Delle An. Tome 1. Cisteaux appellent encore Coules leurs Chappes. Non seule- de Charles VII. les gens d'Eglise & les Magiftrats ont eité les derniers qui les ont conservés; & un nommé Patroüiller aïant amené la mode des bonnets quarrés; ils ont quitté le Chapperon, qu'ils ont fait descendre de la telte sur l'épaule, & qui est resté pour marque de Docteur ou de Licentié aux Arts, en Theologie , Jurisprudence & Medecine. Ainsi il ne faut pas s'econner si les Jesuates & quelques autres Religieux ont porté de ces fortes de Chapperons.. Quant à la couleur des habits , le P. Delle remarque que tiq. Monaf. comme les Religieux sont morts au monde, & que leur prochap. 7. fession les engage à la mortification, & à la penitence ; ils se sont habillés dès les premiers siécles de leur eltablissement comme des personnes qui purtoient le deuil , & qui estoient dans l'affliction. C'est pourquoi dans la Syrie , dans la Palestine, dans la Thrace & dans la Grece, ils prenoient des ha-.. bits noirs, & dans l’Egypte des habits blancs. Je ne parle point de la nourriture, des jeusnes,des austerités. & des autres pratiques des Monasteres ; l'on peut voir ce qu'en. Fleury, a dit M. Fleury, qui, après avoir montré la conformité qu'il y a de ces saintes pratiques avec celles des premiers Chrestiens, pag. 5276 & mesme des anciens Païens les plus reglés, fait ainsi la comparaison des Monasteres, avec les maisons des anciens Romains.. Je m'imagine, dic-il, trouver dans les Monasteres des veftiges de la disposition des maisons antiques Romaines, telles qu'elles sont descrites dans Vitruve & dans Palladio. L'Eglise qu'on trouve la premiere , afin que l'entrée en soit libre aux seculiers, femble tenir lieu de cette premiere salle que les * Romains appelloient Atrium. De là on passoit dans une cour environnée de galleries couvertes , à qui l'on donnoit ordinai-. rement le nom de Peristile ; c'elt justement le Cloistre, où l'on » entre de l'Eglise , & d'où l'on va ensuite dans les autres pieces, » comme le Chapitre qui est l'Exbedre des Anciens,le Refectoire qui est le Triclinium, & le jardin qui eft ordinairement der» riere tout le reste; comme il estoit aux maisons antiques.. Ce qui fait paroistre aujourd'hui les Moines fi extraordi-. naires, dit encore ce sçavant Historien, est le changement Ch'ell pag. 230. » رو qui est arrivé dans les meurs des autres hommes , comme les édifices les plus anciens sont devenus singuliers ; parce que ce font les seuls qui ont resisté à une longue suite de siécles. Et comme les plus sçavants Architectes étudient avec foin ce qui reste des bastiments antiques, fçachant que leur art ne s'est relevé dans ces derniers siécles que sur ces excellens modeles: ainsi les Chrestiens doivent observer exactement ce qui se pratique dans les Monasteres les plus reguliers , pour y voir des exemples vivants de la morale Chrestienne. Du gouvernement des Monasteres, tant en Orient qu'ere Occident. Sçavans, touchant l'autorité & le pouvoir des Exarques ou Superieurs Generaux des Moines d'Orient, nous obligent à parler de la forme du gouvernement qui a esté pratiquée entre les Religieux pour le maintien de l'observance Reguliere. Il est certain que si faint Pachome n'a pas esté l'auteur de la vie Cænobitique; on lui a-au moins l'obligation d'avoir le premier prescrit des loix pour le maintien de l'obfervance Reguliere , & d'avoir esté le premier Instituteur des Congregations Religieuses. Nous entendons par le mot de Congregation une sainte societé de plusieurs Monafteres , ne faisant qu'un seul corps , foumis à une mesme Regle', unis par des 'affemblées generales qui se tiennent de tems en tems pour élire