CHAPITRE XXXIX. Des Chevaliers de l'Ordre de faint Gereon. ORDRE DI S.GEREON. Regle de faint BaOrdres Militaires dont nous avons parlé dans les Chapitres precedens, nous n'osons pas neanmoins assurer, qu'ils aïent veritablement suivi cette Regle, ou qu'ils y aïent esté soumis, excepté celui de Constantin. Il y a si long-tems qu'ils ne subsistent plus, & il en est resté si peu de memoire, que nous nous en sommes rapporté à la bonne foi des Efcrivains qui ont parlé deces Ordres. Nous n'avons pas mesme voulu les suivre en mettant quantité d'autres Ordres sous la mesme Regle. Si nous avons mis dans cette premiere Partie ceux dont nous avons déja parlé, c'est qu'ils ont esté institués en Orient, ou establis pour la défense des Saints Lieux de laPalestine; & c'est pour la mesme raison que nous y joignons aufli les Chevaliers de S. Gereon dont on ne connoist point l'origine. Mennenius parle de cet Ordre sur le témoignage d'un Voïageur, Jean de Hoevel, qui ditavoir vû dans la Palestine des Chevaliers de saint Gereon qui portoient une Croix Patriarchale, de la mesme maniere que celle qui est dans les Armes du Roïaume de Hongrie. Il y a des Auteurs qui attribuent l'Institution de cet Ordre à l'Empereur Frederic Barberousse, d'autres à Frederic II. Les uns leur donnent pour marque de cet Ordre une Croix Patriarchale d'argent posée fur trois montagnes de sinople en champ de gueules, d'autres pretendent qu'ils avoient sur un habit blanc une Croix noire en broderie sur trois montagnes de finople, & d'autres leur donnent encore une autre Croix differente. Ainsi on ne peut rien dire de certain touchant cet Ordre, que Favin, fans aucun fondement, pretend avoir esté soumis à la Regle de saint Augustin. Il y a bien de l'apparence que ces Chevaliers de saint Gereon estoient les mesmes que ceux de Hongrie, que le Pere Melchior Inchoffer de la Compagnie de Jesus, dans les Annales Ecclesiastiques de ce Roïaume, dit que l'on appelloit Porte-Croix, à cause qu'ils portoient pour marque de leur Ordre une Croix semblable à celle que l'on voit dans les Ar ORDRE MES. mes du mesme Roïaume, qui est une Croix Patriarchale po BES, CAR- sée fur trois montagnes. Cet Auteur leur donne pour Fondateur faint Estienne premier Roi de Hongrie, qui, à ce qu'il pretend, inftitua ces Chevaliers en memoire de la Croix que le Pape lui envoïa, avec permiffion de la faire porter devant lui, à cause que ce Prince avoit travaillé avec tant de zele à establir la Religion Chreftienne dans ses Estats, qu'il a efté confideré comme l'Apostre de Hongrie. Mais comme les Ordres Militaires n'ont commencé que dans le douziéme fiécle; il se peut faire que faint Estienne aïant reçu du Pape Silvestre II. l'an 1000. la Couronne de Hongrie, avec une Croix qu'il pouvoit faire porter devant lui, il establit des Officiers pour porter cette Croix, ausquels, pour ce sujet, l'on donna le nom de Porte-Croix, & que dans la fuite l'on en ait formé un Ordre Militaire qui ne fubsiste plus. Mennenius, Delicie Equest. Ord. Favin, Theatre d'honneur & de Cheval. Tom. 2. Schoonebeck, Hift. des Ord. Milit. & Melchior Inchoffer, Annal. Eccles. Regni Hung.T.I. CHAPITRE XL. Des Religieux de l'Ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel,, appellés communément les Carmes. I Ly a déja long-tems que les Carmes font en dispute avec plusieurs Escrivains touchant leur antiquité & leur origine; mais cette dispute n'a jamais esté si échauffée qu'elle le fut fur la fin du dernier fiécle, entre les Religieux de cet. Ordre & les Jefuites de Flandres; car elle a donné lieu aux uns & aux autres de mettre au jour plusieurs escrits, & de presenter des fuppliques aux Papes Innocent XI. & Innocent XII. & au Roi d'Espagne Charles II. tendantes de la part des Carmes, à ce qu'on imposast filence à tous ceux qui leur difputent leur antiquité, qu'ils font monter au tems du Prophete Elie, qu'ils regardent comme leur Patriarche & leur Fondateur. Ce qui donna lieu à ce different, furent les trois Volumes du mois de Mars, de la continuation des Actes des Saints du P. Bollandus Jefuite, decedé l'an 1665. que les PP. Hinsche |