GES CAR me au tems des Prophetes. Mais le Pere Loüis de fainte The-RELIGIEU refe, dans fon Livre, qui a pour titre : La fucceffion d'Elie,a MELITES. efté plus fincere ; car il dit que ce fut le B. Jean Soreth, qui obtint du Pape Nicolas V. les mefmes privileges que les Ordres de faint Dominique & de faint Auguftin avoient, pour la reception des Couvents de Religieufes, Vierges, Veuves & Beguines ; pourvû que celles qu'il recevroit, jeûnaffent & fiffent les mefmes exercices,que celles des Ordres de faint Dominique & de faint Augustin: le B. Soreth, dit cet Auteur, eftimant que c'eftoit une chofe indigne, que les autres Mendians euffent des filles qui obfervaffent leurs Regles, & que le feul Carmel inftitué pour honorer la fainte Vierge, Mere des Vierges, n'euft pas des filles de fon Ordre: ainfi fans aller chercher une origine eloignée des Religieufes Carmelites, il eft certain qu'elles n'ont efté inftituées que vers l'an 1452. en vertu de la Bulle de Nicolas V. obtenue par le bienheureux Jean Soreth,qui fonda leurs premiers Monafteres en France. Il nâquit en Normandie vers l'an 1420. de parens fort vertueux, qui eurent un grand foin de l'elever dans la crainte de Dieu,& de lui faire apprendre ce qui eftoit convenable à son âge. A ïant fait fes Humanités,il delibera de l'eftat de vie qu'il devoit embraffer; & après avoir recommandé cette affaire à Dieu, il fut infpiré de prendre l'habit Religieux parmi les Carmes dans leur Couvent de Caën en Normandie, où,après fa reception, il fit voir par fes exercices de vertu & de pieté, que Dieu l'avoit appellé à cet Ordre pour fa gloire & pour la reforme de cet Ordre. Il fut envoïé par fes Superieurs au Couvent de Paris, pour y apprendre les faintes Lettres & la Theologie. Il fe rendit fi habile en l'un & en l'autre, qu'il merita le bonnet de Docteur dans l'Univerfité de Paris, & fon merite le fit elever en peu de tems aux dignités de fon Ordre. En 1440. il fe trouva au Chapitre General d'Aft, en qualité de Definiteur & de Provincial de la Province de France; au Chapitre General tenu à Châlons, il y fut en qualité de Provincial de Tofcane, & au Chapitre General tenu à Rome en 1447. fut encore nommé Definiteur & Provincial de France. Pendant fon Provincialat, il vifitoit à pied les Couvents de la Province, accompagné d'un feul compagnon. On ne peut pas dire MELITES. RELIGIEU- le bien qu'il y fit, & la Reforme qu'il introduifit par tout, SES CAR- à caufe qu'il n'exigeoit rien des autres, qu'il n'euft premierement pratiqué: enfin l'an 1451. au Chapitre General tenu à Avignon, il fut élu General de tout l'Ordre; & comme l'Office de Provincial de fa Province vacquoit par cette nouvelle election, le Chapitre n'y voulut point nommer ; mais ordonna qu'il gouverneroit toûjours la Province de France `jufqu'au Chapitre Provincial. Ce nouveau General aïant fenti au dedans de lui mefme que Dieu l'appelloit à la Reforme de fon Ordre, refolut d'y travailler & d'emploïer toutes fortes de moïens pour mettre Regularité en vigueur, & retablir fon Ordre en fa premiere fplendeur. Il commença le premier ; & quoiqu'il euft toûjours vefcu dans une grande perfection, il y travailla neanmoins comme un fimple Novice, & s'attacha fur toutes chofes à la vertu d'humilité, comme la bafe & le fondement de toutes les autres. Les Religieux du Chocur, de fon tems eftoient vestus de noir, & les Freres Laics, de couleur minime ou tannée. Il quitta le noir & fe reveftit de couleur minime; tant à cause que c'eftoit l'ancienne couleur de l'Ordre qu'il retablit dans fes Conftitutions, qu'à caufe que ceux qui eftoient les moins eftimés dans fon Ordre en eftoient revcftus. On reconnoiffoit toûjours fes habits, en ce qu'ils eftoient toûjours les plus vils & les plus rapiecés. Son entretien ordinaire eftoit avec les plus fimples & les jeunes du Couvent. Il prenoit plaifir d'aller avec eux pour les inftruire,pour leur apprendre à mortifier leurs paffions à combattre les vices, à acquerir les vertus, & à mener une vie conforme à la Regle & aux anciens Statuts de l'Ordre. Avec cet efprit, une grande douceur, & beaucoup d'affabilité, il entreprit la Reforme de fon Ordre,qu'il vifita prefque dans toutes les Provinces de l'Europe. Ce ne fut pas fans recevoir beaucoup de contradiction de la part de ceux qui s'oppofoient à fes bons deffeins. Il fut mefme obligé contre fon naturel,qui eftoit d'emploïer ordinairement les voies de douceur, d'ufer d'une extrême rigueur envers quelques Couvents qui ne vouloient pas embi affer la Reforme ; ce qui arFiva principalement à l'efgard de celui de Cologne, où les Religieux au retour d'une proceffion fermerent la porte fur luis |