On en poursuivit ensuite les Lettres Patentes , & le Roi Henri IV. les accorda dans le même mois. Elles furent enregistrées & homologuées au Parlemene lo s: Septembre de la même année, nonobstant l'opposition de l'Abbé de saint Corneille de Compiegne, dont les Religieux demandoient d'être associés à la méme Congregation, à laquelle ils furent aussi aggregés. La Cour trouva leulement à propos d'avancer le tems des Chapitres Generaux ; & au lieu que les Statuts n'en mettoient que de six en six ans, elle determina qu'ils se tiendroient tous les quatre ans. Le premier Chapitre General avoit été indiqué à saint Denis le 28. Juillet : mais quelque incident survenu , obligea de le differer juf qu'au NE CON GREGA DE S.DINIS EN . qu'au 21. Odobre suivant ; comme il paroît par les Adtes ANCIÓN: Capitulaires de cette année-là. Nicolas Heffelin , qui étoit Prieur de saint Denis, fut élu General de la nouvelle Con-TION gregation. Le Pape Paul V. la confirma l'an 1614. sous le France. titre de Congregation de Saint Denis , & donna à tous les Monasteres , immédiatement soumis aư saint Siege,la liberté de s’y aflocier , dans l'esperance de rétablir par ce moïen la Discipline Monastique en France. L'année précedente le General Nicolas Heffelin étant mort. Denis de Rubentel fut élu en sa place. Il remplit aussi celle de Grand Prieur de cette Abbaïc, & mourut en 1620. aprés s'être demis quelque tems avant fa mort du Grand Prieuré, entre les mains de Firmin Pingré. Comme par sa mort la Congregation de saint Denis se vit sans Géneral , & que dans le même tems Claude Louver Prieur de Corbie qui en étoit Vicaire General vint à mourir , aulli bien que le Syndic nommé François Walt, Religieux & Chambrier de faint Magloire ; Firmin Pingré convoqua l'année suivante le Chapitre General dans l’Abbaïe de saint Corneille de Compiegne où l'on fit de nouveaux Officiers. Mais cette Congregation ne subsista pas long-tems. Le Monastere de saint Magloire qui étoit un de ses membres fut donné aux Peres de l'Oratoire l'an 1628. Elle en perdit encore d'autres dans la suite , & les Benedictins reformnés de la Congregation de saint Maur entrerene dans l’Abbaïe de saint Denis , chef de cette Compagnie l'an 1633. Ils eurent aussi dans la suite celle de saint Corneille de Compiegne, de Monstierender, de saint Pere de Chartres & quelques autres. Nous avous veu ci devant que dans le nombre des Abbés Reguliers , cette Abbaïe a pû compter des Regens du Roïaume, des Chanceliers & des Ministres d'Etat. Lorfqu'elle a été entre les mains des Laïques elle a eu des Rois mêmes pour Abbés,& avant qu'elle fut tombée en commende plusieurs de ces Abbés Reguliers ont été élevés à la dignité d'Evêque, d'Archevêque & de Cardinal. Le premier Abbé commendataire fut le Cardinal Louis de Bourbon l'an 1528. Le titre d'Abbé fut supprimé, & la Mense Abbariale unie à la Maison Roïale de saint Loüis à saint Cyr l'an 1691. comme nous avons dit, en parlant de cette Maison dans la troisiéme Partie de cet ouvrage. P Tome V, ANCIENNE CON TION DE . Ses Abbés, quoique Reguliers , avoient séance au ParleGREGA- ment de Paris , & avoient grand nombre d'Officiers Reli gieux & Laïques. Lorsque l'Abbé de saint Denis alloit en France. campagne, il étoit ordinairement accompagné d'un Cham bellan & d'un Maréchal , dont les Offices étoient érigés en Fiefs, comme il paroît par des Actes des années 1189. & 1231. Ces Offices & ces Fiefs ont été depuis réünis au Domaine de l’Abbaïe, aussi bien que l'Office de Boütillier de l'Abbé, qui étoit pareillement un Office érigé en Fief & possedé par un Seculier Domestique de ce même Abbé, qui avoit toute jurisdiction spirituelle & temporelle dans la ville de saint Denis , & plusieurs de nos Rois lui avoient attribué la connoissance & la punition de tous les criminels qui seroient pris dans le Château & la ville de faint Denis & dans toute l'étenduë de leur jurisdi&ion , soit qu'ils fufsent usuriers , faux monnoïeurs & mêine criminels de Leze Majesté. A certaines Fêtes de l'année on chante dans l'Eglise de cette Abbaïe, la Melle toute entiere en langue Grecque, & en d'autres seulement l'Epître & l'Evangile. Elle a aussi toûjours conservé jusqu'à present la Communion sous les deux especes à la Mesle Tolemnelle des Dimanches & des principales Fêtes de l'année, où les Religieux non encore Prêtres communient de cette forte , non par un privilege special , comme plusieurs se l’imaginent (selon que dit le Pere Felibien , ) mais par un usage non interrompu dans cette Eglise, aussi bien que dans celle de Cluni. Aprés toutes les pertes que cette Abbaïe à faites , il est étonnant qu'elle soit encore aujourd'hui la plus riche & la plus Morissante du Roïauine , tant par la beauté de son tréfor , qui est d'un prix inestimable, que par ses revenus , qui quoique tres grands , le seroient encore davantage sans les disgraces qu'elle a éprouvées en differens tems ; dont les principales ont été celle du pillage qu'elle souffrit en 1411. pendant la guerre civile , qui fut causée par les differens a се y eut au commencement du XV. siécle, entre les Ducs d'Orleans, & de Bourgogne : ce qui aïant donné occasion aux Anglois de retourner en France , dont ils avoient été chassés , elle fut encore pillée en 1419. par ces peuples fiers & barbares : ils s'en rendirenț maîtres de nouveau en 1455, qu'il |