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SES DE

PARIS.

qui vivoient avec elle, elle prit la refolution, après avoir paffé RELIGIEU par quelques Offices de la Maifon, de compofer elle-même un L'HOTELefpece de Noviciat, & de mettre enfemble les Filles qu'on vou- DIEU DE droit lui donner pour les inftruire, qu'elle gouverna dès lors, & encore depuis, aïant été deux fois maîtreffe des Novices. Son application étoit de faire prendre à fes Novices de bonnes refolutions, pour bien pancer & fervir les pauvres. Elle ne pouvoit fouffrir qu'une Soeur dit, je fuis laffe, alleguant aux Sœurs que le travail qu'elles faifoient pour les pauvres & l'affiftance qu'elles leur donnoient, étoient toute leur aufterité ; & qu'au contraire elles devoient être bien joïeufes le foir, de s'être laffée pendant le jour pour Dieu : ainfi elle appelloit un jour bien rempli, un jour où l'on avoit bien travaillé.

La pefte étant furvenue à Paris, elle fut tirée de fon Office de Maîtrefle des Novices pour aller à l'Hôpital de faint Louis, où elle pança les peftiferés avec une telle charité,qu'on l'a quelquefois trouvée baifant leurs plaies. Elle procura qu'il y eût un Autel dans les fales des malades de cet Hôpital, elle procura auffi un reservoir d'eau, & une étuve pour fecher les linges. La pefte étant finie, & étant de retour à l'Hôtel-Dieu, elle fut mife à l'Apothicairerie, où elle commença de faire faire les compofitions qui ne s'y faifoient point auparavant. Elle eut foin enfuite des femmes en couches, & quelque tems après elle fut éluë Prieure. Elle refufa cette charge avec beaucoup d'instance, & ne l'accepta que par obéiffance, y aïant été contrainte par fes Superieurs. Elle l'exerça pendant neuf ans, aïant un foin tout particulier des malades, & faifant auprès d'eux les actions les plus viles & les plus baffes. Ce fut elle qui procura les tours de lits qui font prefentement au Noviciat, & en la fale du Legat, où auparavant il n'y avoit que des couchettes à bas pilliers. Elle fit donner des fandales de bois aux malades, qui auparavant étoient contraints de fe lever & de marcher nuds pieds, & elle prepofa une Socur pour en avoir foin, ce qui s'obferve encore à prefent. Elle fit établir par les Superieurs la renovation des voeux en commun. Elle abolit les plif fures des robes, & ce qui pouvoit reffentir la vanité, elle prenoit pour elle les plus usées & les plus méchantes. Elle établit la Communauté du Noviciat, & le vivre en commun des do meftiques. Ce fut auffi à fa follicitation que les Religieufes quit

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L'HÔTELDIEU DE

RELIGIEU Saint. Elle fit elle-même, ou fit faire par les Superieurs, plufieurs autres Reglemens, tant pour les Religieufes, que pour les malades, qui la peuvent faire regarder avec juftice comme Reformatrice de cette Maison. Enfin elle mourut fubitement la veille de faint Jean, de l'an 1665. allant à l'Oraison avec la Communauté, étant âgée de foixante & quatorze ans.

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Outre l'Hôtel-Dieu, les Religieufes ont encore foin des malades qui font à l'Hôpital de S. Louis fondé par le Roi Henri IV.pour ceux qui font attaqués de la pefte. Cet Hôpital eft tresbeau; il eft composé de quatre grands pavillons aux quatre coins, avec autant de portes pour y entrer. Ces pavillons font accompagnés d'offices : & dans leur feparation il y a quatre fales, & d'autres lieux pour la commodité des malades. Dans la feconde cour est une fontaine avec un grand baffin de pierre; d'où l'eau coule dans la cour de derriere, & va fe rendre dans deux lavoirs faits de pierres fort larges pour y laver la leffive. Du côté de la ville font les offices, les cuisines, les appartemens des Officiers de la Maison, & les logemens des Religieufes. Du côté du Septentrion, hors de l'Hôpital eft un Cimetiere fermé de murailles, où l'on enterre les corps de ceux qui y meurent. La premiere pierre fut posée à l'Eglife le 13. Juillet 1607. & l'édifice fut continué jufques en l'an 1610. on envoie aujourd'hui les convalefcens de l'Hôtel-Dieu dans cet Hôpital, pour y prendre l'air pendant quelque tems, ou bien ceux qui font attaqués du fcorbut, lors qu'il y en a un grand nombre. Pour ce qui eft des bâtimens de l'Hôtel-Dieu, ils font tres-fpacieux, on les a étendus fur la riviere de Seine fur une voute fort longue, fous laquelle coule l'eau, il y a auffi d'autres fales de l'autre côté de l'eau, aufquelles on va par un pont de pierre, en forte que l'un des bras de la riviere paffe au milieu de cet Hôpital.

