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DANS L'E-
TAT VENI
TIEN.

Valmarana fa coufine fe voïant auffi veuve, acheta une CONGRE
Maifon joignant celle de Dianira Valmarana, où elle alla GATION DES
Dimeffes,
demeurer avec quelques femmes devotes ; & y pratiqua
tout ce que fa pieté lui infpiroit de plus parfait, jufqu'à ce
que le Pere Pagani eût dreffé par écrit des Reglemens com-
muns pour ces deux Maifons, qui furent approuvés par l'E-
vêque de Vicenze, & par le Cardinal Auguftin Valierio
Evêque de Verone & Vifiteur apoftolique dans le Diocêse
de Vicenze l'an 1584. Quelques autres Maifons du même
Inftitut aïant été fondées en d'autres lieux, Dianira Valma-
rana les gouverna en qualité de Superieure Générale pen-
dant vingt-quatre ans, jufqu'à ce que pleine de merites &
de vertus, Dieu la retira de ce monde pour lui faire part de
fa gloire, le 3. Février de l'an 1603. étant âgée de cinquante
trois ans. Elle fut enterrée à Vicenze dans l'Eglife de Nôtre-
Dame la Neuve, & mise dans la fepulture commune des.
Dimeffes.

L'on ne reçoit dans cette Congregation que des filles, &
des veuves libres de tous engagemens, qui ne foient point
obligées à la tutelle de leurs enfans, ou dont les enfans pou-
roient avoir befoin pour leurs établiffemens. Elles font éprou-
vées pendant trois ans avant que d'être reçues, & après leur
réception, elles ont encore deux autres années d'épreuve,
pendant lefquelles on peut les renvoïer. Il ne doit
pas y
avoir plus de huit ou neuf de ces Dimeffes dans une même
Maifon, non comprises les fervantes, & il doit y avoir tou-
jours deux Maifons voisines l'une de l'autre, afin que l'on
puiffe plus commodement avoir des vieilles pour accompa-
gner les jeunes lorfqu'elles fortent. Tous les ans ces deux
Maifons ou quatre au plus, élifent enfemble une Superieure,,
âgée au moins de trente ans, & qui doit en avoir paffé cinq.
dans la Congregation. Elles élifent auffi deux Ajutantes ou
Majeures pour chaque Maifon, qui doivent avoir demeuré
au moins trois ans dans la Congregation & qu'on appelle:
auffi Confultrices. Il leur eft défendu de laiffer entrer les
hommes dans leurs Maifons. Leurs obligations principales
font d'enfeigner le Catechifme aux perfonnes de leur fexe,
d'affifter aux Sermons & aux devotions particulieres des
Eglifes, de frequenter fouvent les Sacremens, de vifiter, &:
d'affifter corporellement les pauvres femmes dans les Hôpi-

PRETRYS

TOIRE DE

RY.

taux. Elles ne s'obligent par aucun vou envers la Congre DE L'ORA- gation, & elles en peuvent fortir quand bon leur femble, S. PHILIP même pour se marier. Comme elles font une profeffion parPES DE NE- ticuliere, d'humilité, elles ne fe donnent point les unes aux autres le titre de Signora ou Madame ; mais feulement celui de Madonna ou Dame. Leur habillement tel qu'on le peut voir dans la figure que nous avons fait graver, doit être de laine noire ou brune, à leur volonté. Celui des fervantes eft plus court, & elles portent un voile blanc, au lieu que les Dimeffes, lorfqu'elles fortent, ont une grande cappe ou mante de taffetas noir. Il y a des Maifons de cet Institut à Vicenze où il a pris naiffance, à Venife,à Padouë, à Udine & en d'autres lieux de l'Etat Venitien.

Philippes Bonanni, Catalog. Ord. Religiof. par. 2. pag. 106. & Memoires envoies de Venise en 1711.

CHAPITRE

I V.

De la Congrégation des Prêtres de l'Oratoire en Italie, avec la Vie de faint Philippe de Nery, fon Fondateur.

