Io CONGRE. MARBACI ET D'A , SECONDE PARTIE, CHAP. XV. 105 suscita un saint homme nommé Manegolde de Lutembach , GATION DE pour la faire revivre en ces quartiers. Ce fut environ l'an 1093. qu'il commença à prêcher publiquement contre le Schisine, roiinise. exhortant le Peuple à rentrer dans la bonne voïe & à le foumettre au Chef de l'Eglise. Quoique les discours , qui estoient animés d'un grand zele, fissent impression sur les cæurs des Schismatiques, une mortalité qui arriva dans ce tems-là,& qui enleva en peu de tems une infinité de monde, les toucha plus sensiblement, la pluspart changerent veritablement, ils accouroient en foule pour recevoir l'absolution de l’excommunication , & Manegolde suivant le pouvoir qu'il en avoit reçu d'Urbain II. la leur donnoit & leur enjoignoit une penitence: ainsi on vit en peu de tems de grands changemens,& presque toute la Province se soumit à l'obeïllance du Pape. Comme le Clergé estoit tombé dans un grand relachement pendant le Schisme, il se trouva plusieurs Prestres qui après leur converfion se retirerent dans les bois & les solitudes, tant pour y mener une vie penitente & retirée , que pour ne point communiquer avec ceux qui persistoient d'obeïr å l’Empereur: à voulut vivre en commun suivant l'exemple des Apostres & des Q GATION DE IT.D'A- 1 ز CONGRE- ctor à Paris & de quelques autres qui sont desunies & dont il ne pendent quelques Prieurés qui ne sont que de simples Cures. la ceinture, s'attachant Quant à Manegolde de Luttembach après avoir fondé cette Congregation , il ne discontinua pas ses predications pour ramener les Schismatiques au sein de l'Eglile : ce qui lui atcira beaucoup de persecution , principalement de la part de l'Empereur qui le fit mettre en prison l’an 1098. c'elt tout ce que nous sçavons de la vie de ce faint homme qui au rapport d’Y- , ves de Chartres pasfoit pour un des plus içavans hommes du onziéme fiécle, Vojez Francisc. Guilliman. Hift. de Epifcopis Argentinentibus in vita Othonis.Epifcap.43. Yv.Carnot,Epift.40. apud. Du Chesne Veter. Hift. Franc.Tom. 4. pag. 89. Disquisit. de ord. Canonicor. Regul.pag.363.6.366.Penot , Hift.tripari Canonic. Regul. lib.2. cap. 66. Tambur. de Jur. abb. disp.24. queft.4. art. 9. Si la Congregation de Marbacheut pour Fondateur un homme zelé pour la gloire du faint Siege & qui s'oppofa fortement au Schisme causé par l'Empereur Henry IV.la Congregation d'Aroüaise eut aussi pour un de ses Fondateurs un saint homine qui ne fut pas animé d'un moindrezele,&quiaïantesté élevé au Cardinalat par le Pape Paschal II. & fait Evesque de Palestrine , fut emploïé par ce Pontife en plusieurs Legations pour soutenir l'interest de l'Eglise contre le mesme EmpeAroüaise fitué proche Bapaume en Artois , estoit un lieu qui fervoit de retraite aux voleurs ; mais environ l'an 1090. il fut sanctifié par la demeure de trois saints Ermites , fçavoir Heldemar de Tournay, Conon ou Conrad qui fut depuis Cardi reur. GATION DE ROULAISE. nal, & Roger d'Arras , qui bastirent en ce lieu une Cellule ou CongarOratoire qu'ils dedierent en l'honneur de la sainte Trinité &de MARBACH saint Nicolas. Lambert Evesque d'Arras confirma cet établif-DAsement par ses Lettres du 21. Octobre 1097. adressées à Conon. C'est ce qui fait que plusieurs ne mettent le commencement de cette Congregation qu'en cette année; mais il paroist par ces melines Lettres qu'Heldemar estoit déja mort,& il est marqué comme premier Prevost establi par Conon en 1990. dans fe catalogue des Abbés de cette Abbaïe donnépar MM.de Ste. Marthe, qui ont aussi rapporté fon Epicaphe, où il est