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SES DE S.
BASILE,

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la Regle de faint Benoilt. Le motif qui peut avoir porté le RELIGIEU* Roi Ladislas à establir ces Moines en Pologne, & à les obliger à celebrer leur Office en Langue Esclavonne , est peutestre à cause que la Langue Polonoise de mesme que la Bohemienne & la Moscovite , tire son origine de l'Esclavonne. Nous avons dit ci-devant au Chapitre 23. que les Moines de faint Basile dans la Russie Blanche ou petite Russie, Province de Pologne , qui appartenoit autrefois aux Moscovites , disent encore leur Office en Langue Esclavonne , en suivant toujours le Rit Grec, & qu'ils ne renoncerent à leurs erreurs que l'an 1594. C'est ce qui nous confirme dans l'opinion que nous avons que ces Moines Esclavons qui s'establirent en Boheme & en Pologne pouvoient avoir esté des Moines Moscovites ou Russiens qui avoient aussi renoncé à leurs erreurs.

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Des Religieuses de l'Ordre de faint Bafile tant en Orient

qu'en Occident,

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Ous avons veu dans le Chapitre dix-huit , que le

Grand saint Basile à son retour de la Syrie & de l’Egypte, ne s'estoit déterminé à choisir la Province de Pont pour sa retraite , qu'à cause que sainte Macrine sa svur s'y estoit déja retirée , & y avoit fondé un Monastere pour

des filles. Cette Sainte estoit l'aisnée de faint Bafile & de ses autres freres & fæurs. Outre le nom de Macrine , elle avoit encore celui de Thecle que Dieu lui avoit donné avant mesme qu'elle fust née. Elle fut élevée avec un soin tour particulier par sa mere Eumelic , & c'est à l'éducation qu'elle reçur de cette sainte mere , que saint Gregoire de Nylle qui a fait la : Vie de sainte Macrine, raporte la sainteté. . Dès l'âge de douze ans, sa beauté extraordinaire

que

les Peintres même les plus habiles ne pouvoient representer , lui donna tant d'éclat, qu'elle fut recherchée par un grand nombre de jeunes gens. Son pere en choisir un dont il connoillöit particulierement la parenté & les bonnes mæurs , & lui promit sa fille lorsqu'elle seroic en âge de l’espouser. Mais Dieu aïant retiré du monde ce jeune homme avant l'accomplisse.

SES

DE S. BASILB.

Xeliersu- ment des Nôces , Macrine se considera comme Veuve, pour

avoir la liberté de demeurer Vierge.

Elle s'attacha absolument auprès de fa mere , & lui fut d'un grand secours après la mort de son pere , pour

le

gouvernement de sa maison , asant à soutenir le poids d'une nombreuse famille. Elle lui rendoit toutes sortes de services jusqu'à s'afsujetir à lui faire son pain & à la nourrir du travail de ses mains. Ce fut elle qui anima saint Basile vers l'an 356. à renoncer absolument au monde, & fortifiant par la vertu celle de fa mere, elle la porta enfin à renoncer à tout le faste de la qualité, pour s'égaler , comme sa fille, à ses propres servan

, tes, & faire un Monastere de Vierges de la maison qu'elle avoit près d'Ibore dans le Pont sur la riviere d’Iris. Sainte Macrine fut la Superieure de cette Maison ( au moins depuis la mort de fa mere qui arriva sur la fin de l'an 373. ) & ses Religieuses faisoient profession d'une humilité & d'une pauvreté si grande , qu'elles mettoient toute leur gloire à n'estre connues de personne, & toutes leurs richesses à ne rien posseder. Macrine, en se consacrant à Dieu , avoit partagé avec ses freres & fæurs la succession de leur pere , sans rien reserver de la part : mais elle la distribua aux pauvres par les mains de fon Evesque. Elle persevera si constamment dans cette pauvreté qu'elle avoit voüée ; que lorsqu'elle deceda , ce qui arriva le 19. Juillet de l'an 379. on ne lui trouva qu'un voile, un manteau , de vieux souliers, un cilice estendu sur un ais qui lui servoit de lit , & un autre qui lui servoit aussi de chevet , avec une petite Croix de fer & un anneau de mesme matiere dans lequel il y avoit un petit morceau de la vraie Croix de Notre-Seigneur.

Saint Bafile qui avoic eu la conduite de cette Communauté, lui prescrivit des Regles aussi bien qu'aux autres Mo- . nasteres de filles qu'il establit. Il y en avoit un entr'autres dans la ville de Celarée qui eut pour Superieures deux de ses nieces , & toutes ces Religieuses estoient appellées Chanoinesses , comme il paroist par le Traité des Penitences Religieuses , qui est à la fin des petites Regles de ce Saint. Il y eur dans la suite un si grand nombre de Monasteres de ces -Religieuses , qu'il n'y avoit presque point de villes en Orient où il ne s'en trouvast quelqu'un. Mais comme l'Empereur Copronime qui s'estoit declaré l'ennemi des faintes Images

environ

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VE S.

.

