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CARMELI- auffi des Sours Converfes. Tels furent les commencemens de la Reforme de fainte Therefe, dont nous allons voir le progrès dans le Chapitre fuivant.

TFS DY-
CHAUSSE'S.

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Continuation de l'Origine des Carmelites Dechauffées, où il est parlé de la Reforme des Carmes Dechauffes, avec la Vie du B. Jean de la Croix, premier Carme Dechauffé, & Coadjuteur de fainte Therefe dans cette Reforme.

AINTE Therefe qui avoit reçu de grandes contradictions de la part des hommes dans l'eftablissement du premier Monaftere de Filles de fa nouvelle Reforme, ne fe rebuta point pour cela. Elle pourfuivit fon entreprife, & ce cœur genereux qui venoit de remporter une fi glorieufe victoire, ne s'effraïa pas de toutes les difficultés qu'elle prevoioit bien devoir s'oppofer au deffein qu'elle conçut aufli d'eftablir la mefme Reforme parmi les Religieux. Il n'y avoit que fon humilité qui la retenoit en quelque façon, & qui lui reprefentoit qu'une entreprise fi relevée ne devoit pas eftre confiée à la foibleffe d'une femme. L'arrivée du Pere Jean-Baptifte Rubeo General de l'Ordre, qui vint en Espagne pour faire fes vifites, avança l'execution de cette entreprise; car elle prit occafion de lui communiquer fon deffein dans une conference qu'elle eut avec lui. A la verité il s'y oppofa d'abord à caufe des Religieux mitigés, qui ne vouloient point entendre parler de Reforme; mais il ne put refufer aux prieres de l'Evefque d'Avila, Dom Alvarez de Mendoza, la permiffion que fainte Therefe demandoitil en ajouta mefme une autre à laquelle elle ne s'attendoit point, & qu'elle ne lui avoit point demandée, qui eftoit de pouvoir fonder un plus grandnombre de Monafteres de Filles, à condition que ces Monaf teres feroient foumis à l'obéïffance des Superieurs de l'Ordre. Cette derniere lui fut accordée par efcrit, avant la premiere, & elle ne reçut les Patentes de l'autre que quatre mois après, le General les lui aïant envoïées de Valence. Si-toft qu'elle les euft reçuës, elle chercha les moïens pour faire l'establissement du premier Monaftere de Carmes Dechauffés. Elle fut

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CARMELI

encouragée par le General mefine, qui lui efcrivit plufieurs CARMES ET fois pour pourfuivre une fi bonne œuvre ; & ne fe contentant LITES DEpas de fimples lettres & d'exhortations, il crut eftre obligé CHAUSSE'S. d'emploïer toute fon autorité pour faire reuffir un fi bon deffein, & de faire un commandement exprès à la Sainte de le poursuivre. Elle prit donc les mesures neceffaires pour cela, & pendant qu'elle y travailloit fortement, l'occafion fe prefenta de faire une nouvelle Fondation pour fes Filles à Medina-del-Campo. Elle fortit d'Avila pour ce fujet, & la Fondation estant achevée, elle chercha des fujets propres pour commencer la Reforme des Religieux. Elle en parla au Pere Antoine d'Heredie Prieur des Čarmes de Medina: elle fut fort furprife, lorfque ce Pere qui eftoit âgé de plus de foixante ans, s'offrit à elle pour embraffer le premier la Reforme ajoutant que Dieu l'appellant à un genre de vie plus auftere que celui qu'il avoit embraffé, il eftoit refolu d'entrer chez les Chartreux, dont il avoit déja obtenu le confentement. Mais la Sainte ne trouvant pas dans fa perfonne ni l'efprit ni les forces neceffaires donner commencement à un Orpour dre auftere, elle lui confeilla de furfeoir l'execution de fon deffein, & de s'exercer cependant dans la pratique des chofes qu'il efperoit voüer. Elle trouva le P. Jean de faint Mathias plus propre pour fon deffein. C'eft celui qui a efté dans la fuite fi connu fous le nom de Jean de la Croix, depuis qu'il cmbraffa cette Reforme dont il a efté un des principaux inftrumens avec fainte Therefe. Il eftoit fils de Gonçalo d'Yepés & de Catherine Alvarez, & nâquit l'an 1542. à Ontiveros, Bourg de la vieille Caftille au Diocefe d'Avila. Ses parens qui estoient de mediocre fortune, & obligés de vivre du travail de leurs mains, ne fe trouverent pas en eftat d'envoier leur fils aux eftudes; mais il trouva des Patrons qui voulurent bien fe charger de fon éducation. Il répondit fi bien aux intentions de fes Bienfaicteurs, qu'il fe rendit en peu de tems habile dans les fciences, & conferva fon innocence & la pureté des mœurs parmi tous les dangers de la jeuneffe. A l'âge de vingtun an, voulant embraffer un genre de vie, il crut qu'il ne pouvoit pas mieux faire, pour fe garentir des pieges que le monde lui tendoit, que d'y renoncer entierement, & de foretirer dans une Maifon Religieufe, comme dans un azile & un port affuré. Il choifit pour cet effet celui de fainte Anne dans.