qualifié de Fondateur de certe Abbaïe, qui fut gouvernée par des Prevosts jusqu'au rems de faint Bernard , que Gervais qui estoit le troiliéme Prevoft, & qui avoit succedé en 1124. á Richer, prir la à qualité d'Abbé, qui a esté ausli donnée à fes successeurs. Ce Gervais est qualifié Instituteur de la Congregation, peut-estre à cause que fous fon gouvernement certe Abbaïe devint Chef de vingt-huit Monasteres ; mais il y a long-tenis qu'elle ne subsiste plus, & le dernier Chapitre General Te tint lan 1470. Les Monasteres de Hennein Leïtard à trois lieuës de Douay, de saint Nicolas à Tournay, de Choques & de Mareles en Artois, en dependoient aussi-bien que ceux de Werneston, Zunebeck & Sørendal en Flandres , de faint Jean à Valenciennes, de faint Crepin & de faint Leger à Soissons. Elle avoit aussi quatre Prieurés en Irlande, deux à Dublin, unà Rathoy dans le Comté de Keri, & à Rathkele dans le Comté de Limerik , & quelques autres en Angleterre. Ils estoient habillés de blanc, & au rapport du Cardinal de Vitry ils estoient austeres , ne mangeoient point de viande, ne portoient point de linge & gardoient un étroit silence. Vorez Sammarth. Gall. Christian. Tom. 4. pag. 95. Penot , Hift. tripart Canonic. Regul. lib. 2. cap. 62. Lemire , Origine & instifuiion de diverses Congreg: sous la Regle de faint Auguft . Tambur, de jure abb. Tom. 2. dispu. 24. quaft.4. art.7. Cardinalis de Vitriaco, Hift. Occident. cap. 23. RELIGILUX CHAPITRE X VI. Des Religieux de l'Ordre de Saint Antoine de Viennois. E fut l'an 1093. sous le pontificat d'Urbain II. que cet pour le soulagement des malades. attligés d'une certaine maladie dont on n'a jamais pu donner la definition, & que le vulgaire a toujours appellée feu sacré ou feu de saint Antoine, & dans un Acte de l'an 1254. concer nant l'hôpital qui estoit autrefois dans l'Eglise de saint AnDe Ruffy, coine à Marseille, cette maladie est appellée feu d'enfer : eorum Hift. de Marseille qui igne infernali laborare, dicuntur. Ce fut principalement zom. 2. liv. dans le onziéme &le douziéme fiécle qu'elle eut plus de cours. 10. Clap. 3: Elle causoit entierement la perte du membre qui en estoit attaqué, qui devenoit noir & sec comme s'il avoit esté brûlé, & l'on voit encore aujourd'hui de ces fortes de meinbres desechés dans l'hôpital du bourg de saint Antoine en Dauphiné où est l'Abbaïe Chef de tout l'Ordre : quelquefois aussi elle se formoit en putrefaction qui faisoit tomber la partie offensée. Il y avoit pour lors dans le Dauphiné un Gentilhomme nommé Gaston,aussi illustre par sa naillance que par les grands biens qu'il possedoit. Il n'avoit qu'un fils nommé Girinde oul. Guerin qui tomba dangereusement malade. Il emploïa pour sa guérison tous les remedes humains ; & aïant esté inutiles il voulut se servir de remedes spirituels ; il eut pour ce sujet recours à faint Antoine dont il avoit lui mesme éprouvé le secours dans une maladie qu'il avoit eu. Il courut au bourg de saint Antoine qui s'appelloit pour lors faint Didier-la-Mothe, où l'on conservoit dans une Chapelle dediée à la sainte Vierge les sacrées Reliques de ce Saint: il le pria humblement de vouloir bien obtenir de Dieu la santé pour son fils ,.& lui promic que s'il recevoir cette grace,ils se consacreroient tous les deux avec leurs biens au soulagement des pauvres malades attaqués de ce feu facré, & logeroient les pelerins qui venoient déja de toutes parts pour implorer l'intercession de celui dont le nom seul , comme dit saint Athanase , faisoit trembler & fuir les Demons, & que Dieu avoit donné à l’Egypte comme un fouverain Medecin. ز |