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:

I.

environ l’an 741. persecuta les Moines de saint Basile qui en RELIGIEU. prenoient la defenfe , qu'il en chassa une partie hors de l'Em- BASILE. pire, comme nous avons dit autre part, qu'il en fit mourir quelques-uns, & qu'il leur ofta leurs Monasteres ; les Reli

& gieuses se trouverent enveloppées dans le mesme malheur c'est pourquoi le nombre des Monasteres fut notablement diminué , & dans la suite la pluspart ont embrassé le Schisme & l'Heresie à l'imitation des Moines.

L'on peut juger des Observances Regulieres des anciennes Religieuses Grecques , par les Constitutions qui nous restent du Monastere que l'Imperatrice Irene Ducas, femme de l’Empereur Alexis Comnene , fit bâtir à Constantinople l'an 1118. en l'honneur de la sainte Vierge sous le nom de Pleine-deGrace , auquel elle donna ces Constitutions suivant l'usage des Grecs qui accordoit ce pouvoir aux Fondateurs. Il devoit Anale8. y avoir vingt-quatre Religieuses dans ce Monastere, & ce Grac. Tom Monastere pouvoit être augmenté jusqu'à quarante , si les revenus augmentoient. Il estoit exemt de la Jurisdiction de l'Empereur , du Patriarche & de toute puissance Ecclesiastique & Seculiere. Il avoit une Protectrice qui estoit l'Imperatrice Irene , & après sa mort , ce devoit estre une Princesse de sa famille , suivant l'ordre de substitution qu'elle avoit marqué.

Les Religieuses y devoient estre reçuës sans dot , mais l'on pouvoit recevoir ce qui estoit offert gratuitement. Elles pouvoient élire leur Abbesse & la deposer en cas de malversation. Les immeubles du Monastere ne pouvoient pas estre vendus & alienés, mais bien les meubles en cas de necessité. Il y avoit un Oeconome pour les affaires temporelles. Elles avoient un Pere Spirituel à qui elles rendoient compte de leurs pensées , & deux Prestres que l'on prenoit entre les Moines pour leur administrer les Sacremens, & tous les quatre devoient estre Eunuques. Les Religieuses n'avoient point de chambres particulieres , elles couchoient dans un melme Dor. toir , elles travailloient en commun & pendant le travail une d'entr'elles faisoie la lecture. La pauvreté leur estoit recommandée , elles ne posledoient rien en propre & prenoient leurs repas en commun. L'abstinence estoit quelquefois diminuée aux jours de jeune , quand il se rencontroit quelques Festes : ces jours-là , l'huile, le vin , ou le poisson leur estoient

perTome I.

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SES DE S.
BASILE.

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RELIGIEU- mis , & l'usage en estoit defendu aux autres jours de jeûne.

Elles sortoient du Monastere pour aller voir leurs parens malades. Les femmes pouvoient entrer chez elles; mais pour les hommes , elles recevoient leurs visites à la porte & devoient estre accompagnées de quelques anciennes. Tous les mois elles pouvoient prendre le bain, & les malades toutes les fois que le Medecin l'ordonnoit. Ce Medecin devoit estre Eunuque ou vieux. Comme le Monastere avoit peu d'estenduë, leur fepulture estoit dans un autre nommé Cellarée, que l'Imperatrice avoit obtenu du Patriarche , & dans lequel elle mit quatre Religieuses du Monastere de la sainte Vierge Pleine-deGrace avec un Prestre seculier pour y faire l'Ofice; on y transportoit la deffunte, & il y avoit au Convoi le nombre de Religieuses reglé par l'Abbesse,

Ces Monasteres & les autres qui estoient dans Constantinople ont elté ruinés par les Turcs. Il en est neanmoins resté quelques-uns dans les autres lieux que possedent ces Infideles, mais les Monasteres de ces Religieuses ne sont pas en si grand nombre que ceux des hommes ; il s'en trouve neanmoins quelques-uns qui sont assez considerables.

L'on en voir un au grand Caire où il y a ordinairement eent Religieuses qui n'y peuvent estre reçues que

dans un âge fort avancé. A Jerusalem il y a ausli un Monastere de Reli. gieuses Grecques qui sont sous la protection du Patriarche , & vivent comme les Religieux des aumosnes

que

leur font les Pelerins. Ce sont toutes vieilles femmes , qui , malgré leur closture,ne laissent pas de sortir de leur Monaltere toutes les

les Grecs ou les Latins font quelques folemnités parciculieres dedans ou dehors Jerusalem. Il y a plusieurs Monalteres de ces Religieuses dans la ville d'Athènes, eiles subs sistent en partie des Fondations faites par les Chrestiens, & en partie des secours de quelques ouvrages qu'elles font à l'aiguille : à ce defaut les charités de la ville ne leur manqueroient pas , personne n'y demandant l'aumosne, & on a soin d'y faire sublister les indigens chacun chez foi ; ce qui fait qu'iln'y a point d'Hopitaux dans Athenes. Le principal Monastere de ces Religieuses est bien basti , elles y gardent la Closture, & leur Eglise est un des plus beaux bastimens de la ville. L'Archevesque, dont la maison est vis-à-vis de ce Monastere , est le Superieur de ces filles qui n'ont point de Supe

fois que

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