TES DE

CHAUSSE'S.

CARMISET la ville de Medina del Campo, qui eftoit de l'Ordre des CARMELI- Carmes. S'eftant prefenté pour y eftre reçu, il y fut admis fans peine, on lui donna l'habit Religieux avec le nom de Jean de faint Mathias. Il ne fe contenta pas contenta pas de faire paroiftre beaucoup de ferveur pendant fon Noviciat, il la redoubla après fa profeffion, & il pratiquoit tant d'aufteritës,que les Religieux de fa Maifon qui eftoient dechus de leur ancienne obfervance en furent alarmés. Sa pieté n'eftoit pas moindre que fa mortification, il fe retiroit de la compagnie des hommes pour ne s'entretenir qu'avec Dieu dans l'Oraison : de forte que les Superieurs le voïant fi avancé dans la voïe de la perfection, l'obligerent de recevoir l'Ordre de Prestrise, lorsqu'il eut atteint l'âge de vingt-cinq ans.

que

Il ne fe vit pas pluftoft revêtu de cette nouvelle dignité,que confiderant les nouvelles obligations où il eftoit engagé, il fouhaita une vie plus auftere & plus reguliere que celle F'on menoit chez les Carmes. Après avoir long-tems confulté Dieu, il prit la refolution de paffer dans l'Ordre des Chartreux: il travailloit actuellement à fe faire recevoir dans la Chartreufe de Segovie, lorfque fainte Therefe vint à Medina del Campo. Il y arriva dans le mefme tems du Couvent de Salamanque où il étudioit pour lors, & eftoit venu pour accompagner un Religieux, qui parla de lui fi avantageufement à la Sainte, qu'elle fouhaita de le voir. Il lui decouvrit le deffein qu'il avoit de fe faire Chartreux ; mais elle lui parla de la reforme des Religieux de fon Ordre qu'elle meditoit, elle lui confeilla de differer fa refolution, jufqu'à ce qu'elle eust trouvé un Monaftere, de ne point quitter fon Ordre, mais de demeurer fidelle dans fa vocation, & de faire fervir plutoft fon zele à retablir cetInftitut dans fa premiere ferveur. Enfin elle l'exhorta dans des termes fi preffans,qu'il renonça à fa premiere refolution, & promit à la Sainte de faire tout ce qu'elle lui prefcriroit.

Sainte Therefe aïant ainfi gagné deux Religieux pour commencer sa Reforme, il lui fembla que tout eftoit fait ; mais comme elle n'avoit point encore de maison, elle differa encore un peu à la commencer. Elle fut à Alcala, où on la follicitoit fort d'aller, pour regler un Couvent de Carmelites qu'une certaine Mere Marie de Jefus y avoit fondé fous une reforme particuliere & differente de la sienne. Elle mo

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