7

Religieuse de l'Ordre de S.'Basile

RELIGIEJ
SES DE S,
BASILE.

rieure parmi elles, non plus que les autres qui se trouvent Rellote. dans l'Orient, où elles vivent la pluspart felon que la nature leur inspire , n'aïant aucune observance & ne recitant aucun Office. On les entend souvent marmoter quelques Kyrie eleifon, &c'est tout ce qu'elles sçavene : on voit peu de filles & de femmes riches se faire Keligieuses, & ce font presque toutes miserables que la necessité y contraint , '& à qui l'âge a fait perdre l'esperance du mariage.

Les Monasteres qui font situés en Europe , font neanmoins plus reguliers , & l'observance y est mieux en pratique que dans les Monasteres d'Asie ; & 's'il en faut croire Leon Allatius, les Religieuses de l'Isle de Chio la patrie, où elles ont plusieurs Monasteres, vivent avec beaucoup de regularité ; elles ont les inesmes prieres & les mesmes jeunes que les Moines, & ont des Superieures fous le titre d'Abbesfes qu'elles élisent. Elles possedent toutes des logemens particuliers qu'elles achetent , où les plus riches & qui font de qualité ont des Servantes, & y élevent des Pensionnaires qui sont leurs parentes. Elles font de beaux ouvrages en broderie, soit bourses, pour mettre de l'argent , ou fachers pour des senteurs, en quoi elles sont fi adroites que leurs ouvrages

sont fort recherchés par les Turcs , qui en abordant à cette Ine , vont d'abord aux Monasteres pour en acheter de ces Religieuses. M. Thevennt dans ton voïage de Levant , confirme cela en partie ; mais il dit qu'elles sont peu resserrées , qu'elles ne sont pas

auf teres , & qu'elles peuvent quitter le Couvent quand bon leur semble.

L'habillement de ces Religieuses Grecques d'Orient, qu'on appelle aufli Caloyeres , elt semblable à celui des Moines excepté qu'elles portent un grand manteau dont elles font couvertes depuis la teste jusqu'aux pieds , & elles ne se servent point de Voiles , de Bandeau , ni de Guimpe comme les Religieuses d'Occident. Les ceremonies qui se pratiquent à leur prise d'habit , font les mesmes qui s'obíervent à l'égard des Moines. La Novice vient dans l'Eglise jusqu'à la porte du Chậur , où elle demeure pendant l'Office. Elle va ensuite jufqu'à l'Autel la teste & les pieds nuds , & les cheveux épars, accompagnée d'une Religieuse qui lui sert de Mareime, & qui a foin de détourner les cheveux qui lui tombent sur le visage lorlqu'elle est obligée de s'incliner. Estant arrivée à l'Autel,

SES DE S.
BASILE.

RELTIEU

elle se prosterne aux pieds de l'Evêque, qui , aprés lui avoir fait quelques interrogations & avoir recité quelques prieres, lui coupe les cheveux

que

la Mareine a soin de recuëillir ou pour les brûler , ou pour les luy donner ; afin qu'elle en fasse une ceinture qu'elle doit porter les jours solemnels & de Communion & avec laquelle on la doit enterrer. On la rever ensuite des habits de la Religion, le dernier desquels eft le manteau dont elle se couvre la teste, & qui traîne jusques à terre. On luy met le livre des Evangiles sur la poitrine , que toutes les Religieuses qui ont un Cierge à la main vont bailer. Elle les embrasse,& aprés toutes ces ceremonies elle demeure sept jours de suite dans l'Eglise en prieres, sans ôter aucun des habits qu'elle à reçus.

Il y a de l'apparence que les Religieuses de cet Ordre en Moscovie , n'observent pas toutes ces ceremonies lorsqu'elles reçoivent l'habit de Religion ; car on n'examine pas si celles qu’on renferme dans les Monasteres ont une bonne vocation. Comme le divorce y est permis, si un homme s'ennuïe de fa femme, ou qu'il la soupçonne de ne lui estre pas

fidelle , il la peut faire raser , & la renfermer dans un Cloistre , & souvent par averfion, ou par jalousie, il suborne des témoins ,qui vont avec lui devant le juge & deposent contre sa femme ; surquoi elle est condamnée sans estre entenduë, & on lui envoïc quelques Religieuses chez elle qui la rasent ,l'habillent en Religieuse, & l'emmenent malgré elle au Monastere , dont elle ne peut plus sortir depuis que le rasoir a passé sur la teste. La sterilité est aussi une cause suffisante de divorce ; car celui qui n'a point d'enfans de la femme la peut enfermer dans un

sa Couvent & se remarier au bout de six semaines. Les Grands Ducs de Moscovie se servent aussi de ce privilege lorsqu'ils n'ont que des filles. Le Czar Jean Basili , après vingt-un an de mariage , n'aïant point eu d'enfans de la Princelle Salomée sa femme, la fic enfermer dans un Monastere à Susdal, & épousa Helene , fille de Michel Linsky Polonois l'an 1526. Le Baron d'Herberstain, qui estoit pour lors en Moscovie, dit dans l'Histoire qu'il a donnée de ce pais, que lorsque le Patriarche eut rasé la teste de la Princesse Salomée , & qu'il lui presenta l'habit Monachal, elle fit beaucoup de resistance, ne voulant point qu'on le lui mist, & mesme le foula aux pieds ; ce que vožant un des Signeurs de la Cour qui estoit present,