des Superieurs , & pourvoir à tout ce qui peut maintenir la regularice & le bon ordre. Ce ne sont pas seulement les maisons Religieuses qui ont' formé des Congregations; plusieurs personnes leculieres', fans estre engagées par des voeux.solemnels, en ont formé à leur imitation,dans lesquelles Congregations on pratique à peu près les mesmes choses que dans les Congregations Regulieres , comme sont celles des Prestres de l'Oratoire, de la Million, des Oblats de S. Ambroise, du S.Sacrement,des Barthelemices, des Ouvriers pieux, & plusieurs autres : & l'on peut dire qu'il nefe pratique presque rien dans ces Congregations qui n'ait esté pratique dans celle de Tabenne establie par S. Pachome. Premierement elle avoit son Abbé ou Superieur General , y Le P. Thomassin parlant du Concile de Vennes,qui deffend Piscip. de à un Abbé d'avoir plusieurs Abbaies sous le nom de celles ou l'Egle part de Monasteres , dit : que ce Concile semble ne pas approuver 49. num.9. une chose qui estoit commune à tous ces fameux & illustres 19.06 11. Peres des Deserts. Et considerant le grand nombre de Reli Thomallin gieux qui estoient sous la conduite de tant de saints Abbés, il dit aulli: que tous ces exemples ne permettent pas de douter qu'un seul Abbé ne fust comine le Superieur General chargé d'un grand nombre de Monasteres , qui faisoient comme un seul corps , & une Congregation dont il estoit le Chef. Mais nous n'avons point de preuves que les Disciples de saint Antoine , de saint Macaire, & des autres Peres dont nous avons les Regles , aïent formé des Congregations. Cette pratique de faire des assemblées generales a este particuliere à l'Ordre de saint Pachome qui en a esté l'Instituteur. Quoique cette pratique ait pris son origine en Orient , elle n'y subsiste plus depuis un très long-tems ; mais les Religieux d'Occident l'ont toûjours conservée comme celle qui pouvoit contribuer au maintien de la discipline & de la Regularité, & afin de l'affermir davantage, comme les differentes Congregations qui se font establies, se sont agrandies, & le sont estenduës en differens païs; elles se sont divisées en plus fieurs Provinces, où l'on vient de pareilles assemblées Provin 3.1. s. . > > > In. 47 In Nomacon > ciales fous les ordres du General de toute la Congregation. Palvisar. Le P. Thomaslin prétend que c'est à l'inexecution des Loixii ..s & des Canons , que l'on doit attribuer le relâchement qui est arrivé parmi les Grecs & les autres Moines d'Orienr ; cn effet BalsamonPatriarche d'Antioche qui vivoir au douziémne siécle, s'en plaignoir de fon tems , en disant que la vie commune n’el- Iu Symt. toit plus observée parmi les Religieux Grecs d'Orient , quoi-Cushng.Co qu'elle fuften vigueur parmi les Latins.Mais je croi qu'on peut autli l'attribuer à l'inobservance de ces saintes pratiques, de tenir des assemblées generales, aussi bien qu'au Schisme & aux Herefies que la pluspart de ces Religieux ont embrallées. Il est certain que, selon le meline ballamon, il y a eu des Ge- Taal tıc-30 neraux parmi eux; car il dir que selon les Canons,un seul Religieux ne peut pas posseder deux Abbaïes;iais qu'il faut excepter de cette Regle les Generaux d'Ordres , parce que les Mo ' nasteres qui relevent d'eux, ne font qu'un seul Corps , & comme un seul Monastere. L'origine de ces Generaux vient apparemment des Privile- Thomall. Dic.p. de ges que les Patriarches ont donnés aux Monasteres fitués dans l'Es?. Tom. les Eveschés de leurs Patriarchats,en arborant la croix Patriar- 2.par.z.l. chale à la fondation des Monasteres qui vouloient bien se sou- *6. 