Le temporel eft gouverné par des Administrateurs, & les depenses se montent tous les ans à plus de fix cens mille livres. Les Religieufes Profeffes font au nombre de cent, & il y a ordinairement près de cinquante Novices. Outre les Religieufes il y a encore des filles & des femmes au nombre de cinquante ou foixante, qui fe donnent à l'Hôpital pour fervir les malades, outre un grand nombre de Servantes, & plus de cent ferviteurs. L'habillement des Religieufes confifte en une robe noire, fur laquelle elles mettent, lors quelles fervent les mala

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L'HOTEL

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des, un farro de toile blanche, fait en forme d'aube defcen- RELIGIEU dant jufqu'aux talons: dans les ceremonies, & lors qu'elles vont en Proceffion à certains jours dans les fales, elles n'ont DIEU DE que des robes noires avec un grand manteau: leur guimpe est quarrée & fort grande, defcendant jufques fur l'eftomac, & leur voile eft fort ample, étant foûtenu par un carton. Les Sœurs Données font habillées de gris, avec un mouchoir en pointe fur le cou, auffi bien que les Servantes ; & les Données ne font diftinguées que par une coëffe noire. Les Religieufes de l'Hôtel-Dieu ont fait d'autres établissemens en France comme à Moulins en Bourbonnois, & en d'autres lieux. L'on voit fouvent dans l'Hôtel-Dieu de Paris des Princeffes & des perfonnes de qualité exercer leur charité envers les malades, en s'abaiffant jusqu'aux emplois les plus vils ; & ce fut dans ce même Hôpital que la Baronne d'Allemagne, Marthe d'Oraifon, fille du Marquis d'Oraifon, des plus illuftres Maifons de Provence, mourut l'an 1627. s'étant donnée au fervice des malades. Voici la formule des vœux de ces Religieuses.

Je Sœur N.vonë & promets à Dieu, à la Benoiste Vierge Marie, au glorieux faint Jean-Baptiste, à nôtre Bienheureux Fere faint Auguftin nos Patrons, & generalement à tous les Saints & Saintes de Paradis,& à vous mes tres Reverends Peres,pauvreté, chafteté, obedience, & fervir aux pauvres malades tous les jours. de ma vie en l'Hôtel-Dieu de Paris ou ailleurs, fi par vous il m'eft enjoint, gardant la Regle de faint Augustin, accommodée à nôtre faint état par les Statuts & Conftitutions faites de l'autorité de Vous Mieurs les Reverends Doien & Chapitre de l'Eglife de Paris, Superieurs de cette Maison. Temoin mon feing manuel, &c.

Comme il n'y a point de bornes à la charité qu'on exerce dans cet Hôpital, toutes fortes de perfonnes y étant reçuës fans diftinction d'âge, de fexe, de nation & de Religion ; & que le nombre des malades qui s'eft monté quelquefois jufques à plusd e fix mille, obligeoit de tems en tems de les mettre jufqu'à fix ou huit dans un même lit ; c'eft ce qui a porté les Administrateurs à augmenter les bâtimens, aufquels on travaille prefentement. Les Bourgeois de Paris & plufieurs perfonnes de confideration y ont contribué par leurs aumônes, y aiant été excités, tant par leur pieté & leur compaffion envers les pauvres, que par un Mandement que Monfeigneur le Cardinal

RELIGIER Louis Antoine de Noailles Archevêque de Paris, a donné à cet effet le 20. Mars de la prefente année 1715.

SES HAIL

DRIETTES OU DE L'AS.

SOMPTION

Gerard du Bois, Hift. Ecclef. Parif. Tom. 2. lib. 16. cap. 7. DE NOTRE- du Breuil & Malingre, Antiquitez de Paris, & avis aux Religieufes de l'Hôtel-Dieu.

DAME,

CHAPITRE XXIII.

Des Religieufes Haudriettes, prefentement appellées les Filles de l'Affomption de Notre Dame.

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y a eu à Paris des Religieufes Hofpitalieres fous le nom d'Haudriettes qui furent fondées du tems du Roi S. Louis par Etienne Haudry, l'un des Secretaires de ce Prince. Il le fuivic dans la Terre Sainte; & à fon retour en France, il eut la devotion de faire encore le voïage de faint Jacques en Galice. Sa femme qui fe nommoit Jeanne la Dalone, aïant été un tems confiderable fans recevoir de fes nouvelles, fe confacra au fervice de Dieu, s'enfermant dans une Maifon qui lui appartenoit dans la ruë de la Mortellerie, avec quelques autres femmes, & elle y vêcut dans les exercices de pieté, d'oraison & de mortification. Elles ne laiffoient entrer perfonne dans cette maison qui étoit bâtie en forme de Monaftere, & elles n'en fortoient que les Dimanches & les Fêtes, pour aller entendre la parole de Dieu, & affifter aux Offices Divins.

Aïant ainfi paffé quelque tems dans cette Maifon, Etienne Haudry étant de retour, voulut reprendre fa femme ; mais il y trouva de la difficulté de fa part, fur ce qu'elle avoit fait vou de chafteté, ce qui obligea Haudry d'aller à Rome pour en obtenir dispense du Pape quila lui accorda,à condition qu'en reprenant fa femme, il laifferoit un fonds à cette maison pour entretenir & nourrir douze pauvres femmes, à quoi il fatisfits. & depuis ce tems-là, on appella ces femmes, Haudriettes, du nom de leur Fondateur.

Leur nombre s'augmenta dans la fuite; car les anciens Statuts de ces Religieufes qui furent confirmés par le Cardinal de Pife Legat du Pape Jean XXIII. l'an 1414. font adreffés, Aux bonnes femmes veuves étant au nombre de trente deux, de La Maison-Dieu ou Hôpital, & Chapelle fondée par feu Etienne

T. III. p. 194.

Religieuse de l'ordre de l'assomption de N.Dame,

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