MARON TIS, ز Moines difficile de croire qu'ils aïent cu une telle origine ; & s'il estoic vrai qu'ils eussent pris le nom de Maronites à cause de cet He- dit : qu'il le peut faire que saint Maron soit les mains d'Aimeric Patriarche Latin d'Antioche, vers l'an "1182. Il y a parmi ces Maronites, des Religieux qui avoient autrefois sur le Mont-Liban environ quarante Monasteres , dont la pluspart sont abandonnés & ruinés, & qui estoient bastis sur des croupes de rochers si escarpés que ces lieux paroistroient n'avoir jamais esté habités , si l'on n'y vožoit encore les vestiges des anciens Monasteres ; & si ceux qui font presentenient habités n'estoient aussi situés dans des lieux deserts , entre des rochers affreux qui inspirent la penitence , & où l'on ne peut aller , qu'on ne soit lensiblement touché de devotion. Les uns sont comme suspendus, specialement celui qu'on appelle Marsalita, & pour y entrer il faut monter avec une echelle de vingt-cinq pieds de hauteur. Les autres ont leur entrée comme celle des Cavernes, Celui que saint Hilarion fit édifier en l'honneur de saint Antoine, elt de dificile abord; mais on y trouve de beaux jardinages & des vignes. C'est l'endroit où les Religieux font leur Noviciat : & lorsqu'ils sont Profez , ils vont demeurer dans les autres Convents, qui font presentement au nombre de dix, vu dans quelques-uns , plus MO'NES plus la compagnie des Tigres , des Ours, & autres bestes fe MAKONO roces , que celle des hoinmes , cultivant la terre & les vignes, tis. nourrislant des vers à foye, s'occupant à faire des nates, principalement les vieillards , qui ne peuvent plus faire de gros travail. Le plus affreux de tous ces Convents , est celui qu'on appelle Marsaquin. Il est situé dans les plus hautes montagnes du Liban sur un rocher fait en precipice, dans un Desert où il n'y a que des bestes feroces. Avant que d'y entrer il faut monter à une échelle fort haute, & passer par dessus un échaffaut de branchages d'arbres , qui conduit dans un trou que la nasure à fait à ce rocher , & qui sert de porte & de fenestre pour donner quelque clarté à une caverne, au fond de laquelle il y a quelques degrés taillés dans le roc , pour monter dans une autre caverne, qui sert d'Eglise , & qui ne reçoit point d'autre lumiere que celle que rend une lampe qui brûle deyant l'Autel. Le P. Eugene Roger Recolect, qui a fait la description de ces Convents dans ton voïage de la Terre Sainte, dit: qu'il fut en celui-ci, où il trouva un Religieux âgé de quatre-vingts ans, dont il en avoit passé plus de cinquante en ce lieu, & qui estoit devenu fi foible & fi caduc, qu'il ne pouvoit fe remuer d'un lieu à un autre. C'estoit pour cette raison que le Patriarche son parent, voulut le faire venir au Monastere ou il faisoit ordinairement sa demeure , afin qu'il y fust foulagé dans la vieillesse : mais ce bon Anachorete le pria de lui laifler finir ses jours dans ce lieu , ce que le Patriarche lui accorda: cependant comme il ne pouvoit pas aller chercher de l'eau au torrent qui pale au bas de la montagne, & qu'il faut delcendre plus de deux cens degrés pour en aller puiser ; il lui donna pour l’allister une Religieuse, âgée d'environ vingtcinq ans;qui avoit déja passé quelques années dans ce Desert, où elle avoit mené une vie exemplaire , vivant en veritable Anachorete. Cette Religieuse,pour regaler le P. Roger & son Compagnon , tira d'une peau de chevre, du fromage un peu moins lec que du plastre, qu'elle emietta sur un morceau de cuir qui servoit de nappe & d'assiete: elle ajoûta à ce mets deux poignées d'olives salées & sechées au soleil ; & aïant fait chaufer de l'eau dans un potjelle y delaïa de la farine de froment, qui avoit trempé dans du verjus , & fit cuire un peu de pain Tome I. M TES: ز des peaux ز MOINES sous la cendre ; ensuite elle leur donna du vin dans une calea Les autres Religieux Maronites , ne vivent pas par tout avec tant d'austerités ; mais ils ne mangent jamais de viande , sans une dispense particuliere de Rome. Ils usent d'aufs, de laitage , & de diverses herbes sauvages, comme fenoüil, hysope, colocase, mala insanna, & quelques especes de chardons , faisant confire toutes ces choses avec du lait aigre dans de bouc, pour s'en servir hors le tems de leurs caresmes, pendant leïquels ils n'usent point de laitage ; mais bien de poisson, de legumes, de fruits, de salades, d'olives, & de railiné, qu'ils assaisonnent avec du verjus, du miel ou fuc de fumac, Ils observem cinq Caresmes;sçavoir , celui de la Resurrection de Nostre Seigneur , qu'ils commencent le Lundi de la Quinquagefime, pendant lequel ils ne mangent qu'une fois le jour , deux heures avant le coucher du soleil ; & s'abstiennent aussi de manger des aufs , du fromage, & dulairage. Le lecond commence quinze jours avant la feste de faint Pierre, à laquelle il finit ; & celui de l'Assomption de la sainte Vierge commence aussi quinze jours avant cette Feste. Le quatrieme, qui n'est que de huit jours , est en l'honneur de l'Exaltation de la sainte Croix ; & le cinquiéme est de vingt-cinq jours avant la Nativité de Nostre-Seigneur , pendant lesquels Carelmes , ils s'abstiennent aussi de lait & d'aufs, mais ils peuvent manger du fromage. Ils jeusnent aussi la veille de laine Maron, & se conforment pour les autres jeusnes à l'Eglise Ro. : maine.. Ils recitent leur Office en langue Syriaque ; Matines & Laudes la nuit , Prime, Tierce, & Sexte, à la pointe du jour : la Messe le dit ensuite , se servant comme les Latins de pain sans levain pour la consecration. Après la Messe ils vont travailler ,chacun selon son talent jusques au disner ; après quoi its retournent au travail. Avant souper ils disent None, Velm. pres & Complies : ils vont ensuite au refectoire ; & après le. louper , ils se retirent tous pour prendre leur repos. Les Novices sont en habit seculier pendant trois ou quatre mois , selon la volonté du Superieur, qui leur fait faire Pro-fession quand bon lui semble ; c'eft ordinairement le Patriarshe qui en fait. la ceremonies & en son absence un Evefque ,, > ز i |