RIGLE DES roient offer cs , pourveu que l'observance Reguliere y pust des CARMES. eltre gardée. Le Patriarche Albert avoit défendu pour tou jours l'usage de la viande,excepté dans le tems des maladies & d'extreme debilité : les Commissaires ofterent les mots de toujours & d'extreme ; & afin que les Carmes ne fussent pas à charge à leurs holtes, ils ordonnerent que dans les voïages , ils pourroient manger des herbages cuits avec la viande , & mesme manger de la viande estant sur mer. Ils prescrivirent le silence seule ment,depuis Complies jusqu'à Prime du jour suivant. Ils leur permirent aussi de manger dans un Refectoire commun, au lieu qu'auparavant ils devoient manger chacun separément dans leurs Cellules. Ils firent encore quelques Reglemens touchant l'Office divin, & leur accorderent la permission d'avoir des asnes ou des mulets, & de nourrir des animaux pour leur usage. Cette Regle avec ces corrections & mitigations, fut approuvée par Innocent IV. . l'an 1247. & confirmée dans la suite par plusieurs Papes. Elle fut encore mitigée par Eugene IV. & Pie II. qui y firent aussi des changemens, comme nous dirons en son lieu. Ceux qui l'observent ainsi mitigée sont appellés Conventuels,& ceux qui suivent la Regle avec les changemens & les mitigations qui y ont esté faites par les Commissaires d'Innocent IV. sont appellés Observants. Les Carmes & lesCarmelites Dechaussés l'observent aussi. Et elle est regardée dans l'Ordre comme la premiere & la primitive : ainsi s'il estoit vray que Jean XLIV.Evefque de Jerusalem,eust donné une Regle aux Carmes , ou qu'ils eussent suivi celle de saint Basile, avant que d'avoir reçu celle du Patriarche Albert ; il s'ensuiyroit que les Carmes & les Carmelites Dechaussés, aussi-bien que les Observants , ne fuiyroient pas la Regle premiere & primitive de l'Ordre. La Bulle d'Honorius I I I. de l'an 1224. par laquelle il approuve la Regle des Carmes , est la premiere de celles que les Souverains Poncifes ont accordées en faveur de leur Or dre : Cependant ils pretendent en avoir de plus anciennes , Silvern ,0. & Silvera entre les autres, dit , que les Papes Estienne V. pufcul. Var. qui vivoit l'an 816. Leon IV. l'an 847. Adrien II. l’an 868. op. 2.refol. Sergius III. l'an 908. Jean XI. l’an 931. & Alexandre II. l'an 1061. ont accordé par leurs Bulles de grandes Indulgences ceux qui visiteraient à certains jours de l'année 'les Eglilés le Pape CARMES. REGLE DES ܝ 8. L. p. 225. a des Carmes ; lesquelles Bulles furent confirmées par Sixte IV. l'an 1477. Mais Silvera ne s'accorde pas en cela avec d'autres Escrivains de son Ordre,qui mettent Leon IV. à la teste des Papes qui ont accordé ces pretenduës Indulgences , qui le font suivre par Adrien II. & Estienne V. qui selon eux ne vivoit que l'an 892. & non pas l'an 816. & qui dans le denombrement des autres Papes , fi favorables aux Carmes touchant ces Indulgences, y ont inseré Sirgilius III. & Sergius y. Et comme Silvera , entre les Auteurs qui ont fait mention de ces Bulles , cire Emmanuel Rodriguez,& qu'il Emmanuel Rodrig y renvoie le Lecteur , on y peut voir dans une Bulle de Sixte Collection İy. du sept des Kalendes d'Avril de l'an 1477. & du fixié- poft privileg. me de son Pontificat,que Rodriguez rapporte dans toute la teneur , Sirgilius III. & Sergius V. au nombre des Papes qui ont accordé ces Indulgences. Il y a bien de l'apparence que le Pere Papebroch a lu la mesme chose dans cet Au- Papebroch; teur ou dans quelqu'autre ; car en voulant combattre ces In- apud Boll. dulgences , il cite les Bulles où il est parlé de ces Papes sup- aprilis p: posės,& dit que ce Sirgilius III. est inconnu dans le Catalo- 792 & . gue des Papes , & qu'il efpere que dans la suite , il y en aura quelqu'un qui prendra le nom de Sergius V. puisque l'an Too9. le quatriéme de ce nom fut elu pour Souverain Yontife, & que depuis ce tems-là il n'y en a point eu. Mais pour faireconnoistre davantage l'erreur, dit ce, Sçavant Jesuite, il ne faut que faire attention au Sominaire de la Balle de Leon IV. rapporté dans celle de Sixte IV. du fept des Kalendres d'Avril de l'an 1477. que ces trois mots : Leo Papa quartus , suffisent pour la convaincre de fausfecé ; puisque toutes les Bulles des Papes , long-tems avant & après Leon IV. commencent toutes par ces mots, N. Epifcopus fervus fervorum Dei, & que depuis ce Pape jusqu'à present, il ne s'en id. Respi ad trouve qu'une de Pelage II. où il ne prend point certe qua- P. Sebalo, ali . lité de ferviteur des ferviteurs de Dieu,& dont il fait voir auili An. 140 m la fuppofition. Le P. Papebroch remarque encore que dans toute la Vie de Leon IV. qui contient plus de vingt-cinq pages', il y est ! bid numez. parlé fort amplement de toutes les graces & privileges qu'il a 26: accordés aux Eglises , aux Monasteres , aux Oratoires, aux Aurels., & aux Villes qui dépendoient de la jurisdiction ; mais qu'il n'y paroist pas la moindre apparence de quelque ز S. Paulo a $ Rượle des Indulgence qui ait esté demandée à ce Pontife , ou qu'il ait CARMES. accordée à ceux qui aidoient à la construction & reparation des Eglises , ou qui seroient presens à leurs Dedicaces. Qu'entre les autres Edifices qu'il fit faire pour l'embellissement de Rome , il fit bastir la Ville neuve qui fut appellée de son nom, Leonine, & qu'on appelle presentement le Bourg de saint Pierre ; & que lorsqu'elle fut achevée, il ordonna que les Evesques , les Prestres, & les differens Ordres du Clergé de l'Eglise Romaine , après avoir chanté les Litanies & le Pleautier, feroient avec lui tout le tour des murailles de cette nouvelle Ville, en chantant des Hymnes & des Cantiques , marchant nuds pieds, portant sur leurs testes de la cendre, & qu'après la Ceremonie , il fit distribuer une certaine quantité d'argent , non seulement au Peuple de Rome, mais aussi aux Estrangers qui s'y trouverent , & qu'estant rentré dans saint Pierre, il fic plusieurs prefens aux Gentils-hommes Romains, qui consistoient en or, en argent ; & en des étoffes de soïe. C'estoit la maniere dont les Papes, & principalement Leon IV. en ont usé dans les ceremonies de Dedicaces, de Benedictions, & de Translations de Corps Saints ; ce qui a subsisté jusqu'à la fin du onziéme siécle , que les Papes au lieu d'argent & d'autres presens, commencerent à donner des Indulgences pour animer ceux qui prenoient la Croix, & s'engageoient dans ces fameuses guerres qu’on a appellées Croisades, & qui estoient destinées pour le recouvrement de la Terre-Sainte. Lezana Annaliste de l'Ordre des Carmes , rapporte une autre Bulle d’Innocent IV.de l'an 1245. qui exhorte tous les Fidelles à soulager les Religieux du Mont-Carmel qui ne porsedoient rien , qui vivoient dans une grande pauvreté, & qui n'avoient rien en propre ; & qui accorde à ceux qui leur feront quelques aumosnes , & qui estant veritablement contrits, se seront confessés, dix jours seulement d'Indulgences à diminuer sur la penitence qui leur aura esté enjointe. Comment fe peut-il faire ( dit encore le P. Papebroch) que les Carmes eussent demandé une petite Indulgence de dix jours avec obligation de se confesser , si cinq cens ans auparavant ou environ , ils avoient obtenu pour le mesme sujec des Indulgences à perpetuité de sept années & douze quarantaines, sans aucune charge ni obligation, comme il est énoncé dans ces pretenduës Bulles de Leon IV. & de les Successeurs ? Crescenze Ancien habillement des Carmes, , 77. |