37.ik 1. mettre immediatement au Patriarche; ce qui exemtoit cesMonasteres de la Jurisdiction de l'Evesque Diocesain.Le Superieur de chaque Monastere s'appelloit Archimandrite ou Hegumene; & tous obéissoient à un Superieur General qu'on appelloit Exarque. L'on voit dans le Pontifical de l'Eglise Grecque une Formule de l'institution des Exarques & des Hegumenes. Le pag. 570. Patriarche leur impose les mains, & leur donne un mandement, ou Lettres testimoniales, qui contiennent l'obligation de leurs Charges. Par celle de l’Exarque, il paroist entr'autres choses qu'on lui confie le foin des Monasteres Patriarchaux : qu'il en doit faire la visite: qu'il doit humilier les Superieurs qui commandent aux inferieurs avec trop d'arrogance, & qui les traitent avec trop de mepris : qu'il doit impoler pénitence & chastier les Religieux qui s'eloignent de leur devoir , & de l'obéiffance qu'ils doivent à leurs Superieurs : qu'il doit avertir les mesmes Superieurs de faire recherche des Apoftats, & les ramener au Monastere : que lorsqu'un Superieur de Monastere Patriarchal sera decedé, il doit envoïer au Patriarche , pour recevoir l'imposition des mains, celui quiaura esté elu par les Re . I. Habert. Archimando pag. 537. Thomaff. n. 204. fuprà pis 387. ligieux : qu'il doit faire un estat de tous les Monasteres qui relevent du Patriarche, de leurs Revenus , des Vases sacrés , des Ornements:& enfin qu'il doit faire lire dans chaque Monastere les Lettres testimoniales; afin qu'aucun des Religieux ne puisse douter de son pouvoir ; & qu'ils le reçoivent tous comine leur pere, & non pas comme un usurpateur qui viole le droit des gens. Il paroist donc par ce Mandement, ou Lettres testimoniales, Pontificet. que ces sortes d'Exarques sont comme des Generaux pour les . Gre a fer. 1. ad Monasteres qui relevent du Patriarche. En effet M. Habert dit E14. pro qu'ils le sont effectivement , & que les Archimandrites & les Hegumenes ne font que leurs inferieurs. Le P. Thomasfin accorde bien quelque Superiorité generale commesso à ces Exarques ; inais il ne donne que le nom de Commillion à d'fies parl. 3.1.1.6. 37. ce Mandement ou Lettres testimoniales. Le P. Morin dit Morin. de que ces Exarques sont seulement des Vilteurs députés des Paordinat.pag. triarches, pour faire la visite des Monasteres , & il appelle ces Lettres testimoniales, des Lettres de delégation:mais M. HaHab.ni bert prétend au contraire qu'ils sont Superieurs ordinaires, & non pas simples Visiteurs. Quos licet legatorum nomine reddiderit juris orientalis Interpres; ii tamen mihi videntur non tantùm ex delegatione feu commissione Patriarche inftar Periodeutarum , fent visitatorum ad tempus, sed ut Ordinarii inftitati. Je croi que c'est le sentiment que l'on doit suivre;& comme le P. Thomallin & le P. Morin ont renyoïé à la lecture de ces Lettres testimoniales, pour estre informé du pouvoir de ces Exarques ; j'y renvoie aussi le Lecteur , qui connoistra qu'il n'y est uniquement parlé que de ce qui concerne les Monasteres, & qu'elles ne donnent pas pouvoir à ces Exarques de presider aux Contrats de mariage, de nommer les Superieurs des Eglises exemptes, de faire rendre compte des droits du Patriarche , & de le faire pažer des exactions Canoniques qui lui sont duës, comme dit encore parr. 3.1. 1. le P. Thomassin. Quant aux Archimandrites & Hegumenes , c'estoit autrefois la mesme chose; ces noms estoient donnés indifferemment aux Superieurs de chaque Monastere, comme il paroist par souscription du Concile de Constantinople tenu l'an 586. sous le Patriarche Mennas , auquel Hisique, Superieur du Monastere de saint Theodore,allista ; puisqu'il se qualifie dans une de ses signatures d'Hegumene, & dans l'autre d'Archimandrite. Mais 6. 37. p..9 la |