L

pour

A Congrégation des Prêtres de l'Oratoire en Italie fut fondée par faint Philippe de Neri. Il nâquit à Florence le 22. Juillet 1515. & eut pour pere François de Neri & pour mere Lucrece Soldi, qui prirent un grand foin de fon éducation. Ils n'eurent pas de peine à lui infinuer des fentimens de pieté ; il y étoit porté de lui même, & avoit eux tant de déference, & leur portoit un fi grand refpect, que dès l'âge de cinq ans on lui donna pour ce fujet le furnom de Bon. Il emploïa prefque tout fon bas âge à l'étude de la Grammaire, & à l'âge de dix huit ans fon pere l'envoïa dans la petite ville de faint Germain, qui eft au pied du Mont-Caffin dans la terre de Labour, chez un de fes oncles, nommé Romulle riche Marchand, dans l'efperance que n'aïant point d'enfans, il lui laifferoit fon bien, en quoi il ne fe trompa pas car Romulle eut tant d'affection pour fon neveu, qu'il le deftina pour fon heritier. Mais le defir que Philippe avoit de fervir Dieu & de fe confacrer entierement à son service, le rendant peu fenfible à de fibelles espe

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DE L'ORA

DE

PES DE NE

rances, ilabandonna la maison de fon oncle, renonça à fa PRETRES
fucceffion, qui montoit à plus de vingt mille écus d'or, &TOIRE
alla à Rome l'an 1533. pour y achever les études. Quand il S. PHILIP-
Y
fût arrivé, il s'adreffa d'abord à un noble Florentin, nom- RY.
mé Caccia, qui aïant connu fes bonnes qualités, voulut
qu'il logeât chez lui, & lui affigna pour fa fubfistance une
certaine quantité de bled par an, que Philippe donnoit à un
Boulanger qui lui en rendoit tous les jours un pain. Ce Flo-
rentin concevant de jour en jour plus d'eftime pour le faint
jeune homme, lui donna le soin de deux de fes enfans pour
les élever dans les bonnes mœurs & dans les fciences hu-
maines. Ils firent fous fa conduite beaucoup de progrès dans
la vertu & dans l'étude des belles lettres,& il en fit lui-même
de fi grands dans la Philofophie & la Theologie, qu'il y
eut peu de perfonnes confiderables dans Rome qui ne le vou-
luffent connoître,pour avoir le plaifir de jouir de fa conver-
fation,& tirer en même tems quelque profit de fa profonde
érudition. Quoique fa pudeur & fa modeftie le fiffent ref-
pecter de fes Compagnons, cela n'empêcha pas néanmoins
que certains libertins, ne tâchaffent de tems en tems de le
corrompre & de l'entraîner avec eux: mais prévenu des gra-
ces & des benedictions du Ciel, il éluda leurs pourfuites &
conferva toûjours fon cœur & fon corps dans une pureté in-

violable.

cours aux, qui aïant entrepris de vaincre

Après qu'il eut fini fes érades, quoiqu'il ne fut plus dans
les mêmes occafions, il en eut pas moins de combats à foû-
tenir pendant plufieurs années, contre l'infolence & l'éfron-
terie de quelques
fa fermeté n'oblierent rien pour y réüffir; mais aïant re-
cours aux larmes, aux jeunes & à la priere, il triompha
toûjours de la malice du Démon & de l'impudicité de ces
femmes dé bauchées. Il alloit fouvent aux Hôpitaux, vifi-
toit tous le es jours les fept Eglifes de Rome, & emploïoit une
la nuit à prier fur les tombeaux des Martyrs, qui
cimetiere de Califte. Son exemple lui attira dans la
à lui beaucoup de Compagnons, qui voulurent fe joindre
prati pour faire les mêmes stations. Cette devotion qui fe
trén quoit avec beaucoup d'ordre & de modeftie, édifia ex-
la ville, & ce fut un des moïens, dont notre Saint
feement
fervit avec le plus de fuccès
plus de fuccès, pour retirer beaucoup de

partie de
font au
fuite

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