CARMELI: aussi des Swurs Converses. Tels furent les commencemens de la Reforme de fainte Therese , dont nous allons voir le progrès dans le Chapitre suivant. TFS DY- CHAPITRE XLVIII. Continuation de l'Origine des Carmelites Dechauffées, où il est parlé de la Reforme des Garmes Dechauffés, avec la Vie Coadjuteur de sainte Therese dans cette Reforme. A INTE Therese qui avoit reçu de grandes contradic- premier Monastere de Filles de la nouvelle Reforme , ne se rebuta point pour cela. Elle poursuivit son entreprise, & će cæur genereux qui venoit de remporter une si glorieuse victoire , ne s'effraïa pas de toutes les difficultés qu'elle prevožoit bien devoir s'opposer au dessein qu'elle conçut aulli d'establir la mesme Réforme parmi les Religieux. Ti n'y avoit que son humilité qui la retenoit en quelque façon, & qui lui representoit qu'une entreprise si relevée ne devoit pas estre confiée à la foiblesse d'une femme. L'arrivée du Pere Jean-Baptiste Rubeo General de l'Ordre, qui vint en Espagne pour faire ses visites , avança l’execution de cette entreprise ; car elle prit occasion de lui communiquer son dessein dans une conference qu'elle eut avec lui. A la verité il s'y opposa d'abord à cause des Religieux mitigés, qui ne vouloient point entendre parler de Reforme ; mais il ne put refuser aux prieres de l'Evesque d'Avila, Dom Alvarez de Mendoza , la permillion que sainte Therefe deiñandoit:il en ajoura mesme une autre à laquelle elle ne s'attendoit point, & qu'elle ne lui avoit point demandée, qui estoit de pouvoir fonder un plus grandnombre de Monasteres de Filles, à condition que ces Monas. teres feroient soumis à l'obéissance des Superieurs de l'Ordre. Cette derniere lui fut accordée par escrit , avant la premiere, & elle ne reçut les Patentes de l'autre que quatre mois après , le General les lui aïant envoïées de Valence. Si-toft qu'elle les eust reçuës, elle chercha les moïens pour faire l'establissement du premier Monastere de Carmes Dechauffés. Elle fut ' CHAUSSE's, encouragée par le General mesme , qui lui escrivit plusieurs CARMES ET fois pour poursuivre une fi bonne cuvre ; & ne se contentant LITIS DEpas de simples lettres & d’exhortations , il crut estre obligé chausse's. d'emploïer toute son autorité pour faire reussir un si bon dessein , & de faire un commandement exprès à la Sainte de le poursuivre. Elle prit donc les mesures necessaires pour cela , & pendant qu'elle y travailloic fortement , l'occasion le presenta de faire une nouvelle Fondation pour ses Filles à Medina-del-Campo. Elle sortit d'Avila pour ce sujet, & la Fondation estant achevée, elle chercha des sujets propres pour commencer la Reforme des Religieux. Elle en parla au Pere Antoine d'Heredie Prieur des Čarmes de Medina : elle fut fort surprise', lorsque ce Pere qui estoit âgé de plus de soixante ans, s'offrit à elle pour embrasser le premier la Reforme, ajoutant que Dieu l'appellant à un genre de vie plus austere que celui qu'il avoit embrassé, il estoic resolu d’entrer chez les Chartreux, dont il avoit déja obtenu le consentement. Mais la Sainte ne trouvant pas dans la personne ni l'esprit ni les forces necessaires pour donner commencement à un Ordre austere , elle lui conseilla de surfeoir l'execution de son dessein , & de s'exercer cependant dans la pratique des choses qu'il esperoit voüer. Elle trouva le P. Jean de saint Mathias plus propre pour son dessein. C'est celui qui a esté dans la suite fi connu sous le nom de Jean de la Croix , depuis qu'il cmbrassa cette Reforme dont il a esté un des principaux instrumens avec sainte Therese. Il estoit fils de Gonçalo d'Yepes & de Catherine Alvarez , & nâquit l'an 1542. à Ontiveros , Bourg de la vieille Castille au Diocese d'Avila. Ses parens qui estoient de mediocre fortune, & obligés de vivre du travail de leurs mains , ne se trouverent pas en estat d'envoïer leur fils aux estudes ; mais il trouva des Patrons qui voulurent bien se charger de son éducation. Il répondit si bien aux intentions de les Bienfaicteurs,qu'il se rendit en peu de tems habile dans les sciences, & conserva fon innocence & la pureté des meurs parmi tous les dangers de la jeunesse. A l'âge de vingtun an , voulant embrasser un genre de vie, il crut qu'il ne pouvoit pas mieux faire, pour se garentir des pieges que le monde lui tendoit , que d'y renoncer entierement, & de ícre: tirer dans une Maison Religieuse, comme dans un azile & un port assuré. Il choisit pour cet effet celui de fainte Anne dans. a TES DE Carmoser la ville de Medina del Campo , qui estoit de l'Ordre des CARMELI- Carmes. S'estant presenté pour y eltre reçu , il y fut admis fans peine, on lui donna l’habit Religieux avec le nom de Jean de saint Mathias. Il ne se contenta pas de faire paroistre beaucoup de ferveur pendant lon Noviciat', il la redoubla après sa profession , & il pratiquoit tant d'austerités,que les Religieux de la Maison qui estoient dechus de leur ancienne observance en furent alarmés. Sa pieté n'estoit pas moindre . que fa mortification , il se retiroit de la compagnie des hommes pour ne s'entretenir qu'avec Dieu dans l'Oraison : de forte que les Superieurs le voïant si avancé dans la voïe de la perfection, l'obligerent de recevoir l'Ordre de Prestrise, lorsqu'il eut atteint l'âge de vingt-cinq ans. Il ne se vit pas plustoft revêtu de cette nouvelle dignité,que considerant les nouvelles obligations où il estoit engagé, il souhaita une vie plus austere & plus reguliere que celle que l'on menoit chez les Carmes. Après avoir long-tems consulté Dieu , il prit la resolution de passer dans l'Ordre des Chartreux : il travailloit actuellement à se faire recevoir dans la Chartreuse de Segovie , lorsque sainte Therese vint à Medina del Campo. Il y arriva dans le mesme tems du Couvent de Salamanque où il étudioit pour lors , lors , & estoit & estoit venu pour accompagner un Religieux, qui parla de lui fi avantageusement à la Sainte, qu'elle souhaita de le voir. Il lui decouvrit le dessein qu'il avoit de se faire Chartreux ; mais elle lui parla de la reforme des Religieux de son Ordre qu'elle meditoit , elle lui conseilla de differer sa resolution, jusqu'à ce qu'elle eust trouvé un Monastere , de ne point quitter son Ordre mais de demeurer fidelle dans sa vocation , & de faire servir plutost fon zele à retablir cetInstitut dans la premiere ferveur. Enfin elle l'exhorta dans des termes si pressans,qu'il renonça à fa premiere resolution , & promit à la Sainte de faire tout ce qu'elle lui prescriroit. Sainte Therese aïant ainsi gagné deux Religieux pour commencer sa Reforme, il lui sembla que tout eltoit fait ; mais comme elle n'avoit point encore de maison , elle differa encore un peu à la commencer. Elle fut à Alcala , où on la sollicitoit fort d'aller , pour regler un Couvent de Carmelites qu'une certaine Mere Marie de Jesus y avoit fondé sous une reforme particuliere & differente de la sienne. Elle mo ز |