avoir pas assez avancé de faussetés, il a attaqué les Jesuites en particulier, en composant l'Histoire de leur Societé; & l'on peut juger par le titre injurieux de ce Livre aussi imprimé à Zurich en 1619. quel estoit l'esprit de l'Auteur, & ce que l'on doit penser de sa bonne foi & de sa sincerité. Il s'est neanmoins trouvé des Protestans qui ont favorablement parlé des Ordres Religieux. L'on ne peut ajoûter aux loiianges que le Chevalier hevalier Ma Marsham a données à l'Ordre Monastique, dans la Preface qui eft à la teste de l'Histoire des Monasteres d'Angleterre, composée par Dodwold & Dugdalle, où il traite d'extravagans & de gens sans jugement, ceux qui disent que les Ordres Religieux sont sortis du Puits de l'abisme, qui est le langage ordinaire de plusieurs Heretiques. Il n'attribuë cette invective qu'à la paffion dont ces fortes de personnes sont preoccupées ; & quoiqu'il y ait des Ordres qui s'attribuent une origine chimerique, cependant il les excuse, & leur pardonne, dit-il, volontiers cette faute, en confiderant qu'il y a eu des peuples illustres qui cherchant l'origine de certaines choses obfcures, l'ont fait descendre de leurs Dieux. A l'imitation de Dodwold & de Dugdalle, à qui nous sommes redevables de l'Histoire Monastique d'Angleterre, à laquelle neanmoins le Chevalier Marsham avoit eu beaucoup de part, d'autres sçavans Protestans nous ont donné depuis quelques anneés des Annales & des Chroniques fideles de plusieurs Monasteres d'Allemagne, que l'herefie a enlevés aux Religieux qui les possedoient; & nous avons obligation en particulier au sçavant Monfieur de Leibnitz de nous avoir donné plusieurs Recuëils de differents titres, & de dif ferens Historiens où l'on trouve beaucoup de chofes favorables à l'Estat Monastique. Nous lui fommes mefme redevables par ce moïen de la connoissance de quelques Ordres Ecclesiastiques & Militaires qui estoient inconnus. P C'estoit ces Auteurs que Schoonebeck devoit consulter plustost qu'un Hospinianus & d'autres auffi peu fideles, lorsqu'il a travaillé à son Histoire abregée des Ordres Religieux, imprimée à Amsterdam l'an 1688. avec des figures, où il a voulu representer les differens habillemens de ces Ordres ; qui a esté augmentée de plus de quatre - vingt figures dans une seconde Edition en 1700. Il n'y auroit pas fait tant de fautes, & ces figures representeroient mieux les habillemens des Religieux, qui la pluspart sont si peu reconnoissables par ceux qu'il leur a donnés, que sans le nom qu'il a mis au bas, on n'auroit pû deviner de quel Ordre il auroit voulu parler, si l'on en excepte neanmoins quelques Chanoines Reguliers qu'il a gravés sur les figures que le Pere du Moulinet, Chanoine Regulier de la Congregation de France, donna en 1666. dont Schoonebeck avoit omis la plus grande partie dans sa premiere Edition, & qu'il a ajoûtées dans la der niere. Il est vrai que dans quelques-uns des autres habillemens, il a suivi Odoart Fialetti Bolonois, qui en 1658. grava les habillemens des Ordres Religieux, affés conformes à la description qu'en avoit faite SilvestreMaurolic, qui parle aussi de plusieurs Ordres qui sont supprimés, & dont Schoonebeck fait mention comme s'ils subsistoient encore; mais depuis un fiecle que Mau rolic a écrit, il s'y est fait plusieurs changemens; il y en a a qui ont esté suprimés, & de nouveaux qui ont esté établis auffi-bien quede nouvelles Reformes, qui ont formé de nouvelles Congregations diftinguées de leur tige, par la diversité de leurs habits & de leur maniere de vivre. C'est à ces corrections que Schoonebeck devoit s'appliquer dans la derniere Edition de son Histoire, au lieu d'y ajoûter des Ordres qui n'ont jamais esté, & & dont il a copié les habillemens sur les figures qu'en a données Abraham Bruin en 1577. avec des Commentaires d'Adrien Damman; lequel Bruin a esté aussi copié par Michel Colin en 1581. & par Josse Ammanus en 1585. dont les figures sont aussi accompagnées d'un discours en vers & en prose de François Modius, sur l'origine de ces Ordres. Quoique cet Ammanus se van te, que