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SES DE L'AS

appella ce nouveau Monaftere la petite Affomption, & l'on y RELIGIEUgardoit les mêmes Obfervances que dans celui de la rue faini SOMPTION Honoré mais comme il ne fe trouva point de fonds fuffifans DE NOTREpour l'entretien des Religieuses, ce Monaftere a été fupprimé.

Du Breüil & Malingre, Antiquitez de Paris,& les Conftitutions manufcrites de cet Ordre.

Il y a auffi à Recanati en Italie proche Laurette des Religieufes, fous le titre de l'Affomption de la fainte Vierge, dont le Monaftere fut fondé l'an 1626. par le Cardinal Jules Roma Evêque de cette ville. Ce qui donna lieu à cet établissement fut qu'une femme de la ville nommée Barbe Martille, ordon na par fon teftament de l'an 1595. que fi fon fils mouroit fans enfans, l'on fonderoit dans fa propre maison un Monastere de Veuves qui y feroient entretenues des revenus des biens qu'elle laiffa pour cet effet; mais le fils étant mort fans enfans, & aïant laiffé beaucoup de dettes,le Cardinal Roma voïant que l'on ne pouvoit executer entierement la fondation, fe détermina à mettre dans cette Maifon quelques pauvres filles orphelines, dont fix prirent l'habit Religieux; d'autres filles y étant auffi entrées dans la fuite, & y aïant porté des dots, on y établit la clôture l'an 1632. & l'an 1634. on leur donna des Conftitutions particulieres qui furent dreffées par le Pere Oratio Patiani de la Compagnie de Jefus, & approuvées par le Cardinal Roma. Comme leur Eglife fut dédiée en l'honneur de l'Affomption de Nôtre-Dame, elles en prirent auffi le nom. Elles difent tous les jours au Choeur l'Office de la Vierge, obfervent une exacte pauvreté, & ont leurs heures d'oraifon, defilence,de travail, & autres exercices. Leur habillement consiste en une robe bleue ceinte d'une ceinture de laine blanche, avec un fcapulaire blanc ; leur voile eft blanc auffi, & leur guimpe un peu pliffée fous la gorge; au Chœur & dans les ceremonies elles ont un manteau bleu traînant jufqu'à terre.

Philip. Bonanni. Catalog. ord. Relig. part. 3. & Didace Calca gni. Hift. di Recanati.

DAME

ORDRE DES
FF. PRE-
CHEURS.

CHAPITRE

XXIV.

De l'Ordre des FF. Précheurs ou Dominicains appellés en
France, Jacobins, avec la vie de faint Dominique lur

Fondateur.

Uillaume de Puys Laurens dans fon Hiftoire des Albigeois, parlant de l'Ordre des FF. Precheurs fondé par fame Dominique, dit que l'établiffement de cet Ordre eft une . Cor. 11.9. preuve manifefte de ce qu'a dit l'Apôtre faint Paul, qu'il falloit qu'il y eût des herefies: en effet, s'écrie un Auteur moderne, dans une Histoire qu'il nous a donnée auffi de ces mêmes Albigeois, que de Saints, que de Martyrs, que de Do&teurs, que de lumieres de l'Ordre de faint Dominique qui n'auroient peut-être jamais éclairé l'Eglife fans les erreurs de ces heretiques! Saint Dominique nâquit l'an 1170. à Calaruega ou Calaroge, bourg du Diocese d'Osma dans la vieille Caftille. Son pere fe nommoit Felix Guzman de l'ancienne & noble famille des Guzmans qui tient encore un rang considerable en Espagne, & fa mere Jeanne d'Aza, laquelle étant groffe de faint Dominique, eut un fonge misterieux, où elle s'imagina mettre au monde un petit chien, qui d'un flambleau allumé qu'il tenoit à fa gueule éclairoit tout le monde; prefage évident de ce qui eft arrivé dans la fuite, lors que par l'ardeur de fon zele & le feu de fa charité, il a éclairé un nombre infini d'Hetetiques qu'il a tirés des tenebres de l'erreur pour leur faire connoître les lumieres de la verité.

On lui donna au Batême le nom de Dominique, à caufe de la devotion que fa mere portoit à faint Dominique de Silos qui lui apparut, un jour qu'elle prioit à fon tombeau dans un Monaftere proche de Calaroge, & lui predit ce que Dieu devoit faire par le mɔïen de fon fils. Ce fut ce motif qui porta ses à chercher de bonne heure les moïens les plus propres pour lui procurer une education qui le rendît digne de devenir le Miniftre des deffeins de Dieu. Dominique repondit aux intentions & aux foins de fes parens. A peine commença-t-il à parler, qu'il demandoit d'aller dans les Eglifes pour y prier Dieu, & qu'il fe levoit fecretement la nuit pour donner à cette

parens

Ancien habillement des Religieux de l'ordre des Dominique, depuis leur etablissement jusques en l'an 1219

Poilly

CHEURS

fainte occupation le tems qu'il ôtoit à fon repos. A l'âge de fix ORDRE DES ans on le mit fous la conduite d'un de fes oncles Archiprêtre FF PREde l'Eglife de Gumyel d'Y ffan pour y apprendre les lettres humaines. Le tems qui lui reftoit de fes études n'étoit point emploïé à des amusemens inutiles, l'affiftance aux divins Offices, le chant de l'Eglife, les exercices de devotion, la decoration des Autels fatisfaifoient fa pieté, & lui tenoient lieu de divertiffement.

Aïant paffé sept années dans l'étude des lettres humaines, & dans ces fortes d'occupations, on le retira de la maison de fon oncle pour l'envoïer à Palencia, ville epifcopale du Roïau. me de Leon, où il y avoit pour lors Univerfité, qui fat transferée dans la fuite l'an 1217. par le Roi Ferdinand III. dans la ville de Salamanque. Il y emploïa fix ans à l'étude de la Fhilofophie & de la Theologie, joignant toûjours à l'étude l'Oraifon & la Priere. Il jeûnoit dès-lors tres frequemment, dormoit peu, & ne fe repofoit fouvent que fur le plancher de fa chambre. Il faifoit paroître un amour tout particulier pour la retraite. Il ne fortoit que pour aller aux Eglifes & aux écoles publiques. Il étoit le pere des Orphelins, le protecteur des veuves, le refuge des pauvres, pour le foulagement defquels,dans une cruelle famine qui defola toute l'Espagne, il vendit tous fes livres & fes meubles; & même dans une autre rencontre il se voulut vendre lui même, s'étant offert pour être la rançon d'un jeune homme qui avoit été pris par les Maures.

Sa charité ne se borna pas à foulager fon prochain dans les neceffités du corps, il voulut lui procurer des biens fpirituels, & le zele qu'il avoit pour le falut de fes freres, lui fit entreprendre de rudes penitences pour la converfion de ceux qui étoient endurcis dans leur peché. Toûjours prêt à donner fa vie pour empêcher que Dieu ne fut offensé; il fentoit au dedans de lui-même une fi forte douleur des pechés d'autrui, qu'il les pleuroit amerement, comme s'ils avoient été les fiens propres. Ce fut ce zele du falut du prochain qui le fit refoudre à travailler à la converfion des pecheurs par fes difcours, il commença pour lors à faire paroître les grands talens que Dieu lui avoit donnés. Il les emploïa avec tant de fuccès que les premiers fruits qu'il en retira, furent la converfion d'un Seigneur nommé Conrard qui avoit été compagnon de fes étu

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