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10.

Moine Armenien Solitaire

UNIVERSIDA

D CENTRA

BIBLIOTECA

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qu'ils pratiquent, furpaffent celles des Religieux les plus reformés de l'Europe, & ces Moines feroient heureux, s'ils joignoient à une vie fi auttere, une foumiffion au Chef de l'Eglife Romaine, & s'ils quittoient leurs erreurs pour embraffer tes verités que cette Eglife enfeigne.Leurs Monasteres font très confiderables, & il s'en trouve de foixante, de quatre-vingts,& mefme de cent Religieux. Ils ne mangent jamais de viande & ne boivent jamais de vin, fi ce n'est le feul jour de Pâques. Ils jeûnent toute l'année, mefme les Dimanches & ne mangent qu'une fois le jour. Ils ne vivent que de racines & de legumes, s'abitenant de poiffon, de laitage,& mesme d'huile, quoiqu'il leur foit permis de manger des olives. Ils ne fortent jamais du Monattere & ne parlent à perfonne ; & fi quelqu'Etranger a quelque chofe à dire à quelqu'un de ces Solitaires; il le dit au portier qui va trouver le Solitaire, lequel fait refponse à la perfonne par le moïen de ce portier. Ils demeurent dans des chambres feparées les unes des autres s'emploïant au travail, hors les heures de l'Office & des autres exercices. Ils font tous laïques, à l'exception de cinq ou fix Preftres, & quelquefois de huit, qui demeurent dans chaque Monaftere. Leur Office eft fort long. Ils recitent toutes les nuits au choeur les cent cinquante Pfeaumes., eftant pendant ce tems-là debout appuïés fur des efpeces de bequilles. Proche la ville de Van, qui eft la derniere ville de l'Armenie qui confine avec la Perfe, il y a deux Convens de ces Solitaires, dont l'un eft dans une Ifle qui s'appelle Limanne, ou Limadafi, & l'autre dans une folitude. C'est ce que j'ai appris des fieurs Serge & Joseph, Preftres Armeniens Catholiques d'Andrinople, qui eftoient à Paris en 1705.

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MOINES

ARMB..

NIENS.

Perse liv. 34

Tavernier dit: que dans le lac de Van, il y a deux Ifles Tavern. principales dont l'une s'appelle Adaketous & l'autre Lima- Voiage de dafi: que dans la premiere il y a deux Convents d'Arme- chap.3. niens, dont l'un fe nomme Sourphague, & l'autre Sourpkara: que dans la feconde il y a auffi un Convent de ces mefmes Armeniens, appellé Limquiafi, & que ces Moines vivent très auftcrement; ce qui fe rapporte affez à ce que m'ont dit ces Preftres d'Andrinople ; & il fe pourroit bien faire que ces trois

Convents font de ces Moines Armeniens de l'Ordre de faint
Antoine.

Je n'ai pû fçavoir par qui l'Ordre de faint Antoine avoit esté

ARME

NIENS.

Amen.cum

MOINES introduit en Armenie, mais le P. Galano, & quelques autres Auteurs difent, que celui de faine Bafile l'a efté par le PaClem. Ga- triarche Nierles Gheldes qui mourut l'an 622. des Armeniens, Jan. Cone- qui revient à l'an 1173. de Jefus-Chrift. Mais les Religieux de lia. Ecclef. cet Ordre ne font pas fi exacts obfervateurs de leurs Regles, que ceux de l'Ordre de faint Antoine qui vivent dans les Deferts; car ceux de l'Ordre de faint Bafile mangent quelquesfois de la viande, & leurs Monafteres font la plufpart fitués dans des villes, ou dans des lieux fort frequentés. C'est par mieux que l'on élit ceux qui font destinés pour les Prelatures, pour les dignités de Vartabieds, & les autres charges Ecclefiaftiques, n'y aïant aucun des Solitaires qui y parvien

Rem in. Part. I.

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ne.

Leur principal Monaftere eft celui d'Exmiazin dont nous avons parlé, qui eft comme le centre & le fanctuaire de la Religion Armenienne, & la Regle de toutes les autres Eglifes pour la difcipline. On l'appelle ordinairement Trois Eglifes, à caufe qu'outre l'Eglife du Convent, il y en a deux autres affez proches, dont l'une fe nomme fainte Caïanne, & l'autre Ste. Rupfimée. Il y a dans ce Convent des logemens pour les Etrangers qui le viennent vifiter, & pour quatre-vingts Moi nes. Le Chevalier Chardin dit qu'il n'y en a ordinairement que douze ou quinze. Cependant le P. Avril de la Compagnie de Jefus, qui a efté dans le mefine, Monaftere en 1685. dit: que la Communauté eftoit de cinquante ou foixante Religieux, ce qui a efté auffi confirmé par M. l'Evefque d'Hifpaham, qui arriva de Perfe à Rome en 1706. & que j'ai fait confulter touchant les Monafteres que les Armeniens peuvent avoir en ces quartiers là.

Celui de Bichini a cfté bafti fur le modele d'Exmiazin. C'est un gros baftiment ancien de plus de huit cens ans ; mais beaucoup plus grand, entouré de hautes murailles de pierre, flanquées de quantité de groffes tours comme une fortereffe. Ces deux Monafteres font les demeures ordinaires des plus fameux Varrabieds, & les feuls oùd'on fait l'Office d'une maniere édifiante. Il y a environ vingt-deux autres Monafteres dans le territoire d'Erivan, mais pauvres & mal entretenus, où il n'y a dans la plufpart, que cinq ou fix Religieux. Il y a encore dans le mefme territoire, cinq Convents de filles, & il peut y avoir en tour trente Convents de Religieux Armeniens, dans les

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