jusqu'alors il n'avoit paru aucun recuëil d'habillemens des differens Ordres de Religieux, comme il le dit dans le titre de son Livre: A Judoco Ammano expreffi; neque unquam antehac fimiliter editi; il est neanmoins certain qu'Abraham Bruin avoit donné ses figures en 1577. & que celles de Michel Colin avoient esté gravées en 1581. Qui voudra confronter les figures de ces graveurs avec celles d'Ammanus trouvera que ce sont pref. queles mesines, n'y aïant que les attitudes de changées; & s'il y a de la difference, c'est que celles de Bruin & de Colin font en cuivre, & celles d'Ammanus en bois. Schoonebeck n'avoit pas eu apparemment connoiffance de ces Auteurs, lorsqu'il donna la premiere Edition de son Histoire; car il n'y avoit pas parlé de ces Ordres supposés, qu'il a ajoûtés dans la seconde, tels que font ceux des freres du Purgatoire de faint Joseph, de fainte Sophie, de fainte Helene, de saint Jean de la Cité, des Porte-Clefs, des Forciferes où PorteCiseaux, des Gladiateurs, ou Porte-Epées & de quel ques autres. Quant à ces Porte-Epées que ces Auteurs qualifient de Cœnobites, ils les ont confondus avec les Chevaliers de Livonie qui avoient aussi le mesmenom, & qui portoient pour marque de leur Ordre, deux Epées rouges, en forme de Croix de faint André sur leurs habits. Les Religieux du Monastere de Biclaro, dans les Pyrenées, dont ils parlent aussi, ont pû eftre appellés dans le fixiéme siècle, Girondins, peut-estre à cause que Jean furnommé de Biclaro leur Fondateur, fut élu Evefque de Gironde, ou, comme on l'appelle presentement, Gironne, & qu'il leur écrivit une Regle, comme ditS.Ifidore de Seville. C'est la raifon pour laquelle nous nevoulons pas leur disputer cet Ordre, dont il ne reste plus que la memoire & qui avoit mefme esté confondu avec celui de saint Benoist avant la destruction duMonastere de Biclaro, dont il ne reste plus que les rui nes. L'on s'estonnera peut-estre que je cite Schoonebeck, comme Auteur de cette Histoire des Ordres Religieux, dont il y a eu deux Editions en Hollande, puisqu'il n'est que Graveur de fa profession, & que le titre de cet Ouvrage marque que c'est lui qui en a gravé les figures. Il est vrai que dans cette Histoire des Ordres Religieux l'on ne trouve rien qui prouve qu'il en foit l'Auteur ; mais il se declare assez dans la Preface de celle qu'il a donnée des Ordres Militaires en 1699. où il dit dans un endroit, que ce qui l'a le plus encouragé à composer cet Ouvrage, c'est l'accueil favorable qu'on a fait au premier, & l'heureux succés qu'il a eu dans le monde : : qu'il est vrai que cet Ouvrage demandoit une plume plus judicieule & plus polie que la sienne, & une main plus sçavante à manier le burin; mais qu'il se console par ce mot de Properce, Audacia certe Laus erit in magnis, & voluisse sat est. Il ajoûte un peu plus bas qu'il a marqué les couleurs des vestemens par les emaux, selon la pratique de l'Art heraldique, où l'on fait connoistre les couleurs des Armoiries par des traits, comme on a pu voir dans la derniere planche de son Traité des Ordres Religieux ; & que pour ce qui regarde les Coliers & les autres ornemens, lorsqu'il n'a pas pu les faire entrer d'une manieniere assez nette dans sa planche, il les a gravés sur un autre morceau de cuivre & qu'il les a placés au commencement du Chapitre. L'on ne peut pas parler plus clairement pour se designer Auteur d'un Ouvrage. C'est ce que je fais remarquer, parce que je refute souvent cer Historien Graveur, qui a aussi mal representé les habillemens des Ordres Religieux, qu'il a esté peu fidele à rapporter les années de leur fondation, leur donnant souvent des Fondateurs, ou les faisant approuver & favoriser de graces & de Privileges, par des Papes & des Princes.qui font morts quelques centaines d'années avant leurs establissemens... C'est ce qui me fit entreprendre cette Histoire des Ordres Religieux que je donne au Public; & ce qui m'y porta aussi, fut celle de Monfieur Hermant. Curé de Maltot en Normandie, qui parut en un Volume in douze l'an 1697. où il a omis beaucoup d'Ordres dont |