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RIVERSIDAD

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Religieuse de l'Ordre de S'Basile

47.

en Orient.

P. Giffart

SES

DE S.

BASILE.

rieure parmi elles, non plus que les autres qui fe trouvent RELIGIEU. dans l'Orient, où elles vivent la plufpart felon la nature que leur infpire, n'aïant aucune obfervance & ne recitant aucun Office. On les entend fouvent marmoter quelques Kyrie eleifon, & c'est tout ce qu'elles fçavent: on voit peu de filles & de femmes riches fe faire Keligieufes, & ce font prefque toutes miferables que la neceffité y contraint, & à qui l'âge a fait perdre l'efperance du mariage.

Les Monafteres qui font fitués en Europe, font neanmoins plus reguliers, & l'obfervance y eft mieux en pratique que dans les Monafteres d'Afie ; & s'il en faut croire Leon Allatius, les Religieufes de l'Ifle de Chio fa patrie, où elles ont plufieurs Monafteres, vivent avec beaucoup de regularité ; elles ont les mefmes prieres & les mefmes jeunes que les Moines, & ont des Superieures fous le titre d'Abbeffes qu'elles élifent. Elles poffedent toutes des logemens particuliers qu'elles achetent, où les plus riches & qui font de qualité ont des Servantes, & y élevent des Penfionnaires qui font leurs parentes. Elles font de beaux ouvrages en broderie, foit bourses, pour mettre de l'argent, ou fachets pour des fenteurs, en quoi elles font fi adroites que leurs ouvrages font fort recherchés par les Turcs, qui en abordant à cette Ifle, vont d'abord aux Monafteres pour en acheter de ces Religieufes. M. Thevenot dans fon voïage de Levant, confirme cela en partie; mais il dit qu'elles font peu refferrées, qu'elles ne font pas auf& qu'elles peuvent quitter le Couvent quand bon leur

teres › femble.

L'habillement de ces Religieufes Grecques d'Orient, qu'on appelle auffi Caloyeres, eft femblable à celui des Moines excepté qu'elles portent un grand manteau dont elles font couvertes depuis la tefte jufqu'aux pieds, & elles ne fe fervent point de Voiles, de Bandeau, ni de Guimpe comme les Religieufes d'Occident. Les ceremonies qui fe pratiquent à leur prife d'habit, font les mefmes qui s'obfervent à l'égard des Moines. La Novice vient dans l'Eglife jufqu'à la porte du Choeur, où elle demeure pendant l'Office. Elle va enfuite jufqu'à l'Autel la tefte & les pieds nuds, & les cheveux épars, accompagnée d'une Religieufe qui lui fert de Mareine, & qui foin de détourner fes cheveux qui lui tombent fur le vifage lorfqu'elle eft obligée de s'incliner. Eftant arrivée à l'Autel,

a

SES DE S.

BASILE.

,

RELIGIE elle fe profterne aux pieds de l'Evêque, qui, aprés lui avoir fait quelques interrogations & avoir recité quelques prieres, lui coupe les cheveux que fa Mareine a foin de recueillir ou pour les brûler, ou pour les luy donner; afin qu'elle en faffe une ceinture qu'elle doit porter les jours folemnels & de Communion & avec laquelle on la doit enterrer. On la revet enfuite des habits de la Religion, le dernier defquels eft le manteau dont elle fe couvre la tefte, & qui traîne jufques à terre. On luy met le livre des Evangiles fur la poitrine, que toutes les Religieufes qui ont un Cierge à la main vont bailer. Elle les embraffe,& aprés toutes ces ceremonies elle demeure fept jours de fuite dans l'Eglife en prieres, fans ôter aucun des habits qu'elle à reçus.

Il y a de l'apparence que les Religieufes de cet Ordre en Mofcovie, n'obfervent pas toutes ces ceremonies lorfqu'elles reçoivent l'habit de Religion; car on n'examine pas fi celles qu'on renferme dans les Monafteres ont une bonne vocation. Comme le divorce y eft permis, fi un homme s'ennuïe de fa femme, ou qu'il la foupçonne de ne lui eftre pas fidelle, il la peut faire rafer, & la renfermer dans un Cloitre, & fouvent par averfion, ou par jaloufie, il fuborne des témoins, qui vont avec lui devant le Juge & depofent contre fa femme; furquoi elle eft condamnée fans eftre entendue, & on lui envoïe quelques Religieufes chez elle qui la rafent, l'habillent en Religieufe, & l'emmenent malgré elle au Monaftere, dont elle ne peut plus fortir depuis que le rafoir a paffé fur fa tefte. La fterilité eft auffi une caufe fuffifante de divorce; car celui qui n'a point d'enfans de fa femme la peut enfermer dans un Couvent & fe remarier au bout de fix femaines. Les Grands Ducs de Moscovie fe fervent auffi de ce privilege lorfqu'ils n'ont des filles. Le Czar Jean Bafili, après vingt-un an de mariage, n'aïant point eu d'enfans de la Princefle Salomée fa femme, la fit enfermer dans un Monaftere à Susdal, & époufa Helene, fille de Michel Linsky Polonois l'an 1526. Le Baron d'Herberstain, qui eftoit pour lors en Mofcovie, dit dans l'Hiftoire qu'il a donnée de ce païs, que lorfque le Patriarche eut rafé la tefte de la Princeffe Salomée, & qu'il lui presenta l'habit Monachal, elle fit beaucoup de refiftance, ne voulant point qu'on le lui mift, & mefme le foula aux pieds ce que voïant un des Signeurs de la Cour qui eftoit present,

que

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